Bordel. Deux heures qu'il transpirait à grosse goutte et qu'il supportait un mal de crâne absolument horrifiant. Malade ? Hors de question. Il ne pouvait pas être malade. Pas maintenant et surtout pas ici. Au travail. Tout le monde aurait pu le voir dans cet état. Fini Xiao Yu le glaçon de la NG. Mais il fallait se rendre à l'évidence, il ne pourrait pas rester ici, il était trop mal. Il desserra sa cravate et rejeta ses cheveux en arrière, s'observant dans le miroir des toilettes dans lesquelles il se trouvait actuellement. Il s'était éclipsé dans les cabinets dans l'espoir que personne ne vienne l'emmerder mais c'était en vain. Depuis tout à l'heure, une tonne de personnes défilaient. A croire que c'était les seules chiottes du bâtiment. C'était pour ça qu'il devait s’éclipser d'ici au plus vite. Pour pouvoir être tranquille. Et puis, c'était pas comme s'il avait des réunions ni quoi que ce soit. Il venait de clôturer la dernière qu'il avait eu concernant le groupe dont il avait choisi de s'occuper. Se dire que ce n'était pas en partie à cause de Hope qu'il avait accepté de s'en occuper serait se mentir. Mais le caprice d'enfin devenir son manager avait été plus fort. Et puis, il fallait bien admettre que les membres étaient plutôt talentueux et à peu près assez matures pour s'occuper d'eux même comme des grands. Quand il voyait certains manager devant chouchouter leurs protégés comme si c'étaient leurs gosses. Il les plaignait un peu à vrai dire. Quoi que, certains des siens n'étaient pas mal dans leur genre non plus. Mais là, il n'avait pas vraiment envie d'y penser. Il ne rêvait que de s'installer dans son lit et de se bourrer d'aspirine pour essayer d'oublier sa migraine grandissante et les frissons qui parcouraient son corps à intervalles réguliers. Il se demandait bien où il avait pu chopper ça. Dans l’agence sûrement. C'était la saison des grippes et des rhumes après tout. Il espérerait juste qu'il ne couvrait pas autre chose comme la gastro. Là, ça aurait été le summum. Être malade, c'était bon pour tout personne banale, voir vulgaire. Lui se considérait supérieur à tout ça. Comme quoi, les virus et autres saloperies étaient vraiment des bêtes vicieuses.
Après avoir lâché un soupir exaspéré et d'avoir fusillé la énième personne venue le déranger en squattant les toilettes, il se décida d'en sortir. Il traversa bien vite le couloir pour se retrouver devant l’ascenseur. Il ne voulait croiser personne mais il devait passer à son bureau pour récupérer de la paperasse ce qui incluait deux étages à monter. Parce que juste avant, il avait eu la merveilleuse idée de descendre chercher un café à la salle de repos du premier en pensant naïvement que ça suffirait à le faire se sentir mieux. Ça n'avait fait qu'empirer les choses à vrai dire. Il se sentait encore plus mal.

Bon, de toute façon, il n'avait pas vraiment le choix, il n'avait pas le courage de se taper les escaliers. Il espérait que s'il y avait quelqu'un dans l'ascenseur, ce serait quelqu'un qu'il n'aimait pas. Comme ça, il chopperait la crève à son tour. Enfin, le mieux serait qu'il n'y ait personne quand même, mais ça restait quand même peu probable. Les ascenseurs de la NG remportait un certain succès dans l'agence. Il appuya sur le bouton d'appel et attendit quelques secondes avant que les deux portes d'acier de s'ouvre devant lui. Et bah, ça n'avait pas raté, déjà qu'il se retrouvait non pas seul, comme il l'avait espèré, mais avec Gabriel. Ce surexcité de service à la cohérence totalement abstraite. Pas du tout le genre de personne qu'il appréciait. Il n'arrivait pas à le cerner et ça l'agaçait au plus haut point. Et puis, toujours en train de sourire et de rigoler. C'en était exaspérant. Il était son parfait opposé. Enfin, il n'était qu'un idiot comme un autre à ses yeux.
Il n'empêchait que cette fois, c'était lui qui était en position de faiblesse. Il ne manquait plus qu'il revêtisse son masque d'impassibilité et le tour était joué. Ça aurait été Ryu, il aurait tout de suite compris mais Ryu n'était pas là et il ne pourrait pas se reposer sur lui tout le temps. Enfin, il aurait tout de même bien aimé le voir à la place de Gabriel. Il pénétra dans l'ascenseur d'un air neutre, tentant tant bien que mal de faire en sorte que l'autre ne remarque pas son visage plus pâle que d'habitude. Après tout, c'était qu'un minuscule mal de tête et un peu de fièvre, rien de très affolant. Demain il serait à nouveau tout gaillard. Il appuya sur le bouton 3 sans même demander où allait Gabriel (trop de mauvaise humeur pour ça) et tressauta quand l'ascenseur se mit en marche. Pour s'arrêter aussi en un craquement sinistre. Ah ah, c'était une blague pas vrai ? Une putain de mauvaise blague ?! Cette putain de machine avait une dent contre lui ou quoi?! Aaah, il était définitivement maudit ! Il serra les poings à s'en faire blanchir les jointures et appuya sur le bouton numéro 3, agacé, se mordant la lèvre pour s'empêcher de déballer une tonne de vulgarités et d'insultes envers cette boite de conserve. Et cette musique qui tournait toujours ! Comment rendre dingue un Xiao Yu malade en quelques secondes. Au bout de deux minutes d'acharnement contre ce pauvre bouton qui n'avait rien demandé, il se rendit à l'évidence, ils étaient bloqués. Il appuya sur le bouton d'appel mais aucune réponse. Les gars de la sécurités se branlaient ou quoi ?! Et voilà qu'il déballait vulgarités sur vulgarités. C'était pas très digne de son rang (supérieur à ses yeux) mais il n'en pouvait plus. En plus, plus il s'énervait et plus son mal de crâne empirait. Et le pire dans tout ça, ce n'était pas qu'il était coincé avec un excité de la vie ou que sa chemise commençait à le coller parce qu'elle devenait humide à force de transpirer. Non. C'était que le sort s'acharnait contre lui. Il avait oublié son enfoiré de portable sur son bureau au 3ème. Il sourit amèrement avant de se laisser glisser le long de la paroi de l'ascenseur. Le froid du métal dans son dos lui faisait un bien fou.

« Dis-moi que tu as ton portable Gabriel. »

Ou sinon, il péterait un câble, il en était sûr. Déjà qu'un Xiao Yu en pleine force n'était pas une bestiole très sympathique, un Xiao Yu malade … Il en plaindrait presque le pauvre Gabriel s'ils n'étaient pas libérés rapidement. Il fixa l'autre, attendant un quelconque signe qui signifierait qu'il avait bel et bien son portable sur lui. Il toussota discrètement. En plus de ça, il était enroué. Il espérait juste que ce soit un méchant rhume et non pas une grippe. Il fallait dire qu'il ne dormait pas beaucoup en ce moment et il était fatigué. La nuit avec Ryu avait réussi à le revigorer à peu près mais le sommeil semblait le fuir quand il était seul. Il fallait juste qu'ils attendent les secours, de toute façon, ils ne pouvaient rien faire d'autre.

