A nightmare in the corner;

Ça faisait un bon mois que je n'avais pas eut l'occasion de voir mes parents. Pour une fois, j'avais demandé une dérogation à l'agence pour pouvoir me rendre chez eux, le temps d'une soirée, avant de rentrer au dortoir. Les voir un peu m'a fait du bien, et il me semble que le sentiment est partagé. Depuis le lancement du groupe, je n'ai pas trop eut l'occasion de les voir. A cause de leur travail, ils se rendent rarement à l'agence pour me dire bonjour, et c'est la même pour les concerts. S'ils suivent ma carrière de près, je me doute que le style musical des FTO n'est pas de leur favori. Mais je fais toujours en sorte de leur rendre visite quand j'en ai le temps. Et par chance, nous n'avions pas de répétition ou d'entraînement ce soir. Une excellente occasion, en d'autres termes.

Malgré ce dîner partagé, je les ai trouvé un peu fatigué. Sûrement à cause de leur emploi du temps bien chargé, entre le travail et les visites à l'hôpital. Et je me doute que tous deux commencent à perdre doucement espoir quant au rétablissement de ma sœur jumelle. J'ai feint de ne rien voir, ne voulant pas aborder ce sujet trop douloureux pour nous trois. Mais je me doute que mon déménagement à l'agence n'a en rien arrangé leur peine, même s'ils sont heureux que je sois lancé dans le domaine qui me plaît.

Je quitte l'appartement vers vingt-deux heures. Je reste longuement collé à eux, peu désireux de partir. J'ai horreur des séparations, et je ne peux m'empêcher de les faire traîner en longueur. Néanmoins, ils m'encouragent à ne pas trop traîner, le soir tombant. J'acquiesce avec une petite moue avant de me mettre en route. L'image de mes parents seuls à la maison me reste en tête. Je dévale les escaliers du bâtiment en vissant des écouteurs à mes oreilles. Une musique de Dysphoria rugit, dansante. La mélodie me vide l'esprit, et bientôt, je me sens d'ores et déjà mieux.

Je quitte la cage d'escalier, skate à la main et arrive dans la rue. Le ciel est sombre, mais l'air encore chaud. Il n'y a pas grand monde aux alentours, malgré quelques personnes qui arpentent encore les rues. Par chance, l'agence n'est pas très loin. Je devrais y arriver dans un quart d'heure. Je pose ma planche au sol, monte dessus et avance. Les rues n'étant pas bondées, c'est plus facile de rouler. Les musiques dansantes et joyeuses défilent toujours en aléatoire. Un sourire arque mes lèvres, ma main tapote au rythme du son.

Je longe boulevards, rues et ruelles, pendant cinq bonnes minutes. Je ne croise pas grand monde, tout juste quelques personnes seules ou des couples qui semblent rentrer chez eux. Tout semble bien aller. Mais, tandis que je longe un large bâtiment, je crois entendre un cri, malgré mes écouteurs. J'en enlève un. Des rires forts se font entendre, suivi d'un autre cri. Intrigué, je saute de ma planche que je prends à la main pour me diriger vers une sorte de petite cours qui débouche d'une ruelle.

Je ne sais pas trop ce qui me prend, à avoir une curiosité aussi... Mal placée. Je ne suis pas un amateur de la violence. Vraiment pas. Pourtant, des pas de loup me guident vers une cours où se passe une scène sûrement glauque. Je me cache derrière un muret et observe, malgré tout intrigué. Je sens pourtant mon rythme cardiaque s'intensifier. Je vois des gens. Des jeunes hommes d'une vingtaine d'années, peut-être, visiblement saouls à en juger des bouteilles à leurs pieds. Ils sont du bruits et sont hilares. Je devine une silhouette au sol, qui gémit. Un des gars lui met un coup de pieds dans les côtes, un nouveau cri s'élève. J'ai un hoquet à cette scène. Je veux partir, quitte à ignorer ce spectacle sordide. Pourtant, un visage se tourne vers moi et m'interpelle. Mes gens ne bougent pas, mon cœur accélère. Je n'ai pas le temps de réagir, qu'un homme court vers moi et m'empoigne. Je balbutie, complètement paniqué. J'ai pour seul réflexe de lever les bras et abattre ma planche sur le crâne de l'inconnu. Il s’effondre en criant. Je vois du sang couler du sommet de sa tête, et tourne de l’œil. Ma cage thoracique se soulève au rythme d'une respiration affolée. Je commence à tourner les talons, les jambes tremblantes, prêt à me barrer en courant. Et si je me dis que j'ai la chance de courir vite, c'est sans compter sur le fait que l'autre me pousse brusquement en avant. Mes jambes ne tiennent pas le coup, je trébuche et m'étale au sol. J'ai beau mettre les mains en avant pour me rattraper, mon nez heurte le goudron. Je vois du sang perler sur mon t-shirt. Je balaye les environs du regard. Il est le seul à m'avoir suivi, c'est une chance. La vue brouillée, les mains égratignées, mon nez qui me lance, la panique qui se ressert comme un étau sur moi, j'essaye de me relever. Un coup de pieds m'est asséné dans les côtes. Je me plie de douleur, une lamentation s'élève de mes lèvres.

