Hey Chingu! J'ai encore des trucs a te dire!
✱ J'ai une petite soeur de 15 ans.
✱ J'ai fait une tentative de suicide à 16 ans
✱ J'ai passé plusieurs années à l'hôpital
✱ J'ai appris à jouer du piano à l'hôpital
✱ Je décolore mes cheveux depuis l'adolescence
✱ Je ne sais pas nager
✱ Je ne sais pas me servir d'un ordinateur et j'ai un téléphone portable très ancien
✱ Je lis beaucoup.
✱ Je prends encore un traitement.
✱ Je parle coréen mais j'ai un petit accent qui me complexe
✱ Je suis en Corée depuis mes 18 ans.
✱ J'ai peur des clowns
✱ Je suis allergique au poisson
✱ Je chante mais jamais devant quelqu'un d'autre.

Je me suis toujours sentie différente des autres, mais je ne pourrais pas expliquer pourquoi. L’impression de ne pas voir le monde de la même façon, ne pas porter le même regard sur les autres. J’ai grandi dans un ranch dans le Montana. Beaucoup d’espace, mais pas beaucoup de temps pour l’éducation. Je portais les chemises trop grandes de ma mère, rentré dans un short un peu trop court. On se moquait souvent de moi à l’école. Mes cheveux étaient longs mais pas très beaux. J’ai toujours été très complexé par mon physique de petite fermière. Je me suis renfermée sur moi même et mes parents n’avaient pas le temps de s’en rendre compte.

Même avec ma petite sœur, je n’avais que six ans quand elle est née, mais c’est en partie moi qui me suis occupée d’elle.  J’ai grandi plus vite que prévu. Je n’ai jamais eu de véritable ami. On m’a toujours laissé à l’écart et quand on est jeune, ce n’est pas facile de supporter cette solitude et les insultes des autres. Je n’essayais pas de m’intégrer de peur d’être rejetée. Je me suis retrouvée dans un tourbillon, un cercle vicieux. Je n’allais pas aux goûters d’anniversaire, et je ne faisais pas de soirée pyjama chez moi. Au collège j’ai du couper mes cheveux à cause d’un chewing gum collé dessus. J’ai beaucoup pleuré. Je me concentrais sur les cours pour avoir de bonnes notes. J’ai toujours été intelligente, j’aime apprendre, me gaver de connaissances. Seuls les livres me permettaient de tenir le coup. J’avais de nombreux surnoms à l’école, mais personne ne venait me le dire en face. On ne me persécutait pas, c’était déjà ça, mais j’étais seule.

Je pensais arranger les choses à mon entrée au lycée. Malheureusement, je me trompais. Honnêtement, je ne prenais pas vraiment soin de moi. Je m’habillais comme je pouvais et mes cheveux étaient toujours attachés. J’étais amoureuse d’un garçon populaire, il était beau et grand. Je le dévorais du regard chaque fois que je le pouvais. Un jour, il m’a donné rendez vous dans un parc pour discuter. J’étais aux anges. Mais une fois arrivée, il n’y était pas. J’ai attendu des heures dans le froid. Finalement ce sont ses amies qui sont venus se moquer de moi. C’était une blague pour eux une simple blague. J’ai craqué. Au diner, en apportant mon assiette dans l’évier, j’ai attrapé le premier couteau qui me tombait sur la main et j’ai coupé, net, au niveau de mes poignets. Je voulais mourir, ne plus avoir à supporter cette solitude et cette humiliation. C’est ma petite sœur qui a hurlé en me trouvant.

On m’a emmené à l’hôpital, j’ai vu des psychologues et je leur ai dit que je recommencerais. Je ne sais pas pourquoi j’avais autant baissé les bras. Au final, je ne suis pas rentrée chez moi. Je suis allée dans une clinique spécialisée et dans cet endroit j’ai rencontré des gens formidables. Des gens qui avaient vécu comme moi et qui tentaient de remonter la pente. Pour la première fois je me suis sentie bien. J’avais des séances quotidiennes avec les psychiatres et un traitement à suivre. J’ai rencontré ma camarade de chambre qui était un peu plus âgé que moi. Elle, elle avait avalé tous les médicaments de la pharmacie pour échapper aux coups de son père. On pouvait considérer que j’avais ma place parmi les fous. C’est elle qui m’a prise en main. Un soir, elle m’a décoloré les cheveux. Je suis passé d’un châtain terne à un blond de Barbie en quelques semaines. Elle me maquillait même si c’était interdit et pour une fois, je me trouvais jolie. Elle m’a donné envie de me battre.

