On m’a souvent expliqué que notre cerveau est largement sous exploité. Je ne sais pas si je suis censé croire à ces hypothèses scientifiques, comme quoi on n’utiliserait seulement dix pourcent de nos capacités intellectuelles. Bon… C’est vrai que présentement, ce n’est pas ma préoccupation première, loin de là. Au contraire, j’ai l’impression que toute ma concentration est focalisée sur les gestes que je répète sur le rythme incessant. Mon regard droit posé devant moi, chacun de mes mouvements est calculé méticuleusement, tandis qu’un sourire arque doucement mes lèvres. Même si je suis en plein effort, et que ma concentration est à son apogée, je trouve toujours moyen de me régaler en dansant. Finalement, la musique s’interrompt, et je demeure immobile quelques secondes, avant que mes muscles ne se relâchent. J’inspire un grand coup, bois une ou deux gorgées d’eau et adresse un sourire aux personnes qui me compliment, tout en formulant le souhait que je m’en sorte aussi bien devant le jury. Je papote rapidement, avant de me retirer pour essayer de me calmer un peu. Si je suis satisfait de cette prestation faite dans les coulisses, devant mes semblables, je ne sais pas si je pourrai autant assurer devant une lignée d’examinateurs et devant une poignée d’inconnus. J’ai beau être peu sensible au stress, je sens clairement une boule au creux de mon ventre… Et pourtant, je me sens tout à la foi surexcité, un truc de malade ! J’appréhende de passer, tout autant que j’en ai hâte.

D’ailleurs, je m’écarte un peu des coulisses et vais me poser à côté de la scène, à l’abri des regards du jury. Curieux, j’observe la performance d’un trainee qui enchaîne plusieurs mouvements savamment exécutés. Sans avoir un œil très critique sur mes collègues, j’aperçois néanmoins quelques failles dans sa chorégraphie, très certainement dues à l’angoisse… Il y a de quoi ! Histoire d’en rajouter à ce stress, on a le suspens stupide de ne pas savoir quand on va passer. Je peux tout aussi bien être le prochain, que le dernier. Je m’écarte finalement, pour aller me mettre un peu à l’écart, histoire de souffler un peu… Je ne sais pas si c’est la meilleure façon de se calmer, surtout pour moi qui suis hyperactif, mais bon, je ne perds rien à essayer. Je m’appuie contre un mur et me laisse glisser au sol, avant de ramener mes jambes contre moi. Roulé en boule, je dépose mon menton entre mes genoux serrés, inspirant et expirant profondément.

Restant au sol, j’étends finalement les jambes pour les étaler devant moi, en profitant pour étirer mes bras, en l’air. Je fais doucement craquer les jointures de mes doigts, avant de laisser tomber mes bras, partiellement détendu. Mon attention est alors attisée par une fille – visiblement un peu plus âgée que moi – qui passe, les joues rougies par les larmes. Visiblement, il y en avait une qui n’avait pas passé un bon moment devant le jury… Je lui adresse un sourire navré, qui est plus ou moins ignoré, avant que mon regard ne se pose de nouveau sur la cloison en béton en face de moi. C’est quoi aussi cette idée, de mettre une évaluation dès le second jour de stage ? Sûrement pour voir lesquels d'entre nous seraient les plus aptes à donner les meilleures prestations, mais soit. Je trouve ça vache quand même, ça met vraiment la pression. Note, les mettre à la fin du stage aurait sûrement été pire, je suppose. Bref, la NG nous a envoyé bosser sur scène pendant une semaine, au cœur de la ville. Histoire de faire la promotion des potentiels futurs artistes, et d’attirer de potentiels nouveaux partenaires pour l'agence. Puis bon, c’est aussi histoire de nous faire voir ce que c’est de monter sur scène devant un public… En bref, tout ce qu’il faut pour me motiver !

Bougeant doucement la tête de gauche à droite, je fais doucement craquer ma nuque, tandis qu’un petit soupir s’échappe de mes lèvres. J’ai quand même hâte de passer, histoire que ça soit fait… Et puis bon, c’est vrai que j’ai quand même envie d’avoir un avis vraiment constructif sur les progrès que j’ai pu faire, quoi ! Mais bon, pour l’instant je peux juste tuer le temps et attendre que ça vienne. Mon regard se désintéresse de la cloison en béton, pour observer les alentours. Plusieurs personnes passent devant moi sans que je leur accorde d’intérêt particulier, jusqu’à ce que j’aperçoive une silhouette familière qui avance d’une démarche calme.

Je déglutis doucement. Je lève le regard vers le jeune homme, sans trop savoir comment réagir. Je sais pertinemment que je ne peux pas le laisser passer sans rien dire, alors que je le fixe. Je m’essaye à sourire doucement, avant de dire d’une voix plus basse qu’à mon habitude ; « Hay Dong Jung. » Je suppose que le ton employé pourrait être justifié par le stresse de l’évaluation… Même si je sais pertinemment que d’habitude, c’est pas ce genre de stress qui m’empêche d’avoir autant la tchatche que d’habitude. Donc oui, c’est bel et bien faire face à Dong Jung qui m’angoisse, et c’est encore pire avant. S’il vient à me demander pourquoi je l’ai salué comme je l’ai fait la dernière fois, je jure que je me barre en courant. Je me vois pas me justifier, c’est vrai. M’enfin, on en est pas encore là, et une fois assuré qu’il m’a vu, je me décide à engager la conversation pour pallier ma gêne ; « Alors, t’es déjà passé ? » Je lui laisse à peine le temps de répondre, que je poursuis ; « J’attends encore mon tour de passage, t’as pas idée comme ça m’angoisse ! » Mensonge. Ce qui m’angoisse là, c’est de savoir si je dois continuer à agir comme ça face à lui, ou non. En attendant, j’espère qu’il me mettra pas un vent mémorable…

Ma tête posait contre le mur gelé du vestiaire, je songeais à rester là un long moment pour évacuer toutes angoisses, faire le vide dans mon esprit tout en prenant une grand inspiration. Je fermais les yeux sans réfléchir à tous ces trainees passant à mes côtés, rabâchant sans cesse qu'ils ont peur de l'échec. Leur stress se faisait ressentir dans chaque pas qu'ils effectuaient dans la pièce ! Je pris la décision d'ouvrir un oeil afin de jouer mon curieux à sourire face à la situation. Je ne pouvais avouer qu'il m'était impossible pour moi de stresser ça ne serait que mentir... Tout comme mes camarades j'angoissais ! Pourtant je suis là, de nature calme contre un mur donnant l'air que tout va pour le mieux. Disons que c'était ma façon de gérer ce stress permanent . Mon oeil à nouveau refermé, je pouvais méditer tranquille jusqu'au moment où quelqu'un venait à trébucher sur moi. Non mais quel idiot ? Je fus surpris totalement dépourvu de colère, à vrai dire je ne songeais pas à l’enguirlander sur le fait qu'il ne m'avait pas prêté attention. Je levais les bras quelques instant voyant toujours ce gas à terre. Ayant une certaine compréhension, il ne me tardait pas de lui venir en aide. Son bras autour de mon coup, je le redressais tant bien que mal tout en lui demandant comment il allait ! Il s'excusa avec un sourire nié tout en me saluant, je répondis à mon tour en lui confirmant que j'allais très bien. Mon regard se portait sur celui-ci et à cet instant je comprenais sa maladresse face à notre situation semblable. D'ailleurs, il me rappelait à un certain blondinet d'autant plus maladroit. Un sourire s'emparait de mon visage rien qu'en pensant à lui et c'est ainsi que je venais à me demander si Tae Sun était aussi de la partie ? Sûrement puisque tous les trainees ont été appelé par la New Generation ! Un projet de l'agence regroupant les jeunes talents durant un stage d'une semaine au coeur de la ville... Au début j'étais assez réticent sur le sujet et au final me voilà dans le vestiaire au beau milieu de toute cette atmosphère étrange !

Mon nom retentit au sein de la pièce me détachant de mes pensées ! Quoi ? C'est déjà mon tour ? Non mais sérieusement... Je me mis à frotter mon cuir chevelu tout en parcourant les quelques mètres vers la grande scène. Mon coeur se mit à palpiter de plus en plus vite avec tant d’acharnement que je ne pouvais contrôler ses battements. Bon sang ressaisies toi Jung... Je n'avais guère le temps de reprendre mes esprits avant ma lancé que mon nom retentit à nouveau ! Quoi maintenant là ? Je fis une entrée calme tout en saluant, hésitant de maintenir mon regard sur le jury sûrement intimidé par leur sérieux ou plutôt leur statu au sein de l'agence. Je ne devais en aucun cas me laisser envahir par cette angoisse pesante, montrer ma performance avec dignité ! - Son... Dong... Jung c'est ça ? Aucuns mots ne sortaient de ma bouche, seul un simple oui de la tête pouvait confirmer ma présence sur la scène ! Bien que je sois peu bavard surtout dans une telle situation, le jury ne m'en tenait pas rigueur. - Bien ! Vous pouvez commencer ! La tête baissée et les yeux rivés au sol, la musique commença par une douce mélodie qu'il m'était impossible de bouger... de m'exprimer librement à travers celle-ci, une vague de panique me traversait. Par mon plus grand plaisir, le rythme s'intensifie au bout de quelques secondes prenant le contrôle de mon corps. Un pas puis un deuxième, je me mis à bouger avec fierté qu'on ne pouvait plus m'arrêter à ce stade ! Un sourire discret s'affichait sur mon visage, la musique n'était que maître de mon corps, elle le manipulait à sa guise laissant mes pieds enchaîner sur des pas au style melbourne shuffle. J'étais emporté par une montagne de plaisir intense, la chorégraphie s’enchaînait sans que je prête attention aux réactions du jury. Une bonne fois pour toute, je décidais à montrer ma performance à travers un jeu de jambes, mais surtout des pas de Hip-Hop un domaine dont j'étais extrêmement douer sans vouloir me vanter ! Un final qui allait déterminer la décision du jury face au spectacle. Le visage en sueur, je terminais ma danse exténué sur le sol laissant le stress retomber sur mes épaules ! - Très bien ! Bon jeu de jambes ! On vous fera part des résultats plus tard. Je redressais ma tête sans montrer aucune satisfaction. A vrai dire, malgré les compliments du jury, je ne pouvais juger de ma réussite à l'audition et je refusais de m'avancer sur leur décision. Un simple clignement de tête en guise de réponse et je me relevais tout en prenant la direction des coulisses.