Je suis plié au sol, le souffle coupé. Mon torse se soulève sous ma respiration paniquée. J'ai mal, je geins. Ma vue se brouille sous des larmes de douleur et de peur. Je suis parfaitement effrayé. Je me recroqueville sur le bitume chaud et sale, prêt à encaisser d'autres éventuels coups. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe, ni même à ce qui m'a poussé à aller voir ce qui se passait dans cette cours. Pourquoi n'ai je pas continué mon chemin, faisant fit des cris que j'ai entendu ? Je maudis ma curiosité mal placée et certainement glauque pour le coup. Mes pensées marchent à cent à l'heure, mais je suis immobile, incapable de bouger tant mes côtes me lancent. J'essaye de bouger un peu, dans l'espoir de me relever. Mais bientôt, je vois une main trapue et épaisse se diriger vers moi. J'essaye de me mouvoir pour ramper.

Soudainement, l'homme tombe. Un cri s'élève, tandis que son corps lourd tombe au sol. Je reste immobile, ahuri. Que s'est il passé ? Je regarde autour de moi, et découvre un jeune homme à un mètre de là, une batte de base-ball à la main. Il l'envoie valser à terre, avant de s'approcher de moi. J'arrive à me redresser un peu, alors qu'il m'empoigne pour me demander si je vais bien... En coréanglais ? Mes yeux s'écarquillent un peu à ce détail, même si ce n'est pas le moment de souligner son accent indéniablement américain. « Yeah, thank you. » dis-je dans un murmure étranglé par un vague sanglot.

Après m'avoir doucement secoué d'une main tremblante, il s'effondre à son tour en ma direction. Je sursaute et lâche un cri. Il est bientôt tiré en arrière par l'ivrogne qui s'est relevé. Je tremble, toujours paniqué, sans savoir que faire. Mon sauveur reçoit quelques mauvais coups, tandis que je reste immobile sans savoir que faire. Bon sang, faut que je fasse quelque chose ! Mon regard balaye les environs et se pose sur la batte à quelques mètres de là. Toujours au sol, je me faufile à quatre pattes pour l'attraper. L'autre garçon se débat comme il peut, l'homme hurle à nouveau avant de rappliquer. Je tends la batte derrière les jambes de notre asseyant, qui se prend les pieds dans le manche. Il tombe lourdement au sol, en arrière. Sa tête cogne le sol, le sang coule toujours un peu. Mes gestes sont tremblant et incertains. Je ne sais pas quoi faire maintenant, trop fébrile pour prendre une décision. L'autre jeune homme se relève et me regarde, alors que je suis toujours au sol. Je lève le regard vers lui, paniqué. Du sang perle sur son front. Je retiens un haut le cœur à la vue de ce liquide carmin. En revanche, un hoquet s'élève alors qu'il me parle à nouveau. Je crois comprendre qu'il me connaît. Il me donne effectivement mon prénom et mon groupe. Je fronce un peu les sourcils ; «  Yes, but... » Je m'interromps. Un grognement s'élève de l'ivrogne. Il a les yeux encore ouverts, mais ne semble pas avoir la force de bouger. J'ignore donc la question de mon sauveur et reprends dans un anglais déformé par mon accent natif ; « We should go, I'm afraid. » Me tenant les côtes d'une main, je me relève dans un nouveau gémissement. Je peine à tenir debout, mon flanc droit me fait mal. Quitter un inconnu pour un autre... En attendant, le jeune homme me semble nettement plus digne de confiance, et j'éprouve pour lui une confiance infinie.

Encore tout tremblant, fébrile, et la vue brouillée par des larmes nerveuses, je m'avance vers lui. « Can you walk ? » je lui demande. Je viens saisir fermement son avant bras. Ce simple contact me rassure, comme lorsque un enfant serre la main de sa mère quand il a peur. Je me trouve profondément ridicule, à être aussi impuissant dans ce genre de situation. Néanmoins, j'essaye de garder un semblant de dignité masculine en le tirant en avant pour l'emmener dans un endroit sûr. Il y a des toilettes publics à une centaine de mètres, nous devrions être tranquilles là-bas. « Who are you ? » dis-je en avançant d'un pas ferme. J'essaye d'esquisser un sourire, qui doit être plus forcé qu'autre chose.

