Je ne suis pas un coach vocal, j'ai dû dire ça une bonne dizaine de fois mais mon manager se fiche de ma gueule. En raison de la vague médiatique qu'il y avait eu autour de ma pseudo disparition, il me fait bosser comme pas permis. Pour se venger, je le sais. Pour me rappeler que c'est lui mon supérieur aussi mais qu'est-ce que je m'en fiche. Bref, aujourd'hui je suis censé aider je-ne-sais-qui à chanter. J'aime critiquer, ce n'est pas une nouvelle ça, mais je déteste être responsable de quelqu'un, parce que je suis irresponsable tout simplement.

Bilan de la situation actuelle : catastrophique. J'ai aucune, mais vraiment aucune envie d'assister à cette séance ou de jouer le maître, mais comme je n'ai pas le choix, je préfère pointer le bout de mon nez dans le studio d'enregistrement à l'heure indiquée - l'avantage de ne pas avoir une vie : on est toujours ponctuel, voire à l'avance pour ses rendez-vous. Triste.

En entrant, je jette d'abord un bref coup d’œil au petit monde présent. Il y a cet idiot de Ha Nul qui est censé enregistrer la chanson plus tard et qui reste là pour je ne sais quelle raison, puis mon "élève". « Bonjour ! » je lâche, naturellement. Mes yeux croisent ensuite ceux de Bak Yul et un grand sourire étire mes lèvres vers le haut, presque aussitôt. J'ai beau être incompétent dans pas mal de domaines, et avoir une mémoire de poisson, j'oublie rarement le visage d'une personne que j'ai appréciée. Je m'avance vers lui d'un pas pressé, tirant mes mains de ma veste pour lui taper amicalement l'épaule, en guise de salut. « Bak Yul ! ça fait combien de temps que je t'avais pas vu toi ? Tu te portes bien ? »

Je m'assieds en face de lui, l'écoutant avec attention, sans me départir de mon sourire. Si j'avais su que c'est de lui que je devais m'occuper, j'aurais été plus enthousiaste pendant la journée. « Oui. En fait, je suis là pour t'aider. Le monsieur aux mauvais goûts vestimentaires qui nous regarde va t'enregistrer dès que je lui fais signe. » Je vois que le concerné me lance son fameux regard j'ai-une-irrésistible-envie-de-te-frapper-avec-un-truc-super-lourd et j'en rigole intérieurement. Je me penche légèrement pour rapprocher le micro de mon élève puis me redresse en soupirant. J'espère qu'il a fait des progrès depuis la dernière fois, je l'espère du moins  et je sais que je serai heureux si c'est le cas. Ses joues légèrement rosies me font un peu rigoler mais je masque mon amusement sous ma mine heureuse. Je suis censé me comporter avec sérieux mais je sais que si je commence à bouder, je lui mettrai plus de pression qu'autre chose alors je reste souriant et chaleureux. Contrairement à tout autre prof.

«  Tu dois bien savoir que les belles voix se ressemblent dès qu'on se met à chanter, montre-moi que la tienne a sa propre identité vocale. » C'est l'essentiel après tout. Je m'adosse au dossier de la chaise et lui fais signe de commencer, toujours souriant. «  Vas y, t'as toute mon attention. » On se fiche du vouvoiement pour le moment hein, ce n'est pas n'importe qui que j'ai en face après tout.

Il se met à chanter, sans détacher son regard du mien. Mon sourire faiblit progressivement jusqu'à laisser place à une mine sérieuse et plus stricte. J'arrive à reconnaître ses talents vocaux, et ce même si je connais pas la chanson. Il n'y a rien d'affecté, rien de forcé, c'est tout naturel et mes oreilles l'en remercient. J'ai presque envie de dire que c'est parfait. Et ça relève du miracle presque, parce que je suis depuis sept ans à l'agence et j'ai pu entendre beaucoup de voix, j'ai été critiqué pas mal de fois par Jung Su mon propre caach vocal mais j'ai su évoluer et me perfectionner. Aujourd'hui, j'ai qu'à entendre une personne chanter pour me faire vite mon opinion et celle-ci est souvent purement objective, aussi sais-je relever les défauts. Lorsqu'il approche de la fin, je souris de nouveau et j'ai le réflexe d'applaudir tout seul quand il fait un commentaire.

