« Ah non.. non... Je crois que je fais juste une.. petite.. indigestion en fait. J'ai mangé trop de... » Mes sourcils se froncèrent. Imaginez-vous un peu dans la peau d'un paranoïaque qui a la phobie des femmes et qui veut soutenir son dongsaeng malade qui vient lui parler. J'avais émit l'hypothèse d'un empoisonnement. Si j'avais toujours la main au Cluedo, c'était bien un attentat ! Sur le plateau, avec de la nourriture aka Flacon de poison, par le Madame Rose... euh une noona je veux dire... Je m'égarai peut-être mais plus j'y pensais et plus cela me semblait probable. « … trop, oui j'ai trop mangé. » Je secouai la tête, balayant cette phrase, ne l'écoutant pas vraiment. Un scénario se tissait dans ma tête. Durant ce photoshoot, une femme avait voulu voir Ha Dong Soo, mon dongsaeng, souffrir. Cette femme, éconduite et désespérée de cet amour non-réciproque, lui aurait pris son cœur de la seule manière qu'elle le pouvait. Elle le fit battre de la seule façon qu'elle le pouvait : en étant une femme effrayante et l'empoisonnant.

Mes soupçons étaient totalement débiles, je le savais. Mais les regards de la noona non loin n'arrangeaient rien à mon état mental. Pourquoi nous regardait-elle ? C'était peut-être moi la cible ! Elle s'assurait qu'elle avait abattu la bonne cible ? Que ça faisait effet ? Je divaguais. Et il n'y avait qu'un seul remède à ça : m'éloigner de toute personne de sexe féminin et sauver l'estomac de mon cadet. Il fallait sauver l'estomac du soldat Ryan !
« Gomawo Hyung, jinjja gomawo ! » allons ! Me remercier ? C'était mon devoir de Hyung. Puis entre hommes fallait bien s'aider un peu de temps à autres face à la menace, non ? Je lui tapotai doucement l'épaule deux fois, histoire de ne pas non plus le secouer comme une bouteille de coca. On sait tous ce qui arrive dans ces cas-là... Pardonnez-moi pour cette comparaison un peu brute. « Mais... Noona pourrait nous aider, non ? » « NON ! ......... Euh non, Noona ne s'y connait pas trop. Allez viens par-là. » C'était moins une ! A crier comme dans Scary Movie, j'allais finalement passer pour un taré et c'est moi, à tous les coups, qu'on allait garder à l'infirmerie avec une camisole de force. Mais il était hors de question que l'on demande de l'aide à cette harpie... On aurait bien risqué d'y perdre un bras, voire pire et plus...

Puis à l'infirmerie, il y aurait tout pour lui, conclus-je dans ma tête. De quoi se reposer, des médicaments et du calme. « On est vraiment obligés d'aller si loin ? Noona a peut-être une voiture, et elle pourrait me ramener chez moi? » Mais il avait quoi à la fin avec cette noona ? « NON ! On... on-on ne peut pas lui faire confiance. Elle a des hallucinations. En plus, elle a la phobie des voitures. C'est pire que Sccoby-Doo à qui on ne donne pas de croquettes... Euh. Raconte-moi plutôt ce que tu as ! »
Cela valait mieux en effet. Plutôt que de me laisser inventer des mensonges avec des images aussi improbables... Je l'emmenais dans les couloirs tout en tendant l'oreille. Il allait falloir qu'on prenne l'ascenseur pour descendre et je me postais devant, n'écoutant pas ses éventuelles protestations.
« J'ai mangé trop.. enfin.. trop de chocolat. 5 boîtes... Hier soir... C'est pas passé je crois. » J'élevai un sourcil, surpris. Attendez, attendez, attendez. Que faisait-on de ma merveilleuse théorie sur le Colonel Moutarde, dans les studios avec le flacon de poison ? J'étais presque déçu. J'aurais voulu que ma théorie tienne un peu plus longtemps. Puis en plus, ça remettait 21 ans de Cluedo en question : TERRIBLE.
Je laissai néanmoins glisser un tout petit rire, mon cerveau travaillant sur autre chose. « Tu t'es finalement adressé à la bonne personne. En Australie, tous les 26 Janvier, c'était pareil. On mangeait trop en l'honneur de notre Beautiful Australia - j'imite mon père. Généralement, c'était les caramel offert à Noël pour le nouvel an et la fête nationale. J'ai passé des nuits en mode mort-vivant bronzage vert. » Je racontai ma vie avec plaisir. L’Australie me manquait oui et cette époque, un peu aussi. Ces moments en famille, tous les garçons, empilés les uns sur les autres. Verts car ils avaient tous trop mangé. N'empêche, je partais toujours au lit avec des chocolat et caramel en plus. "On ne sait jamais, si ça finit par passé. Demain, il y a école". Moi ? Un chenapan ? Un Tom Sawyer ? Non, c'est trop d'honneur et de crédit à m'accorder. Je culpabilisais toute la journée suivante et en plus, je finissais vraiment malade. Alors pour m'y connaitre en mauvais dosage de sucreries ingurgitées, je m'y connaissais un peu trop. Le pire dans tout ça, c'est que je n'avais toujours pas fait mon éducation : il arrivait encore fréquemment que je me retrouve l'estomac à l'envers...