J'émis un soupire de soulagement en quittant la scène récupérant une serviette au passage. Il me restait plus qu'à me détendre sous une pluie d'eau chaude afin de réaliser ce qu'il venait de se passer. Mon regard se portait sur les trainees attendant leur tour, je pouvais m'estimer heureux de ne plus être à leur place ! Je m'essuyais le visage en descendant les escaliers lorsque soudainement une voix familière m'interpella... « Hay Dong Jung. » Je ne fus pas vraiment surpris de voir Tae Sun ici, à vrai dire... je fus plutôt étonné de voir qu'il m'adressait la parole après ce qu'il s'était passé l'autre jour... en même temps comment ne pas oublier ? Je secouais la tête afin de ne pas me remémorer de la scène puis posa ma serviette sur mon épaule « Alors, t’es déjà passé ? J’attends encore mon tour de passage, t’as pas idée comme ça m’angoisse ! » Un sourire s'empara de mon visage. Alors comme ça lui aussi angoissait ? Ce n'était pas très étonnant de la part d'un maladroit comme Tae Sun ! Une idée pourtant parcourrait mon esprit à cet instant, je voulais l'aider à évacuer tout ce stress. Sans comprendre ni comment ni pourquoi, je posais mes mains sur chacune de ses épaules puis le fixais avec sérieux ! - Regardes moi bien... parce que je ne le ferais pas deux fois ok ? Les yeux rivés au plafond, je soupirais avant de commettre la chose la plus absurde de ma vie. Je me mis soudainement à lever mes bras en l'air de façon récurrente tout en exclament... - Allez Tae Sun ! Courage Tae Sun ! Tu es le meilleur !!!! Une fois cette sérénade littéralement burlesque terminée, je repris mon sérieux puis le fixais de nouveau. - Tu vas déchirer ok ? Un autre sourire s'affichait à mon visage, il m'était inconcevable de laisser ce blondinet à la gueule d'ange angoisser pour une audition, même si je venais à me ridiculiser pour la première fois ou plutôt la deuxième... devant celui-ci, je voulais qu'apparaisse sur son visage "un sourire" !

Malgré son sourire, son sérieux m’effraie. Et tandis que je me lève pour me mettre à sa hauteur, mon regard se fait interrogateur. Mitigé entre inquiétudes et hypothèses, je fais tout pour que mon esprit ne divague pas. Qu’est-ce qu’il ne fera pas deux fois ? Restes sérieux Tae Sun, ne pars pas à la dérive et vas pas t’imaginer des trucs, depuis votre dernière rencontre… Non, mais c’est super dur quoi ! La dernière fois, Dong Jung m’a montré en vingt minutes montre en main qu’il pouvait être un gars aux réactions vraiment inattendues. Donc d’autant, si avant j’aurais pu me réfugier dans une innocence et une naïveté qui me sont toutes propre, maintenant je ne peux plus. Donc voilà, je garde ce regard interrogateur, en attendant davantage d’explications. Et si l’espace de quelques secondes, c’est l’inquiétude qui me gagne progressivement, sentir soudainement ses mains sur mes épaules suffit à me détendre. Je souris doucement à mon tour, et hoche légèrement la tête pour signaler que je suis tout ouï. Et… Et là…

C’est à peine si j’ai le temps de le voir soupirer, qu’il lève les bras en l’air, façon V de la victoire. Mais évidemment, ce geste ne serait rien sans les encouragements qu’il m’adresse, à voix haute. Mes yeux s’écarquillent sur les yeux, certain que je ne vois pas ce que je suis en train de voir… Bref, c’est le genre de truc qu’il faut voir pour y croire ! Je ne suis d’ailleurs pas le seul à fixer le jeune homme. Mais si certains le dévisagent avec dédain, j’éclate de rire pour ma part, ravi d’une telle prestation. Non seulement c’est vraiment inattendu et de fait, juste à mourir de rire, mais en plus… C’est juste adorable quoi ! Mais en attendant, je peux pas m’empêcher de rire. Faut dire aussi que rire de la sorte est une excellente façon d’extérioriser le stress que j’encaisse depuis le début de la journée. De fait, je suis donc doublement – voire triplement, je sais pas – reconnaissant à Dong Jung. Je le laisse terminer, et tâche de me calmer. Dans une grande inspiration, j’arrive à retrouver une respiration normale, tandis qu’un large sourire est toujours insinué sur mes lèvres. Il n’y a pas à dire, je me sens nettement mieux ! Aussi, dans un élan de folie – ou juste de normalité, parce que je me sens juste détendu et naturel –, je lui saute dessus (façon de parler) pour le prendre dans mes bras. Je passe ma tête par-dessus son épaule, et ne me surprend plus à vouloir profiter de ce contact. A la différence près que je n’ai pas envie de me poser de question, parce que je me sens bien. « Merci, c’est adorable. » dis-je d’une voix vraiment reconnaissante. Doucement, je me décolle alors et vais faire claquer un bisou sur sa joue. Si faire ces deux gestes m’aurait sûrement angoissé auparavant… J’admets que cette petite crise de fou rire dont Dong Jung est la cause m’a lavé de certains malaises. Bref, je réalise alors qu’il n’a pas répondu à mes questions, mais ne lui en tiens pas rigueur. Puis à voir la serviette qu’il porte, j’imagine que son heure est déjà passée. « Ça s’est bien passé pour toi j’ima… » Ai-je à peine le temps de dire que j’entends mon nom crié au fond du couloir. Apparemment, c’est mon tour ! J’adresse un petit haussement d’épaules désolé à Dong Jung, tandis que j’ajoute en plantant à mon tour mes mains sur ses épaules, tout en le fixant d’un regard suspicieux ; « Faut que j’y ailles. Tu m’attends hein ! » Je lui adresse un nouveau sourire avant de sautiller une ou deux fois sur place, histoire de me motiver. Je tourne alors les talons pour partir vers la scène, mais… Je me retourne, et lève à mon tour les bras en V, tout en m’écriant ; « WARRIOR ! » , avant de rire de bon cœur. Après avoir été encouragé comme ça, pas question que je me plante, non !

Je rentre alors sur scène et confirme mon nom, un large sourire aux lèvres. Je sens une vague de stress remonter, mais ne panique pas pour autant. C’est du « bon » stress, je le sens. Pas celui qui vous empêche de parler, qui vous donne envie de rester immobile et de fondre en larmes. Non, celui qui vous donne envie de donner le meilleur de vous-même. Un des examinateurs presse sur le bouton d'une chaîne hi-fi, et une musique ne tarde pas à surgir des haut-parleurs, crescendo. Quelques notes calmes qui se traînent sur à peine cinq secondes, avant qu’une mélodie plus rythmée ne se fasse entendre. J’essaye de m’adapter comme je le peux, cherchant à saisir les différentes mesures pour adapter ma chorégraphie, jusqu’à ne faire plus qu’un avec ce fond sonore. Jusqu’à n’être plus qu’un pantin. Malgré les regards rivés sur moi, je garde un sourire présent jusqu’au bout. Finalement, la musique s’évanouit petit à petit dans le silence, jusqu’à être pleinement interrompue. Je reste immobile, jusqu’à adresser un nouveau sourire et des remerciements au jury. Plusieurs examinateurs m’accordent un sourire et un hochement de tête visiblement satisfait ; de quoi me donner bon espoir. On m’accorde alors congés, aussi je salue tout ce beau monde avant de sortir. Je ne pensais pas que ça passerait si vite… Mais je suis content que ça soit passé ! De là à savoir si c’était vraiment bien, j’en sais rien. Qui vivra verra, mais je suis plutôt optimiste ! Une fois sorti, je soupire un bon coup, cherchant à nouveau mon souffle, appuyé contre un mur, m'épongeant le visage avec une serviette qu'on me tend.

A en juger par ses rires et la réapparition de son joli minois, j'étais conquis par ma réussite. Comment sa joie pouvait-elle autant m'atteindre ? Un battement de coeur suivi d'un grand sourire, je laissais Tae Sun reprendre ses esprits. Au final, je pris conscience à quel point on pouvait se ridiculiser afin de redonner un soupçon de gaieté pour celui que l'on aime ! Ouais fin qu'est ce que je raconte là ? Aimé ? Du moins attiré ? Je secouais la tête en mettant tous sentiments de côté, mais le blondinet ne me facilitait pas la tâche. Sans vraiment m"y attendre, il vient à m'enlacer, me figeant directement sur place qu'il m'était impossible de lever les bras. Une vraie statue qui se laissait littéralement faire sans réprimander sur sa façon d'agir. Stupéfié à la fois comblé, car faut l'avouer je pouvais jouir de cette situation sans paraître trop vulgaire. Qui n'aimerait pas être dans les bras d'un garçon tel que lui ? Minute ! Mon subconscient quitta la terre ferme quelques secondes naviguant dans un océan de doutes puis je finis par clignoter des yeux pour amarrer sans vraiment profiter de la situation qui m'était offerte. « Merci, c’est adorable. » Sa voix faisait office d'un réveil dans ma tête bien avant son bisous sur la joue dont je m'y attendais réellement pas ! Lorsque mon envie me poussa à l'enlacer à mon tour, le blondinet se décolla... « Ça s’est bien passé pour toi j’ima… » En effet je n'avais guère eu le temps de lui répondre puisque son bonheur passait avant tout ! Toutefois l'occasion s'échappait de nouveau lorsqu'on prononça son nom. Tae Sun déposa à son tour ses mains sur mes épaules le moment où je venais à peine de m'en remettre. Lui lâchant un grand sourire pour l'encourager une nouvelle fois, il me fixa ! « Faut que j’y ailles. Tu m’attends hein ! » Un seul geste de ma tête confirmait que je ne bougerais pas d'un seul pouce ! Ravie de le voir avec tant d'entrain, au fond j'angoissais pour lui sans comprendre ce qu'il m'arrive. Toutefois je restais assez optimiste sur les talents de danse du blondinet. Je ne peux nier d'apprécier nos répétitions, voir son corps totalement transporté par la musique et parfois il m'arrivait de l'envier sur quelques pas de danses !

Je ne pouvais m'empêcher de rire face à la situation, il essaya de m'imiter en criant « WARRIOR ! ». Du moins est-ce qu'il voulait vraiment se moquer de moi gentiment ? Mon envie de le soutenir me poussa dans la curiosité, je finissais par m'approcher de la scène en restant sagement en coulisse. Tae Sun était en place face au jury, mon regard ne se détachait pas de celui-ci. J'étais fasciné par son comportement voir même fière de lui de se montrer avec un si joli sourire. La musique débuta sur un air plutôt apaisant et se livra à son plus rythmé, mes yeux le fixaient, le suivaient à travers sa chorégraphie. Sa performance en enchaînant ses pas de danses était majestueuse, comment ne pas réussir son audition avec un tel exploit ? Tout était gagné d'avance pour le blondinet ! La musique se tue, il était pour moi de me rendre utile auprès de celui-ci. Je profitais de cet instant pour m'éclipser afin d'aller cherche une bouteille d'eau ! Le sourire aux lèvres, je ne pouvais cacher ma joie face à sa prestation qu'on pourrait me prendre pour un fou.