« J'ai rien à redire. Mes oreilles ont aimé. » dis-je, franchement, avant de me lever pour aller demander à Ha Nul de mettre de la musique. Mon regard parcoure ensuite les différents titres de chansons proposés par l'agence et j'opte pour une chanson composée par une ancienne idole mais qui n'avait pas été présentée au public. Je m'approche de Bak Yul et lui montre les lyrics. « Voilà. Il y a un petit passage Rap dans la chanson, le débit devient plus rapide du coup mais je pense que tu peux t'en sortir : c'est pas de l'anglais, c'est du coréen pur et simple. » Je pense rien lui apprendre de toute façon mais comme je dois faire le coach vocal, autant le faire correctement. Je m'assieds de nouveau, lui laissant le temps de lire les paroles de la chanson puis reprends : « Cette fois, il y a de la musique. C'est-à-dire que ta voix doit s'imposer au milieu d'un tas de sons sans les faire oublier, hein. »

Je m'adosse à ma chaise, m'attendant à d'éventuelles questions. Pour l'instant il est libre, je sais qu'il a besoin de se familiariser avec la chanson alors je dis rien. C'est à lui de briser mon silence. En attendant, mon regard embrasse la salle et au bout d'une poignée de minutes, je me retourne vers Ha Nul. « Tu connais le titre de ce qu'il a chanté ? » Je rencontre un regard noir puis un "non" de la part de mon collègue et ça me fait sourire. Mon attention se reporte machinalement sur Bak Yul alors qu'il doit être concentré sur le bout de papier que je lui avais donné. « C'est toi qui l'avais composée, la chanson ? » demande-je, curieux. Je sais qu'il a du talent mais je savais pas qu'il était également compositeur. Si c'est vrai, je peux vraiment être content pour lui parce qu'il pourrait être le lead vocal d'un groupe. Sinon il lui serait également possible de se lancer dans une carrière solo, tout comme moi. Et c'est pas un mal, ça ! D'ailleurs, j'ai apprécié les paroles, même si ça parle d'amour. Un domaine où je suis pas du tout calé.

Je suis plutôt du genre à reconnaître rapidement une chanson, et j'en connais pas mal. Celle qu'il s'était mis à chanter m'était pourtant totalement inconnue et je me sentais obligé de demander à Ha Nul d'abord si lui était plus calé que moi, parait-il que non et que je me suis pas trompé.

Bak Yul m'explique donc que c'est lui qui l'avait composée. Pour une surprise, c'est une surprise ! « C'est cool. Pour avoir écrit ça, tu dois vraiment avoir du talent. Et les paroles... ça prend du temps de peaufiner un truc pareil, quelle était ta source d'inspiration ? Une expérience amoureuse, je suppose ? » Cela me regarde aucunement, et je m'intéresse pas particulièrement aux histoires d'amour pour tout dire, mais sur le coup je suis curieux. Encore plus que d'habitude, parce que... mes oreilles ont bien aimé justement. Certaines chansons font un bide total mais je suis convaincu que ce n'est pas le cas de celle-ci. C'est tout le contraire en fait, dans ma tête du moins. Bref, ce serait marrant de débuter sa carrière en tant que auteur compositeur, ça va lui ouvrir d'autres portes j'imagine.