Xiao avait actuellement un cruel désir de se frapper la tête contre les parois de l'ascenseur en hurlant. Ce type était juste … idiot, ridicule, bizarre. Ce genre de trucs. C'était presque effrayant. Comment ça il ne l'avait pas vu ? Mais il était stupide ou complètement aveugle ? Il avait envie de pleurer et rire en même temps. Pleurer parce qu'il se retrouvait enfermé avec lui dans une boite en acier de deux mètres carrés et rire parce que ses réflexions sur son pouvoir de téléportation frôlait la débilité profonde et qu'il se demandait sérieusement si ce gosse avait encore toute sa tête. Enfin, ce « gosse ». Il en donnait l'impression en tout cas. Il ne savait pas vraiment quel âge il avait mais mentalement, ça ne devait pas dépasser les trois ans et demi. Et puis, pourquoi hurlait-il comme ça ? Il n'était pas sourd. Autant dire que ce n'était pas très agréable. Surtout avec le mal de crâne qui lui vrillait le cerveau. Il avait l'impression qu'un marteau piqueur creusait des tunnels dans son cerveau. C'était tout simplement horrible.
Il soupira d'exaspération en voyant Gabriel s'agiter dans tous les sens car venant (enfin) de se rendre compte que l'ascenseur était bloqué. Il ne voudrait pour rien au monde vivre dans sa tête. Ça devait être un affreux bordel. Déjà que pour lui ce n'était pas facile de se rappeler de tous les sons et de toutes les paroles qu'il avait entendu à cause de sa mémoire auditive, avoir un cerveau aussi dérangé que celui de Gabriel, ça devait être tout simplement horrible. Et puis, ce mélange de Coréen et d'Anglais prouvait bien à quel point il semblait avoir du mal à organiser tout ça. Il se prit la tête entre les mains et gémit. Il avait vraiment de quoi s’apitoyer sur son sort cette fois-ci. Il ne pouvait pas imaginer pire scénario. Et Gabriel qui continuait de déblatérer âneries sur âneries. Achevez-le. Lui ou le nabot, peu importait. Il voulait juste du silence. Et accessoirement d'un téléphone. Il se leva soudainement avant de plaquer Gabriel contre la paroi opposée et le toisa d'un regard meurtrier.

« Je te jure que si tu te la ferma pas maintenant, je te faire taire moi-mê- »

Si on pouvait éviter les vertiges pendant qu'il menaçait quelqu'un, ça pourrait aider à avoir l'air effrayant. Nan parce que se retrouver accrocher au mur alors qu'il venait juste de sous entendre un arrachement de langue bien sanglant, ça le faisait moyen.

« Putain. »

Inutile de préciser qu'un Xiao Yu de mauvaise humeur était un Xiao Yu vulgaire, vous l'aurez durement deviné tout seul. Mais là, il était juste trop … trop. Oui voilà, c'était le mot. C'était juste trop. Il en avait marre, ras le bol. Il n'avait qu'une envie, c'était de rentrer chez lui et il se retrouvait coincé dans un foutu ascenseur. Il ne croyait qu'en un seul Dieu, lui-même mais là. Il était en train de se demander si une entité supérieur ne venait pas le prendre en grippe (quel jeu de mot incroyable). Il savait qu'il n'avait jamais été un enfant de cœur mais se venger ainsi sur lui. C'était vraiment trop sadique. Il se laissa une nouvelle fois tomber contre le mur glacé et rejeta la tête en arrière. Il avait chaud. Trop chaud. Pourtant, la température dans l'ascenseur n'était pas particulièrement élevée. Il aurait bien pu rire de la tête que faisait Gabriel après sa promesse gore mais il n'en avait même plus la force. S'il était trop faible pour se moquer, c'était qu'il n'allait vraiment pas bien.

« Alors ? Tu as ton portable ? »

Il le voulait son téléphone ! Il voulait se casser d'ici au plus vite et s'éloigner de ce malade qu'était Gabriel. Il n'avait pas saisit la moitié de ce qu'il avait déblatéré tellement il parlait vite. Et puis, le mélange des langues n'aidait pas non plus et ce, même s'il parlait quasi-parfaitement l'anglais. Bon, de toute façon, tout ce qu'il disait se rapportait à une langue inconnue pour lui. Et puis, quand on priait le dieu « Mc Do » de le sortir d'ici, c'était assez … étrange. Il ricana mais se rattrapa bien vite en simulant une toux. S'il en plus, il commençait à rire des conneries de ce gosse, il n'était pas sorti de l'auberge. Tout ça pour dire que Gabriel était un paradoxe à lui tout seul à ses yeux. Un truc incompréhensible et sans aucun sens de la logique. Il ne voulait pas avoir affaire à lui de près ou de loin. Lui résonnait par équation. Ses projets, ses actes, ses paroles. Tout était calculé à la minute près. Son cerveau ressemblait à un échiquier. Voilà pourquoi il ne supportait pas les imprévus comme celui qui lui arrivait en ce moment. La maladie, comme il aurait pu la prévoir ? Surtout qu'il se bornait depuis ce matin en se répétant intérieurement qu'il se sentait parfaitement bien et que ce n'était qu'un mal passagé. Bon, il était borné mais pas stupide, il fallait se rendre à l'évidence maintenant : Il était mal. Il ne tombait jamais malade d'habitude, alors pourquoi maintenant, enfermé avec une pile électrique bilingue et surexcitée ? Il ne manquait plus qu'il n'ait pas non plus son portable et il pourrait se suicider en se frappant la tête contre les murs. Il commença à s'impatienter que Gabriel ne réagisse pas immédiatement. Pas très patient de mauvaise humeur à vrai dire. Il tendit la main vers le plus jeune debout en face de lui.

« Ton portable ! Je vais appeler l'accueil, ça ne répond pas quand j'utilise l'appel d'urgence. »

Il toussa une nouvelle fois et défit encore un bouton de sa chemise. Il étouffait, il faisait trop chaud et en plus, il était complètement trempé. Heureusement qu'il n'habitait pas très loin. Et puis, à cette heure-ci, les gens bossaient, il n'y allait pas avoir grand monde sur la route. S'il arrivait à se sortir d'ici avant l'heure de pointe bien sûr. Sinon, il allait devoir appeler un taxi et laisser sa voiture ici. Encore une fois. Il ne se sentait pas le courage d'affronter les embouteillages dans cet état. Il allongea ses longues jambes devant lui et fixa un point imaginaire sur le plafond de l'ascenseur. Il aurait pu forcer Gabriel à escalader les câbles en passant par la trappe de secours … Non, mauvaise idée, il se doutait que quelques personnes pourraient lui en vouloir d'avoir jeté le jeune membre des Wonderland vers la mort. Mais ça serait quand même marrant. Quoi que, il regretterait d'avoir perdu un aussi joli cul.
...Ok. Bon. Il devait certainement être un peu dans les vapes pour penser de cette façon à Gabriel. Non vraiment, voilà ce qui arrivait quand il se laissait aller. De un, c'était à ce taré qu'il pensait comme, c'était donc, totalement inacceptable. De deux, ce n'était que trop vrai et ça l'agaçait et de trois, c'était à ce taré qu'il pensait comme ça !

Il se le répétait pour la énième fois mais, il était pressé de rentrer chez lui, c'était trop.

Le tuer. Il allait tuer ce gosse. Plus de batterie et en plus, il se fichait de lui ? Oui, Summer Gabriel serait certainement à l'état de cadavre quand il sortirai de cet ascenseur. Il lui jeta un regard noir contenant toutes les menaces et insultes du monde et grimaça légèrement. Bon, il ne le tuerai peut-être pas maintenant parce que là, il avait déjà du mal à se tenir sur ses jambes, mais un de ces quatre, ce petit imbécile y passerait. Comment pouvait-il prendre la situation aussi légèrement ? Ils étaient coincés dans une putain de boite en ferraille pour une durée indéterminée, sans moyen de communication avec l'extérieur. Il se sentait mal. Très mal, et c'était pas seulement à cause de la maladie. Il était las de tous les malheurs qui n'arrêtaient pas d'arriver depuis ce matin. Qu'avait-il donc fait pour s'attirer autant d'emmerdes ? Bon d'accord, il était un vrai con, mais il n'était sûrement pas le seul sur terre alors pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Bon, de toute façon, ça ne servait à rien de se morfondre, ils n'avanceraient pas. Enfin, il n'avancerait pas, parce que bon, Gabriel, il se fichait bien de savoir s'il s'en sortait ou non. Bon, l'agence deviendrait bien vide sans le bruit incessant qu'il provoquait tous les jours mais ce n'était que pour le mieux. Lui qui aimait le calme, il se retrouvait coincé avec la mauvaise personne.
Il fronça les sourcils quand Gabriel commença à hurler en anglais d'appeler un docteur pour … Putain, il était mal à ce point pour que ça se voit ?