Les bouteilles d'eau se tenaient sur une table, je finis par adopté un air plus raisonnable tout en prenant l'une des bouteilles. Il me tardait pas à rejoindre Tae Sun qui devait être sans doute exténué à l'heure actuelle ! Sans surprise, je le voyais au loin assis avec la tête plongé dans une serviette. Discret comme une hyène, je me rendais à ses côtés sans le moindre bruit ! A mon tour je collais mon corps contre le mur tout en glissant le long de celui-ci. Une fois assis avec le blondinet, je soupirais de satisfaction levant le regard vers le plafond. - Tu t'en es très bien sorti ! Tapotant son épaule, je lui tendis l'eau afin qu'il se rafraîchisse un peu tout en lui souriant. - T'as sûrement soif non ? Mon visage toujours en l'air, c'était l'occasion de se reposer en fermant les paupières. Il n'y avait plus que Tae Sun et moi, je profitais au maximum de sa présence sans commettre aucune autre bêtise venant de ma part. Je restais quelques instant planté à ses côtés jusqu'à une envie soudaine d'aller me requinquer sous la douche ! Je me levais brusquement en soupirant de plus bel... - On va se changer pour se divertir un peu en ville après ? Histoire de décompresser... J'attendais impatiemment Tae Sun contre le mur. Il était tant pour moi de découvrir le jeune homme en dehors de la danse et oubliez cette rude journée en compagnie d'un bon divertissement !

Le visage enfoui dans une serviette, je n’entends pas Dong Jung venir se glisser à côté de moi. Aussi, quand je termine d’essuyer mon visage en sueur, un nouveau sourire s’insinue sur mes lèvres quand je le vois assis à côté de moi. Les yeux levés au plafond, il me complimente sur ma performance. Mon sourire s’élargit à l’entente de ses paroles, tandis que je dis, le souffle toujours un peu coupé ; « Merci ! Mais j’avoue que tes encouragements y sont pour quelque chose, ça m’a vraiment donné la patate. » A quoi bon nier cette évidence ? J’ai beau avoir conscience de mes progrès en danse, je ne peux que prendre les encouragements du jeune homme en considération dans ma réussite. Je m’emballe peut-être un peu en parlant immédiatement de réussite, mais les choses ne se sont pas mal passées, me semble-t-il. Mais bon, inutile de me torturer l’esprit en pensant au verdict du jury. C’est passé, et on n’a plus qu’à attendre maintenant !

Il vient alors me tapoter l’épaule en me tendant une bouteille d’eau. Vrai que l’idée de me désaltérer ne m’avait pas traversé l’esprit, mais à y songer, je suis mort de soif. J’acquiesce largement en saisissant la bouteille. Après avoir bu quelques longues gorgées, je soupire de bien être tout en basculant la tête en arrière. Le crâne appuyé sur le mur, je tourne la tête vers Dong Jung, qui quant à lui a toujours le visage toujours levé vers le plafond, les yeux fermés cette fois ci. Silencieux, j’admire simplement ton profil fin et régulier avant de me glisser de son côté pour venir déposer ma tête sur son épaule. Je ferme les yeux et soupire, quelques peu fatigué. Profitant de ces quelques instants de répit, je laisse mes muscles se relâcher un à un, songeant que je suis ravi que Dong Jung et moi ayons pu passer outre le malaise de la dernière fois. Tant et si bien que j’ai toujours du mal à réaliser ce qu’il s’est passé, sans pour autant pouvoir oublier… Comme je lui avais dit. Bref. Je le sens se relever d’un coup, aussi je redresse la tête pour lui adresser un regard interrogateur. Tandis que je me lève à mon tour, il me propose alors d’aller nous préparer avant de filer en ville histoire de nous détendre. Carrément ! J’acquiesce vivement à la suggestion, proposant à mon tour ; « Ça marche ! Ça nous fera du bien de sortir un peu, j’en peux plus d’être enfermé. On se retrouve dans vingt minutes devant l’entrée ? » Une fois sa réponse obtenue, je file au vestiaire pour récupérer mes affaires et filer dans une cabine de douche. Je suis tout en sueur, c’est juste horrible. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me débarrasse de mes fringues pour filer sous un jet, malheureusement glacial. Moi qui rêvais d’une douche chaude pour finir de me détendre, l’eau froide a juste le don de me crisper. Le souffle coupé par le froid, je peste à voix haute tout en me dépêchant pour me savonner et me rincer, avant d’aller m’emmitoufler dans une grande serviette. Je reste une bonne minute comme ça, à greloter après cette douche glaciale, avant de trouver la foi pour me sécher pour de bon et enfiler des fringues plus décontractés que précédemment. Mon sac récupéré, je retourne au vestiaire pour jeter un petit coup d’œil à mon reflet dans un miroir, passe une main dans mes cheveux légèrement humide avant de filer au point de rendez-vous convenu.

Une fois dehors, je regarde rapidement mon portable et constate que je suis légèrement en avance. Le temps de patienter, je vais me poser contre un mur, sifflotant vaguement un air tout en regardant les gens passer dans les alentours. Quelques minutes passent, et j’entends la porte s’ouvrir. Je jette alors un coup d’œil à la porte en question, et vois Dong Jung qui semble me chercher. Je lui adresse un signe de la main, tout en disant avec un grand sourire ; « Pas trop tôt ! Tu sais te faire désirer dis-donc ! » Je rigole doucement, indiquant que je ne fais que le taquiner. M’avançant davantage, lui demande alors, impatient ; « Alors, on va où ? »

« Merci ! Mais j’avoue que tes encouragements y sont pour quelque chose, ça m’a vraiment donné la patate. » Comment ne pas rougir voir même être étourdi face à cela ? Il était tout simplement considérable pour ma part, de le voir sourire avant une telle performance. Son visage doux et délicat qu'on a envie d'admirer en silence, son sourire se dessinant parfaitement sur son visage. Oui j'étais pris au piège par son charme qu'il m'était impossible de nier qu'il m'attirait tel un aimant. Pourtant nos premiers contacts étaient peu fructueux, je refusais tout simplement qu'un jour une personne voir même un mec me fasse tourner autant de la tête. Désormais, je n'avais plus honte d'exprimer de tels sentiments, mais plutôt honteux de rester stationnaire sans prendre d'initiative pour que les choses changent. Dieu seul sait que je n'ai qu'une seule envie lorsque je me retrouve aux côtés de Tae Sun, c'est de faire le premier pas me frôlant du ridicule. Je me souviens encore de cet entrainement, de cet incident au contact de ses lèvres, le blondinet m'avait pourtant bel et bien tendu la perche afin que je crache le morceau, mais rien y fait... Je laisse toujours cette colère m'envahir, me poussant à me tirer les cheveux dans tous les sens en m'insultant avec tant de vivacités ! Pourtant, je reste tranquillement à ses côtés tout en perdant mon regard sur son visage dans le seul espoir de voir apparaître son sourire.

Je restais le dos collé au mur portant toutes courbatures comme un poids sur mes épaules. Il était vraiment tant pour moi de filer sous une douche et laisser cette audition comme un lointain souvenir ! Le stress retombait peu à peu lorsque je proposais de sortir en ville à Tae Sun en sa compagnie. Je songeais réellement à vouloir passer mes plus beaux moments en ce jour et en savoir un peu plus sur celui qui me trouble. Bien que je sois loin d'être curieux, je ne pouvais m'empêcher de penser au blondinet et de m'interroger sur son sujet à longueur de journée ! Je me demandais quel genre d'activité fallait-il envisager pour qu'il garde son sourire le plus longtemps possible ? Je pouvais tout accepter venant de sa part : se rendre dans une salle de jeux d'arcades, allait boire un verre, faire des manèges voir les boutiques... même si dans le fond le shopping pour ma part, c'est totalement absurde. Oui j'étais vraiment prêt à faire pas mal de sacrifices pour qu'on est un moment inoubliable même si toutefois, le baisé fut le tout premier à mes yeux ! « Ça marche ! Ça nous fera du bien de sortir un peu, j’en peux plus d’être enfermé. On se retrouve dans vingt minutes devant l’entrée ? » La voix de Tae Sun me fit détacher de mes pensées que j'en oublie ses paroles, du moins mon esprit percuta "devant l'entrée". Je me décolle du mur en acquiesçant un léger sourire puis pris l'initiative de le laisser passer comme tout bon gentleman l'aurait fait. Quoi qu'en réfléchissant, on était tous les deux des hommes ! Je soupirais face à cette idiotie prenant avec détermination la direction du vestiaire.

Je prenais cette drôle de manie à vouloir laisser couler le jet afin de récupérer avec espoir de l'eau chaude, surtout lorsqu'on partage le même vestiaires avec une troupe de mâles en sueur. Même si rien ne vint, je laissais l'eau couler ôtant mes vêtements afin de me sentir libérer de la sueur. Mes abdos à découvert je pouvais m'exclamer heureux de travailler cette partie du corps, même si je suis loin d'être un mec vantard dans le genre ! Je ne peux nier de me regarder quelques fois dans le miroir avec un sourire totalement débile. Mais à cet instant il n'y en avait pas ! De plus, j'étais bien trop occupé à vouloir prendre cette douche afin de rejoindre Tae Sun au plus vite. Une fois le corps sous une pluie glaçante, j’approuvais de me sentir littéralement détendu et rafraîchi me passant l'une de mes musiques favoris dans la tête. Le passage de la savonnette était primordiale ! J'insistais bien sur le fait de dégager une odeur de propre et d'être vraiment présentable pour le blondinet. Rien qu'à l'idée de penser à lui j'étais heureux comme un poisson dans l'eau ou plutôt devrais-je dire sous l'eau ? Mode rinçage, je venais à revenir sur le fait que je pense à Tae Sun sous la douche. Le regard pensif, je secouais la tête afin de chasser le visage du blondinet dans un moment pareil ! Allez reprends toi DongDong... Il me fallait guère de temps pour en venir à l'étape de la serviette ainsi qu'à l'enfilage des vêtements. Qui aurait cru que seul le temps serait réparti sur ma coiffure ? Crucial, il m'était impossible de sortir décoiffé ! Je pris le timing nécessaire afin de paraître présentable aux yeux de Tae. Un coup de peigne et voilà le travail est fait !