Passons aux choses sérieuses. Le super prof que je suis a oublié de préciser s'il allait écouter la chanson ou s'il s'entraînerait directement. Je fronce légèrement les sourcils, pas très sûr de ma réponse : normal, je suis pas coach vocal. Mais Jung Su, mon prof à moi l'est et je me souviens qu'il me laissait me débrouiller tout seul, et le résultat ne laissait pas à désirer, je crois. Je me vois donc bien imiter mon propre coach vocal, celui-ci étant plus expérimenté dans le domaine. Qui plus est, il a toujours adopté des méthodologies pas mal efficaces et j'en suis la preuve vivante. Je regarde à nouveau mon jeune élève et ma voix se fait entendre : « Tu dois t'entraîner, évidemment. Mais si tu penses que le fait d'écouter la chanson plusieurs fois peut t'aider, pourquoi pas.  » J'hausse les épaules, n'hésitant pas à montrer mon hésitation et mon incertitude. En gros, je viens de lui lancer gentiment un "Débrouille-toi". Bah oui, je suis pas méchant. Pas avec lui : j'ai aucune raison de l'être.

Cela dit, je me sens légèrement inutile alors je bouge mes fesses et fais un petit signe d'adieu à Bak Yul.  « Je reviens dans une heure, plus ou moins. Après, je t'écouterai chanter. » Je fais un mauvais sourire à Ha Nul également qui, lui, est obligé de rester ici. Je lui fais comprendre qu'il ne doit pas interrompre Bak Yul, ni le déranger et qu'il a à mettre la chanson si ce dernier désire l'écouter. Ensuite, je me tourne vers mon "protégé" en souriant.  « Ah oui, je vais nous chercher quelque chose à manger, tu veux que je te prenne quelque chose ? » J'imagine qu'on va être coincés ici un bon moment tous les trois, pourquoi pas manger ensemble alors ? On est pas des machines et je veux pas passer pour quelqu'un de... d'inhumain.

Il n'y a pas à dire, il a une belle voix et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est agréable à entendre. Je me gêne pas pour lui faire savoir, non sans laisser ma curiosité reprendre le dessus. Il se contente d'hocher la tête pour toute réponse à ma question. Bon, oui, je suis déçu : je voulais bien savoir qui avait pu marquer sa vie amoureuse à ce point mais ça me regarde pas. Je lui offre un sourire faussement satisfait de la réponse et continue à me marrer. Du moins intérieurement. Je suis pas habitué à voir des hommes rougir de manière si intense et rapide surtout.

Quelques minutes plus tard, je me décide de le laisser se débrouiller au lieu de lui dicter ce qu'il a à faire. De un, je suis pas le mieux placé pour le faire, la différence entre moi et lui est faite par quelques années d'expérience que j'ai au compteur, contrairement à lui. Deuxièmement, je ne suis pas imbu de moi-même - même si tout le monde dit le contraire - ni un coach vocal qui sait transmettre son savoir de manière plus... méthodique. Si ça se trouve, on se reverra un jour dans les coulisses du tournage d'un clip. Enfin, vu sa tête où le sérieux est inscrit clairement, j'ai envie de croire que le jeune homme a un grand avenir devant lui. Qui sait, dans quelques années, je pourrai peut-être frimer en me disant l'ancien prof de Bak Yul.

Mon estomac se manifeste. Logiquement, ça sert à rien de l'observer lire la chanson, c'est aussi intéressant que d'observer ma mère qui pionce. « Pas besoin de me rembourser, t'sais. » Je me tire assez rapidement, content de ne plus devoir supporter la gueule de Ha Neul que je piffe pas pour un sou. Je reviens une heure plus tard, souriant à Bak Yul. « On fait une pause, viens manger. Faut pas se contenter d'une boisson, même si tu veux pas grossir. » Je n'ai aucune idée de la méthode à laquelle il avait recours, ni au progrès fait pendant mon absence mais je me laisse surprendre. Je mets la table, c'est-à-dire que je vire les documents de Ha Neul du bureau pour y mettre notre déjeuner. Il y a de tout, même des gâteaux. J'invite Bak Yul à s'asseoir et ignore l'autre imbécile - sachant qu'il viendra manger sans être le bienvenu. La bouche pleine, je relance la conversation. Faut pas se borner au statut maître/élève, nous sommes deux personnes qui se connaissent après tout.

