4 mars 2005 « Et maman, elle est partie où ? » Son père lui répond qu'elle est juste partie, sans plus de détail. Au fond de lui, Min Ki refuse de se l'avouer. C'est dans ce genre de moment que l'on souhaite retourner en arrière et redevenir petit. Qu'aurait-il fait si, du haut de ses cinq ans, sa mère serait morte ? Rien, on l'aurait fait vivre dans l'ignorance totale, une facilité. Et à cet instant, quelques jours avant son entrée au lycée, c'est ce qu'il veut. Vivre sans soucis, fuir d'une certaine façon et éviter tout problème.

22 mars 2007 Pour se protéger, il ne fait que répondre et chercher les problèmes, étrange. Il part du principe qu'il vaut mieux trouver soi-même les soucis que plutôt qu'ils arrivent par surprise. Min ki déteste les surprises. Le temps est encore frais pourtant, le printemps n'est pas si loin que cela. Les cours n'ont pas repris depuis longtemps mais il est déjà entrain de sécher. Il pense, il réfléchit au quotidien, à sa vie et toutes les petits choses, petites personnes qui l'entourent. Il se trouve sur le toit de son école, allongé sur une table dont il ne sait par quelle magie elle se trouve là. Le tableau peut paraitre un peu cliché, un lycéen un peu rebelle en manque de liberté qui vient s'échouer sur ce toit, sur cette table, l'uniforme et les cheveux qui se soulèvent au gré du vent. Il ferme les yeux, et s'appuie sur ses bras repliés derrière sa tête. Il écoute le vent, son souffle caresse son visage. Min Ki entend la porte grincer, il n'a pas envie de bouger. « Tu ne devrais pas être là. » Il ouvre les yeux et se tourne vers la personne qui vient d'arriver, plongeant son regard dans le sien. C'est sa cousine. Il vient de lui parler mais pourtant, elle ne dit rien et ne bouge pas. Son seul mouvement fut de toucher le bras du garçon, de le pousser et de s'allonger à ses côtés. Elle le fait d'une rapidité déconcertante et dans un silence réconfortant pour lui. Elle est souvent là, elle fait comme l'adolescent et cela lui convient. Presque. Ce n'est pas la bonne voie qu'il a choisi, ce n'est qu'un élève prétentieux, silencieux, qui passe au-dessus de toutes les lois. Et elle, à cause de lui, sa cousine reproduit le même schéma. Elle a deux ans de moins, elle vient de rentrer au lycée et elle s'amuse déjà à désobéir. Peut-être pas avec autant d'affront que lui, et elle est plus discrète. Il soupire, se relève, ses jambes touchent parterre alors qu'il est encore assis. Min ki est déjà si grand. Il se lève et tend une main à sa cousine. « Allez viens, tu as gagné. » Elle sourit, elle glisse sa main dans la sienne et fait une pression, il l'aide à se relever. À chaque fois, c'est le même cirque. Elle vient, elle s'assoit, ne dit rien et cela peut durer des heures. Puis, Min Ki finit par capituler pour ne pas qu'elle soit trop pénaliser et repart en cours. Il n'y a qu'une seule solution. Chacun oeuvre pour l'autre. Elle croit l'aider en restant avec lui, il croit la sauver en s'éloignant. Ils se sauvent mutuellement, ils ont les mêmes idées. C'est de famille, alors.

12 août 2008 C'est bientôt l'heure de partir, il le sait, il le sent. Min ki a passé trois ans dans ce lycée. C'est l'heure de raccrocher son rôle d'enfant et de rentrer dans la vie active. Il n'a pas envie. D'ailleurs, il a un coup de blues, il est monté sur le toit. Ses amis sont partis, eux aussi sèchent, c'est devenu monnaie-courante. Mais Min Ki ne les a pas suivi, il préfère s'isoler. il se sent nostalgique. pourtant, il n'a jamais été très bon à l'école et les cours ne l'ont jamais vraiment passionné mais c'est une page de sa vie qui se tourne. Dans sa main, il a sa guitare. L'adolescent a une âme d'artiste, c'est un musicien qui, quand tout va mal, gratte sur l'objet qu'il tient. Il joue. Il passe ses doigts, les laisse effleurer délicatement les cordes sans appuyer dessus et sans réellement jouer. Il passe le temps, il attend quelque chose ou peut-être même quelqu'un. Ou un signe. à vrai dire, il ne sait pas lui-même mais, il aimerai. Pour la première fois de sa vie, en tout cas la première fois où il se l'avoue, sa mère lui manque. Il voudrait qu'elle débarque, là, sur ce toit d'une quelconque manière et qu'elle vienne l'enlacer. Il continue de gratter, avec un peu plus d'entrain cette fois-ci. Le dos à la porte, il ne l'entend pas s'ouvrir, enfermé dans son mutisme et sa solitude. Il observe la vue que lui apporte la hauteur du toit où il se trouve, il peut voir la ville entière d'ici. Son dos tape contre quelqu'un qui vient de s'asseoir derrière lui. C'est sa cousine, il peut le sentir. Elle colle son dos à Min Ki mais ne dit rien. Elle reste assise sur cette table qui a tant vu et attend. Elle aussi, elle passe le temps. « Tu n'as pas cours ? » Avec témérité, elle lui renvoie seulement la balle en lui demandant si lui aussi. Il sourit et chantonne vaguement, grattant sa guitare avec plein d'entrain et d'énergie. Pourtant, il se sent vide. Il s'arrête soudainement mais ne bouge pas. Il veut parler mais ne sait pas comment aborder la question. Il a peur mais se sent tellement confiant en même temps. Complexe. « Est-ce que ma mère te manque ? » Il aborde le sujet maladroitement, il le sait, il sait aussi que sa cousine doit sourire et vouloir rire. Elle lui demande encore une fois si lui aussi et il ne sait que répondre. « Oui.. Elle me manque. » Il lâche cela comme une bombe. Même si sa cousine l'avait compris au fil du temps, pas lui. Il se mord la lèvre inférieure, signe de nervosité chez lui. Il arrête de jouer mais garde son instrument en main. Enfaite, il se sent seul. Il aime la solitude mais pas le sentiment que cela peut procurer. Les larmes lui montent, ses pupilles brillent, il renifle. « Elle n'est même pas là pour m'aider. » Il souffle. C'est vrai, elle est morte au moment où il allait avoir besoin de sa mère le plus. Elle avait décidé de partir au moment où tout se compliquait pour lui. Et surtout avec son père qui en avait profité pour resserrer son autorité. mais cela n'avait pas vraiment marché, la situation avait empiré. Il avait enchaîné conneries sur conneries en entrant au lycée, mais c'était qu'une façon de se protéger. et de se rebeller, de montrer à son père qu'il n'était pas d'accord avec sa façon de faire. Il s'appuie sur sa cousine qui ne dit rien et soupire, encore une fois. et pour la première fois depuis le décès de sa génitrice, min ki se permet de pleurer. enfin, il laisse seulement ses larmes couler sans les empêcher. cela fait du bien. sa cousine bouge, se retourne, l'enlace et pose sa tête sur son épaule. ils contemplent séoul ensemble.

03 janvier 2013 Min Ki se trouve dans la voiture. à ses côtés, il y a son paternel, un dossier à la main qu'il feuillette. Il n'est pas spécialement stressé même s'il est en route pour découvrir sa fiancé. Une jeune fille appartenant à des amis de la famille, des connaissances de son père. Min ki n'avait voulu en savoir plus, il souhaitait questionner lui-même la femme, sa future épouse. Son père ne lui avait laissé le choix et puis, il ne s'y était pas vraiment opposé. Le garçon a complètement changé. Le Min ki d'il y a quelques années n'a pas vraiment disparu mais il a laissé sa place à un Min ki plus mature, plus calme mais surtout plus obéissant. Fini les bêtises, il est entré dans le moule que son père lui a spécialement confectionné. Et il regrette. À la sortie du lycée, il a tout fait pour devenir différent. Il s'est légèrement éloigné de ses amis, gardant seulement les plus proches ainsi que son groupe. Il s'est recrée une nouvelle vie avec des nouvelles connaissances, de nouvelles fonctions, de nouvelles obligations. Il a refait une vie, copier-coller de celle que son père veut pour lui. Il ressent une certaine culpabilité, il a tellement embêté son père durant ses jeunes années qu'il veut désormais bien faire. alors, il ne dit rien et subit. mais jusqu'où cela va-t'il le mener ? il a peur de craquer et de redevenir comme avant. Chasser le naturel et il reviendra au galop.