A la fois très pointilleux et ordonné, je pris l'initiative de ranger une à une mes affaires dans mon sac jetant par la suite celui-ci au dessus de l'une de mes épaules. Je descendais d'une extrême vitesse les escaliers du grand bâtiment afin de prendre la sortie. A peine le nez dehors, la voix de Tae Sun retentit dans mes oreilles ! « Pas trop tôt ! Tu sais te faire désirer dis-donc ! » Avait-il vraiment attendu à ce point ? Légèrement gêné, je pinçais mes lèvres comme si on venait de me gronder et pourtant son rire me donna la preuve de sa taquinerie ! « Alors, on va où ? » Les yeux grands ouverts, je fis mine de réfléchir quelques secondes avant d'annoncer le programme "No Stress" ! - Je t'invite à boire un verre et... tu choisiras ce dont tu as envie ? Un sourire aux lèvres, je ne lui laissais guère le tant de répondre, en commençant à cherche un bon café dans le coin pour qu'il ne rétorque pas à ma demande par un refus. Toutefois, il m'était impossible de quitter du regard le blondinet profitant au maximum de capturer des images de son visage afin de les ancrer dans mon esprit !

Dong Jung se fait hésitant quelques secondes à ma question. En attendant sa proposition, je le regarde en trépignant d’impatience, silencieusement. Bouger, bouger, bouger. JE VEUX BOUGEEER. C’est agaçant d’être hyperactif. Pas tant pour moi, pensez-vous ; en dix-sept ans d’existence, j’ai eu tout le temps de m’y habituer. Et puis ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix, à moins qu’on me fasse gober des calmants. Mais l’idée de pouvoir être transformé en larve m’insupporterait, me semble-t-il. Je préfère de loin être monté sur ressorts, quitte à être intenable et agaçant pour les autres ! C’est quand on comprend cet aspect de ma personnalité qu’on ne s’étonne pas que mes parents m’aient inscrits à un cours de danse dès mes plus jeunes années. Vu comment je m’adonne à cet art qui est une passion, il n’est dès lors plus étonnant de me voir fatigué quand je sors d’une répétition. J’en viens à me demander si c’est la même raison pour Dong Jung. Qui sait ? Même s’il est parfaitement calme, c’est peut-être un hyperactif refoulé lui aussi, calmé par les cours de danse. Ça m’étonnerait fortement que ça soit le cas… Mais malgré moi, je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer en mode intenable, ce qui me fait largement sourire. Je dois sûrement avoir l’air parfaitement stupide comme ça, mais je n’en tiens pas compte. Je secoue doucement la tête de gauche à droite pour chasser ces images absurdes de mon esprit pour continuer à regarder le jeune homme en face de moi, qui me propose d’aller boire un verre avant de sourire. A cette mimique de sa part, un nouveau sourire élargit mes lèvres avant que j’acquiesce vivement à sa proposition.

Son regard parcourt rapidement les alentours pour trouver un endroit où nous pourrions aller, avant qu’il n’en revienne à moi. Etant donné qu’il semble avoir trouvé son bonheur, je le suis jusqu’à un établissement à quelques cent mètres de là, l’observant du coin de l’œil tandis que mon sourire persiste. Et si je me sens parfaitement à l’aise et insouciant, il suffit que je repense à notre dernière confrontation pour que mille question m’assaillent l’esprit, qu’elles soient pour lui ou pour moi. Et même si j’ai envie d’avoir des réponses, je n’ai vraiment pas envie de m’encombrer de toutes ces considérations qui m’empêcheraient de profiter pleinement d’être en sa compagnie. Pour le moment, je crois que j’ai juste envie d’en savoir plus à son sujet… Parce que mine de rien, je ne sais pas grand-chose à propos de lui, si ce n’est qu’il est adorable quand il s’en donne la peine, a des abdos splendidement dessinés et danse comme un Dieu. Bref, arrivés à destination nous allons nous asseoir à une table collée à une large baie vitrée. A peine installés, je me prépare déjà à le harceler de questions toutes aussi pertinentes les unes que les autres – au pire, si je ne réussis pas dans le domaine de la musique, je pourrais toujours me reconvertir en interviewer, vu ma curiosité. A parler d’être curieux, je jette un coup d’œil à ses fringues, et en fouillant dans ma mémoire, je constate que Dong Jung n’a pas porté ce fameux t-shirt que j’avais malencontreusement bousillé la dernière fois. J’ai un sourire un peu gêné avant d’essayer ; « Rassures moi, ton t-shirt de la dernière fois n’a pas été converti en serpillère depuis ? » Parce que bon, j’y avais pas été de main morte en l’aspergeant de ma boisson toute collante, ni même en le nettoyant… « Si c’est le cas, je m’engage à t’en acheter un autre ! » j’ajoute en levant la main en guise de serment.

En attendant, par-dessus l’épaule de mon vis-à-vis, je vois une jeune fille en uniforme de l’établissement approcher ; la démarche chaloupée, une silhouette longiligne et gracieuse, et surtout un sourire engageant au visage qui la rend vraiment jolie. Elle s’arrête à notre niveau pour nous demander qu’est-ce que nous commandons. Rendant un sourire à l’employée, je lui demande une limonade avant que je n’adresse un regard interrogateur à Dong Jung pour savoir ce qu’il est pour lui. Une fois nos commandes respectives prises, je regarde laconiquement la demoiselle s’en aller, avant que mon regard n’en revienne au jeune homme. Ça m’agace. Pas lui, hein ! J’ai tellement de questions à lui poser que je ne saurais pas par où commencer. En tout cas, je dois à tout prix éviter les interrogations qui pourraient avoir un rapport direct ou indirect à la dernière fois. Souriant toujours doucement, je plisse doucement le regard, comme si le considérer de la sorte pourrait mieux aider à analyser ma proie. Evidemment, ça ne marche pas. Je me résigne alors à un simple ; « Bon ! Parles moi un peu de toi, tiens ! Je sais rien sur toi, ça m’angoisse. » Dis-je avec un sourire. Qui sait, peut-être que ça suffira à lui délier la langue ? J’ai comme un doute, mais qui ne tente rien, n’a rien. Et quitte à ce qu’il me raconte des banalités, je m’en fiche. Je veux juste mieux le connaître. Bientôt, la serveuse revient, toujours aussi souriante. Je l’observe, avant de la remercier avec un sourire quand elle dépose un verre devant moi rempli du liquide gazeux et sucré. Un large sourire m’est rendu, tandis que mes considérations en reviennent à Dong Jung.

Mon regard balayait l'horizon à la recherche d'un café pas non plus trop fréquenté. Je n'aimais guère me mélanger à la foule d'où ma raison à ne mettre aucun pied dans un magasin et mon refus total d'aller faire du shooping. Il faut dire que c'est mon paternel qui m'y oblige... disons que mon père détient une certaine classe faut l'avouer. Je dédaignais à me rendre avec lui à ses séances de relooking portant costards et pantalons qui te serrent plutôt qu'autre chose. Mes petites fesses étaient mieux alaises dans un baggy qu'un jean ainsi que mes abdos camouflés dans un long T-Shirt. Sérieusement, vous m'imaginez avec un tissus dessinant parfaitement mes tablettes ? Ash totalement absurde... De plus, seul mon regard était autorisé à regarder ces parties du corps, égoïste ? Là dessus oui ! Je soupirais face à tous ces grattes-ciels qui surplombaient Séoul. Mon regard faisait quelques allers-retours entre la jolie frimousse de Tae Sun ainsi que les bâtiments. A la fois épanoui d'être en sa compagnie, mais également frustré par sa présence, je l'admirais avec pudeur suppliant qu'un café puisse s'offrir à nous... Bingo ! Sauvé par le gong comme on dit. Un seul signe du regard suffit pour que le blondinet daigne à me suivre. On franchit la porte de l'établissement profitant de la chaleur qui nous réchauffe de ce froid glaciale à s'en geler les miches. Une table fut à notre portée collée à une large baie vitrée, je me demandais à cet instant, pourquoi avait-il choisi cette place à la vue de tous ? Loin d'en vouloir faire une pantomime, je me tus pour passer le plus agréable moment avec Tae Sun. Seulement une fois installé, ce n'est autre que celui-ci qui engagea la conversation ! « Rassures moi, ton t-shirt de la dernière fois n’a pas été converti en serpillière depuis ? » En serpillière ? Il est sérieux en abordant ce sujet ici ? Qu'avait-il donc derrière la tête ? Bien que depuis la fois dernière ce T-Shirt m'est complètement passé au dessus de la tête, le blondinet avait le culot de remettre les sujets qui fâchent sur le tapis. Calme Dongdong... Je regardais celui-ci avec un grand silence pesant. Toutefois, il rappliqua de plus belles ! « Si c’est le cas, je m’engage à t’en acheter un autre ! » Un rire sournois s'échappait de ma bouche. Fallait avouer que Tae Sun était un sacré phénomène et je me demande bien pourquoi je suis littéralement sous son charme. M'en racheter un autre c'est ça ? Mon regard se fixait sur lui, s'attendrissant face à la sentence prononcée par celui-ci. Il avait évité le pire en disant cela... même si dans le fond je gardais mon self control !

Finalement, j'étais apte à lui répondre avec tendresse retenant toutes haines contre lui. En même temps comment rester fâcher avec un ange tel-que lui ? Hors le regard de Tae Sun ne se portait plus sur moi, mais plutôt vers une jeune femme ? Ainsi je décidais de fermer mon clapet et porta également mon regard sur celle-ci. Non, mais il nous fait quoi là ? Tout cette sérénade pour ... ça ? Je lâchais prise mes yeux de la demoiselle fixant le blondinet avec mépris. Franchement n'avait-il pas honte dans un endroit pareil ? De la jalousie Dongdong ? Je devenais rouge de colère ou plutôt de honte. Je ne pouvais distinguer mon état actuel et admettre que j'étais jaloux... ou en rogne. J'étais bien trop occupé à me demander ce qu'il lui trouvait à cette poupée... M'avait-il déjà oublié ? Celle-ci arriva avec son allure de petite princesse dans son uniforme, qu'il m'était impossible de porter mes yeux sur elle pour y prêter attention. Tae Sun décida de prendre un verre de limonade quand à moi... un jus d'ananas sans toutefois, oublier les formules de politesse. « Bon ! Parles moi un peu de toi, tiens ! Je sais rien sur toi, ça m’angoisse. » Un autre rire sournois s'échappait de mes lèvres... décidément il a un sacré toupet notre blondinet. Je fis mine d'esquiver son regard rivé sur moi et pris une gorgée du jus après que cette charmante demoiselle arriva la commande en mains ainsi que l’addition. Il ne me restait plus qu'à chasser ma colère, mais impossible ça me mettait hors de moi. Je finis tout de même par décrocher quelques mots ! - C'est un interrogatoire c'est ça ? Bois vite ton verre... j'aimerais que l'on parte vite d'ici !