« Ne sois pas timide Bak Yul, regarde : Ha Neul se gêne pas alors que personne ne l'avait invité à nous rejoindre. » J'affiche un petit sourire moqueur puis me mets à raconter ma vie, avec la bonne humeur enfantine qu'on me connait, toujours en mangeant : « C'est moi ou les paparazzis ont trop d'imagination ? La dernière fois ils ont raconté que je me la coulais douce en Thaïlande... avec ma petite amie ! Ils savent pas que c'est pas possible ? Parce que je n'ai pas de vie. Ahah, ils sont trop cons ces journaliste, franchement ! »

Il n'est pas facile de conquérir mon cœur, ça c'est sûr. C'est pour ça que je trouve les rumeurs colportées sur ma personne aberrantes. Une petite amie ? Quel charabia ! Dès que je finis de parler, la voix de Bak Yul parvient à mes oreilles. Lui aussi se pose la question, donc ? Je lui souris, reposant mon hamburger temporairement sur l'assiette. « Petite amie ? Oh Dieu non. Franchement, y a personne que je pourrais envisager pour ce rôle. » Suis-je excessivement franc ? Aucune idée. Mais mettre Bak Yuk au courant de ma situation actuelle me dérange pas. « Et toi alors, t'as une petite amie Bak Yul ? » Perso, je l'avais jamais vu en présence d'une personne que je pourrais prendre pour Madame Bak Yul. Ce n'est pas comme si je mourais d'envie de l'apprendre, mais ça attise ma curiosité quand même.

Le repas terminé, Bak Yul propose de se remettre au boulot. Je me lève illico, laissant à Ha Neul le soin de nettoyer. C'est son bureau après tout. La tête baissée, mes oreilles essaient de différencier les sons. Sur le coup, je trouve Bak Yul pas mal du tout. C'est presque parfait. Une jeune star, je vous dis ! Il me regarde timidement et il me faut un réel effort de volonté pour ne pas rire. Je me suis habitué aux expressions qu'il affiche, les unes plus mignonnes que les autres. Je trouve ça pas très naturel, Bak Yul étant un garçon - jusqu'à preuve du contraire - mais je juge pas les gens. J'applaudis finalement. « Félicitations, Bak Yul. Je te donne ma bénédiction ! A l'avenir, essaie juste d'afficher une expression moins timide à la fin. Faut donner l'impression d'être sûr de soi. » Je lui apprends rien là, j'en suis conscient. L'essentiel, c'est que le message passe. J'ai aucune critique à faire. Je me lève. « Je crois que mon travail ici est terminé. Bonne chance pour la suite ! » Je tapote sa tête sans me départir de mon éternel sourire. Prenant ensuite la direction des vestiaires pour me changer. J'enlève mon haut et le débardeur et à ce moment précis un bruit de pas arrive à mes oreilles. Je souris quand je pige enfin que c'est Bak Yul.

« C'est toi ! Je pensais qu'il s'agissait d'un vilain paparazzi. Une photo d'acteur torse nu, ça vaut de l'or. Je comprends pas pourquoi les magazines payeront autant pour me voir à poil. » J'hausse les épaules en le regardant. Qu'est-ce que les gens peuvent être curieux. Il y a quoi à regarder ? Je suis pas très différent de tout homme normal. Mais je vois les sommes d'argent que les paparazzis se mettent sur mon compte, j'ai les boules. Les groupies sont vraiment pas très équilibrées psychologiquement. « On a bien emmerdé Ha Neul, sinon. » Je ris.

Bon Dieu, je ne peux rien dire sans qu'il ne vire pivoine dans la seconde. J'en viens même à me demander si mon passage chez le coiffeur n'était pas raté, et s'il se paye pas ma tête. Ce n'est pas trop le style de Bak Yul mais comme je peux pas dire que je le connais bien, je suis mal placé pour juger. La preuve en est ma surprise : pourquoi un jeune homme aussi bien foutu ne croit-il pas plaire aux filles ? Je suis à peu près certain qu'il trouverait "chaussure à ses pieds" s'il faisait des efforts. Dans son regard, je crois comprendre que c'est un désintérêt réciproque. Et j'ai beau réfléchir, je vois pas pourquoi ça n'attire pas son attention plus que ça. Bon, on va dire que ses pensées sont trop centrées sur sa carrière qui va bientôt démarrer.

Ce à quoi je m'attendais pas était d'être percuté... et de me retrouver le dos contre le carrelage. On dirait une tentative de viol, heureusement que je suis bien trop ouvert d'esprit pour considérer une telle hypothèse comme valable. D'autant plus que celui qui "avait tenté de me violer" était Bak Yul. Un homme donc. 'Fin, vu comment il trouve le moyen de re-rougir intensément pour l'énième fois, j'en suis plus sûr que ce soit un homme que j'ai en face. Je grimace et n'ouvre les yeux qu'un gémissement de douleur plus tard. Lui ne bouge plus. Ok... c'est pas une pose des plus confortables. J'entends même pas le "pardon". Il se remet à s'excuser, n'en voyant pas trop l'intérêt, je le regarde dans les yeux. « Y a pas mort d'hommes, pas besoin de s'excuser. » Je le laisse se lever pour que je puisse l'imiter.

Je fais pas de commentaire quand il dit qu'il va se changer, je m'en fiche un peu de cette info : nous sommes tous les deux là pour ça. Avant même de mettre la main sur ma ceinture, je ressens quelques douleurs au niveau de mon torse et mon dos. J'ai le réflexe de me tâter le corps en grimaçant avant de me détourner de Bak Yul, afin qu'il voie bien mon dos que je désigne avec mon pouce. « T'auras la gentillesse de vérifier si je me suis pas blessé ? Je suis peut-être tombé sur quelque chose, le sol n'est pas tout à fait propre : je sais que les femmes de ménage ne font jamais leurs boulots, on les surprend généralement en train d'inventer une vie aux idoles. » Je ris, même si j'ai mal.

HRP : Aha, Bak Yul et sa tentative de viol ! Tu m'as tuée. xD

Si les femmes de ménage passaient plus de temps à faire le boulot pour lequel elles sont payées, qu'à dire quelques mots sur les célébrités, je leur en serais été reconnaissant. La petite plaie est également de la faute de Bak Yul, mais lui au moins n'a pas fait exprès. Un violent frisson parcoure mon dos dès l'instant où je sens son doigt sur ma peau. D'ailleurs, quand on annonce à une personne qu'elle saigne, on ferait mieux de ne pas se taire complètement après. Parce si j'étais sûr que cette plaie était trois fois rien, ma certitude est absente suite au silence de mon élève d'un jour. « Ah... Par...pardon... Je n'ai rien pour t'essuyer... » Ça me renseigne toujours pas sur la gravité de la blessure, tiens. Je me retourne pour lui faire face, cherchant d'abord sa main pour la saisir dans la mienne, ceci afin d'évaluer la trace de sang sur son doigt. Un sourire amusé étire mes lèvres. « Faut pas en faire un flan, c'est vraiment trois fois rien. » Je lâche sa main et me baisse légèrement en plissant les yeux, cherchant sur quoi je suis tombé. Ce geste, je le sais pourtant inutile : d'après le peu de sang, je devine l'objet minuscule, quoique un peu dangereux. Je veux pas que l'esthéticienne me tire les oreilles plus tard parce qu'une jolie petite cicatrice décore mon dos.

