C'est incroyable ce que l'innocence enfantine peut être magnifique, on l'entend de plus en plus souvent mais il est vrai que grandir c'est nul, on nous le prouve chaque jour. Lorsque Aoi était petite, encore bien loin des soucis du monde des adultes, elle avait toujours cet adorable sourire sur son angélique petit visage de poupée de cire. Ses yeux brillaient de milles feux comme si tant d'étoiles venaient s'y cacher après qu'elle ne se soit réfugier sur le toit de leur maison pour regarder le ciel. Elle pleurait comme tous les enfants de son âge mais ne faisait jamais de caprice, elle savait très bien qu'elle n'en avait pas le droit. Très vite elle remarqua que ça ne servait à rien de montrer ses dessins et ce qu'elle pensait être des petits exploits à ses parents, ces « bêtises » enfantines ne les intéressaient pas, surtout par alors que son grand frère était déjà capable de chanter comme un ange dans la chorale de leur quartier, surtout pas alors que son frère ramenait déjà des bulletins de notes parfaits de l'école mais ça allait, elle comprenait. Après tout comment une peinture d'une famille souriante faite avec ses petits doigts pouvait rivaliser avec l'intelligence que montrait son aîné ? Pourtant elle ne lui en a jamais voulu d'être le centre d'attention, son grand frère ne l'a réclamait pas, il n'en voulait même pas mais il était ainsi et leurs parents ne l'auraient pas voulu autrement alors elle lui souriait, ses grands yeux lumineux emplis de gentillesse et d'affection pour celui qui était pour elle le meilleur grand-frère dont on puisse rêver. Et pour elle il l'était vraiment. Toujours gentil, le seul dans cette si grande maison à lui porter un réel intérêt, le seul lui montrant de l'attention, applaudissant ses efforts, l'aidant à s'améliorer, la regardant avec le sourire et non cette expression ennuyée et non impressionnée comme le faisait leurs parents depuis sa naissance. Elle comprenait, vraiment mais c'était quand même douloureux...
Son enfance se passa ainsi, sans recevoir l'amour de ses parents, en regardant son frère de loin alors que celui-ci réussissait encore et toujours plus. Bien sûr Aoi était intelligente et elle travaillait dur, rapportant de très bonnes notes à la maison, réussissant à s'illustrer dans certains domaine et à se faire féliciter pour ça mais ce n'était jamais assez et là encore elle comprenait. Pourquoi ses parents s'intéresserait-ils à des choses que son frère avait déjà accomplies avant elle il y a déjà plusieurs années de cela alors qu'il continuait de les impressionner encore aujourd'hui ? Elle le savait, ce ne serait jamais assez alors elle finit par ne plus venir les voir pour venir leur annoncer ses réussites, elle déposait ses bulletins sur la table et attendait sagement qu'ils soient signés, elle ne leur proposait plus de venir aux rencontres parents professeurs et sûrement elle n'essayait plus de leur parler de ses journées et de ce qu'elle aimait faire. Elle disparu plus ou moins de la vie de ses propres parents, ne cohabitant plus qu'avec eux comme l'aurait fait une étrangère inviter à dîner à leur table. Chaque soir, lorsque ses parents s'étaient enfin décidés à aller se coucher, elle descendait du toit où elle se réfugiait pour observer le ciel et ne pas entendre les rires et les encouragements qui n'étaient pas pour elle et elle allait s'asseoir sur le lit de son frère, attendant que celui-ci ne monte, souriant et tenant dans ses mains deux tasses de chocolat chaud pour qu'ils puissent se détendre alors qu'ils se raconteraient mutuellement leur journée et leur projets. Elle était habituée à ça, elle n'avait pas beaucoup d'amis, depuis toute petite les filles ne lui parlait que dans l'espoir de pouvoir rencontrer son frère tandis que les garçon ne l'approchait pas, petite Aoi n'était pas intéressante, elle travaillait trop, elle n'était pas drôle, elle était trop invisible...
Cela dura jusqu'à ce que son frère ne réussisse à entrer dans la plus grande agence d'artiste du Japon, son emploi du temps se fit plus lourd et son temps de présence à la maison en fut brutalement réduit, Aoi qui avait d'abord continuer d'attendre son frère en vain dans sa chambre finit par ne plus se donner cette peine et sa seule relation familiale finit par peu à peu s'effacer. Elle était seule, seule avec ses larmes et le ciel qui lui tinrent compagnie de plus en plus longuement le soir. Un soir où Aoi était descendu dans la chambre de son frère pour s'y retrouver seule comme de nombreux autres soir, elle aperçu dans un coin de la pièce cette vieille guitare acoustique dont son aîné adorait jouer lorsqu'elle était petite, c'est sûr cette guitare qu'elle avait placé ses premières notes, se faisant des ampoules aux doigts à force de recommencer encore et encore les même accords. Elle repensa à la guitare toute neuve qui se trouvait dans sa chambre, un « cadeau » de son père qui lui avait presque lancé à la figure lorsqu'elle la lui avait demandé. En repensant à cette guitare pleine de souvenir, elle sentit les larmes lui monter aux yeux, elle l'attrapa et sorti de la pièce. Le lendemain, Aoi était là, debout sans bouger au milieu du jardin devant un petit feu d'où s'élevait une épaisse fumée noirâtre et entre les cendres et les braises, ce qui restait de cette guitare qui lui avait été offerte sans une seule once d'affection. C'est à ce moment que Aoi se décida, elle vivrait sa vie pour elle-même. Ça irait, elle n'en voudrait pas à son frère, ni à ses parents, oui, elle pouvait le faire ce n'était pas grave si elle n'était pas à la hauteur... Elle se laissa tomber devant ce feu où brûlaient les derniers morceaux de son passé et alors qu'une brise vint souffler en son sens et que la fumée se retrouva à envelopper comme dans une étreinte le corps de la jeune fille, elle laissa s'écouler ses dernières larmes.