Je pris l'initiative d'absorber la moitié de mon verre afin d'en finir avec cette ambiance contrariante. Ma seule envie du moment était de s'échapper de cet endroit regrettant amèrement d'avoir mis les pieds dans ce café. La serveuse revenait à la charge avec son sourire et sa démarche angélique, pourtant rien y fait ! Je ne la trouvais guère à mon goût. J'avais beau remuer ciel et terre afin de chercher de quoi me mettre sous la dent, mais toujours le néant. A croire que mon coeur était encombré par les sentiments que j'éprouvais envers Tae Sun... cela m'effrayait ! Mon regard fuyait toujours celui du blondinet cherchant l'excuse de l'addition. Il listait nos commandes ainsi que le prix exorbitant du café. Fallait en finir au plus vite de cette histoire, trouver un échappatoire pour n'être qu'avec le blondinet et qui sait... me lancer une bonne fois pour toute. Oui j'appréhendais énormément ce moment propice, cet instant qui allait laisser sans doute un froid. Mais voir Tae Sun tout les jours, sa bouille ne demandant qu'à n'être admiré, mon coeur ne résistait plus !

Le porte monnaie en main, je laissais un billet à la demoiselle tout en lui affirmant qu'elle pouvait garder le reste pour son pourboire. Et c'est avec un grand soulagement que j’annonçais d'une voix précaire : - Et puis... je souhaite t'emmener dans un endroit où tu en apprendras un peu plus sur moi ! Une excuse ? Sans doute... du moins je l'espérais ! Une façon d'amadouer le blondinet afin que l'on soit au calme, à l'abris de certains regards indiscrets, mais surtout l'emmener dans un endroit étant cher à mes yeux.

Et moi qui pensais que le temps des vents était révolu, Dong Jung me montre que c’est loin d’être le cas. Enfin, est ce qu’on peut vraiment dire qu’il me met un vent quand il dédaigne de me répondre ? Il semble prêt à parler avant qu’il n’adopte un air pincé en mécontent quand mon regard en revient vers lui, me fixant même avec mépris. A son tour, il passe rapidement commande auprès de la serveuse, avant de replonger dans son mutisme. Et à nouveau, je me retrouve sans savoir que dire, gêné… C’est pas vrai ! Moi qui pensais que ce vieux malaise était passé, voilà que j’en ressens de nouveau quelques onces. A croire que j’ai dit, ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas, à voir le regard de Dong Jung. Pourtant, hors de question de baisser le regard ; je ne pense pas avoir gaffé, quand même ! Bref, mes pupilles restent plantées dans les siennes, tandis que je lui adresse un regard interrogateur. Cette réaction soudaine m’étonne tout autant qu’elle m’inquiète. Un de mes coudes vient se poser sur la table, tandis que je dépose ma joue sur un poing fermé, le regard toujours posé sur Dong Jung. Je doute que le fixer ainsi puisse le faire parler. Mais j'ai juste envie de le regarder.

Quand nos verres respectifs sont apportés, je le vois descendre une bonne moitié du sien avant qu’il ne m’adresse finalement quelques mots. Et quels mots ! Il n’a pas l’air ravi que je lui pose des questions, et me demande sur un ton presque sec de terminer mon verre rapidement pour qu’on puisse déguerpir. Je n’ai même plus envie de sourire, je me contente donc d’un simple ; « Okay… » qui trahit sûrement ma lassitude. Pourtant, je me pose quand même des questions et ces inquiétudes persistent. Pourquoi il est aussi brusque, tout d’un coup ? Je retiens toute question, songeant que ce n’est sûrement pas le bon endroit pour demander quoi que ce soit, étant donné qu’il semble vouloir partir rapidement. Je porte donc mon verre à mes lèvres, avalant plusieurs gorgées consécutives avant de repose mon regard sur Dong Jung. J’ai un soupir discret, avant de signaler d’un petit signe de tête qu’on peut y aller. On doit avoir l’air malin, à se barrer au bout de même pas cinq minutes. Dong Jung laisse un billet à la serveuse, avant qu’on ne sorte. Très rapidement, il m’explique vouloir m’emmener quelque part ou je pourrais en apprendre davantage sur lui. Je laisse un nouveau petit soupir s’échapper, un léger sourire aux lèvres face à cette maigre excuse. Sans mot dire, je préfère acquiescer sans mot dire, toujours un tantinet perplexe.

Silencieusement, je le suis sans savoir où il m’emmène. Evidemment, je suis curieux et impatient, même si ces sentiments sont largement amoindris par mon trouble. Parce que non, je ne comprends toujours pas la réaction précédente de Dong Jung… Pourquoi il m’a considéré avec tant de flegme, sans raison ? Et puis bon, à part me demander d’une façon pas très subtile d’arrêter mes questions, il est juste resté silencieux… Donc oui, ça m’énerve. Et quitte à l’embêter encore avec une question inutile, je m’entête. Alors qu’il marche, je viens lui tapoter doucement l’épaule tout en l’appelant calmement ; « Dong Jung ? » Cette fois encore, je ne souris pas, me contentant de parler doucement, les sourcils un peu haussés. Quoi qu’un peu hésitant, je laisse ma main tomber au niveau de son poignet, que je saisis délicatement comme la dernière fois. Une façon comme une autre de lui faire comprendre que je ne veux pas qu’il s’esquive ; « Tout va bien ? »

Je ne savais plus où donner de la tête, le regard sur blondi, vers l'extérieur ou sur les clients de ce café ? Je passais mon temps à balayer l'horizon, prendre quelques gorgées de mon jus pour en finir au plus vite. Quand à Tae Sun ? Que dire... j'osais rien ajouter de plus, sans doute par mon attitude excentrique dû à la jalousie ! Du moins je suppose... je ne préfère même pas y penser au final où ça m'emmènerait ? Droit dans un amas de maladresses et de hontes, oui le blondinet me troublait au point de commettre l'impossible. J'épargnais la vue de mes rougeurs lorsque je me tenais en sa présence et refusais d'exclamer la cause de mon comportement. Ainsi on pouvait lire sur le visage de Tae Sun l’incompréhension. Je devais paraître à cet instant comme étant le roi des idiots , celui qui changent de facettes sans demander le moindre avis. Mais bon sang ! Dans le fond j'enrageais... savoir qu'il était assez dupe pour ne rien remarquer... Voulais-je tant que ça soit le cas ? Qu'il doute de mes sentiments par une simple scène de jalousie ? Absurde, je désirais d'autant plus ne pas être mal alaise s'il venait à comprendre. Je n'étais pas crédible sur ce coup, qu'il m'était primordiale de sortir d'ici afin de mettre les choses aux claires. Pourtant, je laissais le blondinet finir son verre comme il le désirait sans ajouter un mot, un vrai dialogue de sourd. Ce fut presque un soupire de soulagement lorsqu'il porta la dernière goûte à ses lèvres dont je ne pouvais détacher mon regard. Une fixette me faisant repenser à la douceur de ses passerelles envoûtantes. Ressaisis toi DongDong !

On quitta le fameux café et un lourd fardeau se ôtait de mes épaules. Le sourire m'envahissait, mais je dédaignais à le faire apparaître pour exclamer ce soulagement. Les mains dans les poches, voilà ce qu'il me restait à faire. Quand était-il de la conversation ? Je n'osais sortir le moindre mots surtout face à mon comportement déloyal. Il me restait plus qu'à prendre les devants à travers une démarche silencieuse avec une envie fulgurante d'entendre la voix de Tae Sun. Je m'impatientais, laissant le temps défiler d'une extrême lenteur, je voulais impérativement arriver au fameux endroit donnant une vue des plus spectaculaires sur Séoul ! Tandis que je m’apprêtais à briser ce silence, le blondinet fit le premier pas en venant tapoter mon épaule. « Dong Jung ? » Devais-je crier victoire ? Je souriais intérieurement et restais avec cet air impassible qui m'allait à la perfection. Je glissais mon regard sur le visage innocent de Tae Sun guidant celui-ci vers la main du blondinet. Ainsi il prit en sa possession mon poignet sans que je réprimande, il en était tout simplement hors de question de l'en empêcher. « Tout va bien ? » Malgré cela, je finis par sourire face à son inquiétude, mais aussi afin de lui répondre sans sortir le moindre mots. Un seul hochement de tête pouvait lui faire comprendre que tout allait bien, mais à mon tour, je venais à glisser ma main dans la sienne. Un cour instant où je le guidais dans les rues de la capitale pour l'emmener en face d'un grand bâtiment. Subitement je lâchais sa main soupçonnant le regard de chaque passant et pourtant dieu seul sait que j'étais le premier à ignorer le comportement d’autrui !

Mon regard posé sur celui de Tae Sun, je finis par adresser un autre sourire plus discret cette fois-ci. - Tu en sauras un peu plus davantage là haut, alors promets moi d'être patient ? Je lui fit un petit signe de la tête et posais à mon tour ma main sur son poignet pour lui chuchoter à l'oreille. - Promis ? Son poignet enfin libéré, il était tant pour moi de jouer la galanterie en laissant passer celui-ci. Le hall s'offrait à nous, il me restais plus qu'à prendre mon rôle du guilde au sérieux. Je conduisais Tae Sun dans ce dédale d'escaliers demandant un bon moment d'efforts afin d'arriver au sommet. Une porte séparait le silence du monde extérieur, il me restait plus qu'à franchir le pas pour prendre place là où je n'avais pas mis les pieds depuis plusieurs mois déjà.. Un souvenir euphorique s'emparait de mes pensées, qu'il me guidait droit à la passerelle. Ainsi je pris l'habitude d'y poser mes mains afin de scruter l'horizon, un vrai tableau d'aquarelle ! Cette scène me mettait à l'eau à la bouche qu'il m'était compréhensible de voir toute la gaîté dans les peintures de ma mère. A la fois artiste dans l'âme, je n'étais pourtant pas trop doué pour ce style graphique. Loin de me vanter, le crayon me correspondait le mieux...

La joie au bord de mes lèvres, je finis par soupirer de plaisir en tournant mon visage vers celui de Tae Sun. - La vue de Séoul est magnifique ! Tu devrais te rapprocher ? A moins que.. tu es le vertige ? Un petit rire égaré, je souriais de plus belle afin de rassurer le blondinet. - Si tu as peur... je suis là ! dis-je avec une voix embrassée par ma demande toutefois étrange non ? Pourtant, la vérité est telle qu'elle est "être toujours là pour les personnes qui comptent le plus à vos yeux". Même si mes sentiments pour le blondinet sont réciproques, il me serait insupportable de le voir avec une mine abattue ou qu'il lui arrive quoi que ce soit.