Bien. Mon geste est effectivement inutile. Y a mon t-shirt avec lequel je pourrais m'essuyer mais l'idée ne m'enchante que moyennement. « L'éraflure est de taille réduite non ? Laisse, on va juste mettre un pansement. » Je disparais un instant à la recherche de la boite à pharmacie puis revient avec un pansement Hello Kitty qui devrait, sans nul doute, être réservé aux enfants. Avec écrit « Inspirés de l'univers attendrissant d'Hello Kitty, ces pansements vous font oublier les petits bobos du quotidien. » J'en meurs de rire mais j'aime ! « Tiens, mets ça sur la plaie avant que mon côté hypocondriaque ne se pointe ! » Sur ce, je me re-détourne de lui et les tressaillements de mes épaules devraient lui faire comprendre que je suis en train de rire. Dire que je pensais pas rester ici plus que deux petites minutes...

Je remercie Bak Yul, ne pouvant contenir un sourire parce que j'ignore parfaitement quand est-ce qu'il avait mis le pansement. Moi j'ai rien senti. Décidément, le petit sort du lot à n'en pas douter et c'est curieux. Il semble cependant que ce sera ma dernière impression puisque je le vois s'éloigner. J'hausse les épaules : on se reverra. J'enfile une chemise propre et soupire, seulement pour constater que le jeune homme est revenu. Mes sourcils s'élèvent haut sur mon front par stupéfaction. Je planque mes mains dans les poches de mon jean, curieux. « Hyung... » Il m'appelle Hyung, y a de l'évolution... « Hmm ? » Bon d'accord, il doit me dire quelque chose. Je n'en ai pas la moindre idée. Mais pourquoi ça semble si difficile. Je me retiens de lui sortir "accouche !" par impatience. Oh mon Dieu, qu'est-ce qu'il se prépare à dire ? Serait-il possible qu'il m'ait menti sur la gravité de ma blessure, ou s'agit-il d'un truc se rapportant au boulot ? Oh non je sais, il pense que je fais un coach vocal merdique.

Plein d’hypothèses et toujours zéro réponse. La seule vision à laquelle j'ai droit est le corps de Bak Yul qui me fait penser à une statue. Je finis par froncer les sourcils puis par les relever quand il rétrécit la distance entre nous, entre nos deux visages. Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? Il est tout de même pas en train de me... BORDEL ! Je recule d'un pas d'un coup rapide, choqué. Par réflexe, j'essuie ma bouche et le regarde ahuri. « Tu t'es cogné la tête en tombant ou quoi ? Car t'as intérêt à avoir une putain de bonne excuse, Bak Yul ! » Je plisse les yeux, l'air dégoûté bien que ça n'avait pas été si déplaisant que ça. « En fait... Je... Je te vois dans mes rêves, je voudrais que tu sois mon Oppa, je te trouve gentil... Magnifique... Enfin... Je pense que t'as compris... Je t'aime... » Je plisse les yeux. Est-ce que je pourrais interpréter ces paroles de manière rassurante ? Non, pas du tout. Que je sois gentil et magnifique, je lui fais pas dire. Mais qu'il parle comme une fille qui a rencontré l'amour...

Je tape mon front de ma main. « T'es... t'es gay ? » Réveille-toi Dan Il. C'est l'info du jour. Mais je suis vraiment stupide. Tout s'explique maintenant. Je soupire alors qu'il fixe le sol. « Désolé, je savais pas. Je suis pas très perspicace. Mais faut aussi que tu redescendes sur terre, je suis hétéro. » Si j'ai bien compris, son comportement de la journée était dû à ses sentiments ? Bon ça, je peux comprendre mais qu'il dise qu'il m'aime, carrément. « Tu peux pas m'aimer, on se connait même pas bien. Ecoute Bak Yul, t'es sympa et tout mais faut vraiment que tu arrêtes de te faire des films sinon la réalité va te frapper de plein fouet et, crois-moi, c'est peu agréable. » C'est peut-être déjà le cas.