« La ferme, c'est juste un vertige, je vais très bien. »

Quoi ? Il n'allait pas avouer qu'il était malade quand même ! Il était bien trop fier pour avouer qu'il pouvait, lui aussi, avoir des moments de faiblesses et qu'au final, il était un être humain comme les autres. Lui qui se vantait d'être au dessus des autres attrapait une vulgaire maladie bénigne de laquelle n'importe quel abruti pouvait souffrir. Si ça c'était pas pathétique... A quand remontait la dernière fois qu'il avait été malade déjà ? Hum, il ne s'en souvenait même plus. Sûrement lors de son séjour à Viennes. Mais sur le coup, il avait été tout seul et personne ne l'avait vu tousser et transpirer comme un bœuf, enfoui sous une tonne de couvertures.
Il sursauta légèrement en sentant s'écraser contre lui le plus jeune qui venait de glisser sur une … boite de champignon ? Voilà ce qui arrivait quand on était aussi surexcité ! Il pouvait pas se poser et attendre comme n'importe quelle personne normale ? Non, non bien sûr, lui, il fallait qu'il joue au débile en s'agitant dans tous les sens et en s'écrasant lamentable sur la cuisse de la seul autre personne présente dans ce putain d'ascenseur ! Il grimaça et eut un mouvement de recul en voyant que l'autre ne bougeait pas de sur lui. Il voulut le pousser avec sa main mais bizarrement, il n'osa pas. Il ne se sentait pas de le dégager de lui. Raah, mais qu'est-ce qu'il racontait comme conneries encore ?! De toute façon, l'autre se relevait déjà. Et rigolait. Encore. Comment quelqu'un pouvait-il être aussi souriant ? C'était totalement incompréhensible pour lui.
Il se contenta de grogner légèrement et de détourner le regard quand Gabriel lui présenta ses excuses. Enfin, il présenta ses excuses pour ensuite rejeter la faute sur une boite de conserve. Immature. Toute personne normalement constituée aurait rajouté « mais mignon » mais bon. On parlait de Xiao Yu quand même. La joie de son « partenaire » de galère s'éteint cependant aussitôt. Il l'interrogea du regard mais n'eut pas le temps de réagir qu'il se retrouvait avec une main glacée sur son front. Enfin, glacée, il n'en savait rien à vrai dire. N'importe quoi aurait pu paraître glacé à ses yeux. Il avait beaucoup trop chaud. Au final, ce contact l'apaisait. Il se laissa faire, fermant les paupières pour mieux profiter. De toute façon, personne n'en serait rien à part Gabriel pas vrai ? Personne ne saurait qu'il s'était laissé aller pour quelques minutes …
A son grand désarroi, Gabriel s'en alla bien vite pour fouiller dans son sac de course. Pour une fois qu'il pouvait être utile et que Xiao était content de l'avoir à ses cotés. Il resta un moment les yeux clos mais les rouvrit bien vite en sentant quelque chose lui enserrer le cou. Un … Poireau ? Mais ce gosse était taré ou quoi ?! Bordel, il fallait l'interner, le foutre dans un asile et lui enfiler une camisole ! Il essayait de le tuer avec un légume ?! Bon, okay, il avouait qu'il n'avait pas toujours été sympa avec lui mais au point de vouloir l'assassiner alors qu'il était dans l'incapacité de se défendre ! Il essaya tout de même de se défendre en enserrant le poignet de l'autre et en tentant de le faire lâcher « l'arme », tout en secouant la tête pour s'en débarasser.

« Ah mais… Laisse toi faire… Cela va te permettre de guérir !! Je l’ai vu dans un mangas hahaha… Et puis, au bout de deux jours après du sommeil il était guéri ! »

Un manga ? Mais quelle sorte de manga il lisait lui ?!

« Mais t'es pas bien ou quoi ? Ça marche pas ce genre de conneries, enlèves-moi ça ! »

Il arracha bien vite le légume d'un geste rageur et le jeta dans un coin de la « pièce ». Il le prenait pour un jouet ? Il avait passé l'âge de jouer à ce genre de conneries ! Il avait passé une journée de merde, c'était pas pour se faire emmerder par l'idiot du village et encore moins pour se faire étrangler par un poireau.
Il regretta aussitôt son geste. C'était exactement ce que lui reprochait la plupart des personnes de son entourage. Il ne se rendait pas compte que ses gestes pouvaient blesser. Gabriel faisait de son mieux pour s'occuper de lui, même si c'était un peu trop bizarre.

« Ah... »

S'excuser ? Il ne fallait rêver non plus. Après tout, on parlait de Xiao Yu, le bâtard sans cœur, et ce, même si le gosse le plus adorable s’inquiétait pour lui. Un bel enfoiré comme disait Lee Hope. Elle avait sûrement raison. Qui à part Ryu arrivait à le supporter et à le connaître assez pour savoir qu'il n'y avait pas que ce masque qu'il recouvrait en permanence ?

Okay. Ce type était définitivement la chose la plus étrange et la plus imprévisible qu'il avait rencontré. Il disait chose parce qu'il commençait à douter qu'il soit humain. Il venait de le rejeter de manière plus que violente, en lui faisant clairement comprendre qu'il n'avait pas besoin ni envie d'aide et pourtant, l'autre s'évertuait à vouloir l'aider. C'était bien trop incompréhensible pour lui. N'importe quelle personne normalement constituée aurait saisi mais non, pas Gabriel qui maintenant, s'amusait à … croquer dans un citron pour effectuer un quelconque mélange possédant, soit disant, des effets curatifs. Bon, c'était tout de même plus probable que le poireau mais il n'était toujours pas décidé à se laisser faire. Il n'était pas complètement handicapé non plus. Il avait juste à sortir d'ici à se bourrer de médicaments et à se foutre au lit et ça passerait tout seul. Tout ce qu'il voulait pour l'instant c'était du calme. Il fronça les sourcils à l'entente de la plainte de Gabriel quant à l'acidité du fruit. Il n'avait pas qu'à le croquer aussi cet imbécile.On avait l'impression qu'il était au bord de la mort à se rouler comme ça par terre. Bon, d'accord, il voulait bien l'admettre, il était plutôt attachant. Mais en petite quantité. Bien que pour l'instant, il rêvait de sa disparition de cet boite en ferraille dans laquelle ils étaient enfermés.

« KEUf, keuf !!! Héhéhé j’y suis arrive PANDA MAN !! You’r save hahahaha !! »

Il haussa un sourcil ironique et répondit d'une voix peu convaincue.

