Je ne comprenais pas l'engouement qu'il y avait autour des nouveautés internet. La moitié des informations n'étaient quasiment jamais vérifiées, l'autre moitié relevait purement de l'imagination de la personne. Je ne m'y attardais jamais personnellement, jugeant cela comme une trop grande perte de temps. J'avais une vie moi, contrairement à cette blogueuse. Mais il y avait une chose que je n'arrivais pas à comprendre. Pourquoi cette KCD parlait de Dan Il ? Cet être dénué de talent, et tout juste bon à cirer mes pompes. C'était dingue tout de même ! J'étais mille fois plus intéressant que ce fantôme ! Je faisais partie de l'actualité brûlante de ces dernières semaines moi, monsieur !Alors pourquoi est-ce que personne ne s'y intéressait, hein ? Je n'étais pas fini, loin de là. J'avais encore de belles années devant moi. Alors zut ! Moi aussi je voulais qu'on pourrisse ma vie avec des scandales ridicules !

J'allais leurs en donner pour leur argent à ces journalistes moi, pensais-je en sortant de l'agence, bougon.

Mais contre toute attente, c'était comme si mes fans m'avaient entendu me plaindre, et avaient décidés de me donner un peu d'amour pour me réconforter, car les cris de joies que j'entendais à ma sortie. Ils étaient forcément pour moi. Cho Min Huan, l'être adulé des foules, qui ne pouvait faire un pas sans être suivi par une horde de midinettes.

« Ah ! Ne criez pas ! Il y aura du Min Huan pour tout le monde !  » Assurais-je, fier de moi.

Enfin ça, c'était avant de me faire bousculer violemment par une furie qui semblait être intéressée par quelqu'un d'autre que moi.
Vexé, je fis volte-face, et reconnu un peu plus loin l'objet de mon agacement le plus profond. Ce Dan Il ne savait décidément pas où était sa place. J'allais devoir le lui rappeler. Quitte à l'humilier. Au moins, j'aurai ma place dans la presse et sur le net. Dan Il avait déjà eu ses cinq minutes de gloire, et à mes yeux, c'était cinq minutes de trop.

Sans attendre, je me frayais un chemin à travers la foule, et épinglais le chanteur, agacé : « Qu'est-ce que tu fiches ici ? Selon les nouvelles, t'es en Thaïlande, alors allez oust !  » j'ajoutai le geste de la main, pour rendre ma demande/ordre plus effective. Il était hors de question qu'il me vole la vedette.

1. Il ne le mérite pas.
2.  S'il « me » vole la vedette, ça laisse sous-entendre qu'il la vole à moi, et j'ai horreur qu'on me vole des trucs.

Je me tournais alors vers les jeunes filles, prenant soin de cacher Dan Il dans mon dos. J'ouvrais grand les bras, prêt à toutes les accueillir d'un seul coup 

« Alors les filles, plus besoin de se contenter de ce second choix, vu que je suis ici maintenant ! Qui veux que je lui signe un autographe ? Hmm ?  » Mais il n'y avait rien à faire, c'était par ce Dan Il qu'elles étaient intéressées. Il allait falloir que je trouve quelque chose pour attirer leurs attention, car il était hors de question qu'il me coiffe au poteau, ce chanteur de bal musette.

Cela fait une semaine que mon manager me parle plus, qualifiant ce silence de "grève" qui prendra fin le jour où je reviens à l'agence, pour présenter mes excuses à tout le monde comme il se doit. Mais ça, ce n'est pas dans mes projets, alors entre nous deux c'est le silence total. Ce n'est pas pour me déplaire en tout cas ! Seulement voilà, il est responsable de la gestion financière et j'ai besoin de lui en ce moment puisque ma coloc est pauvre et que j'ai besoin d'argent pour manger. Comme il refuse de répondre à mes appels, je me suis décidé à venir le voir moi-même. J'avoue, pour une idole qui a brillamment organisé sa "disparition", il serait sage de rester très très très très loin de l'agence. Et pourtant, je me trouve là devant la NG, une casquette rouge sur la tête et un chewing-gum entre les dents, pour passer incognito quoi. Mais j'attirai facilement l’œil d'une nouée d'admiratrices en extase. En moins que rien, on m'a reconnu et je me suis retrouvé entouré de tous côtés. Je baisse la tête, essayant tant bien que mal de me cacher les yeux. Je le sais : je suis foutu. Triste également, mais je me réconforte dans l'idée que si mon manager montre le bout de son nez maintenant, je le tuerai !

Au lieu de ça, j'entends une voix qui réveille un lointain écho de "rival plus jeune que moi mais qui a autant de succès" dans les méandres de ma mémoire de poisson. J'ignore machinalement les fans qui essaient de me toucher à tout prix et reporte mon attention vers le nouveau venu. Min Huan, c'est vraiment lui. « Je savais pas que j'étais en Thaïlande, tiens. » ces journalistes, ils ont vraiment une imagination trop généreuse et j'en paie toujours les conséquences. Mais tant qu'on raconte pas que je suis gay, on est tranquille. Je suis trop touché dans mon orgueil pour ne pas répondre à ses provocations, comme si j'allais lui obéir. « T'as que ça à foutre que de chercher mes nouvelles ? Achète-toi une vie, mec ! » dit celui qui passe sa journée devant la télé à regarder Bob l'éponge avec attention.
Bien que trop gêné par l'apparition de Min Huan, je constate facilement que grâce à lui je peux me sauver, si je suis assez rapide bien sûr. Mais je compte pas le faire et laisser cet idiot monopoliser MES fans. Non mais. D'ailleurs, vu comment elles l'ignorent, je me fais pas trop de soucis de ce côté-là. C'est qui le second choix finalement ?
Il a une belle voix et est super connu, je le sais, mais franchement, la maturité, ça ne me semble pas ça du tout. « Va voir ta grand-mère, je suis sûr que c'est la seule personne au monde qui voudra ton autographe de handicapé » lançais-je par pur sadisme, comme quoi je suis plus mature.
Un mauvais sourire plus tard, j'enlève ma casquette et lance un rapide clin d’œil aux filles, pour les exciter davantage. Je sais que ça va énerver l'autre mec, et ça me plait. Je croise donc les bras en signe de victoire. « Ça fait quoi d'être ignoré comme ça, Mini ? »

Je viens tout juste de lui trouver un surnom embarrassant. Je suis pas méchant, juste... un peu sadique et jaloux.

La jalousie allait finir par me tordre le ventre, il fallait que je manœuvre habilement pour qu'au moins l'une d'elles me remarque, car là c'était clairement humiliant pour mon ego. Ma tentative était un fiasco total, je m'en rendais compte en ce moment-même car je me sentais plutôt invisible face à ces jeunes-filles, alors qu'en temps normal elles ne juraient que par ma petite personne. Ce Dan Il n'avait aucune conscience de l'étiquette. Il était peut-être plus vieux que moi, il était peut-être populaire, il était peut-être promis à autre chose que les bals musette, mais j'étais BEAUCOUP plus populaire, plus beau, plus talentueux, et... plus grand que lui, alors voilà. Puis ne pouvait-il pas rester aux abonnés absents ? Quand il n'était pas là, il avait au moins le mérite de ne pas marcher sur mes plates bandes. J'avais horreur de ça.

« Je savais pas que j'étais en Thaïlande, tiens. » Aussitôt, je fronçais les sourcils, et haussais les épaules en levant les yeux au ciel :

« Eh bien je te paye le billet pour y aller si tu veux. Tu n'as pas idée du plaisir que ça m'a fait de te savoir à des kilomètres d'ici. Puis tu n'as qu'à devenir célèbre là-bas. Je suis pas fan de la météo en Thaïlande. » Vrai. Je ne mentais pas, si pour qu'il me laisse être le seul et l'unique en Corée, j'étais prêt à lui laisser un pays annexe.

Après tout, rien ne disait que les Thaïlandaises étaient stupides au point d'accepter un boulet comme lui.

Un petit 'tss' fila d'entre mes lèvres : « T'as que ça à foutre que de chercher mes nouvelles ? Achète-toi une vie, mec ! » Je roulais des yeux, exaspéré par sa répartie à deux francs six sous. « Ma vie prends une tournure dramatique dès que je vois ta tronche, que veux-tu, je crois qu'on appelle ça une réaction allergique. » Eh bien quoi ? Oui je me rabaissais à son niveau, mais j'avais peur qu'il soit perdu si je commençais à élever le niveau de vocabulaire un peu trop haut.

Le naze.

Je soupirais, en regardant un peu plus loin, quand l'idée du siècle me vint, j'allais chanter moi aussi. Comme ça, mes propres fans rappliqueraient, et feraient passer ce piteux rassemblement pour...
Encore plus pitoyable.
Un sourire fier étira mes lèvres, tandis que je me redressais doucement : « Va voir ta grand-mère, je suis sûr que c'est la seule personne au monde qui voudra ton autographe de handicapé » D'un coup, je me retournais vers lui, avec ma tête la plus blasée. Il était peut-être un sérieux rivale en ce qui concernait le talent, mais bon sang !

« Tu t'entraînes pour avoir une répartie aussi vaseuse ou c'est inné chez toi ? Laisse ma grand-mère en dehors de ça, tu veux ? » demandais-je avant de ne plus lui porter la moindre espèce d'intérêt, trouvant cela inutile et très peu stimulant mentalement. « Ça fait quoi d'être ignoré comme ça, Mini ? » Agacé, je serrais les poings, et avant de mettre mon 'plan' à exécution, je lui répondais une dernière fois :

« Rien du tout, car ça ne va pas durer, vise un peu ça.  » Sans attendre et sans la moindre gêne, j'entonnais l'air de ma dernière chanson. Je rendis cette petite représentation bien théâtrale, histoire d'attirer le plus de monde possible.

Et le résultat fut rapide, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les fans de ce très cher Dan Il s'étaient calmées, car MES fans débarquaient à leurs tour, m'entourant, et clamant mon prénom. Un large sourire illumina mon visage :

« Voilà, c'est ainsi que les choses doivent se passer. Petit joueur.  » dis-je alors qu'un petit 'hunh' sortait de mes lèvres.

Bon, le nombre de fans avait doublé, et ça ne serait bientôt plus respirable autour de moi. Mais c'était le prix à payer pour prouver à ce noob qu'il ne méritait même pas de cirer le dessous de mes pompes.

On peut dire ce qu'on veut sur les groupies, elles sont fidèles. D'après ce que je viens de voir au moins. Et je suis sûr que l’ego de Min Huan en prend un coup. Je suis assez surpris de le voir mais aussi content, étrangement. Parce que je m'ennuie et avec quelqu'un comme lui, il y a toujours de l'animation dans ma vie. « Eh bien je te paye le billet pour y aller si tu veux. Tu n'as pas idée du plaisir que ça m'a fait de te savoir à des kilomètres d'ici. Puis tu n'as qu'à devenir célèbre là-bas. Je suis pas fan de la météo en Thaïlande. » Parler d'argent maintenant m'arrange pas, ça met juste mes nerfs à fleur de peau parce que je n'ai aucun sou dans la poche. Saleté de manager... il se croit tout permis. « Quelle bonne idée, je crache pas sur une Thaïlandaise ! » Je suis assez soucieux pour ne pas répondre à sa provocation mais j'essaie de profiter de sa présence pour me renseigner : « T'as pas vu mon manager quelque part, il est pas dans l'agence ? » Mes propos sont lourds de sous-entendus mais je m'en fiche, faut que j'attrape mon employé vu que je suis vraiment, mais vraiment fauché. « Ma vie prends une tournure dramatique dès que je vois ta tronche, que veux-tu, je crois qu'on appelle ça une réaction allergique. » Je lui tire la langue à l'instar d'un enfant : « C'est totalement réciproque ! T'es pire qu'un cafard... » Bon, ces bêtes me répugnent pas vraiment, j'en ai plutôt peur mais ça, je le garde sagement pour moi. Étrangement, je me sens flatté lorsqu'il critique ma blague de grand-mère et je ne peux m'empêcher de sourire, satisfait, puisque ça avait le don de l'énerver. Je me dispute de façon plutôt "gamine" mais j'en suis fier. J'hausse néanmoins un sourcil lorsqu'il m'annonce qu'il va réagir et je sais que trop peu ce qu'il va faire. Il se met donc à chanter, je m'apprête de dire que j'ai mal aux oreilles mais un bruit de cris hystériques me réduit au silence et mon regard ébahie se déplace machinalement sur la foule d'admiratrices qui viennent de nous rejoindre.

Hah ! Il n'est pas bête le Min Huan, peut-être même intelligent et ça me déplaît. « Voilà, c'est ainsi que les choses doivent se passer. Petit joueur.  » Je lui jette un regard moqueur, désignant du menton ses fans : « T'as de sérieux problèmes de vue, j'ai plus de fans que toi là ! » Je sais pourtant que c'est temporaire et que je dois me bouger rapidement. Mais mon cerveau ne fonctionne pas aussi rapidement que le sien et là, il est carrément mis de côté puisque je me rends même pas compte de l'ampleur du désastre que ça peut provoquer si les journalistes me prennent en photo, alors que je suis censé être mort slash enlevé par un psychopathe slash en Thaïlande. Pire encore : je me décide à m'enfoncer davantage dans ma merde. « Choi Dan Il prépare son nouveau drama, qui veut en savoir plus ? » L'effet obtenu après cette annonce est contraire à ce que j'attendais. En effet, j'ignore si les filles sont là pour moi ou pour lui mais j'ai la nette impression de suffoquer puisqu'elles s'accolent carrément à mon corps.  « Hé ! Qui a volé ma casquette ?! » Je regarde Min Huan, non c'était pas lui. Il y a d'autres sujets d'inquiétude de toute façon : je risque là par exemple de me faire assassiner. Enfin on est deux à ne plus exister prochainement. Mon regard croise à nouveau celui de mon rivale et je crie presque désespérément « Min Huan, on est vraiment mal là ! » Il doit déjà le savoir, mais c'est ma façon de lui demander de l'aide. Etre violés comme ça, en plein public n'était pas dans le pseudo-planning de ma journée.

Bon, sa présence avait au moins un bon point, elle stimulait mon intellect. Il fallait que je réfléchisse rapidement pour ne pas me faire rouler dans la farine. De toute manière, il était hors de question que l'on dénigre ma popularité face à la sienne, et j'étais prêt à faire n'importe quoi publiquement pour qu'il le comprenne. C'était ainsi que les choses fonctionnaient entre nous, il fallait que l'on se dispute. Si un jour, le contraire arrivait, cela signifierait que la terre a arrêté de tourner sur son axe normal, que la fin du monde est proche, que l'on va se faire envahir par les aliens, que le calendrier Maya touche à sa fin. En gros, ça n'arriverait pas demain la veille.

C'est bien mieux ainsi.
Tom ne pactise pas avec Jerry.
Aladin ne conclue pas de trêves avec Jafar.
Tarzan ne trahit pas ses valeurs de gorille pour aller vivre avec les hommes.

Tout bien réfléchit, oubliez la dernière comparaison.

Pour faire court, je n'avais même pas besoin de me fouler pour lui prouver que j'étais bien plus doué que lui, car à peine avais-je commencé à chanter que mes propres fans avaient rappliqué aussi sec. Pour dire vrai, je ne savais pas si elles étaient réellement MES fans, mais elles étaient là pour moi, et c'était tout ce qui comptait, Dan Il n'avait pas besoin de tout savoir non plus. Heureusement. Sinon l'idiot aurait ramené Yong Jae simplement pour me fiche la frousse, j'en étais certain. « T'as pas vu mon manager quelque part, il est pas dans l'agence ? » Qu'est-ce que j'en savais ? Et puis même si je le savais, il pensait sincèrement que j'allais le rencarder ? Sunbae, ooh sunbae, pourquoi es-tu mon Sunbae ?

« Parce que tu penses que je sais à quoi il ressemble ton manager, ou quand bien même que je te le dirai ? Désolé mon grand, on a pas élevé les cochons ensembles. » dis-je en haussant les épaules, et en me concentrant de nouveau sur les jeunes demoiselles tout autour de moi.

L'air respirable se faisait de plus en plus rare.
Mais si c'était le prix à payer...
...J'allais payer le double.

Je faisais fi de sa remarque de bas étage, roulant simplement des yeux, mais trouvant de plus en plus agaçant le fait de me faire bousculer toute les dix secondes, comme si je n'étais qu'un vulgaire morceau de viande, et qu'elles sortaient toutes de deux semaines de famine. « Choi Dan Il prépare son nouveau drama, qui veut en savoir plus ? » Je tournais presque aussitôt la tête vers lui, furieux. Si j'avais pu le tuer avec un regard, je l'aurai fait volontiers, deux ou trois fois. Selon mon humeur.

Et mon humeur est mauvaise.
Si vous voyez ce que je veux dire.

« Dixit l'acteur mort, dans les tabloïds. Vous n'allez tout de même pas croire ça ? Tout ce qu'il va réussir à décrocher comme « contrat », c'est une assurance vie... » Maugréais-je en titubant à moitié. « Hep là, on regarde mais on ne touche pas, vu ?  » balançais-je au petit bonheur la chance.

Je manquais de tomber sur les rotules, bousculé en avant, mais me rattrapais de justesse à un...bras, que je lâchais aussitôt, pour me relever complètement. « Min Huan, on est vraiment mal là ! » Je me retenais de hurler que je le savais, que je n'étais pas un amphibien capable de respirer sous les fans. Quand l'idée du siècle (enfin, à mes yeux) me vint à l'esprit :

« C'est Summer Yong Jae derrière ! Fuyez ! Il va vous écraser ! Toutes ! » criais-je en jouant la panique de manière bien trop surjouée.

On avait l'air malin maintenant.
Ma tentative était un cuisant échec et...

« Je ne veux AUCUN commentaire, tu n'as qu'à virer tes fans hystériques là. Après on pourra peut-être respirer un peu mieux.  » dis-je en pointant du doigt la horde de furie qui semblait danser le pogo.

Ce Min Huan est plus inutile que moi finalement. Je le fixe avec mon regard-qui-tue mais je sais qu'il a raison, il ne connait pas mon manager et il ne fallait pas compter sur lui non plus pour me renseigner sur son sujet et me sortir de ma crise financière. Un soupir s'échappe à mes lèvres et je fais la moue. D'ailleurs, je sais pas classer mes priorités et au lieu de me concentrer sur cela je me dis prêt à dévoiler quelques infos sur mon futur drama. Je suis poussé par un orgueil ridicule mais ô combien satisfait quand je rencontre le regard noir de Min Huan. « Dixit l'acteur mort, dans les tabloïds. Vous n'allez tout de même pas croire ça ? Tout ce qu'il va réussir à décrocher comme « contrat », c'est une assurance vie... », j'ai envie d'y répondre mais mon imagination est peu stimulée et les jeunes filles qui, à présent, se mettent à glousser comme des pintades réussissent à s'accaparer mon attention entière. Si seulement je pouvais m'arracher les oreilles... et les yeux aussi parce que je sais pertinemment que la suite des évènements ne va pas être très plaisante à voir.

Min Huan, lui, essaye de s'en sortir mais son manque de crédibilité le trahit. « C'est exactement pour ça que tu deviendras jamais acteur, espèce d'incompétent ! » Il m'avait interdit de commenter la scène mais je ne pouvais m'en empêcher. « Tu n'as qu'à virer tes fans hystériques là. Après on pourra peut-être respirer un peu mieux. » Je déteste l'avouer mais il a raison même s'il est également fautif. « Pourquoi est-ce la faute de mes fans ? C'est toi qui t'es ramené avec des pintades ! » C'est notre faute à deux et je crois qu'il nous faudra collaborer pour nous en sortir. Pouah, à peine pense-je à cette perspective que j'ai déjà envie de vomir. Et pour ne rien arranger, la foule surexcitée semble pas joyeuse après ma remarque de pintades. L'urgence de la situation exige que je réfléchisse et c'est bien ce que je fais un instant en fouinant les lieux du regard, ensuite je me libère difficilement de l'emprise d'une fan qui me saute littéralement au cou.

J'ai presque envie de pleurer et pense que pour le coup on est vraiment foutus quand j’aperçois de loin les chaussures italiennes et le cher smoking de mon manager et j'en oublie mes problèmes. « Lee Shin, espèce de traître !! » crie-je avec force manquant même de me péter les cordes vocales tellement je suis en colère, à l'intention de mon employé qui m'avait surement pas entendu mais, étrangement, ça a le don de calmer une bonne dizaine des filles et j'en perds pas une seconde pour m'approcher de Min Huan : « Regarde, les filles à ma droite sont devenues beaucoup moins hystériques et elles sont pas nombreuses surtout. Faut devenir un peu agressifs mais, ensemble, je pense qu'on peut se glisser entre elles puis courir. » Ça, c'est une de mes plus mauvaises idées mais j'ai pas trop le choix. J'espère qu'il se décidera vite en tout cas et en attendant une réponse favorable, je me retiens de laisser m'échapper un cri peureux de fillette au contact d'une fan. Quand je suis en colère, je le suis pas pour longtemps.

Cette situation m'agaçait, et traînait trop en longueur à mes yeux. De plus, les événements ne tournaient pas le moins du monde, en ma faveur. Puis, il y avait lui aussi, ce Choi Dan Il, qui me courrait sur le haricot, uniquement parce qu'il se pointait comme une fleur après 'je ne sais combien combien de temps de disparition', bien portant. J'avais réussi à être jaloux de cet ingrat en le pensant mort, alors je ne vous fais pas de dessin quant à comment je me sentais en le voyant tenir debout sur ses deux jambes, aussi énervant que dans mes souvenirs.

Il aurait au moins pu revenir de Thaïlande avec une jambe en moins, cela aurait été le minimum syndicale.
Mais ce Justin Bieber Coréen n'avait aucune conscience de l'éthique. C'était, et restait l'unique raison pour laquelle nous nous trouvions fourrés dans un pétrin sans nom. Dan Il, sa faute. Pas la mienne. J'avais beau savoir que je n'y étais pour rien, ce fiasco ne disparaissait pas de lui même, et les émeutières semblaient même s'exciter de plus en plus. Ce qui le rendaient très moches, et effrayantes au possible. Puis mince hein, j'avais juste fait ça pour rendre Dan Il jaloux, moi, mes fans, tant qu'elles aimaient ma musique, et achetaient mes albums, c'était suffisant. Elle n'avait pas besoin de me coller autant ou bien d'être si proches, ça en devenait carrément obscène.

« C'est exactement pour ça que tu deviendras jamais acteur, espèce d'incompétent ! » C'était moi l'incompétent ? Mais lui qui disparaissait de la circulation pendant des semaines ? Un de mes sourcils s'éleva haut sur mon front, tandis que je résistais à l'envie de l'encastrer dans le mur : « C'est l'hôpital qui se fiche de la charité là. Je serai toi, je la ramènerai pas trop quand même, la demie-portion. » terminais-je, alors qu'un petit air suffisant avait trouvé le chemin jusqu'à mon visage, déjà bien méprisant.

« Pourquoi est-ce la faute de mes fans ? C'est toi qui t'es ramené avec des pintades ! » Je fronçais les sourcils, en observant la foule devant moi, certains avaient, effectivement un petit air de pintade, mais j'étais le seul à avoir le droit de le dire. Non mais. Quel insolent. « Je n'ai fait que restaurer l'ordre normal des choses. Tes fans en plus d'être hystériques, son illettrées. 'Dan Eul', c'est sympa, non ? » dis-je en faisant un signe de tête en direction d'une pancarte qui été sauvagement brandit en la direction de Dan Eul. Ha ha.

Si je ne commençais pas à manquer d'air, on pourrait dire que je m'amusais comme un vrai petit fou là.
Mais je manquais d'air.
Alors c'était pas drôle.

Je ne faisais guère attention à ses complaintes, à l'égard de son manager. Le seul moment où je jugeais utile de l'écouter, fut quand il commença à parler d'une échappatoire : « Regarde, les filles à ma droite sont devenues beaucoup moins hystériques et elles sont pas nombreuses surtout. Faut devenir un peu agressifs mais, ensemble, je pense qu'on peut se glisser entre elles puis courir. » Je me mettais sur la pointe des pieds, pour jauger un peu la distance à parcourir. Ce n'était pas l'idée du siècle, mais faute de mieux, il faudrait s'en contenter :

« Si j'avais eu plus de chance de filer tranquillement après, je t'aurais utilisé comme bouclier humain, et sans aucun scrupule, Dan Eul. Mais là, on dirait qu'on va pas avoir le choix...Allons-y. Je commençais alors à pousser, en l'attrapant par le bras pour qu'il ne me laisse pas faire tout le travail. Une jeune femme marcha sur ma chaussure, et je manquais de tomber : YAH ! Ma chaussure ! Nous étions en plein milieu des fans à présent, mais il était hors de question que... Je laisse pas ma chaussure ici, pas moyen.  » Confiais-je à Dan Il, avant de me retourner, décidé.

Je le regarde même plus, mais ses paroles parviennent à mes oreilles et je suis agacé. J'essaye d'ignorer le fait qu'il vient de me menacer et me concentre sur mes propres problèmes. Je suis fauché, coincé au milieu d'une horde de groupies et je vois pas du tout comment m'en sortir. La présence de Min Huan me manquait vraiment pas...

« Je n'ai fait que restaurer l'ordre normal des choses. Tes fans en plus d'être hystériques, son illettrées. 'Dan Eul', c'est sympa, non ? » Mes yeux dérivent machinalement sur la pancarte en question et je souris. Étrangement, je trouve ça mignon - effrayant mais mignon. « C'est... c'est un surnom ! Et ça te regarde pas ! Et ce n'est pas la peine de se bomber le torse pour la présence de ces quelques admiratrices : même Shrek avait des fans.» Un petit rire diabolique m'échappe alors que je peine à respirer comme un être humain. Bientôt, j'essaie de parler à mon manager, espérant qu'il pourra m'en sortir - oui, parce que je me fiche pas mal du sort de l'autre idiot là. Mais il m'entend même pas. Par contre, j'ai une brillante idée. J'ai besoin de Min Huan mais lui aussi a besoin de moi et je pense que l'on peut mettre notre fierté de côté, pour une fois. On pourrait toujours se chamailler lorsqu'on sera plus en danger.

« Si j'avais eu plus de chance de filer tranquillement après, je t'aurais utilisé comme bouclier humain, et sans aucun scrupule, Dan Eul. Mais là, on dirait qu'on va pas avoir le choix...Allons-y. » Je lui jette un regard noir. « Pour moi non plus ce n'est pas une partie du plaisir.» précise-je. Il attrape mon bras mais je proteste pas, je veux pas qu'il me lâche là alors j'essaie d'avancer avec son aide. Quelques pas plus tard, j'entends sa voix à nouveau et ma bouche dessine machinalement un "o".  « Arrête de blaguer, y a pas moyen de... » réponds-je exagérément étonné. Je rencontre son regard décidé avant d'avoir le temps de finir ma phrase et je soupire. J'ai besoin de lui pour m'en sortir et s'il bouge pas avant de récupérer sa stupide chaussure, alors je dois l'aider. Quel idiot !  « T'es pire que ma sœur de 2 ans. » me plains-je sachant que je suis fils unique. Je me retourne puis essaie de me baisser pour attraper la chaussure et hop ! Je suis brusquement soulevé par les filles, porté le plus haut possible alors que les chants des fans se font entendre. Estomaqué, je tourne la tête et découvre que Min Huan est également à ma hauteur.

J'hausse les épaules, incapable de m'expliquer comment j'ai fait pour en arriver là. « Maudite chaussure. » Cependant, on peut pas dire que la situation me déplaît. J'ai jamais été porté par les fans de la sorte et j'avoue être un peu heureux, jusqu'à ce que je sente une main sur mes fesses, je crois qu'on essaie vraiment de nous violer là. Et pour ne rien arranger, le flash d'un appareil photo me surprend de loin. Oh mon manager va m'égorger. « Je suis désolé Min Huan, j'aurais jamais dû croire que t'avais un cerveau. » Ouais, parce que c'est toujours la faute des autres.

L'opinion des gens sur ma personne m'indiffère. Mais, en l'occurrence, mon interlocuteur est Min Huan, et il a le don de m'énerver au plus haut point. Il a quoi contre mes références ? C'est tout de même mieux qu'un vocabulaire vulgaire puis tout le monde le sait : Shrek & co' sont pour tout le monde, pas seulement pour les gamins. Mais je ne peux m'attendre à ce qu'il comprenne cela. Je lui rends son super-beau-sourire-découvrant-une-denture-éclatante et réponds, taquin : « Mon âge ? Je sais en tout cas que je suis plus vieux que toi, mon puceau. Et je me laisse pas dire ça par quelqu'un qui a encore besoin de la permission de ses parents pour accéder à disney.com. » Je rigole intérieurement et un peu extérieurement jusqu'à ce que je me rende compte de l'ampleur du désastre qui va se produire si on se trouve pas rapidement une échappatoire.

Min Huan n'a pas complimenté mon idée mais je sais qu'elle est géniale. La preuve ? Nous avons déjà réussi à avancer d'un mètre, mais l'autre imbécile a décidé de reculer, étant visiblement trop attaché à sa stupide chaussure. « Eh bien si t'as sœur à ce genre de goût vestimentaire, on peut dire que toute ta lignée n'est pas complètement sans espoir, ignare.  » Je soupire en haussant les épaules et en levant les yeux vers le ciel. Génial, maintenant il se met à complimenter sa propre chaussure.

Les filles décident enfin de nous porter. « Rappelle moi te t'offrir ce fichu billet pour la Thaïlande, si on sort de ce pétrin en un seul morceau. Et on fait quoi maintenant Einstein ? J'aurai bien essayé de trouver une solution, mais tu sais, je suis si bête...  » . Je ne peux m'empêcher de hocher la tête, satisfait, approuvant ses dires. Mais je commence presque aussitôt à regretter ce que j'ai dit : il a beau être bête, de nous deux il est le plus intelligent. Et là, je sèche complètement. Ma fierté - que je n'ai pas - m'oblige à me creuser la tête et j'ai une idée ! Je fixe Min Huan, sérieux pour une fois et lui ordonne : « Ne bouge pas d'un millimètre ! » Sur ces mots, j'essaie de me lever, enfin je lève mes fesses et m'assois sur lui. Le poids redouble, les filles le lâchent et nous tombons par terre. Enfin, moi, je tombe sur lui mais ce mec est loin d'être un oreiller : ça fait maaal ! Je me mets à tâter mes fesses et ma cuisse tout en essayant de me redresser. « Mon dos, ma cheville, mes jambes, mes braaas... » J'ose même pas imaginer dans quel état est l'autre idiot-là.

Il me faut plusieurs secondes pour me relever et constater qu'on a réussi à calmer les furies. Elles doivent être choquées mais ne tarderont sûrement pas à nous étouffer une nouvelle fois. Je me tourne vers Min Huan, un sourire sadique au visage. « Tu peux me remercier plus tard, faut qu'on sauve ta chaussure maintenant. » Je cherche cette dernière des yeux mais elle reste désespérément introuvable. Je secoue la tête, lentement. « Peut-être qu'on devrait l'oublier et nous mettre à courir rapidement. Parce que je suis sûr qu'elles nous donneront bientôt de quoi évaluer leur degré d'énervement ! » Je me rends même pas compte que j'ai fait empirer la situation.

Idiot. Triple buse. Imbécile. Crétin. La liste était longue, et chaque ajouts me semblaient encore définir un peu mieux mon cher ami Dan Il.
Si Dieu existe, il faudra qu'il m'explique l'intérêt de me mettre dans un pétrin pareil avec la personne de l'agence que je devais le moins encadrer -et encore une fois, la liste était longue-. Dans l'espoir que pour une fois, on s'entraide ? Des clous, dès qu'une opportunité se présenterait, je le laisserai se débrouiller. Et j'étais persuadé qu'il ferait exactement la même chose, si l'occasion lui était donnée. Le traître.
Toujours est-il que pour le moment, m'énerver ne servirait à rien, car nous étions coincés dans ce pétrin tous les deux, et il était inconcevable que je donne de ma personne pour que l'autre tâche s'en sorte. Il allait galérer, comme moi. « Mon âge ? Je sais en tout cas que je suis plus vieux que toi, mon puceau. Et je me laisse pas dire ça par quelqu'un qui a encore besoin de la permission de ses parents pour accéder à disney.com. » Je le dévisageais pendant un court instant, mauvais. Il m'avait appelé « mon puceau ».

QU'EST-CE QU'IL EN SAVAIT, HEIN ?

J'inspirais profondément, et ne lui répondait que ces quelques mots : « Vu ce que tu dois gagner en ce moment, tu n'as sûrement même pas assez pour te payer une connexion internet, alors ne juge pas trop vite. » Oui, j'étais amère, vexé, et tout le toutim. Mais il était hors de question que la demi portion qui se disait célèbre puisse utiliser ce fait à son avantage. Pas moyen.
Et alors que je pensais que les choses ne pouvaient pas être pires, elles l'étaient devenues. Ces fans passaient des paliers dans la folie, et c'était assez impressionnant. Où est-ce qu'elles pensaient nous emmener comme ça ? Je frissonnais, en me rendant compte que je n'avais pas la moindre envie de savoir ce qu'elle pouvait avoir en tête.
Il y en a bien qui pensent que je suis gay après tout. Avec Nathanaël après tout. Non, impossible. Il faisait sûrement parti des seuls à être proche de moi, mais pas autant. Ah ça non. Pas autant. Les rumeurs à son sujet, ça ne me préoccupait pas, mais que l'on ne m'inclue pas dans les délires psychopathes de certains. « Ne bouge pas d'un millimètre ! » « Pour... YAH ! Qu'est-ce que tu fiches, bouge de là !  » criais-je quand il s'installa sur moi comme si de rien était.
Alors quoi, lui aussi il était gay ?
Cela dit, je n'osais pas trop bouger, de crainte de tomber, et je ne compris que trop tard que c'était son but... à l'autre, de... tomber. Le choc sur le béton fut rude, et je ressenti comme une décharge électrique dans le bassin. Très désagréable, très douloureux, très... Aïe.

« Mon dos, ma cheville, mes jambes, mes braaas... » J'écarquillais les yeux, très énervé aussi maintenant. « Mon corps ! T'es lourd ! Dégage ! » Je me redressais avec peine, et le poussais sur le côté, ne me levant pas directement : « Tu peux me remercier plus tard, faut qu'on sauve ta chaussure maintenant. Peut-être qu'on devrait l'oublier et nous mettre à courir rapidement. Parce que je suis sûr qu'elles nous donneront bientôt de quoi évaluer leur degré d'énervement ! » J'étais resté silencieux pendant un court instant, avant de me masser l'épaule.

« Tu as raison, oublions ma chaussure. Et courrons, quant à toi. Je me relevais complètement : Tu as intérêt à le faire particulièrement vite, car dès que je me suis remboîté l'épaule, je t'attrape et déboîte la tienne, tu vas voir, c'est agréable !  » Nous courûmes alors tous les deux, peut-être pour des raisons différentes cela dit...
Mais il ne semblait pas avoir très peur de moi, ou prendre mes menaces au sérieux. Quel crétin, cette histoire allait lui coûter cher. Très cher !



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