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Je me réveille de bonne humeur en ce 24 décembre. Déjà, on allait arrêter de me distribuer des tracts de prévention pour cette soi-disant fin du monde à la noix. Je n'arrivais pas à croire que la presse ait pu prendre au sérieux un truc pareil, ils n'ont vraiment plus rien à raconter ou quoi ? Cela dit, tant qu'ils ne s'amusent pas à épier nos protégés de la New Generation... Il n'empêche que j'ai cru devenir avec tous ces fous dans la rue qui n'arrêtaient pas de me dire : « Madame ! Protégez votre fille, elle est si petite, il faut être prudent ! ». Je me suis retenue de leur coller mon poing dans la figure, sauf le dernier parce qu'il me tapait vraiment sur le système. Déjà, on dit mademoiselle. Oui je sais c'est bête, mais ça m'irrite quand même voilà. Alors en plus si on me balance des idioties royales en me faisant la morale sur comment je devrais agir, non, ça ne passe pas. Honnêtement, je ne me plaindrai pas d'avoir un peu de silence et de ne pas voir d'hystérique courir dans la rue en criant : « Ça arrive, ça arrive, c'est la fin du monde ! ». Comment on peut être aussi superstitieux ? Ne pas passer en dessous d'une échelle, je comprends, c'est dangereux, mais penser que tout va s'arrêter du jour au lendemain, c'est un poil excessif. Ahlàlà... Je m'empresse donc de me lever joyeusement, parce qu'aujourd'hui j'ai des projets ah ah ! Enfin, un projet pour être plus exacte. Doucement, je me glisse dans la chambre de ma petite Ri An adorée et lui dépose un baiser sur le front : elle dort encore à poings fermés. Je ne vais pas la réveiller, ce n'est pas moi qui vais m'occuper d'elle aujourd'hui. J'ai appelé Maman, elle doit passer dans une heure pour s'occuper d'elle. J'aurais bien voulu l'emmener mais emmener une petite fille quand le but est justement de lui trouver des cadeaux n'est pas une idée judicieuse. Je caresse une dernière fois le front de ma princesse avant de filer directement dans la salle de bains : je ne veux pas être en retard !

J'essaie d'être la plus rapide possible afin de me donner le temps de manger tranquillement. Malheureusement, malgré mes efforts, ma mère arrive alors que je suis encore en plein milieu de mon repas. Je lui ouvre donc avec une tranche de pain grillé à la main, ce qui ne manque pas de la faire rire. J'ai beau changer toujours de couleur de cheveux, les ayant même vert d'eau à ce moment précis, je reste toujours sa fille adorée qu'elle voit encore gambader parfois. Je me demande si je serais aussi gaga plus tard quand Ri An aura grandi... Bref, nous échangeons quelques paroles et j'apprends qu'elle projette d'emmener ma fille au parc d'enfants cet après-midi. Je lui réponds que c'est une excellente idée mais qu'il faudrait qu'elle veille à ne pas trop l'approcher du centre-ville : Ryu et moi devons passer inaperçus. En parlant de Ryu, elle me demande justement avec qui je fais cette sortie et dès qu'elle entend qu'il s'agit d'un garçon, j'ai droit à l'étalage de questions : que fait-il, où l'ai-je rencontré, est-ce qu'il y a quelque chose entre nous... Les questions habituelles d'une maman parano. Je lui rappelle donc que je n'ai plus quinze ans et que ma vie privée ne regardait que moi, quoiqu'elle en pense. Si elle a quelqu'un à qui demander cela, c'est bien Jin Ah ! Ma demi-sœur est à peine majeure, c'est elle qu'elle devrait fliquer, pas moi ! Néanmoins, je la rassure – ou la déçois je ne sais pas trop – en lui apprenant qu'il ne s'agit que d'un collègue de la New Generation, parolier et compositeur comme moi. Même si elle ne manque pas de souligner que nous avons alors beaucoup de choses en commun. Cela me fait réfléchir et j'en conclus que pas tellement. Je ne suis pas une grande fan de baseball comme Ryu, je ne parle pas un mot japonais, tout comme il ne parle pas l'espagnol, et je ne suis pas douée du tout pour imiter les gens. Certes nous avons tous les deux une grande passion pour notre travail et une motivation de tonnerre quand il faut composer. Mais en vérité nous n'avons rien de jumeaux philosophiques qui se seraient retrouvés par une coïncidence incroyable.

Le temps de finir de manger et de me préparer, je me rends compte que le jeune homme ne va pas tarder à arriver. En plus, il a deux ans de moins que moi, avoir un mec plus jeune que soi, c'est nul. Ok, cette réflexion est complètement déplacée et inappropriée, j'en suis bien consciente. Alors que je fourre mes affaires dans mon sac à la va-vite, ma mère m'apporte Ri An, visiblement bien réveillée. Celle-ci tend les bras vers moi avec un grand sourire et je m'offre le luxe de la prendre dans mes bras avant d'aller rejoindre Ryu. Je la câline doucement, la berçant presque et lui fais un bisou sur le front. Elle est si jolie ma petite fille. Je la remets ensuite dans les bras de Maman et lui fais signe de la main pour lui dire au revoir et je précise à ma mère que je serais rentrée en fin d'après-midi. Après quoi, je trottine pour sortir de chez moi, cherchant des yeux un châtain au volant. Visiblement il n'est pas encore là. Je regarde ma montre et constamment effectivement que j'ai un peu d'avance. Heureusement que je me suis bien couverte ! Et aussi que Ryu ne met pas trois ans à arriver parce qu'il fait vraiment froid ! Je souris de toutes mes dents et me rapproche de la route, alors que le jeune homme vient à ma rencontre, radieux comme tout. On ne va pas se le cacher, Ryu est plutôt mignon et des fois je me dis qu'il aurait lui-même pu devenir idole, ou au moins mannequin. Enfin, je ne vais pas me plaindre d'avoir un collègue aussi sympathique ! Je ris à sa question : un compliment déjà ça fait toujours plaisir mais en plus, Ryu a le sens de l'humour. Et ça, c'est cool pour passer une bonne journée !

« Coucou ! Non pas du tout ! Alors oui, j'ai confié la petite à ma mère, j'ai pensé que comme je vais chercher des cadeaux pour elle aussi, ça vaut mieux qu'elle ne soit pas là. »

Ça aurait gâché toute la surprise sinon ! Je mets ensuite mes mains dans les poches de ma veste d'un air désinvolte, comme si je réfléchissais à une réponse intelligente à sa question.

« Je crois qu'il s'est perdu en chemin en fait. Mais plus important : comment se fait-il qu'un garçon aussi mignon ne se soit-il pas trouvé une ravissante demoiselle ? »

Oui, renvoyer la balle j'aime beaucoup ça. J'esquisse un sourire taquin, à mon vis-à-vis et sautille joyeusement jusqu'à sa voiture. Parfois on ne dirait vraiment pas que je viens d'avoir eu vingt-cinq ans. On m'aime aussi un peu pour ça non ? Je tremblote un peu alors je m'empresse d'ajouter dans la foulée.

« On peut y aller ? Parce qu'il fait vraiment froid et il a l'air de faire meilleur dans ta voiture ! »

Eh oui la franchise aussi c'est ma spécialité. Mais Ryu ne va pas m'en vouloir de me soucier de notre survie au froid polaire, si ?