Un simple sourire et un hochement de tête en guise de réponse. J’ai un regard doucement accusateur pour Dong Jung, tandis que mes lèvres s’arquent en un sourire doucement amusé. Un petit soupir et mouvement de tête qui signifient « Irrécupérable ». Bien entendu, je taquine. Mon avis au sujet du jeune homme est à des kilomètres de ce jugement. Je finis par croire que les changements d’humeur sont monnaie courante chez mon vis-à-vis. Enfin, autant prendre les choses avec humour et dédramatiser ; ça ne sert plus à rien que je cherche à comprendre, ou que je me prenne la tête avec cet aspect de sa personnalité. D’ordinaire, j’aurais sûrement abandonné ; si je suis du genre persévérant dans mon travail, quand le caractère de quelqu’un me bloque, je préfère ne pas insister. Non pas jusqu’à ignorer froidement autrui, mais disons que je saurai à quoi m’en tenir, jusqu’à être éventuellement agréablement surpris. Est-ce que c’est différent avec Dong Jung ? Non. Je préfère tolérer ses défauts et insister. Je ne suis pas non plus du genre à essayer d’approcher les gens, pour les changer ensuite. Ou alors, ça se fait totalement à mon insu. Disons que pour moi, les choses sont simples ; quand on apprécie quelqu’un, on le prend tout entier, qualités et défauts compris. Et on n’essaye pas de le forcer à changer… En gros, ça se fait au fil du temps et du vécu, selon sa propre volonté, et non selon celle des autres. Bref, tout ça pour dire que je m’entête. Et puis, ce n’est pas comme si Dong Jung était le pire gugusse qu’il m’ait été donné de rencontrer. Loin de là.

Si je ne suis pas étonné de ne pas avoir de réponse de vive voix, je le suis clairement quand je sens sa main se glisser dans la mienne. De surprise, mes sourcils s’arquent doucement à ce contact, mais je ne cherche pas à retirer ma main. Vas savoir pourquoi, sûrement parce que ça caille et que sa main me réchauffe. Ouais, ouais… Hahem. Sans rien dire, je me laisse embarquer tandis que mes penses vont à la dérive. J’ai beau être parfaitement naïf quand je m’y mets, j’ai encore une once d’intelligence quand il est temps de faire un rapport de cause à effets. Forcément, je repense à notre confrontation dans la salle de danse, il y a quelques temps de cela. Ajoutons à cela le fait qu’il me tienne par la main. Ce geste isolé aurait pu être dénué de sens, mais forcément j’en viens à faire un lien avec ce laconique baiser partagé. Je ne pense pas me planter en pensant qu’il y anguille sous roche… Dong Jung n’a pas l’air d’être spécialement tactile – et même en l’état moi-même, je n’embrasse pas quelqu’un quand je me casse la gueule. Donc forcément, j’ai mes doutes et mes hypothèses. Donc forcément, ça me fait flipper. Donc forcément… Ah ben non, ça s’arrête là. Enfin non, pas tout à fait. Déjà, je suis atrocement mal à l’aise quand la perspective que je plaise à quelqu’un se présente. Alors, imaginez ce que c’est quand je réalise que la réciproque est véridique – je pense que je ne peux plus me leurrer à ce sujet. ‘Saisissez le problème ? Niveau séduction, je suis une quiche, et encore ; c’est un bel euphémisme. J’ai beau ne pas aimer blesser les gens, mettre un râteau c’est tout de même largement plus simple que d’être confronté à une vraie relation. Enfin, disons qu’en tout être humain que je suis, c’est juste normal que je flippe face à l’inconnu, même si forcément, mon intérêt et ma curiosité à ce sujet sont largement piqués. Mais bon… Faire le premier pas, pouaah ! Ce qui me désespère, c’est de penser que Dong Jung n’est peut-être pas plus à l’aise que moi dans ce genre de situation. Ça serait compréhensible ; si pour ma part ça ne me pose pas le moindre problème de conscience, ou de questionnement existentiel, j’ai conscience que ce n’est pas nécessairement facile de réaliser que l’on peut être tout aussi bien attiré par un côté de la barrière, que de l’autre. En d’autres termes, je pense qu’on fait un beau duo de bras cassés.

Chamboulé – que dis-je ? Sûrement doucement paniqué – par toutes ces vérités qui viennent me balayer comme une branche en pleine face, j’acquiesce d’un hochement de tête quand Dong Jung me fait promettre de garder le silence. A la bonne heure ! Là, je n’ai clairement pas envie de parler. Tout du moins, je craindrai trop de me prendre les pieds dans le tapis – ça ne serait pas la première fois. Je crois qu’il va juste falloir que je fasse comme si de rien n’était. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, tandis que nous montons un dédale d’escaliers. Des centaines de marches que je ne compte plus, je reste silencieux tout le long du trajet pour éviter de gaffer par la suite… Surtout que je ne voudrai pas non plus passer pour un schizophrène de base. Rester naturel, voilà. Raconter des conneries et agir comme un gosse ! Facile à dire quand on comprend soudainement beaucoup de choses.

Finalement, on arrive au sommet. Dong Jung pousse une porte et sans surprise que je sens un frisson orner ma peau quand un courant d’air vient la caresser. Je remonte ma fermeture et hausser les épaules dans l’espoir de me réchauffer, mais ça n’a guère d’effet. Mon regard parcourt quant à lui les alentours. Des buildings, des maisons, des routes, des piétons minuscules… On surplombe tout ça. Et malgré cette grande étendue grise, je ne peux qu’approuver les paroles de mon compère ; la vue est vraiment splendide. Captivé par le paysage, je suis intenable. Evidemment. J’explore différents coins pour regarder la vie qui suit son cours tout en bas… Avant de rejoindre Dong Jung en haut de son perchoir, sur une petite passerelle doucement surélevée. Constatant que je ne m’approche pas, il me demande si j’ai le vertige. Adorable. Je lui adresse un large sourire avant de lever un poing serré avec lequel je viens doucement taper son épaule, tandis que je plaisante ; « Moi, peur ? Jamais ! » Heyho. J’ai ma fierté masculine aussi, s’il vous plaît. Et c’est vrai que je n’ai jamais eu le vertige. Je m’approche du bord, sers les mains sur la barrière, doucement tendu et me penche légèrement en avant pour voir la vue en plongée. Un petit « Waaaaw. » m’est arraché à cette vue, avant que je ne dépose les coudes sur la barrière pour être plus posé. Calme et naturel. Je tourne le visage vers Dong Jung et l’observe en silence, jusqu’à ce que je voie son regard se tourner vers moi. De quoi me refaire tourner subitement les pupilles vers l’horizon. Paye ton naturel ! Histoire de pallier à cette gaffe, je frotte mes mains dans l’espoir de me réchauffer de cet air résolument plus froid qu’au sol ferme, le cou enfoncé dans les épaules ; « Vrai que la vue est vraiment magnifique. » dis-je simplement.

Je ne pouvais cesser de le regarder, d'avouer que son charme me troublait horriblement. Éprouvais-je tant d’admiration pour lui ? je fixais longuement Tae Sun au point de me rendre guère compte que je me ridiculisais plutôt qu'autre chose ! C'est affreux à quel point il me rendait fou... mais je devais rester sagement là, à le contempler pour ne pas gâcher un seul instant à ses côtés. Toutefois, la scène qui s'était passée auparavant m'avait rendu dingue, voir même incontrôlable si je n'avais pas songer à sortir de ce café ! Et si jamais cela venait à se reproduire ? Non ! J'effaçais ce scénario de ma tête et profiter d'être avec lui pour mettre les choses au clair. Ouais DongDong tu peux le faire... « Moi, peur ? Jamais ! » J'avalais ma salive pour prendre mon courage à deux mains, mais impossible. Sa bouille innocente me foudroyait sur place et sa voix retentissait dans mon esprit comme une douce mélodie. En cet instant, je ne pouvais que sourire davantage et le laissais s'approcher sans rien lui demander. Je n'avais qu'une faveur "qu'il soit à mes côtés" que demander de plus ? Mon regard se perdait dans le vide lorsque je me retournais vers l'horizon ! J'étais anxieux rien qu'à l'idée de le voir si prêt... Non sérieusement aurais-je assez de culot ? Je grinçais des dents en laissant Tae Sun dans le silence un long moment. S'il savait à quel point je désirais plus qu'un simple regard ou une conversation ? Oui je suis fou ! Fou de lui ? Fou d'être un drôle de gars ? Que dire...

Je laissais quelques fois mes yeux se glisser sur le visage doux et charmant du blondinet. Oui je l'admirais en toute discrétion... hors fut un moment où nos regards se croisèrent alors là c'était la panique générale ! Je regardais rapidement le paysage qui était à notre portée. « Vrai que la vue est vraiment magnifique. » Je souriais sur le fait qu'il était du même avis. Comment ne pas être heureux ? La seule personne qui est venue dans cet endroit n'était autre que ma mère. Un lien qui nous unissait fortement avant quelle ne perde totalement la boule. Mais se tenir là avec Tae Sun, c'est profiter à nouveau d'un moment magique avec une personne qui m'est précieuse ! Oui c'était inévitable, je devais au plus vite me lancer avant qu'il ne soit trop tard, avant que je le perde... je serrais les barres de sécurités de la passerelle avec une telle force afin de prendre mon courage pour sauter le pas. Hors je trouvais un prétexte pour perdurer mon aveux en informant le blondinet sur mon sujet... même si je n'étais pas sûr de moi pour dévoiler quelques parties de ma vie privé ! J'étais le genre à me dissiper dans la masse et ne rien dévoiler. - Ce paysage m'a toujours fasciné... depuis que je suis à Séoul ! Autrefois... j'étais à la campagne. Disons que j'avais des belles vues à portée, mais quand j'ai emménagé ici j'étais... déprimé de voir toute cette population agitée. Etre ici, c'est vivre quelques instants dans mon milieu rurale natal. J'émis un petit rire discret face à cette annonce d'autant plus spectaculaire. Oui il était rare pour ma part de parler de mon passé étant donné que j'évite d'aborder le cas de ma mère ! Je peux remercier mon père de m'avoir donné l'occasion de vivre mon rêve, mais surtout, sans lui je ne serais pas aux côtés de Tae Sun à l'heure actuelle.

