J'ai un caractère plutôt souple. Je suis gentil, à l'écoute, peu sérieux et pas mal indifférent. Les gens disent également que je suis prétentieux, ce qui n'est pas entièrement faux vu que j'aime bien me bomber le torse quand je crois ceci nécessaire, mais uniquement parce que je suis persuadé d'avoir brillamment réussi ma vie de 24 ans. Je voue donc un amour particulier à la célébrité pailletée, bien que je supporte vraiment mal les groupies et les paparazzis. Vous savez, ces fans un peu trop fans qui projettent de me violer et les gens qui ont raté leur vie et essayent de se faire de l'argent sur mon compte en étalant ma vie privée sur les journaux. Je suis très franc, et n'hésite pas à balancer mes quatre vérités quand il le faut. Et bon acteur, aussi bien devant les caméras qu'en réalité. La seule personne devant laquelle je parais totalement incompétent est ma mère. Elle n'est pas facile à duper et je sais pas l'envoyer bouler comme les autres qui se mêlent trop de ce qui leur regarde pas. Elle me fait chier, mais je l'aime bien alors que je me sens si peu indépendant en sa présence.

A part quelques peccadilles sur la conscience, je regrette grandement de ne pas avoir été honnête avec la personne que j'aimais et que, quand j'ai vu mes fautes, ce fut trop tard. Aujourd'hui encore, je le regrette et je pense pas que cette blessure va cicatriser.

Je venais de naître aux premiers jours précédant l'hivers. Ma naissance aurait pu être un sujet de joie légitime, sauf qu'elle ne l'était que pour ma mère. Mon père, que je n'ai jamais rencontré, avait laissé cette dernière quelques mois avant ma venue au monde -peut-être même au moment où il avait appris qu'elle était enceinte- alors qu'il étaient légalement mariés. Il fuyait la responsabilité, je suppose. Ma mère, elle, ne s'est jamais vraiment prononcée là-dessus, préférant que j'aie une image plutôt "neutre" de mon père. Seulement voilà, je le connais pas celui-ci, je l'aime pas et je chercherais pas à comprendre. Je manquais cependant de rien, bien que je menais plus ou moins la vie d'un orphelin. Ma mère faisait de son mieux pour que j'aie une enfance normale et ce fut bien le cas.

A mes yeux d'enfant, tout semblait parfait. Je trouvais en ma mère tout ce dont j'avais besoin et c'est grâce à elle que je suis aujourd'hui ce que je suis. Je lui dois beaucoup, même petit, j'avais conscience de tout ce qu'elle avait dû sacrifier pour me faire manger et pour me protéger. Bien qu'elle ait ce petit côté "pot de colle" que j'apprécie pas particulièrement -voire pas du tout- j'essaie de lui rendre sa gentillesse et son amour comme je le peux, c'est-à-dire en essayant de ne pas la désobéir ou de m'éloigner d'elle. Et comme elle me paraissait parfois trop triste -surement parce qu'elle se sentait seule après le départ de son mari- je cherchais à la faire rire en inventant des blagues, en me comportant comme un gamin de 2 ans. Mes blagues pourries tombaient souvent à l'eau mais elles la faisaient sourire et c'est tout ce que je cherchais, au fond.

Il n'y avait pas que ma mère que je voulais faire rire, mais également une amie que j'ai rencontrée au collège. Cette dernière était bon public et mes conneries la faisait souvent rire. Et comme elle avait un humour aussi pourri que le mien, nous sommes vite devenus inséparables. Et notre relation n'a pas changé au cours des années. Même pas quand j'essayais de devenir une idole et que je finis par tourner quelques publicités, une après une jusqu'à ce que mon manager réussissait à me décrocher un bon contrat avec l'agence la plus réputée de la Corée. Je faisais de mon mieux pour survivre dans ce nouveau monde de célébrités, pour me faire un nom et, sans m'en rendre compte, mon amie d'enfance passait au second plan. Celle-ci m'avait cependant toujours soutenu si bien que je me rendais même pas compte de la souffrance que je lui infligeait en étant si distant et en privilégiant le boulot. J'avais que 17 ans à l'époque et ce fut seulement 3 ans plus tard, lorsque ce fut elle qui me faisait passer au second plan en s'éloignant de moi, que je réalisais que j'éprouvais pour cette fille un sentiment plus profond que de l'amitié. Elle avait effectuait un voyage qui, à mes yeux, avait duré une éternité. Lorsqu'elle m'annonça finalement qu'elle comptait revenir, je plantais ma tente dans l’aéroport en l'attendant. Lui préparant une agréable surprise : non seulement avais-je prévu de sortir avec elle mais j'allais carrément la demander en mariage. Elle était gentille, marrante, j'avais une confiance démesurée en elle et je l'aimais plus que tout. J'e ne pouvais être plus sûr de mes sentiments, ce fut elle qui me rendait heureux et je voulais qu'elle soit toujours là, à mes côtés. Me marier à 20 ans me dérangeait pas, c'était juste un détail. Mais hélas ! Ce fut à moi que se préparait une désagréable surprise. L'avion que j'attendais avait fini dans un océan. Et moi, j'étais pris de trop de remords pour oublier toute cette histoire. Je garde d'elle qu'un petit porte-clés moche qu'elle m'avait offert lorsqu'on était enfant. Je l'attache partout, où il peut être visible.

Bien naturellement, la seule qui avait été au courant de mon chagrin est ma mère et vu qu'elle n'a que trop conscience de ma souffrance profonde, elle essaie toujours de me trouver une femme pour que j'oublie, pour que je sois à nouveau totalement heureux et pour que je me débarrasse de ce fameux porte-clés -signe de mon malheur d'après elle.

Quatre années passèrent depuis ce jour et rien n'a réellement changé sauf que je me permis des vacances non-payées sans prévenir quiconque. Je voulais changer un peu d'air, m'éloigner de ma mère et penser plus sérieusement à mes projets d'avenir. Entre temps, les médias avaient pu dire que "j'ai disparu" tandis que mon manager s'amuse à rassurer mon agence. De mon côté, j'ai des vacances plutôt drôles : je suis devenu un animal de compagnie. Ma mère va se suicider -et me tuer- si jamais elle en prend conscience d'ailleurs. Je suis tombé sur une fille... pas comme les autres. Un peu insupportable, un peu marrante, et très jolie. C'est pas comme ça que j'ai imaginé mes "vacances" mais j'aime bien ce genre de situation. Ça me permet de rigoler.