Je n’aime pas parler de ce que je suis. A chaque fois que je le fais, on me prend pour un vantard, qui ne connait pas la définition du mot modestie. On me voit comme quelqu’un d’égocentrique, poupon et légèrement sadique. Mais tout ceci est faut. Je ne suis pas sadique. Pas plus que je suis égocentrique… quoique pour ce dernier point, j’avoue que j’ai tendance à beaucoup penser à ma petite personne. Mais je ne pense pas qu’à moi. En tant qu’ainé de S.O.W, je me dois de penser à mes cadets non ? Je ne suis pas le leader, mais j’aime me donner l’image d’un père (ou d’une mère poule…) pour les autres membres du groupe. J’ai tendance à toujours vouloir donner des conseils à mes cadets, utilisant l’excuse de mon expérience devant les caméras pour les materner.

Peut-être me dira-t-on aussi que je suis obsédé par le physique. Je dois toujours être parfait. Telle l’héroïne d’un film américain, l’on pourrait dire de moi que je me réveille le matin déjà coiffé et déjà maquillé. Cette obsession du physique ne m’aide pas toujours d’ailleurs. A force de vouloir avoir un corps parfait, mince et bien taillé, je suis tombé dans la malnutrition. Surveiller en permanence ce que je mange est devenu une obsession, à tel point que l’on doit me surveiller pour que je mange assez.

Je n’ai jamais été considéré comme étant asocial. Je n’ai pas le moindre problème pour aller vers les autres ou leur parler, même si parfois, je manque cruellement d’inspirations quand c’est à mon tour de parler. Néanmoins, en apparence les gens me voient comme étant beaucoup plus réservés. Si parler ne me pose pas de problème, beaucoup voit en moi une personne froide et assez solitaire. Une image que je me donne depuis toujours, afin de protéger mon intimité. Que voulez-vous, grandir entouré de caméras n’a pas que de bon côté…

Peut-être le savez-vous. En dehors de mon obsession pour mon physique, je suis aussi obsédé (tout court…). Je garde bien précieusement mon portable et mon ordinateur de côté, afin d’éviter que les gens voient toutes les photos ou vidéos douteuses que je stock. A vrai dire, je serais très gêné si un jour, une personne voyait les photos que j’ai prise d’elle en cachette. Quoi ?! Je passe une grande partie de mon temps dans une agence remplie de beaux spécimens, pourquoi ne devrais-je pas avoir le droit d’en profiter ?! Mince alors !

Ceux qui me côtoient le plus vous le diront : si devant les caméras je parais très calme et très posés, ce n’est qu’une image de plus. Un jeu d’acteur de ma part, provoquée par la présence de caméra. Car une fois à l’abri des projecteurs, je redeviens une personne beaucoup plus impulsive. J’ai du mal à supporter qu’on me regarde de haut. Je jalouse beaucoup les gens qui savent faire des trucs que je ne sais pas faire. Le fait que je jalouse le rap de mes confrères n’est pas inconnu du public…

Et si l’on parlait de ce qui se cache une fois les projecteurs complètement à l’écart ? Tout se définis en deux mots : Bloody Mary. Oui, le cocktail. Aimant beaucoup boire de l’alcool, je me suis mis à signer mes méfaits de ce nom. Méfaits ? J’aime me sentir puissant. Quoi de mieux que hacker le PC des autres pour apprendre tous les petits secrets des gens et pouvoir exercer le pouvoir de la menace sur ces personnes ? A vrai dire, je ne saurais vous dire si c’est amusant ou pas. Je pirate les PCs ou les portables des gens, mais jamais encore je ne me suis servi de ce que j’ai appris pour menacer mes victimes. En fait… je ressens juste le besoin d’avoir quelque chose sous la main pour faire pression. Ça fait partit de mes obsessions… savoir. Savoir tout sur les autres. Je ne supporte pas ne pas être au courant de quelque chose.

Par quoi commencer ? Ma famille peut-être… soit, allons-y pour les liens du sang. La personne la plus intéressante dans mon histoire, c’est certainement mon père, mon géniteur comme je l’appelle. Cet homme aime autant l’argent que moi la célébrité. A votre avis, pourquoi j’ai grandi à Singapour ? Certainement pas pour le mangoustan et le ramboutan… Je vous avouerais que je ne connais pas exactement les sources de revenus de mon paternel. Je peux néanmoins vous assurer que son portefeuille est rempli d’argent sale… du genre tellement sale qu’on évite de s’en approcher. Nous avons quitté la Corée peu de temps après ma naissance pour abriter les jolis petits billets de mon géniteur.

Après le monsieur, il y a la madame. Elle, c’est une avocate, enfin était. Mon père a connu bien des problèmes avec la justice dans le passé (l’argent sale, les arnaques… bref la routine), et il a connu ma mère qui à l’époque quittait à peine les bancs de l’école pour ce métier de la justice. Je n’ai pas beaucoup de chose à dire à son sujet. Je n’ai pas beaucoup plus de lien avec elle qu’avec mon père. Ils étaient visiblement trop occupés avec leurs affaires pour s’occuper du gosse que j’étais.

Ensuite viens mon frère. Mon vrai frère j’entends. Il est plus jeune que moi de quelques années. Né à Singapour, grandit à Singapour et mort à... ah non pardon, il n’est pas mort. Bref. Mon frère est la seule famille que j’ai vraiment. J’ai grandis avec lui, et nous avons partagé tant de choses pendant que nos parents s’enrichissaient. Il m’a suivi quand j’ai pris mes clics et mes clacs pour retourner en Corée.

Je continuerais bien avec ma famille, mais je doute que l’histoire de ma grand-mère vous intéresse et à part elle, la plupart je ne le connais pas, ou presque pas. Parlons plutôt de moi. Vous savez surement qui je suis. L’enfant acteur, c’est moi ! Je vous avoue que je ne sais plus trop ce qui a fait de moi un enfant acteur. Ils recherchaient un petit garçon asiatique, pouvant parler Coréen et Anglais. Ma mère voulait pouvoir être fière de dire que son fils est une célébrité, alors elle m’a fait passer le casting. Enfin casting… j’étais gosse, alors n’imaginez pas un casting tout beau tout propre qu’on voit dans les dramas. Non, c’était juste : « Comment tu t’appelles ? Baek Young Soo. Tu sais pourquoi tu es là ? Oui, maman veut que je récite mon rôle devant les grosses boites. » Et me voilà projeté sur la scène Coréenne. Un premier rôle, et loin d’être le dernier. Après avoir plus au public Coréen, j’ai joué dans un film en Chine… et voilà que je devenais un enfant acteur.

J’ai grandis, au milieu de plateau de tournage. J’ai emmené mon petit frère sur l’un d’eux, j’ai joué plusieurs rôles, des rôles secondaires, dans lesquels j’incarnais le petit frère d’un tel, ou tout simplement le personnage principal quand celui-ci était plus jeune. Et j’ai eu des rôles plus importants. Mais pour tout vous dire, ce ne sont pas ces rôles que je retiendrais le plus. En effet, pour moi ma vrai carrière commence que je suis devenu un adolescent, un jeune acteur au lieu d’un enfant acteur.

A 17 ans, je quittais définitivement Singapour. Finis les dramas en Chine, les films à Singapour… je me concentrais sur un pays, celui qui avait débuté ma carrière : La Corée. Je devenais un jeune acteur qui avait sa photo sur les réseaux sociaux Coréen, qui était devenu l’égérie d’un parfum l’affiche publicitaire affiché en grand dans les rues de Gangnam… je devenais une célébrité en Corée. Aller à l’école ? Pas question, les cours par correspondance suffiraient. Après tout, me faire harceler toute la journée par les fans du collège entre deux tournages de drama, ce n’était pas génial.

Mon contrat avec mon agence prit fin, et je ne le renouvelai pas. J’avais d’autres proposition, d’autres contrats plus attractifs. Mon choix s’arrêta sur une autre étoile montante : New Generation. A 20 ans ma liste de casting était déjà bien remplie. A 22 ans, je mettais ma carrière en hiatus (ou presque) pour suivre une formation. Pour devenir un idole. Plus qu’un acteur, je serais polyvalent. Rappeur, acteur… Tout ceci me faisait rêver. A vrai dire, je n’avais rien d’un rappeur. Je ne savais pas du tout rapper, seule ma voix grave et suave rattrapait ma maladresse. Je me suis entrainé, coaché par mon petit frère (et j’en suis pas fière…) pour devenir digne de la position que l’on m’offrait.