Ma journée était officiellement finie, j'allais enfin avoir un peu de temps pour moi. Loin du monde pailleté des célébrités, et des mille problèmes aberrants qu'il faut résoudre. J'avais besoin d'un petit break pour décompresser, d'un peu d'air. Si bien que je me retrouve devant un bar où j'ai pas mis les pieds depuis un moment - c'est que je m'étais promis d'arrêter de boire, de devenir sage, responsable et tout ça. Quelle foutaise.

Une fois à l'intérieur, je me dirige directement vers le comptoir en lorgnant les lieux. Premier constat : le patron va assurément faire un bon chiffre ce soir. Mais bien qu'il y ait foule, l'endroit a l'air plutôt calme. Rien à voir avec l'ambiance pourrie des boites de nuits, ressemblant plus à des fêtes d'anniversaires d'enfants mal organisées, avec des ballons, des clowns et des gosses criards partout. Je fronce les sourcils en avisant la foule qui se presse devant le comptoir et peine à passer commande. Eh merde, je vais devoir prendre mon mal en patience pour être servie. Je suis des yeux une serveuse qui ferait pas tâche sur le cover d'un magazine Playboy ou autre : y a pas à dire, le personnel est bien choisi, normal qu'il y autant de mecs dans le bar.

Quand enfin mon regard croise celui du barman, j'écarquille les yeux et me recule un brin brusquement. « Ouah ! » Je plisse les paupières à quatre reprises, en contemplant son visage sans discrétion avant d'hausser un sourcil. Personnel bien choisi, mon cul. Ce type a une tête digne d'Halloween bien qu'il soit assez beau. « Mais je vous connais, vous... votre visage me dit vaguement quelque chose. Je veux pas dire qu'on s'est déjà croisés quelque part, mais vous êtes pas un inconnu, j'ai dû voir votre tête à la télé... » Je penche un peu la tête sur le côté, essayant de me remémorer son nom mais rien ne me vient à l'esprit. Je souris quand je crois avoir une illumination. « Ah je sais ! Vous avez joué dans un film d'horreur, pas vrai ? Il est difficile de vous reconnaître quand vous avez un verre dans la main, et pas un couteau. »

Je le scrute un moment, me questionnant sérieusement sur ce qu'il fiche dans un bar. Les acteurs sont bien payés après tout, a-t-il donc besoin de ce job ? « C'est ce que font les vilains égorgeurs de leur temps libre, ils bossent dans les bars ? » demande-je on ne peut plus sérieuse, pas prête à le laisser arrêter la conversation. Cela n'a rien de mesquin ou de moqueur, j'avais juste une curiosité un brin malsaine et inquiétante.