Je suis restée plus de deux ans à la clinique. Il y avait la salle de musique et la bibliothèque. J’y passais la plupart de mon temps. Durant ce temps j’ai appris à jouer du piano et à composer mes propres chansons et j’apprenais de nouvelles langues comme le russe, le coréen et l’espagnol. J’étais peut être dans ce que vous appelez un asile, mais je ne m’étais jamais sentie aussi épanouie.
Ils ont décidé de me renvoyer chez moi avec mon traitement. Quelques médicaments à prendre à heure fixe. Je me suis sentie oppressée en arrivant au ranch. Mes parents me regardaient comme si j’étais une créature curieuse. Le soir même j’ai fait ma valise et je suis partie avec mes économies. J’ai prit le premier avion qui passait à destination de Séoul. Je me suis trouvé un petit hôtel le temps de prendre mes marques. Une petite étrange n’aurait pas sa chance ici, mais pourquoi pas ? Parfois il faut savoir forcer le destin. Je suis allée partout pour proposer mes chansons, montrer mon talent. Après beaucoup de refus j’ai failli replonger mais la New Generation m’a sauvé. Elle m’a sauvé en acceptant de m’engager.

Je ne dis pas que je suis complètement guérie aujourd’hui, mais je suis sur la bonne voie.

J’ai toujours été timide et renfermée. Une fille de la campagne. C’est à peine si on captait quelques chaines à la télé. Je suis avide de connaissance, je pourrais passer des heures à lire des livres d’histoire ou à me concentrer sur des langues étrangères. A la clinique on m’a dit que mon QI était assez élevée par rapport aux autres et c’était ce qui pouvait me rendre si fragile et différente. Je crois qu’aujourd’hui je me suis un peu plus ouverte au monde. Je reste discrète, mais je n’ai plus peur d’aller vers les autres. Je ne parle pas de mon passé. Il ne regarde que moi. Si on me voit prendre mes cachets, je dis simplement que j’ai mal à la tête ou bien que ce sont des pilules pour maigrir. J’assume mon physique de poupée qui peut laisser penser que je suis stupide et superficielle. Ce n’est pas le cas, mais il me permet de me différencier. Surtout ici en Corée ou les blondes, ça ne court pas les rues. Je me donne corps et âme à mon métier. Ecrire des chansons, composer de la musique qui pourrait toucher d’autre personne. Les artistes me permettent de m’exprimer et ils communiquent mes sentiments.

Je suis une fille douce, presque incapable de me mettre en colère. Oui, il m’arrive de me faire marcher sur les pieds et de ne rien dire, mais je préfère éviter les conflits. Je sais qu’il ne faut pas me pousser à bout, éviter de dépasser les limites de ma folie, ou je pourrais devenir violente sans m’en rendre compte.
J’aime les enfants, leur raconter des histoires, passer du temps avec eux. Durant mon temps libre, je participe aux lectures de la bibliothèque.

Certains me trouvent un peu bizarre, mais ça ne me dérange pas. Je le suis en effet. Je n’ai pas l’habitude d’utiliser toutes les nouvelles technologies et il m’arrive souvent de demander de l’aide pour écrire un sms ou envoyer un email. Je ne suis pas dans l’ère du temps comme on dit. Mais cette vie me convient très bien. J’ai eu des débuts difficiles, mais depuis que je suis installée ici, je me sens bien, libre. Presque heureuse !

Derrière mon écran, je suis TeTris et oui encore !!!, j'ai 22 ans. Si je dois noté ma présence sur le forum ça serait: {6/7}. Et pour finir, ce que je pense du forum est qu'il est toujours aussi fun et magnifique *O*.