L'inconnu m'aide à marcher en passant un de mes bras au dessus de ses épaules. Mes cotes me lancent toujours, mais je parviens à avancer. Soudainement, une crainte émerge ; et si j'avais une cote brisée ? Je secoue la tête et essaye de rester rationnel ; si c'était le cas, je ne pourrais pas avancer. Mais le fait d'être handicapé par une blessure légère m’obsède malgré tout. Je ne pourrais pas bouger et encore moins danser à ma guise avant quelques jours. Un comble pour un danseur hyperactif. Mais au déjà de la douleur physique, il y a aussi la douleur morale. Même après coup, je me sens encore tétanisé et suis tremblant face à tant de violence. Je n'ai jamais rien vu de tel, à part dans les films, et ait toujours pensé que ce genre de chose n'arrive qu'aux autres. Ce qui ne m'a jamais empêché de trouver ceci horrible, bien évidemment. Mais je me retrouve soudainement nez à nez face à des réalités. Mon irresponsabilité, ma curiosité mal placée et surtout, mon incapacité à me débrouiller seul. Je n'ai jamais été quelqu'un d'indépendant, ayant toujours vécu aux crochets de quelqu'un. Si aujourd'hui, je ne vis plus chez mes parents, je dépends encore énormément d'eux, et aussi des membres du groupe. Mes parents, Min Ah, Dong Jung, HyeSung, Seung Joo... Que serais-je sans eux ? Je ne peux pas vivre sans eux, tout bonnement. Je ne me suis jamais illusionné à ce sujet, fort heureusement. L'inverse aurait rendu les faits bien plus difficiles à admettre. Mais je réalise tout à coup que je devrais peut-être apprendre à être un peu plus mature, et responsable. Quitte à connaître la solitude, cette chose que j'ai en horreur. Malgré moi, j'ai toujours préféré être accompagné, même mal, que seul. Mon expérience de ce soir en est la preuve même...

Ce jeune homme qui est venu me prêter main forte, n'est évidemment pas un bon exemple. Comment quelqu'un venu m'aider, sans me connaître vraiment, pourrait être une mauvaise personne ? Il m'aide à avancer jusqu'à des toilettes publics pour nous isoler. Mais une fois encore, je me trouve face au fait avéré ; je vis aux crochets des autres. Et en l’occurrence, mon intégrité physique et morale a dépendu de quelqu'un que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. De quoi me miner encore plus le moral, et me dire qu'il serait tant que je devienne plus... Autonome, une fois encore. L'admettre m'attriste. Selon moi, je suis encore un enfant. Et je sais que bien des personnes me voient comme ça. Tel un gamin affectif et actif, toujours de bonne humeur, mais au caractère très infantile. Je me suis toujours complu dans cette situation, car elle était confortable, et je me savais entouré. Je ne sais pas si je peux me résoudre à me détacher de toutes ces personnes qui m'entourent. Je songe à mon ancienne amitié avec Jun Hee. Le voir s'éloigner m'a fait mal. J'essaye de chasser toutes ces pensées négatives en secouant la tête.

The Hatter Gabriel ? Wonderland ? Je suis complètement ahuri par cette révélation, alors que nous avançons. « Summer Gabriel ! Je te connais, Hye Sung m'a déjà parlé de toi. » dis-je, le souffle court. Je réalise ma gaffe. « Oh. Excuse me, but... Do you speak Korean ? » Je me doute que c'est le cas, à entendre les quelques mots qu'il glisse en cette langue, au milieu d'un anglais américain. Le jeune homme est plein d'entrain, exactement comme mon meilleur ami me l'avait expliqué. Je ne peux pas le croire... Je me faisais déjà une bonne idée de Gabriel, aux dires de Hye Sung. Mais là, il monte en pique dans mon estime et ma reconnaissance. Il m'a sauvé la vie, pour ainsi dire... J'essaye un sourire un peu forcé, chose qui m'arrive rarement.