Je toussais un bon coup avant de sourire au blondinet tout en serrant encore plus intensément la barre de fer ! Bon allé Dongdong c'est le moment non ? Mes yeux se plongèrent vers le profil de Tae Sun, qu'à cet instant mon coeur enchaînait des battements avec acharnement. Je devais garder le self control, mais le voir présent et m'écouter sagement, je n'en pouvais plus et je fondais totalement. J'attendais quelques moments avant qu'il ne se redresse afin de m'approcher un peu plus tout en baissant le regard. Oui j'étais paumé, je ne savais guère ce que je faisais et suivis mon instinct ou plutôt mon envie ! Mes gestes me poussèrent à me mettre derrière le blondinet l'enlaçant de plus belle en resserrant mon étreinte sur lui. Mon coeur battait avec une telle intensité qu'il mettait indéniable de faire ressentir ses battements contre le corps du blondinet. Sayez Dongdong tu es a découvert... Pris par une vague d'un je m'en foutisme des plus totale face au ridicule, je ne devais plus reculer et me lancer à l'eau. Autant me noyer pour de bon.

Ma tête posée contre son épaule, je fermais les yeux laissant de côté cet embarras qui me rendait ce moment magique invivable. Dès à présent, il m'était primordiale de laisser parler mon coeur face à cette nouvelle situation troublante. - Je ne supporte pas de voir ton regard se porter sur une autre personne. Je... je ne pensais pas que ça me rendrait fou... Je ne sais même pas comment expliquer mes gestes ni même ce que je ressens lorsque je suis à tes côtés. Alors si... si tu préfères m'éviter... je comprendrais ! C'est sur ces derniers mots que je tombais dans un silence absolu luttant contre le rythme ardant des battements de mon coeur, mais aussi contrôler cette envie irrésistible de partir les jambes à mon coup ! Oui une bonne chose était faite... Toutefois, j'appréhendais la réaction du blondinet face à cette annonce si abjecte ! Un autre stress que je devais surmonter. Je songeais à ce qu'il s'était passé l'autrefois dans la salle d'entraînement où il avait rompu notre baiser où tout simplement j'ai cru mourir par son refus !

C’est tellement horrible comme sensation. Je vous assure, vous n’avez pas idée. Je me sens tout à la fois détendu, mais il suffit que mes pensées voguent à Dong Jung pour que je sente clairement une boule se former au creux de mon estomac. J’essaye de penser à autre chose, mais c’est comme une boucle infernale ; j’en reviens toujours au même point, et me dis qu’il est presque trop tard pour faire marche arrière. Enfin, je ne veux pas faire marche arrière. Je me dis juste que j’aimerais bien vivre autre chose que ce moment embarrassant, et que ça soit vite expédié. Bref, je me contente de regarder l’horizon grisâtre, mon regard plongeant des fois sur le contre-bas, un vague sourire aux lèvres qui a pour prétention de me donner un air relaxé. Que dalle, oui… Pourtant, Dong Jung semble venir à ma rescousse. J’ai un coup d’œil sur ses mains, résolument serrées sur la barre de sécurité, avant que mon regard ne remonte jusqu’à son visage tandis qu’il me parle, sans qu’il ne me regarde pour autant. Gêne supposée, je reste attentif à ce qu’il me raconte. En effet, il n’avait pas menti ; c’est bien ici que j’en apprends davantage à son sujet. Je me surprends à apprendre qu’il n’est pas originaire de Séoul, à ma différence, mais d’une région plus reculée. Il m’explique alors que venir ici lui rappelle sa région natale. Je souris à ce détail, avant de dire ; « T’as de la chance. Moi à part Séoul, je connais rien, ou pas grand-chose en tout cas. J’ai toujours vécu ici. » Phrase qui n’a que pour seule vocation de me faire penser à autre chose. Evidemment, je suis déjà sorti de la capitale, mais rarement. La dernière fois, ça remonte déjà à quelques années, avant que ma sœur jumelle n’atterrisse à l’hôpital suite à un accident. Depuis, hors de question pour mes parents qu’on s’absente de la ville, ne serait-ce que pour une semaine.

Et maintenant ? J’en sais rien. Où est donc passée ma tchatche habituelle ? J’en sais rien non plus, mais elle est bien planquée. Dong Jung m’adresse un sourire réconfortant, mes lèvres s’arquent doucement en un sourire timide. La gêne est juste palpable, et c’est juste insupportable… Je ne sais pas comment je suis censé agir, et ça m’énerve vraiment. Pire, ça me frustre. Je me maudis intérieurement de ne pas savoir quoi faire. Et tandis que mon esprit vient à injurier mon incapacité à dire ou faire quoi que ce soit, Dong Jung vient à nouveau à ma rescousse. Du coin de l’œil, je le vois bouger, et le sens instantanément passer derrière moi pour resserrer ses bras sur ma cage thoracique. Je me tends quelques secondes à ce contact assez inattendu, avant de remédier à ce problème en inspirant un bon coup… Je me sens juste bien, ça va aller. Sa tête posée sur mon épaule, j’entends sa voix s’élever. Mes doutes se confirment, et je me sens infiniment soulagé. Sérieux comme pas deux, je ne peux pourtant pas retenir un sourire en constatant la jalousie de mon vis-à-vis. Sa réaction au café s’expliquait soudainement. Doucement nerveux, je rigole à ces déclarations en le laissant continuer. Au moins, maintenant les choses sont clairement énoncées de son côté, et ça a le don de me donner une poussée de courage inopinée. L’éviter ? « Nope, c’est bien comme ça. » dis-je simplement avant de saisir ses mains pour me desserrer de son étreinte. Je pivote de 180° pour lui faire face. J’essaye d’avoir un sourire rassurant, tout en le regardant, confiant. Du moins, presque. Mes gestes sont peut-être incertains et maladroits, mais ma tête vient se poser sur son épaule, mes mains se resserrer sur son dos. Je respire calmement, mais sens clairement mon cœur battre à tout rompre dans ma cage thoracique. La honte. Enfin, je profite de cet instant pendant quoi ? Une bonne quinzaine de secondes, avant de me reculer doucement pour détacher mes bras et l’observer, souriant faiblement. Prenant mon courage à deux mains pour faire à mon tour un pas vers lui, j’approche doucement mon visage du sien. Mon sourire fané, mes lèvres se posent sur les siennes en un baiser timoré, tandis qu’une main tremblante – de par le froid ou mon anxiété – vient se caler doucement sur son cou, sous les traits de la mâchoire. Faîtes que ce moment ne s’arrête jamais.

Je le tenais dans mes bras et je n'osais guère y croire. A vrai dire, je ne songeais pas à effectuer ces premiers pas afin d'éclairer encore plus la situation. Impatient et confus, il fallait des réponses à toutes ces questions qui m'envahissaient l'esprit depuis un certain temps déjà. Tout ce que j'ai pu apprendre aujourd'hui c'était de profiter de cet instant avec lui, mon enlacement soudain et cette déclaration qui me mettaient du baume au coeur. J'étais si bien... impossible de décrire ce sentiment de bien être, je le désirais plus que tout.Oui Dongdong tu le désirais tellement... Ainsi mes mots sortaient tous seuls qu'une vague d’appréhension s’emparait de mes pensées. Allait-il de nouveau me repousser ? Je le serrais encore davantage contre mon étreinte refusant d'admettre un autre rejet de sa part. Je fus agréablement surpris lorsqu'il ne bougeait pas d'un pouce, mais d'autant plus quand il prit la parole. « Nope, c’est bien comme ça. » Les yeux écarquillés, je n'en croyais pas à mes oreilles et pourtant, je laissais ma joie s'exploser intérieurement en faisant apparaître un sourire sur mon visage. J'étais aux anges... ou bien dans rêve dont mon plus grand souhait était qu'il soit éternel ! Hors la déception se dessinait sur mon visage quand Tae Sun se desserrait de mon étreinte. Pourtant, je le laissais faire sans paraître ridicule à nouveau face à la situation. Serait-il embarrassé actuellement ? Je l'ignorais en restant sagement à ma place.

Il déposa également sa tête sur l'une de mes épaules, je me tues... ce silence ne pouvait pas mieux tomber pour admirer ce moment. Seuls nos corps parlaient, Tae Sun décida à son tour de m'enlacer. Je ne fus pas tellement surpris, mais plutôt ravie de le voir agir ainsi. A cet instant mon corps me brûlait d'envie de me serrer une nouvelle fois contre lui, passer ma main dans ses cheveux, mais lorsque je commençais à prendre cette initiative, il recula tout simplement. Son regard dans le mien, je l'admirais sans trop m'interroger. J'étais comme fasciné voir même charmé par son sourire. Il n'y avait plus aucun doute, je l'aimais... Et là je m'y attendais guère, du rapprochement de ses lèvres si soudain que je refusais catégoriquement de bouger. Je m'impatientais avec palpitations qu'il emprisonne mes lèvres et fus conquis lorsqu'il déposa celles-ci sur les miennes. Sa main accompagnait son baiser timoré en se logeant sur mon coup. Froide et tremblante, j'en avais également les frissons et ses papillons au ventre qui me poussaient à amplifier notre contact. C'était si agréable... je laissais un long moment d'hésitation avant de reprendre les rennes. Pourquoi hésiter ? Car tout simplement, je ne savais guère m'y prendre ! Fallait avouer que s'était une première fois pour moi, d'embrasser un homme malgré nos premiers échanges l'autrefois. Cette fois si je désirais un peu plus, envenimer les choses afin que ce moment soit d'autant plus magique. C'est ainsi que je goûtais chaque passerelle de ses lèvres, relevant ma main afin de déposer mon pouce ainsi que mon index sur son menton. Je savourais à présent le contact de sa langue entamant une danse longue et charnelle. Une sensation intense où je n'avais plus le contrôle de moi même, ni même des battements ardents de mon coeur, je me laissais tout simplement emporté.

Toutefois, je mis un terme à ce baiser décollant mes lèvres des siennes avec timidité. Nos regards se croisèrent et une envie irrésistible de lui sortir les trois petits mots, mais impossible. Honteux ou tout simplement timide ? Je n'osais guère sortir le moindres mots fallait avouer... je laissais le silence s'installer avant de sourire à nouveau et rougir en réalisant à quel point sa bouille d'ange était adorable. Décollant mon index et mon pouce de son menton, je glissais ma main le long de son bras afin qu'elle atterrisse dans la sienne. Pourquoi ce geste si soudain ? Je n'étais pas apte à réfléchir, je suivais mon envie à le tenir comme le ferait un couple sans songer qu'on était du même sexe. Mes yeux avaient également rejoint le mouvement fixant nos deux mains l'une dans l'autre, je souriais remontant mon regard droit dans le sien. Admirant une nouvelle fois son visage, il m'apparaissait comme une oeuvre joliment représentée. J'aimais immortaliser les images du blondinet afin de les ancrer dans mon esprit, mais cette envie revenait à chaque fois que mes yeux se déposaient sur ses lèvres. Les capturer puis les savourer davantage, j'ai tout simplement évité en plaquant tout bonnement mes lèvres au coin des siennes dans ce long moment de silence agréablement partagé.