« Ô joie. »

Qu'est-ce qu'il voulait faire exactement, lui préparer un petit cocktail ? Il préférait largement les aspirines. Même si ça ne le soignait pas, au moins, il oubliait la douleur et il pouvait retourner travailler. Il resta de marbre face à l'explosion de joie du plus jeune, se contentant de le fixer rire, visiblement fier d'avoir réussit à croquer un citron. On aurait dit qu'il venait de gagner une guerre à lui tout seul. Lui et Gabriel n'étaient définitivement pas compatibles du tout. L'un cachait ses émotions au maximum, l'autre les exposait dès qu'il le pouvait. Et puis, la foutue gentillesse de l'autre lui tapait sur le système. A sa place, il aurait laissé l'autre agoniser sur le sol sans aucun remord.
'Tain, l'autre se débrouillait vraiment comme un manche. Il foutait du citron partout. C'était sûr qu'ils allaient se faire engueuler par le service de nettoyage après ça. Entre le poireau qui gisait dans un coin (bon, c'était un petit peu sa faute ça) et les éclaboussures d'agrume, c'était du joli. Et il ne doutait pas que ce n'était pas fini. Mais pour l'instant, c'était le cadet de ses soucis. Son mal de crâne s'était légèrement atténué mais tout commençait à devenir flou. La fièvre ne lui réussissait vraiment pas. Il eut un mouvement de recul en voyant Gabriel lui tendre la bouteille d'eau citronnée. Il n'avait pas écouté un mot de ses explications. Il s'en fichait à vrai dire. Il n'avait qu'une hâte : Que tout ça se termine. Il ne supportait pas être assisté comme ça. Depuis qu'il était gosse, on lui répétait qu'il devait se débrouiller tout seul, qu'il ne devait pas s'appuyer sur les gens ni leur faire confiance. Il en avait fait l'expérience plus d'une fois et ça l'avait renforcé dans cette idée. Il était devenu bien trop fier pour se reposer sur qui que ce soit. Parfois, ça devenait difficile de tout garder pour lui mais il était convaincu que la traîtrise faisait partie intégrante de l'homme et qu'au final, s'il donnait sa confiance à quelqu'un, cette personne finirait par en profiter. Alors il essayait de garder la tête haute et de tenir.
Gabriel semblait croire qu'il pensait que la bouteille était empoisonnée et lui proposa une démonstration. Il était méfiant, mais pas à ce point quand même. Il était vrai qu'à l'instant, il ressemblait plus à un animal blessé qu'autre chose. Et le plus jeune tentait de l'amadouer à coups d'arguments de patience. Ça l'étonnait de voir que certaines personnes pouvaient perdre leur temps à ce point en aidant les autres. Il repoussa une nouvelle fois la bouteille tendue avec un « tch » agacé. Ce qu'il était agaçant à insister ainsi, il n'allait tout de même pas le forcer à boire !

« Arrêt- »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que deux lèvres vinrent s'écraser sur les siennes. Que ?! Il rêvait ou Summer Gabriel était en train de l'embrasser ? Enfin, « embrasser » était un bien grand mot étant donné qu'il ne faisait rien d'autre que tenter de l'étouffer en transvasant l'eau de sa bouche à la sienne, mais c'était la même chose ! Il était malade, coincé dans un ascenseur avec un surexcité de la vie en train de lui faire une sorte de bouche à bouche extrêmement maladroit. Et le pire, c'était sans doute qu'il se laissait faire. Il sentit quelques goûtes glisser le long de son cou pour venir se perdre dans le col de sa chemise déjà trempée mais il s'en fichait royalement. Il gardait les yeux grand ouverts sous le choc, ne bougeant pas un muscle. Il se laisse faire quand l'autre s'écarta et le força à avaler en gardant sa bouche fermée. Il … Bordel. Et cet idiot qui s'étouffait tout seul maintenant. Mais putain, il venait de l'embrasser. Quand il disait qu'il était totalement imprévisible, ce n'était un euphémisme. Et le pire, c'est qu'il faisait comme si de rien n'était. Était- il si innocent que ça ou tout simplement une sorte de manipulateur cachant bien son jeu ? Il n'en savait rien et il s'en fichait bien. Il ne savait pas vraiment s'il devait considérer ça comme un baiser en fait. Ouai, voilà. C'était rien d'autre qu'une espèce de bouche à bouche pour le faire boire. Il fronça les sourcils en remarquant qu'il était maintenant allongé sur les genoux de Gabriel mais ne bougea pas pour autant. Il se demandait vraiment pourquoi le plus faisait tout ça pour lui. Il ne l'aurait jamais fait lui.
« Imbécile, c'est toi qui va être malade maintenant ! »

Il resta immobile un moment, fixant le plafond puis se dit qu'il valait mieux bouger un minimum s'il ne voulait pas perdre la dernière once de fierté (d'orgueil plutôt, mais passons) qu'il possédait encore. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était qu'il n'avait plus la force de bouger de là. Ou plutôt, il n'en avait plus l'envie mais sa maladie lui servait de prétexte. Il ne pas fallait se mentir, il se sentait bien mieux ainsi qu'adossé au mur dans un équilibre précaire. De toute façon, il n'avait plus rien à perdre et puis, il se doutait que Gabriel n'était pas le genre à aller crier sur tous les toits qu'il avait eu un Xiao Yu malade allongé sur ses genoux. Il était stupide, pas suicidaire.

« Pourquoi tu fais ça Gabriel ? Tu ne m'apprécies pas plus que ça je me trompe ? Alors pourquoi tu t'occupes de moi ? »

Envie, hein ? C'était bizarre. Sans doute trop pour qu'il arrive à comprendre. A moins que ce ne soit lui qui ait une vision erronée des choses ? Peut-être que finalement, tous les gens n'étaient pas si pourris que ça. Gabriel était peut-être bizarre, mais il n'hésitait pas une seule seconde à sacrifier ses courses pour s'occuper d'un enfoiré malade et qu'il connaissait à peine. Dire que ça le touchait serait un euphémisme. Il se sentait troublé. Troublé, mais trop fatigué et souffrant pour réfléchir et reconsidérer sa vision des choses. Gabriel trouvait sa question stupide. Il ne voyait pas vraiment en quoi elle l'était. Pour lui, c'était sa réponse qui était stupide. Ils avaient tout deux une vision totalement différente des choses. Ils étaient complètement incompatibles.
Deuxième surprise, il apprit avec étonnement qu'au final, le plus jeune ne le haïssait pas tant que ça. Ça non plus il ne le comprenait pas vraiment. Il n'avait jamais rien fait pour s'attirer sa sympathie. C'était même tout le contraire, il avait été exécrable avec lui depuis leur première rencontre. Ça non plus il ne le comprenait pas. A vrai dire, Gabriel était un véritable mystère pour lui. Un mystère bruyant et dérangeant mais un mystère tout de même. Mais Xiao Yu n'aimait pas ce qu'il ne comprenait pas, ça l'effrayait. Il entrait en terrain inconnu, c'est à dire qu'il ne savait pas à quoi s'attendre. C'était exactement ça avec le jeune membre des Wonderland. Imprévisible. Il disait vouloir attendre pour connaître la personne, pour « gratter la surface ». Avoir la patience avant de juger quelqu'un. Lui ne l'avait pas. Il jugeait au premier abord et classait les gens en deux catégories : Ceux qu'il n'aimait pas, et ceux qu'il tolérait. Mais maintenant qu'il était en compagnie de Gabriel, il commençait à douter de ses méthodes de classification des personnes. Ryu, il l'avait d'abord détesté. Il avait même tenté d'abuser de lui et pourtant, il était l'une des personnes les plus importantes à ses yeux désormais. Il n'avait certes, que très peu d'exemples de personnes comptant vraiment pour lui. Il n'accordait pas sa confiance à quiconque, et c'était peut-être cette méfiance injustifiée qui repoussait les autres. Mais pour lui, c'était une simple protection. Il avait subit assez de trahison dans sa vie pour apprendre à ne plus se confier à n'importe qui. Il connaissait la douleur d'être trompé par un être cher et il avait enfin compris ce que sa mère lui répétait depuis qu'il était petit : « Ne fais confiance à personne d’autre qu'à toi même. »

« Je ne suis pas mignon, crétin. »

Il détourna le regard, gêné. Bon, il le tuerait pour avoir dit ça quand il serait guéri, parce que pour l'instant, il n'avait plus l'énergie pour bouger ne serait-ce qu'un orteil.