A peu près un an plus tard, alors qu'elle continuait de travailler dur et de soutenir de tout son cœur son grand-frère, elle fit la rencontre d'un jeune homme qui devint très rapidement important dans sa vie. Ils avaient le même âge, se trouvait dans la même classe et malgré leur différences, ils se sont tout de suite entendus. Il état métisse, d'origine coréenne et parlait le japonais avec un drôle d'accent. Il souriait tout le temps et parlait sans cesse de ses rêves. Ce jeune homme fut celui qui scella le destin d'Aoi. Lui qui aimait tellement le soleil, lui qui voulait un jour voler mais aussi chanter et danser devant toujours plus de monde. Il rêvait de reconnaissance et de choses impossibles et sa joie de vivre était tellement forte qu'elle en fut affreusement communicative. Il y avait cette chose entre eux, une amitié fusionnelle comme si l'autre avait toujours été ce que l'un cherchait et lui qui aimait tant le soleil avait peu à peu commencé à appeler celle qui était devenue si importante pour lui d'un surnom lui rappelant son astre. Sunny, ce surnom la faisait toujours sourire et en retour elle l'appelait Sky, scellant ainsi une promesse silencieuse de toujours poursuivre leurs rêves, ensemble. Seulement voilà la chance ne semblait pas aimer la jeune Aoi et bientôt, les griffes du désespoir et de la peur se refermèrent à nouveau autour de son corps fragile. Son ciel, son meilleur ami fut diagnostiquer avec une condition incurable qui ferait bien vite d'horribles dégâts sur son corps, alors que les mots défilaient encore pendant que la discussion se poursuivait, son esprit se ferma et le nom de cette maladie destructrice disparue bien vite de sa mémoire au profit de cette question qui encore aujourd'hui ne la quittait pas : « pourquoi ? » Il y a pourtant cette image qui ne veut pas sortir de sa tête, celle du père du jeune homme pour qui il était tout depuis que sa femme l'avait quitté, dévasté et en pleurs hurlant cette même question qu'elle n'osait formuler. Ils avaient des rêves ! Tout allait pourtant si bien, ils voulaient se produire en duo, épater le monde entier et rire ! Mais aujourd'hui il n'était plus question de tout cela et bientôt Sky s'éteint, il dégageait cette beauté formidable et éphémère, pale mais souriant comme apaisé, il lui avait tenu les mains jusqu'à la dernière seconde, lui avait fait tenir mille promesses, l'avait étreinte tellement fort ! De toute la force qu'un être en vie peut bien être capable, un corps encore chaud, encore tellement réel et, après une dernière quinte de toux, il avait délicatement posé sa tête sur l'oreiller, avait remercier son père puis avec un sourire d'où s'écoulait un mince filet de sang à la commissure de ses lèvres, il avait fermé les yeux pour ne plus jamais les rouvrir. Suite à cela la décision fut rapide, son frère ne rentrait plus, ses parents l'ignorait, elle n'avait plus rien, plus rien ne la retenait maintenant et son choix fut vite fait, ne prenant que cette vieille guitare qui détenait ses plus heureux souvenirs en « familles » et quelques affaires, elle s'envola rapidement pour la Corée, elle réaliserait leur rêve et vivrait pour deux s'il le fallait mais elle tiendrait les promesses qu'elle avait faite à son ciel. Ça n'avait pas été facile au début, bien sûr elle parlait coréen, il lui avait appris mais tout était tellement différent ! Aoi n'avait rien de prévu, elle ne savait pas par où commencer, elle n'avait qu'un peu d'argent et un sac contenant ses affaires. Heureusement pour elle il ne lui fallu pas longtemps pour réussir à entrer à la New Generation, la plus grande agence d'idoles de Corée, Sa nouvelle vie pouvait enfin démarré elle alors qu'elle passait pour la première fois les portes en temps que membre officielle de l'agence, elle se promis de les rendre fiers, ses deux hommes qui avaient compté et comptaient encore le plus pour elle.