Nous atteignons finalement notre point de chute. Gabriel referme la porte derrière nous pour que nous soyons tranquilles. L'endroit et sale, et dégage une odeur nauséabonde. Pourtant, rien n'est pire que cette satanée ruelle. Le jeune homme dégage mon bras, j'avance péniblement pour m’asseoir au sol. Je frémis à la douleur, mais soupir longuement, morose. Gabriel crache du sang dans le lavabo. « Tout va bien ? » dis-je, plus par rhétorique. Il vient vers moi, un bout de tissu humide à la main pour rincer une plaie au niveau de ma lèvre. Je garde ma main droite contre mon flanc, le laissant faire, malgré tout un peu surpris. J'évite de croiser son regard, trop gêné et peiné. « Merci... » dis-je dans un souffle. Il me pose alors quelques questions. Je réponds d'une voix basse et un peu cassée ; « Je rentrais à l'agence après un repas chez mes parents. Et non, il n'était pas seul, ils étaient peut-être cinq ou six. Mais c'est le seul à m'avoir suivi. » Je renifle un peu. « Ils étaient tous saouls, à frapper sur un gars à terre. J'ai entendu des cris, je sais pas trop pourquoi j'ai voulu approcher, j'aurais pas du. C'est... » Je ne sais pas comment termines ma phrase. Je sens les larmes me monter aux yeux, ma voix s’étrangle. Je suis vraiment gamin, et me montrer aussi vulnérable face à quelqu'un m'énerve. Je me me montre toujours joyeux et plein de vie. Le contraste est rude, pour ainsi dire. Je déglutis avec peine et essaye de reprendre avec une voix à peu près normale ; « Et toi, qu'est ce que tu faisais là ? »

Gabriel m'enlace. Je me laisse complètement faire, mais ne viens pas poser ma tête sur son épaule comme j'aurais pu m'attendre à le faire. Je me sens parfaitement dépité. Faible, bon à rien dans les pires situations. J'ai l'impression que quand les problèmes me concernent directement, tout m'apparaît comme obscur. Je ne me suis jamais considéré comme quelqu'un de vraiment courageux... Mais je pensais malgré tout avoir de bonnes épaules pour encaisser les coups durs, comme avec ma sœur. Mais pour l'heure, je suis encore tétanisé d'avoir été attaqué de la sorte. Et quand je pense à cet illustre inconnu que j'ai laissé pour fuir, mon cœur se sert d'autant plus. Mon interlocuteur essaye de me consoler, en disant que quiconque aurait agi de la même manière, à fuir lâchement. Pourtant, quand il se redresse et me sourit, je me prend la vérité en pleine face. « Pourtant, toi, tu ne l'as pas fait. » dis-je dans un murmure. Non, lui, il est venu m'aider, malgré le risque. Peut-être la situation n'était elle pas la même, un seul homme étant présent quand je me suis fait attaqué. Mais en attendant... Si j'avais été à la place de Gabriel, aurais-je eut l’aplomb d'agir de la même façon ? La réponse est toute trouvée...

Je sais bien qu'il essaye de me rassurer, de me dire que c'est normal. Pourtant, l'effet escompté n'est pas là. Je me trouve au contraire face à ma faiblesse. Ma seule force consiste à ne pas pleurer, comme il m'a encouragé à le faire. Ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque... Mais elle n'est rien face à mon envie de paraître un peu plus fort. Ne serait-ce qu'un petit peu. Je lève vers lui un regard froid, malgré moi. Je ne me reconnais pas dans cette attitude. Depuis quand j’adresse des coup d’œil comme ça ? Surtout que Gabriel n'a rien fait pour mériter ça. Au contraire. Je culpabilise d'autant plus et m'adoucis, un maigre sourire arquant mes lèvres, avant que mon regard ne s'effondre sur le sol crasseux.

Mon sauveur sort son téléphone pour passer un coup de fil. Les urgences, certainement. Il décolle un peu le téléphone de son oreille pour me demander la rue. Je suis songeur quelques secondes, et me souviens ; je lui donne donc le nom de la rue, qu'il communique à son interlocuteur, avant de raccrocher rapidement. Je suis soulagé de savoir que quelqu'un va arriver pour sortir cet inconnu de la panade, même si je me sens toujours coupable. Je ramène mes jambes contre moi, et pose mon menton entre mes genoux. Roulé en boule, je lève vaguement le regard vers Gabriel qui m'explique comment il est arrivé là-bas. Son grand-frère ? Le nom Summer ne m'est pas inconnu, loin de là. Entre Jun Hee que je connais un peu, et Y.Jae qui est un grand nom de l'agence, ma curiosité ne peut être qu'attisée. Je questionne donc, histoire de discuter à peu près normalement ; « Ton grand frère ? Jun Hee ou Yong Jae? »

La suite de son discours m'agace un peu... Je sais qu'il ne se veut ni cynique ou provocateur. Juste conciliant. Mais une fois encore, c'est me mettre une évidence sous le nez. Néanmoins, je retiens une quelconque réaction froide cette fois-ci ; ça ne serait qu'envenimer les choses. Et sans vouloir me complaire dans mon malheur, je dis pourtant « C'est gentil, mais... Arrêtes de dire ça, s'il te plaît. » d'une voix faiblarde, le menton toujours posé entre les genoux. « Je sais que c'est pas vrai. » finis-je par dire dans un murmure à peine audible, qui s'étouffe bientôt dans un sanglot. Et pour la première fois depuis bien longtemps, je sens une larme couler le long de ma joue.