« Et arrête de m'appeler Panda »

C'était fou comme Gabriel avait le don de le couper de ses pensées plus qu'existentielles avec des idioties incroyables. Mais il ne pouvait tout de même pas le laisser l'appeler par ce genre de surnoms ou encore se faire dire qu'il était mignon. Il n'était pas mignon. Il reprit cependant son sérieux et plongea son regard noir dans celui du plus jeune, gardant le silence, essayant de lire en lui. Mais Gabriel était bien trop complexe pour lui. Tout en eux les opposait et pourtant, son cadet ne semblait pas avoir de problèmes à s'occuper de lui. Il disait que c'était parce qu'il en avait envie, mais à ses yeux, ça paraissait juste comme de la bêtise. Il sursauta légèrement au contact du mouchoir mouillé avec lequel Gabriel s'amusait à éponger son front. C'était agréable. Au final, peut-être qu'il n'était pas si stupide que ça. Du moins, il était utile. Peut-être un peu trop naïf et gentil, mais utile. C'était peut-être ça le problème d'ailleurs. Xiao avait bien trop de fierté pour se faire assister de cette façon, donc ça le gênait un peu que l'autre s'occupe de lui de cette manière mais il doutait clairement que ce fut le cas pour tout le monde. Si Gabriel était aussi serviable avec lui qu'avec les autres personnes, certains allaient finir par en profiter. Pas que ça le préoccupait, non non, il s'en fichait pas mal. Mais tout de même... Il espérait juste que son cadet ne se laissait pas faire. Quoi qu'au final, ça resterait une torture pour la personne qui essayerait de l'utiliser. Il fallait bien se rendre à l'évidence, il était bien trop bruyant et fatigant.
Il ferma les yeux, la bouche entrouverte laissant passer un souffle légèrement saccadé. Des frissons lui parcouraient tout le corps. S'il ne s'était pas retrouvé coincé ici, sans doute serait-il déjà chez lui, dans son lit à attendre que la fièvre passe. Mais au lieu de ça, il se retrouvait dans un ascenseur en panne et pour seul médicament, de l'eau citronnée (le poireau ne comptait pas). Il fit non de la tête quand Gabriel lui demanda s'il n'avait pas trop froid ré-ouvrit les yeux.
Il voulait repartir sur de bonnes bases hein ? Pourquoi faire, de toute façon, ça ne changerait en rien son comportement envers lui, il serait toujours aussi froid. Mais le sourire de cet idiot de gosse l'empêchait de refuser son offre. Il fallait bien l'avouer, il était mignon. Et on connaissait tous la fixation que faisait Xiao Yu sur les choses mignonnes. C'était une plutôt mauvaise chose que Gabriel ait une telle attitude et qu'il lui adresse ce genre de sourires absolument adorable. De un, parce que ça le rendait attachant malgré tout, et de deux parce que ça rendait les choses beaucoup plus difficiles à gérer. Comment refuser quoi que ce soit à une telle bouille ? Raah, voilà qu'il recommençait avec cette foutue lubie de toujours tourner au niais face à tous ces trucs de gamine de treize ans.

« Xiao Yu, 23 ans, manager. Je suppose que moi aussi, je suis ravi.»

Bon, il faisait de son mieux, il ne fallait pas lui en demander trop. Il voulait bien être gentil mais il y avait des limites. Ce n'était pas parce qu'il acceptait de « participer » à ces enfantillages qu'il devait y mettre autant d'entrain que son cadet.

«Hahaha.. Désolé.. Je dois t’embêter. Déjà que tu te retrouves bloqué avec moi alors que je t’insupportes. Cela aurait été mieux pour toi que ce soit quelqu’un d’autre. Je suis désolé pour ça.»

Bon, il se retrouvait face à une situation plutôt embarrassante. Se voir présenter des excuses, ce n'était pas quelque chose qui lui arrivait tous les jours. Et encore moins pour quelque chose dont la personne n'était pas responsable. Il ne savait pas trop quoi répondre à ça. Sans doute devait-il le rassurer ou quelque chose du genre ?

« Arrête de t'excuser. »

Ouai, niveau réconfort on avait connu mieux mais il avait tout de même faire l’effort de dire quelque chose. Oui, il était vrai qu'il pouvait faire mieux mais ses joues légèrement roses de gêne en disait assez long sur ce qu'il ressentait. Heureusement qu'il pouvait faire passer ça pour de la fièvre. Bon, Gabriel s'excusait mais continuait tout de même à lui poser des questions idiotes.
Il n'aurait pas aimé être seul dans cet ascenseur ? Lui, c'était exactement ce qu'il voulait. Ou tout du moins, ce à quoi il était habitué. A force, il finissait par se complaire dans la solitude. Quand il était seul, il n'avait pas à contrôler ainsi ses émotions. Il sourit cependant à la réponse de Gabriel et à son maladroit « toi aussi ça me va » qu'il trouva plutôt mig- Ah bordel. Nan, il n'avait pas le droit de le trouver attachant ! Mais c'était dur. Gabriel lui faisait bien trop penser aux chiots qu'il allait souvent voir à l'animalerie et qui lui faisaient les yeux doux dans l'espoir d'être adopté.

« Je ne sais pas, je pense que j'aurais préféré être seul. »

Attendez, pourquoi il lui répondait exactement ? Ah, et puis merde, il s'en fichait à vrai dire. A force de penser, il sa tête allait exploser. C'était une hypothèse plus que probable à vrai dire, sa migraine lui donnait l'impression que son cerveau allait lui fondre par les oreilles. Il soupira.

« Tu parles trop Gabriel. Tu devrais apprendre à apprécier le silence. »

Ils se regardèrent un moment, les yeux de Xiao suivant les courbes et les formes du visage du plus jeune comme s'il essayait de les apprendre par cœur. De toute façon, il n'avait rien d'autre à faire dans cette foutue boite de conserve. Il continua son inspection, s'arrêtant sur le sourire omniprésent du plus jeune et lâcha encore une fois un soupir avant de détourner le regard puis de fermer les yeux. C'était un silence confortable. Apaisant. S'il n'était pas aussi malade, il en aurait presque jusqu'à se dire que ce moment était agréable.

« Tu vois ? Le silence est une belle chose. »

Il se sentait spirituel aujourd'hui. C'était sans doute à cause de la fièvre qu'il déblatérait ce genre de conneries nauséeuses.

Xiao Yu écarquilla les yeux en sentant Gabriel se pencher vers lui pour l'enlacer. Comment devait-il réagir exactement ? Le repousser, lui rendre son étreinte ? Aish, il ne se retrouvait pas souvent, voir jamais, dans ce genre de situations. C'était trop bizarre. Il préféra ne faire aucun mouvement, attendant que l'autre ne le libère. Il tourna légèrement la tête quand l'autre lui murmura un « merci » à l'oreille. Il espérait qu'il ne rougissait pas trop. Et le pire dans tout ça, c'était qu'après, Gabriel agissait comme si c'était parfaitement normal. Il ne trouvait pas ça « normal » d'embrasser un presqu'inconnu dans un ascenseur, de prendre soin de lui parce qu'il en avait « envie » et de l'enlacer et le remercier pour une raison inconnue. Il aurait bien voulu lui demander quelle était la raison de ces enlaçades mais il préféra se taire et tenter de contrôler un minimum ses émotions. Ils auraient l'air cons si tout à coup, l'ascenseur s'ouvrait sur eux. Il ne doutait pas un seul instant que les rumeurs iraint bon train. Imaginez le scoop. En plus, avec toutes les pipelettes qui travaillaient à l'agence il serait vraiment mal. « Le glaçon Xiao Yu a finalement craqué sur le mignon Gabriel ». Quoi ? Il avait dit mignon ? Nan, il voulait dire « insupportable Gabriel ». Pas mignon, insupportable.

Après un petit moment de silence pendant lequel, il avait gentiment demandé au plus jeune de se la fermer, l'autre reprit la parole en lui demandant de boire même s'il n'en avait pas envie. Non, en effet, il n'avait pas envie de boire. Mais connaissant Gabriel, il ne préférait pas tenter le diable. Il ne doutait pas une seconde que l'autre n'hésiterait pas à retenter de l'étouffer en lui transvasent la boisson de bouche en bouche. Au bout d'un moment, il fit comprendre à son compagnon de galère qu'il était en train de le noyer en lui faisant les gros yeux et en tapotant son bras afin qu'il se décide enfin à lui retirer le goulot de la bouche. Il se lècha les lèvres humides et toussota légèrement. Il se releva légèrement en entendant Gabriel fouiller ans le sac de course un peu curieux. Et là, miracle. La seule chose de bien dans toute la journée, son pain béni, son dieu, le seul ingrédient pouvant illuminer sa journée : Du chocolat. Aaah, finalement Gabriel était un incroyable génie pour avoir pensé à en acheter. Il avait les mirettes qui brillaient de mille feux, fixant la tablette comme s'il allait lui sauter dessus pour la dévorer. Bordel, des sucreries et il se transformait en véritable gamin. Il avait un peu honte, il fallait l'avouer mais c'était plus fort que lui. Il hocha la tête quand Gabriel lui fit promettre de rien dire. Il ne voyait pas de raison pour aller tout balancer de toute manière. Ca ne lui apporterait absolument rien et il se ferait sûrement réprimander également pour avoir participé au meurtre de cette pauvre tablette. Il leva les yeux vers le visage au dessus de lui qui savourait le chocolat comme si c'était la huitième merveille du monde. Bon, c'était sans doute la huitième merveille du monde. Finalement, ils arrivaient à avoir quelques points commun. Certes, leur amour pour les sucreries, ce n'était pas grand chose mais c'était déjà ça. Il croqua dans son morceau de cacao avec un léger sourire flottant sur les lèvres, laissant fondre le carré sur sa langue. Il ricana aux petits bruits exagéré que poussaient Gabriel lors de sa dégustation. Heee, visiblement il aimait vraiment ça.
Un court moment de silence s'installa pendant qu'ils mangeaient leurs part respective mais celui-ci fut bien vite coupé par le plus jeune.
S'il y avait bien quelque chose que Xiao Yu détestait, c'était qu'on se mêle à sa vie privée et il se sentait vraiment mal à l'aise face aux questions que lui posaient Gabriel depuis tout à l'heure. Mais il ne se sentait pas avoir le courage de le rejeter ou de l'envoyer chier avec ses interrogations. Après tout, il prenait soin de lui et lui donnait du chocolat de bon cœur (comme quoi, il faut pas grand chose).

« Tu as le droit de penser ce que tu veux. J'ai dis que j'aurais préféré être seul dans cet ascenseur, j'ai pas dis que j'aimais la solitude. »

Non, c'était tout le contraire même. Il détestait la solitude. C'était un peu en contradiction avec son comportement de connard qui envoyait bouler tout ce qui s'approchait de lui mais il n'aimait pas être seul. Mais pour cette unique fois, il aurait aimé n'être coincé ici avec personne. La seule et unique raison était sa fierté démesurée et le fait qu'il détestait montrer ses faiblesses, alors se retrouver malade devant un presqu'inconnu. Quoi que, ça aurait été pire que de montrer ses faiblesses à un proche. Non, il aurait définitivement préféré être seul.
Il se renfrogna légèrement quand l'autre aborda le sujet de ses parents. Enfin, s'il pouvait les appeler « parents ». Des connards qui ne pensaient à rien d'autre qu'à leur réputation et qui avaient fait de lui une machine, le forçant à devenir le meilleur dans tous les domaines et lui faisant perdre toute confiance en l'être humain. Il était vrai qu'ils l'avait bien souvent laissé seul mais ils l'avaient surtout mis de coté, écarté des autres. A l'âge où ses camarades de classe allaient s'amuser à jouer au foot ou au basket, lui devait rentrer pour améliorer son piano ou réviser ses cours. Et puis, à force de se voir répéter que les autres n'étaient rien à coté de lui et qu'il ne devait pas les fréquenter au risque d'être « contaminé » par leur bêtise, il avait fini par y croire. Alors oui, on pouvait dire que c'était à cause de ses parents. Alors le silence, ce n'était pas quelque chose d'effrayant pour lui. Le silence, ça avait été son seul compagnon pendant toute son enfance. Il se releva en position assise quand il sentit le sujet dériver sur Ryu. Il s'adossa au mur, faisant en sorte de faire face à Gabriel et replia une jambe vers lui. Il rit un peu moqueusement en entendant le plus jeune lui demander s'il était en couple avec Ryu.

« Ryu et moi ne sommes pas en couple. Disons que nous sommes … proches. »

Il n'allait tout de même pas lui sortir qu'ils se roulaient des pelles et qu'ils dormaient ensemble parce qu'ils fuyaient la solitude à deux. Quoi que, il avait drôlement envie d’embarrasser ce gosse trop curieux. Non, ce serait une mauvaise idée. Il avait déjà une vilaine idée derrière la tête qui consistait à se venger du « baiser » d'un peu plus tôt. Et quand il voyait le chocolat qui lui restait au coin des lèvres, ça ne faisait que lui donner des idées pour le faire rougir et surtout, le faire taire. Mais il était malade et sûrement contagieux et c'était sûr et certain que Ryu lui en voudrait s'il refilait sa grippe à un de ses protégés.
Il fut tout de même étonné de l'entendre dire qu'il n'était « ce gars froid et méchant ». Il afficha un air surpris et dévisagea Gabriel comme s'il attendait un truc du genre « Non, t'es encore pire » ou une réplique mauvaise. Mais rien, cet enfoiré respirait tellement l’honnêteté. Ça lui filait la gerbe de voir ça.

« Tu ne me connais pas, qui te dit que je ne suis pas ce connard que tu décris ? Ryu est spécial, il est le seul avec qui je suis comme ça alors ne te fais pas trop d'illusions. »

Il grimaça. Il n'aimait pas ça. Quand les gens commençaient à le cerner. Il voulait garder son apparence d'enfoiré, celle qui le protégeait d'un quelconque attachement. Le seul ayant eu la patience de le connaître c'était Ryu et ça lui suffisait largement comme ça. Il ne voulait surtout pas que d'autres personnes ne tissent des liens avec lui. Il ne voulait pas souffrir.

Il était clairement sur la défensive et même s'il sentait que son corps tremblait contre la paroi glacée de l'ascenseur, il ne voulait pas retrouver le contact qui s'était installé un peu plus tôt entre Gabriel et lui. Il se sentait tellement embarrassé d'avoir été ainsi mis à nu. Instinctivement, il replia ses jambes contre lui et posa son menton sur ses genoux, observant Gabriel d'un regard vitreux à cause de la fièvre. Il sentait que s'ils restaient trop longtemps dans cet espace clos, il allait finir par craquer.

Si Kanzaki avait eu le droit au comportement de connard ? Oh, ça avait été bien pire que ça. Il avait été la pire des enflures avec lui. Y penser ne faisait que le dégoûter de lui-même, comment avait-il pu faire ça ? Il se le demandait. Instinctivement, il plaça sa main sur la cicatrice qui lui restait après la blessure que lui avait infligé Ryu. A chaque fois qu'il la voyait, des flash de souvenirs surgissaient, le faisait regretter profondément ce qu'il aurait pu faire subir au manager. Ils n’abordaient jamais le sujet ensemble. C'était sans doute mieux comme ça après tout. Son regard s'assombrit plus qu'il ne l'était déjà et il fixa un point imaginaire en face de lui, le regard vide. Les questions et remarques de Gabriel l'agaçaient. En premier lieu parce qu'il détestait que l'on se mêle à ses affaires mais encore plus parce que ce sale gosse arrivait parfaitement à le cerner. C'en était insupportable. Comment pouvait-il garder espoir que derrière son image se cachait autre chose de meilleur ? C'était peut-être la première fois que quelqu'un semblait aussi déterminé à le connaître. Peut-être était-ce aussi à cause des circonstances. Être coincé dans un ascenseur de 3 mètres carrés aidait légèrement à la communication, en effet. Il releva les yeux quand l'autre lui avoua qu'il tenait sans doute aussi à lui. Vraiment ? Il se sentait … étrange de savoir ça. Ça le rassurait en quelque sorte. Il esquissa un sourire attendri. Bien sûr, il savait que leur relation ne s'arrêtait pas à quelques baisers, ils étaient proches. Sans doute plus proches qu'il ne l'avait jamais été avec personne d'autre pour sa part mais voir se l'entendre dire. C'était étrange et réconfortant.
Il garda son sourire quand il vit la hargne avec laquelle Gabriel le défendait. C'était plutôt amusant à voir. Il ne le connaissait presque pas et pourtant, il avait l'impression que c'était une des personnes qui le cernait le mieux. Il tait vraiment surprenant. Agaçant mais surprenant. D'un coté, ça l'énervait de dévoiler ses faiblesses devant quelqu'un mais d'un autre coté, c'était comme si quelqu'un enlevait un poids de sur ses épaules. Se faire dire que l'on est pas un connard alors que les trois quart de son entourage le lui répétait en boucle c'était … Aish, il devenait vraiment trop sentimental, sérieusement. Toutes ces émotions, c'était pas son truc. Et puis bon, il ne fallait pas abuser non plus, il ne tournait pas complètement guimauve. Enfin, il l’espérait. Quoi que, ces derniers temps, il avait l'impression que sa liste de proches avec qui il entretenait une relation « positive » (il ne pouvait clairement pas les appeler amis, ce mot lui arrachait la gorge) augmentait de façon inquiétante.
Il sourit amusé quand l'autre se frappa la tête en faisant la grimace après s'être dit qu'il parlait trop. Oui, il parlait trop, il n'allait pas le contredire sur ça. Disons qu'il parlait aussi pour eux deux.
Il espérait juste que Gabriel était sincère dans ses propos. Trop de fois on lui avait fait le coup et seulement pour profiter de lui. Il avait un peu de mal à croire à tout ça en fait mais il devinait clairement que le plus jeune n'était pas du genre à mentir pour ses intérêts. Enfin, il l’espérait, après tout, il ne le connaissait que très peu. Ça paraissait presque surréaliste de se voir dans cette situation, coincé dans un ascenseur avec gamin croyant dur comme fer qu'il avait un « bon coté ».

A vrai dire, il ne savait pas trop quoi dire. De toute façon, qu'aurait-il pu répondre à ça. « Oh, c'est gentil dis donc, c'est bien la première fois qu'on me dit ça ! » Non, il ne fallait pas abuser non plus. Il se contenterait d'essayer de cacher la surprise qu'on pouvait lire dans ses yeux. Mais il était touché et reconnaissant. Il fallait qu'il pense à le remercier le jour où il n'aurait plus ce foutu caractère. Peut-être. Il le laissa faire quand Gabriel s'approcha pour lui poser la bouteille d'eau doucement sur le front. C'était agréable. Il ferma les yeux au contact et son corps fut parcouru d'un frisson. Il allait vraiment passer une semaine d'enfer, comme s'il avait besoin d'attraper un quelconque virus. Il avait déjà bien assez de travail. Mais bordel, c'était bien la première fois que ça le rendait aussi mal. Il avait l'impression d'être au bord de la mort alors qu'il n'avait juste qu'une migraine et de la fièvre. Il n'avait vraiment pas envie de rester ici trop longtemps. Et puis, il avait l'impression que plus ça allait, plus il faisait chaud dans l'ascenseur. Peut-être était-ce son imagination ou alors à cause de la fièvre ? Il était vraiment tenté de reprendre sa position de tout à l'heure sur les genoux du plus jeune mais quelque chose le retenait de le faire. Il attendait un signe de l'autre, qui ne tarda d'ailleurs pas puisqu'il lui demanda de se rallonger. Pour Ryu. Il n'avait pas besoin de Ryu pour le faire, il se sentait bien trop faible pour ne serait-ce que rester assis contre le mur. Sans demander son reste, il se dirigea vers Gabriel avant de s'installer sur ses cuisses et de soupirer de soulagement et en ignorant totalement la veste qui devait servir d'oreiller. C'était plus confortable.Pour lui dans tous les cas.

« C'est une sorte de chantage, non ? » Il haussa un sourcil et posa sa tête sur la cuisse de Gabriel. « J'espère que je suis lourd. »

C'était assez puéril comme vengeance mais il devait admettre que le plus jeune avait raison, Ryu devait sûrement s’inquiéter à cet instant. Aah, il était tellement stupide, pourquoi n'avait-il pas pensé à emporter son portable avec lui ? Tout aurait été plus simple. Tout du moins, ils auraient pu prévenir le manager japonais en attendant que l'ascenseur soit réparé, ça leur aurait éviter bien des soucis. Bien que de toute manière, il n'aurait pas pris la peine d'avertir Kanzaki à propos de sa maladie. Il ne voulait pas être une charge, encore une fois. Il avait déjà une dette envers lui pour s'être occupé de lui après « l'incident » alors il n'allait pas encore s'imposer pour se plaindre d'être malade. Il connaissait Ryu, il aurait insisté pour prendre soin de lui. Il aurait fait la même chose.

« Tu es étrange Gabriel. Mais merci. » Il marqua une pause, embarrassé puis reprit en souriant, taquin. « Et tu es très confortable aussi. »

Il essayait de se débarrasser de l'ambiance un peu trop sérieuse qui le gênait un peu. Sachant que ce n'était pas non plus le roi de l'humour alors il était sur que ses blagues ne volaient pas très haut. Il faisait de son mieux disons. Il toussota douloureuse et fronça les sourcils avant de se mettre sur le dos de façon à regarder Gabriel dans les yeux.

« Tu étais sortis faire les courses ? Les autres ne sont pas venus avec toi ? »

C'était des questions sans vraiment grand intérêt à vrai dire mais bon. C'était bien ce que faisaient les autres personnes non ? Discuter de propos profondément inintéressante pour créer des « liens ». Pas qu'il ne veuille pas d'une quelconque relation amicale avec Gabriel, ça l'occuperait pour qu'il arrête de lui poser toutes ces questions indiscrètes qu'il débitait depuis tout à l'heure. Et auxquelles il répondait parce qu'il avait visiblement décidé d'être stupide aujourd'hui. Il fut encore une fois parcourut d'un frisson désagréable et se recroquevilla légèrement sur lui-même dans l'espoir de les faire cesser. Il avait froid et chaud à la fois, c'était étrange. Il ne pensait qu'à une chose : Son lit. Il ferma les yeux et se rapprocha inconsciemment de Gabriel pour se blottir un peu plus contre lui.

« J'aimerais que la porte s'ouvre rien que pour voir la réaction des gens. Bien sûr, je ferais en sorte qu'ils oublient tout dans la seconde qui suit. Mais ce serait drôle. »

Encore une remarque inutile mais ça détendait l'atmosphère. Et puis, il n'avait pas vraiment envie d'aborder des sujets importants, juste rester comme ça et déblatérer tout ce qui lui passait par la tête. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait en profiter. Au pire, il mettrait ça sur le compte de la fièvre et ferait comme si de rien ne s'était passé si dans les jours d'après Gabriel le prenait pour son nouveau meilleur ami, il n'avait pas pour but de s'attacher à lui.

Gentil, gentil. On lui avait souvent répété de l'être avec les gens. Mais c'était quoi exactement la définition de « gentil » ? Pour lui, « gentil » était synonyme d'idiot. Et avec toutes les personnes dont il avait profité parce qu'elles étaient « gentilles » il avait eu le temps de confirmer sa théorie. Pourquoi l'être si ça ne rapportait rien ? Pourtant, là maintenant, il n'avait plus envie d'être le Xiao Yu qu'il affichait en permanence. Il voulait cesser de se protéger contre tout. Il en avait marre d'envoyer chier tout le monde, de jouer au dur, il voulait pouvoir sourire autrement que moqueusement. Juste pour maintenant, dans cet ascenseur. Mais il n'avait pas encore assez confiance en Gabriel. Après tout, malgré le fait que ce dernier prenait soin de lui à ce moment même, qui lui disait qu'il n'allait pas profiter de lui ? Lui soutirer du fric, comme le faisaient si bien les trois quart de ses « amis ». Enfin, ami. Ça non plus, il n'en connaissait pas la définition. Les amis se disent « proches ». Lui n'était proche de personne à part Ryu. Au final, avant de le connaître il était seul. Et il ne le remercierait jamais assez pour ça.
Il sourit légèrement en entendant les explications de Gabriel concernant sa présence ici et le fait qu'il ait dû aller faire les courses seul. Ah, jinjja. Pierre papier ciseau. C'était puéril. Il se contenta de répondre un « Je vois... » un peu moqueur. Quand Gabriel le força à boire une nouvelle fois, il fronça les sourcils. Il espérait pouvoir sortir d'ici rapidement parce qu'avec tout ce que Gabriel lui faisait boire, il allait finir par se pisser dessus. En plus, il n'avait pas particulièrement soif. Il savait que malade, il fallait s'hydrater mais franchement, son estomac allait exploser à force d'être rempli d'eau. Il avala deux gorgées et éloigna la bouteille de lui en attrapant le poignet de Gabriel pour l'éloigner.

« Tu vas finir par me noyer, arrête ça. »

Il savait bien que ça partait d'une bonne intention et à ce moment là mais il ne put pas s'empêcher de le déclarer de façon un peu agacé et sévère. Son froncement de sourcil s’effaça cependant bien vite quand il entendit les délires étranges de Gabriel. Ce type était complètement perché, impossible de dire si il le faisait exprès ou s'il était vraiment bizarre. Il resta perplexe face à l'humour (enfin, c'était bien de l'humour non?) du plus jeune, se contentant de garder le silence pendant sa tirade. Un silence très gênant s'installa pendant quelques secondes avant que Xiao Yu n'éclate littéralement de rire. Quelque chose qui n'était pas arrivé depuis des années. Il craquait complètement … c'était la fièvre sans doute, il ne voyait que ça.

« Non, je ne peux pas encore faire ça, haha ! Mais j'admets que ce serait bien pratique !»

A vrai dire, il ne savait même pas pourquoi il riait exactement, après tout, ce qu'avait dit Gabriel n'était pas si drôle que ça à ses yeux, pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de lâcher des gloussements qu'il considérait lui-même absolument pathétiques et dignes d'un … De Gabriel.Ses rires redoublèrent quand il remarqua Gabriel qui tentait de s'allonger à ses cotés maladroitement mais dès qu'il sentit son corps se coller au sien, il perdit tout sourire.
Il n'aimait pas ça. Cette soudaine proximité, comme s'ils étaient proches. Non, non, non. Il se figea complètement.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Il avait demandé ça sur une voix intimidante, menaçante. Il aimait les contacts humains, à vrai dire, il était très tactile à vrai dire. Mais là, c'était dérangeant et il ne savait pas pourquoi. Peut-être était-ce dû au fait que Gabriel l'avait vu dans une position de faiblesse, l'avait vu rire, l'avait vu plaisanter. Il n'avait pas montré autant de facettes de sa personnalité à quelqu'un depuis des années. C'était à cause de la fièvre, il ne voyait que ça. Et puis, il fallait dire que ces derniers jours, il était à fleur de peau. Trop de choses arrivaient en ce moment et tout ça faisait remuer toutes les émotions qu'il pensait avoir enterré depuis bien longtemps déjà et avec tout ça, il lui était difficile de garder son masque impassible. Son regard se perdit dans le vide quand quelques souvenirs douloureux revinrent à la surface. Non, il ne devait plus penser à ça. Ne plus penser à son passé en Italie et à la déception amoureuse qu'il avait subit. Plus jamais il ne voulait ça. C'était pour ça qu'il se refermait sur lui-même, qu'il annihilait tous ces sentiments dérangeants. Au final, il avait échoué. Il s'était attaché à sa vie ici, à son quotidien, aux personnes qu'il fréquentait. A Ryu, aux membres du groupe... Gabriel lui expliqua que c'était parce qu'il voulait partager avec lui sa chaleur mais il ne l'écoutait déjà plus, perdu dans ses pensées.

Son front posé contre le torse de Gabriel, il revint à lui quand il entendit la voix de ce dernier s'élever dans la pièce. Sa cage thoracique vibrait, suivant le rythme de la chanson. Il leva les yeux vers l'autre étonné. Il n'avait pas prêté attention à ce qu'avait dit Gabriel juste avant donc il était étonné de l'entendre chanter tout d'un coup. Ce n'était pas la première fois qu'il l'entendait mais le fait qu'il chante pour lui changeait tout. Il se calma légèrement, se laissant aller à l'étreinte. Gabriel avait fermé les yeux. Il semblait transporté par sa mélodie. Il devait l'admettre, c'était beau. La voix puissante qui se faisait douce à ce moment même … Tout ça lui donnait des frissons. Il garda les yeux ouverts, continuant d'observer le plus jeune chanter. Quand la chanson se termina, il sourit. Bizarrement, il était soudainement devenu calme. Aish, c'était vraiment trop étrange. Gabriel était étrange. Cette situation aussi l'était. De toute façon, il ne s'attendait pas à autre chose, depuis qu'il était arrivé à Séoul, sa vie s'était transformée en une série d’événements plus incroyables et curieux les uns que les autres. Il n'empêchait que il y avait à peine cinq minute, il était prêt à repousser l'étreinte de Gabriel et maintenant, il ne pensait qu'à une chose : Rester ici et profiter encore de sa chaleur. Il était décidément trop versatile. Il passa doucement ses bras autour des hanches de Gabriel, l'attirant contre lui, essayant vainement de faire cesser les frissons qui parcouraient son corps. Il plongea la tête dans le cou du plus jeune, fermant les yeux. Il se sentait comateux et avait envie de dormir, exténué. Il interrompit le jeune chanteur quand ce dernier tenta de se justifier sur le fait que son chant était mieux accompagné. Il l'avait trouvé parfait.

« Tais toi. Tu as une voix magnifique Gabriel, même à cappella. »

Il avait murmuré cela tout contre la peau de son compagnon, ne pensant pas même une seconde au fait que cela pourrait le gêner. Il était trop éreinté pour cela.