Je me regardais nerveusement dans le miroir. Depuis le savon que m'avait passé Matthew, je faisais très attention en me regardant. Je devais y voir Rin Ah dedans mais ne pas m'y accrocher. C'était juste un rôle. Cette vie de voyous, cette compassion pour Wu Xia Min et ses gens, je ne pouvais la garder. Elle n'était pas mienne cette dite compassion. Cette vie ne m'appartenait pas et j'étais certaine de ne pas en vouloir. Qui voudrait de ce genre de vie ? J'avais treize ans que je meprisais déjà le chemin qu'avait pris ma sœur. J'étais débile de dire amen soudain sous prétexte que j'avais des remords, qu'elle manquait. Matt avait raison, c'était peut-être ma jumelle, cela ne regardait pas que moi. Il y avait lui et le commissariat aussi derrière nous. La ville entière méritait qu'on arrête des gens aussi dangereux.

Il y avait de ça quelques jours, le portable du voyou qu'on avait saisi vibra. Matthew fut celui qui répondit encore une fois et au fil des jours, on glana suffisamment d'informations pour savoir que quelque-chose se préparait et des gens en voulant à Song Rin Ah s'y trouvaient. Les instructions étaient claires. Il fallait arrêter "ma jumelle". On arrêta le voyou russe pour que je ne risque rien. La raison officielle étant un abandon de famille et une agression de deux badaux.

J'inspirai pour me donner du courage et quittai mon reflet des yeux. Dans un souci de précaution, je mis mon pied sur une chaise, remontait un pan de la robe noire jusqu'à mon short. Cinq centimètres en-dessous de celui-ci, mon arme trônait. Je hochai la tête en vérifiant les munitions. Je n'étais pas contente pourtant : c'était de loin l'endroit le moins pratique pour la prendre rapidement. « Ne t'en fais pas, ça ira. Il y aura une voiture banalisée à l'entrée. Ce n'est qu'une prise de température... » sauf que quelque-chaise ne collait pas. Le voyou russe du Casino en voulait à ma sœur mais de là à faire partie de l'organisation qui l'a tuée ? J'en doutais, il ne valait pas grand-chose au sein des grandes pointures. Même pas digne de confiance à mon humble avis. Mais avais-je le choix ?

Je me rendis avec un agent sous couverture au dit lieu, le cœur battant. Une fois à l'intérieur, on se prêta au jeu des mondains, comme j'aimais dire.
Mon muscle thoracique déjà battant se serra alors que j'observais ces lieux que je connaissais d'un temps... qui ne m'appartenais pas et pourtant. Il fallait vraiment que je devienne plus solide psychologiquement. Ou que je le redevienne plutôt.

Sans m'en rendre compte, j'avais perdu de vue le second agent qui m'accompagnait. Je n'aimais pas ça, avec le monde qu'il y avait, allez retrouver un petit asiatique aux cheveux noirs : il n'y avait que ça ici ! Et c'était toujours dans ce genre de moments que les situations inattendues arrivaient. J'avais promis à Matthew de faire attention. Alors il le fallait, il fallait que je retrouve cet idiot. Je caressai pour me rassurer l'endroit où mon arme se trouvait et me lançai à la recherche de l'homme. Mais presque aussitôt, une main saisit mon épaule. « Song Rin Ah-ssi ? » je me retournai lentement après avoir fermé les yeux. Je le sentais vraiment mal. « Ça dépend. Qui la demande ? ». Un rire échappa la gorge de mon interlocuteur et il siffla 'de vieux amis'.

Pour la seconde fois en un moins, je me faisais attraper par deux hommes et on me demandait poliment de ne pas d'esclandres ici, dans un lieu pareil, cela sèmerait la suspicion. Ou me couterait la vie. Je préférais donc gagner du temps. Je finis dans une voiture, lancée à l'intérieur comme une vulgaire mallette encombrante et un homme m'attrapa par le cou pour me maintenir tranquille. Il avait l'air moins fier avec son nez en sang, le moins que je pouvais m'accorder par respect pour moi-même.
Deux minutes plus tard, la voiture filait vers un endroit que j'ignorais.

Hmpf. Voiture banalisée là pour assurer un renfort en cas de problème. Je checkais mon micro pourtant bien en place. J'y pensais : ils avaient sûrement de quoi brouiller des signaux dans cet établissement. Je soupirai, regardant avec grande attention chaque geste de l'homme à mes côtés. J'imprimais son visage, si jamais je m'en sortais indemne, au moins, j'aurais une description détaillée des hommes... ceux qui probablement avaient... « Vous me voulez quoi au juste ? » j'espérais que le micro marche maintenant. Mais de toutes les manières, à part un 'tu verras' et 'reste calme', je n'eus rien. Rester calme, évidemment.

La voiture s'arrêta dans un coin perdu. On avait simplement cherché à m'éloigner du lieu de rendez-vous, sûrement pour s'occuper de mon cas tranquillement. Encore une fois, prise par le coude, on me jetta hors de la voiture qui n'attendit pas avant de filer. Je restai donc avec mon charmant cavalier au nez en sang, son acolyte et deux nouveaux compagnons sortant des ténèbres... Je déglutis. « Incroyable... Song Rin Ah... pas le moindre doute possible. Vraiment incroyable. Quelle santé de fer. C'est impressionnant... malheureusement je ne suis pas très fan des revenants. Comment crois-tu qu'on devrait régler ça ? » « Je ne sais pas. Révise tes goûts ? »  fis-je mine de réfléchir en tentant de me débarrasser des poignée de mes accompagnateurs.
J'allais trouver un truc. Il le fallait. En attendant, il ricana. « Je pourrais... mais j'ai une bien meilleure idée.. »

J'eus presque envie de lui cracher à la figure alors qu'ils m'enfoncaient entre les bâtiments déserts. Une vieille ruelle, en somme. Je profitais du déplacement pour écraser le pied d'un et enfoncer mon autrrpe talon dans le ventre du second avant de filer. J'avais peu de temps pour trouver mieux : le temps qu'ils sortent leur arme.