Prude, je me surprends à devenir plus avide. Dong Jung a bien vite fait d’intensifier ce contact timoré, et si c’est une sensation bizarre qui prend le dessus dans un premier temps, l’envie de poursuivre cet instant magique me prend au ventre. Ma langue vient doucement jouer avec celle qui m’est offerte, quelques secondes… J'ai un petit soupir inaudible quand ses lèvres viennent à quitter les miennes. Sa main, dont le pouce et l'index avaient saisi mon menton, vient glisser le long de mon bras avant de se faufiler dans sa jumelle. Le regard posé dans ses yeux sombres, je sens mes lèvres s'arquer en un inepte sourire, trahissant à merveille ma béatitude. Ma main, elle, en revanche, reste résolument posée dans son cou, caressant doucement sa peau du bout des doigts. Silencieux, mon sourire s'élargit doucement quand je vois les siennes se courber à nouveau, tandis qu'il vient claquer un laconique baiser au coin de ma bouche.

Et maintenant ? J'ai juste envie de me blottir contre lui, le prendre dans mes bras, l'embrasser, encore et encore, jusqu'à n'en plus pouvoir. Je me sens incroyablement léger, et je suppose que mon air benêt trahit ce sentiment d'extase. Mon malaise a laissé place à cette douce et silencieuse euphorie. Oui, oui, silencieuse. L'avantage étant que maintenant, je n'ai plus besoin d'un flot de paroles pour détendre l'atmosphère. Grand bien fasse à Dong Jung, j'imagine ! Je suis bavard, et ne m'en cache pas, mais pour rien au monde je ne voudrais gâcher cet instant. Finalement, ma main logée dans son cou se retire, l'autre toujours dans la sienne. J'ai un dernier regard pour lui, avant que mes yeux ne se reposent sur l'horizon, toujours ce même sourire aux lèvres. Une petite bise souffle, m'arrachant un frisson, tandis que l'étreinte de ma main sur celle de Dong Jung se resserre doucement.

Après ces quelques instants de contemplation, mon intérêt se pose à nouveau sur lui, tandis que je demande avec un faible sourire ; « Qu'est ce qu'on fait ? » Me tournant tout à fait face à lui, je trépigne, mon sourire s’élargissant ; « J'ai frooooid ! » dis-je sur un ton faussement râleur, avant qu'un rire bref s'élève. Vrai que ça caille... Et je veux bouger, ou au moins rentrer à l'intérieur, sous peine de chopper mal. En attendant sa réponse, je me contente de le regarder. C'est étrange comme il ne faut pas grand-chose pour dissiper un malaise, tout juste quelques mots – même s'il faut avoir la foi pour les prononcer, c'est sûr. Après, je ne peux pas dire que je me sens parfaitement bien dans mes baskets ; chose logique, étant donné que je suis en terre inconnue. Disons plutôt que ce malaise s'est renouvelé en un sentiment plus proche de la curiosité et de l'attention soudaine. Même si je suis timoré pour l'instant, j'ai juste envie de profiter de sa présence, point barre. Bref, ça n’a pas grande importance.

Spoiler:

Sa main dans la mienne, je profitais de ce moment où on était que tout les deux au bout milieu de nul part. L'endroit s'offrant à une magnifique vue sur Séoul, je pouvais profiter davantage de la compagnie de Tae Sun. Mais je me contentais de dessiner son visage du regard ainsi que ses moindres faits et gestes. Dans le silence le plus total, j'aimais rester immobile sans songer à prendre la parole, c'était tout simplement inutile. Le contact de sa main dans la mienne me laissait me pousser des ailes caressant la face dorsale de celle-ci. Une agréable douceur au touché de sa peau laiteuse qui me laissait échapper un sourire coquet. Les yeux toujours ancrés dans les siens, je dédaignais à détacher mon regard même si à cet instant, mon coeur était sur le point de s'échapper de ma poitrine. Cette sensation jamais ressentie auparavant, pas depuis que j'ai rencontré Tae Sun ! Je ne me suis jamais posé les bonnes questions sur ma vie sentimentale, inconnu face à tout ça, c'était les bons mots afin de justifier mon statu sociale. Et pourtant, des sourires et des aveux m'ont été accordés par certaines filles de mon entourage... Pour au final, me traiter d'idiot face à mon impassibilité. A chaque moment qui s'offrait, je ne faisais que hausser les épaules sans trop remuer le couteau dans la plaie.

Je sentis sa main logée dans mon coup se retirer. Un léger frisson parcouru mon corps face à ce contact qui me réchauffait malgré tout, une partie de mon coup. Son regard quitta mes yeux, je m’interrogeais sur sa manière de penser, de voir les choses littéralement chamboulées par ce baiser tout en le contemplant toujours autant. Je me demandais à mon tour le déroulement des évènements, notre façon de nous comporter face à l'autre à présent ! Et pourtant, j'étais loin d'être le genre de personne à s'inquiéter pour pas grand chose. J'aimais vivre au présent, sans vraiment planifier à l'avance, mais là... j'étais perplexe ! Il me fallu quelques secondes de réflexions avant d'établir une déduction. Laisser faire ses envies et ne pas se précipiter, seul le temps est le meilleure bâtisseur de l'amitié, mais éventuellement de l'amour. Je soupirais suite à mes pensées, mais aussi au vent de fraîcheur qui nous enlaçait. Je sautillais désormais sur place en venant à mon tour contempler l'horizon. « Qu'est ce qu'on fait ? » Je finis par me stabiliser lorsque la voix de Tae Sun retenti ! De nouveau face à lui, je souriais à chacune de ses mimiques qui le rendaient encore plus adorable. Comment ne pas craquer avec sa bouille d'ange ? Je pouvais m’impressionner d'avoir tenu jusque là, enfin sans repenser au passage de la salle d'entraînement !

« J'ai frooooid ! » Un petit rire s'échappait de mes lèvres. Je finis par ôter ma veste et jouer le rôle du petit ami exemplaire. Sans plus attendre, je mis celle-ci sur le dos de Tae Sun tout en le regardant avec tendresse. Il pouvait me rendre fou... Je pris soin à le couvrir totalement et un réel plaisir de m'occuper de lui. La différence de carrure tournait à mes avantages, le blondinet était bien plus maigrichon que moi. Ainsi j'étais ravi de voir ma veste le couvrir totalement sans le lâcher du regard. Maintenant rassuré de le voir au chaud, je laissais la parole remplacer mon sourire afin de lui répondre. - Que désires-tu faire désormais ? Ma main se logeant à nouveau dans la sienne, je le guidais vers la porte de la sortie quittant cet endroit à la fois spectaculaire, mais aussi glacial... Je laissais un long moment de réflexion pour Tae Sun tant dis que nous descendons les escaliers sagement. Je ne voulais en aucun lâcher sa main et profiter de cette descente afin de savourer ce contact. Une fois en bas, je savais pertinemment que les choses ne seront plus les même avec le regard extérieur. C'était insensé pour un couple de même sexe de s'afficher aux yeux de tous, ça me frustrait...

Une fois atterrit en bas des escaliers, je fis en sorte que le blondinet se plante devant moi afin que je l'admire davantage dans le silence des plus complet. Mon sourire se redessinait sur mes lèvres, je finis par quitter sa main avec désillusion, mais je me laissais toutefois emporter par l'envie de plaquer mes lèvres sur les siennes. Aussitôt pensé, aussitôt fait, je l'embrassais rapidement, rien qu'un petit baiser pour estomper cette envie. Je pouvais désormais sourire de gaîté avant de rétorquer : - Tu as réfléchi à ce que tu souhaiterais ? Mes yeux émerveillés par le charme de Tae Sun, je restais admiratif devant celui-ci attendant sagement sa réponse !

HRP:

Décidemment bien trop froid. Je ne suis pas vraiment du genre à râler sans cesses, même loin de là ; mais je me dois de relever cette évidence sur la météo. Ca caille vraiment, et j’ai envie de rentrer, de bouger, ou de me blottir dans les bras de Dong Jung. Mais sitôt cette idée me traverse l’esprit, que je vois le concerné retirer sa veste pour venir la déposer sur mes épaules. Je frissonne doucement avant de m’enrouler dans le dit vêtement, déjà plus à l’aise, tandis que j’offre un sourire au jeune homme. Ma mimique m’est rendue, tandis qu’il me demande ce que je souhaite faire. Hm… Honnêtement, je suis pris de court ! Je n’en sais strictement rien. En toute honnêteté, je veux juste passer du temps avec lui, et ce même si notre changement soudain de relation me rend doucement gêné. Mais ça ira. Il faut ! Silencieux, mon sourire reste indemne tandis que je secoue la tête tout en haussant les épaules, exprimant ainsi que je n’ai pas vraiment d’idée quant à ce que nous pourrions faire. On a du temps devant nous, et malgré le temps, je n’ai pas envie de rentrer au centre culturel maintenant… Les auditions ne doivent pas encore être terminées, de toutes façons. Donc quitte à errer dans les rues, sans but précis, ça me va.

Sa main vient de nouveau saisir la mienne, tandis qu’il me mène doucement vers la cage d’escalier que nous avions emprunté plus tôt. Le temps d’une descente silencieuse, je réfléchis vainement à ce que nous pourrions faire, profitant bien davantage d’être à l’intérieur, et de la douce chaleur de la paume de Dong Jung. Je suis d’ailleurs bien pris au dépourvu quand ses lèvres se déposent rapidement sur les miennes, tandis que sa main quitte la mienne quand nous sommes enfin arrivés en bas. J’ai un regard pour ma main, désormais vide, et un petit regard interrogateur pour mon vis-à-vis. Dans un sens, je comprends. On ne réfléchit pas nécessairement avec autant de simplicité que je peux le faire ; je ne suis pas sujet aux prises de tête et mises en questions existentielles. L’éventualité de sortir avec un mec ne m’a jamais frôlé l’esprit, mais je n’en suis pas spécialement surpris… Contradictoire ? Non, peut-être juste terriblement simpliste. A quoi ça servirait de se retourner le crâne pour ça, de s’en étonner, ou même de s’en offusquer ? Si ce détail me paraît dérisoire, j’ai bien conscience que la tolérance n’est pas nécessairement d’actualité pour tous. Peut-être qu’être confronté aux regards extérieurs me confronterait bien plus à la réalité, allez savoir !

Bref. J’offre un doux sourire à Dong Jung quand il réitère sa question. Je rigole doucement, levant les yeux aux cieux tout en haussant les épaules. J’avance vers la porte qui donne sur l’extérieur, dont je pousse le battant. Mon regard revient à Dong Jung, et l’attendant, j’ajoute avec ce même sourire ; « J’en sais foutrement rien ! On verra bien, non ? »

Spoiler: