J'ai le contact facile et me fait généralement apprécier par pas mal de monde. Probablement parce que je passe pour quelqu'un de naïf et de serviable. Ce n'est pas faux. Par contre, si on me cherche, on me trouve. Je suis colérique et jure énormément. Voilà pourquoi je suis rarement en présence d'enfants. Je suis très gourmande aussi. On peut dire ce qu'on veut, j'arrive pas à me départir de cette habitude : quand je suis énervée je mange, quand je suis heureuse je mange, je mange par plaisir et suis loin d'être difficile à ce niveau-là.

Qu'on me plaigne ou me déteste, ça m'indiffère. Mais ne critiquez pas mon style vestimentaire. La mode, je l'ai dans le sang et avais toujours rêvé de me dessiner une carrière dans le domaine, sauf que mes parents en avaient choisi autrement. J'aime mon boulot cela dit. Etre manager est le pied total. Cela me permet d'entretenir d'excellentes relations avec les idoles, sans oublier mes collègues. Je ne suis pas brillante mais les études juridiques que j'avais faites, additionnées à mon physique, m'aident pas mal à obtenir ce que je veux. En outre, j'ai acquis la certitude d'être seule dans la vie, si bien que je me débrouille dès qu'on me mette dans une situation-problème. Je songe rarement à demander de l'aide aux autres et ce n'est pas une question de fierté.

Dans la vie quotidienne, je suis moi-même. Franche et directe. Même si mon métier m'avait contraint à passer certaines pensées sous silence. De nombreuses amourettes sont manifestes dans ma vie en dépit de mon statut de fiancée puis d'épouse puis de divorcée. Très honnêtement, je n'ai jamais pris ma relation avec Nam Sun au sérieux, j'y étais même insensible, mais je me traîne trop une réputation de merde à cause de notre divorce. C'est d'ailleurs la seule personne dont j'ai une confiance absolue. Ce n'est pas tant son caractère qui me plait mais le fait qu'on se connaisse depuis toujours. Enfin, récemment, je crois accorder plus d'importance à son caractère et à son physique, comme si je le découvrais pour la première fois. Et ces papillons voletant dans mon ventre, tuez-les !

En dehors de ces quelques folies, mon monde tourne autour de mon job, mes idoles et leur avenir.

Je n'avais pas d'enfance normale parce que j'étais destinée à faire de grandes choses, justement. J'avais acquis la certitude d'être un peu spéciale, déjà j'étais issue d'une famille dite traditionnelle. Et très privilégiée à l'école grâce aux bonnes notes que je ramenais à la grande maison. De par mon âge, j'étais forcément très sociable mais je n'avais su collectionner que des faux amis envieux des richesses de ma famille. Le jour où j'avais soufflé ma 11ème bougie, mes parents invitèrent nos voisins et leur enfant, Nam Sun. Histoire que j'aie quelqu'un avec qui fêter l'évènement. Et ce fut le commencement d'une relation indéfinie. Au yeux du monde, on se faisait passer pour des amis. A mes propres yeux, le gars était sympa, point. C'était l'opinion préliminaire que je m'étais faite sur son compte. Je l'appréciais pas plus que ça en fait. Nos deux caractères respectifs nous empêchaient d'être plus proches je suppose.

Cinq ans plus tard, j'étais restée égale à moi-même. Souriante et taquine. Faisant ainsi un bon contraste avec l'autre boulet. Mes parents n'était pas du même avis, puisqu'on voyait en lui un futur époux. Très vite, ça devint plus officiel : on était promis l'un à l'autre. Soit. Cette affaire me faisait bien rigoler : j'allais pas me marier avant une bonne dizaine d'années et j'avais la conviction que Nam Sun ne ferait plus partie de ma vie. Puis, j'étais déjà sous le charme d'un jeune acteur que je connaissais grâce à mon père et avec qui je sortais secrètement quelques mois plus tard. On puait l'amour. Et il faut bien l'avouer : en l'aimant, en l'attendant, j'avais oublié de vivre. Si bien que lorsqu'il me quitta pour une fille du show-biz, mon monde s'effondra. Aujourd'hui encore, je sais pas où j'ai gaffé.

Cet évènement coïncida avec le divorce de mes parents. J'appris que j'étais le fruit d'un amour qui n'avais jamais existé. A l'époque j'avais 20 ans. Partagée entre mon double chagrin, alors que la date de mariage fixée de nos parents approchait, j'acceptai d'épouser Nam Sun principalement parce que cela me faisait ni chaud ni froid. Mais non sans instaurer une règle : pas de contact physique. Certes, cela ne m'aiderait pas à "fidéliser" mon époux mais qu'est-ce que je m'en fichais. Entre temps, je m'adonnais à mes études en droit jusqu'à tomber sur THE personne qui allait chambouler mon existence. C'était une jeune fille qui chantait à la rue mais j'avais su déceler qu'elle avait un petit quelque chose. A l'aide des connaissances de mon père et à mon charme, javais réussi à la faire écouter par le recruteur de la NG et la suite des évènements me paraissait tout à fait logique : je devins son manager. A l'instar de Nam Sun d'ailleurs. On dirait presque que c'est le destin qui nous réunit à la maison et à l'agence.

Il y a environ un an, alors que je ne trouvai plus naturel de collectionner les conquêtes alors que, sur papier, j'étais l'entière propriété de Nam Sun, que je me décidai à mettre les choses au clair. Surprise ! Lui pensait pareil. C'était fou mais nous avons fini par divorcer. Encore, cela me faisait ni chaud ni froid. Il n'aurait plus à me reprocher ma maladresse et l'indescriptible désordre que je répandais dans notre logement. Et j'avais l'avantage de ne plus chercher à le comprendre. Imaginez, j'étais belle, pas bête du tout, en pleine santé et avais mon franc-parler mais monsieur n'était jamais "séduit". Sachant que je me baladais en short sous ses yeux quand on partageait l'appartement, dire que je trouvais bizarre qu'il ne s'était jamais rien passé entre nous ne serait qu'un joli euphémisme.

C'est dès le lendemain du divorce que je me découvrais un certain attachement à cette liaison. J'avais beau me dire que cette séparation était pour notre bien à tous les deux, parce que tel était notre souhait, je finis par culpabiliser. Cela ne s'était pas arrangé avec le temps. Le mieux aurait été de lui en reparler peut-être, mais j'avais peur qu'il se cabre. En raison de son insensibilité à mon charme, je préférai garder mes pensées pour moi. Et quelles pensées ! Le mot "amour" revint dans ma vie mais j'étais bien décidée à ne plus me mettre à la merci d'un homme. Heureusement que je pouvais combler ma solitude dans les bras de rencontre de soirées.

A présent, je m’attelle à mon boulot de manager. Non loin de Nam Sun. Dans une ambiance qui est tout sauf studieuse. Je me suis éclipsée de la vie de mon ex il y a quelques mois après 2 ans de mariage et le moins que l'on puisse dire, c'est que je me sens plus proche de lui que jamais.