Gabriel continue à essayer de me rassurer. Il me dit que nous devrions aller aux urgences pour me faire examiner. Ca serait effectivement une sage décision... Mais je ne peux pas m'y résoudre après être resté les bras croisés pendant toutes ces longues minutes. Je me relève. « Laisse moi seulement t'aider avant. Tu n'as pas trop mal? » dis-je alors, vraiment désireux de l'aider en retour.

« Je ne connais pas personnellement Yong Jae. Mais j'aime beaucoup ce qu'il fait en terme de musique. » dis-je avec un maigre sourire. Changer de conversation ne nous fera pas de mal, je suppose. En tout cas, je suis sincère quand je dis ça. Même si Y.Jae n'est pas mon modèle absolu, je trouve néanmoins qu'il est très doué, tout aussi bien dans sa carrière solo, qu'en groupe, ou même en tant qu'acteur. « Quant à Jun Hee, je le connaissais. » Mon sourire reste un peu figé, tandis que je hausse un peu les sourcils, navré. Je préfère ne pas m'attarder à ce sujet, ou ne pas y penser, tout simplement...

En tout cas, je tiens à aider Gabriel. Ça serait la moindre des choses, non ? Je renifle un peu et essuie mes yeux un peu humide avec le revers de la main. « Oui, bien sûr. » dis-je en me levant. Je me dirige vers les lavabos et repère un réservoir à essuie-mains. J'y prends quelques feuilles que je chiffonne, avant de les passer sous l'eau. Une fois cette boule de papier humidifiée, je m'approche de Gabriel, dont je nettoie un peu les plaies. Gêné, je reste silencieux quelques instants, essayant de me concentrer sur ma tâche. Néanmoins... Je suis trop embarrassé pour rester muet trop longtemps. « Ça n'a pas l'air très grave, mais je pense que tu devrais aussi faire vérifier ça... » dis-je. Payes ta conversation... Puis finalement, je poursuis ; « Au fait... Merci beaucoup pour ton aide. Vraiment, tu n'étais pas obligé, et je te suis vraiment reconnaissant d'être venu m'aider. Je sais pas où j'en serai si t'étais pas là. » Je le regarde, timidement. Dire qu'il y a une heure, je ne connaissais ce garçon que de nom... Ça me met d'autant plus mal à l'aise. Je m'écarte un peu pour aller humidifier à nouveau le papier un peu ensanglanté. « Et désolé d'avoir été geignard et plaintif. C'est pas mon genre d'habitude, mais j'étais vraiment... Dans tous mes états, quoi ! » Je pince un peu les lèvres. J'ai horreur de me plaindre, et je le fais rarement. Je continue à nettoyer sa plaie pendant quelques instants, avant de reprendre ; « Je crois que c'est bon, là. »

Tandis que je vais jeter la boule de papier, Gabriel me parle de Hye Sung. Je souris à ces déclarations ; ça fait plaisir de savoir que l'affection que je porte au maknae est réciproque. Je hoche la tête en silence pour confirmer que nous sommes effectivement les plus jeunes du groupe. Je le laisse poursuivre, silencieux, tandis qu'il me parle de ses frères. Il semble vouloir me délier la langue au sujet de Jun Hee. Je secoue un peu la tête ; « Merci, c'est gentil. On s'est juste disputés pour une histoire d'audition. » dis-je, même si je n'ai pas envie d'en dire davantage. Du coup, pour couper court à ce problème, je reprends ; « J'espère que ça s'arrangera avec tes frères... Comme je disais, je ne connais pas Yong Jae. Pour Jun Hee, je suis sûr que vous vous entendrez bien, c'est quelqu'un de gentil et d'amusant. Il faut juste percer sa carapace... Mais t'en fais pas, je suis certain que ça ira mieux ! » J'essaye de me faire compatissant, et de le rassurer sur ce point. C'est le moins que je puisse faire ! Je lui adresse un sourire amical et chaleureux, en espérant que ça le réconforte un peu. « On devrait peut-être aller à l'hôpital, non ? »

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