L'ascenseur allait s'ouvrir quand une vision d'horreur me figea. Yung Calliope. AH NON. Pas maintenant, pas besoin de disputes maintenant. Non. Puis il n'y avait pas pire pour me discréditer auprès de mes hoobaes... Puis en voyant Wayne Sae Hee, c'était tout vu. Si Dong Soo ne mourrait pas de son mal de ventre ou de jenesaisquoi, cette dernière femme se chargerait du travail et m'ajouterai en plus sur son cadavre... « Dong Soo-ah, faut faire un peu d'exercice pour que ça descende. On va descendre à l'étage d'en-dessous en prenant les escaliers. Ok ? Ça ira, tu verras ! »
Je le tirai d'un coup ailleurs avant que ma maquilleuse et l'autre folle ne me tombent dessus.

Je prends les escaliers et décide d'allumer la lumière... Rien.
Attend, me lançai-je patiemment dans ma tête. Je réessayai alors... toujours rien. BON. Maintenant, fallait donner le change.
Comme si de rien était, j'entamais la descente dans le noir en tenant bien mon cadet. « Tu vas tenir, hein ? » Quoi ? Comment ça j'aurais dû le prévenir ? Le prévenir de quoi ? "Qu'il n'y a pas de lumière" Allons, il y a parfaitement de la lumière, je ne comprends pas moi -insert angel face here-

Je devrais avoir honte. Voilà ce que je m'étais dit. Et ce que je me dis encore en repensant à tout ça. Mais bon, cela faisait un moment que la honte et moi composions de paire et je m'en étais faite une compagne de misère très fidèle. Un peu trop... Regardez un peu, j'étais un Hyung pour Dong Soo et il semblait me faire confiance. Moi, je lui offrais un ticket pour les montagnes russes alors qu'il était malade. Pire, ma deuxième compagne de misère s'en mêlait et là, là, c'était du grand art. Du grand n'importe quoi en fait, pour parler franchement... « Euh...... Bah désolé, je ne savais pas. » Ah bah ça, certain qu'il ne savait pas. Même notre noona ne savait pas en fait. Je songeai ironiquement un instant à le lui apprendre. Mais d'une, ce n'était pas le moment, de deux il aurait fallu l'approcher et de trois, je doutais qu'elle puisse apprécier l'ironie dont j'étais moi capable de faire preuve. Vous savez, la tirade sur combien tout le monde ne peux être aussi altruiste et sympa que moi, bla bla bla...

Je le sentais sursauter à ma seconde exclamation... Si il finissait la journée vivant, il pourrait s'estimer heureux. Et si mon image de Hyung sympa n'était pas totalement brisée à la fin, je pourrais m'estimer chanceux. Cela faisait un moment aussi que la chance s'était faite la malle pour aller loin de ma vie... Cette aventure épique pour sauver l'estomac de Dong Soo ne m'annonçait finalement rien de bon. Je culpabilisai un petit peu d'avance. « Tu la connais aussi bien que ça ? La phobie des voitures... » Mes yeux devinrent aussi ronds que la bouche de Kang Ho Dong quand il est surpris (-pan-). Ah bah oui que je la connaissais bien. Mais pas comme il le pensait. Cette noona prenait son café juste à la même heure que moi, ce qui me força à changer mes heures. Elle prenait comme moi du tiramisu à la cafétéria et je devais passer avant elle pour prendre le dernier. Enfin, je savais où et comment soigneusement l'éviter... On ne pouvait pas vraiment dire que je ne la connaissais pas, si ? Hein ? Son nom ? Euh... ça me reviendra plus tard.
« Hyung, tu ne serais pas en train de te moquer de moi quand-même? » Je pâlis d'un coup et le regardai avec les mêmes yeux. Pour une fois que ce n'était pas le cas... Enfin, mes mensonges n'étaient pas méchants, ils étaient d'ordre vital cette fois pour moi et pour lui probablement.
« Mais non ! Bien-sûr que non, pas alors que tu es dans cet état. Je veille juste à ce que le meilleur soit fait pour toi... » Et dans le fond de ma pensée, ce n'était même pas faux : on ne pouvait faire confiance à cette noona, c'était une femme. Seul moi pouvait mener à bien mon dongsaeng et le protéger éventuellement des menaces alentours. Et ce de tout temps, malade ou pas malade. Quand je vous dis que ça part d'une bonne intention...

Je le mène sagement vers des lieux plus sûrs et plus adaptés à son problème. Et pour relever un peu la discussion, je n'hésite pas à raconter totalement ma vie. Mais personnellement, cela m'avait toujours apaisé quand Lukas et Aaron me parlaient de leurs journées ou expériences en tant que hyungs. Cela m'amusait et m'occupait l'esprit. Je n'avais pas la vanité de penser être capable d'en faire autant mais... Dong Soo me faisait penser à Liam et Liam, je lui faisais ça aussi.
Devant les portes de l'ascenseur, je finissais mon histoire ravit et en ayant le sentiment idiot d'être soudain grand, d'avoir fait du chemin. Le seul chemin que j'avais réellement fait, c'était celui jusqu'ici avec mon dongsaeng. Et quelque-chose me disait que ce chemin était loin d'être fini. « Ah.. Mh... Donc tu sais peut-être comment... m'aider alors? Avant que je ne prenne ce bronzage qui ne me tente pas trop.... Je l'ai déjà ?! » Encore une fois, je le regarde en essayant de piquer la fameuse poker face de Aaron... Je le regarde un instant en faisant passer un discret filer d'air entre mes lèvres pour me donner du courage. Pour aborder ça de façon sereine. « Non, non... Disons que les maquilleuses seraient juste jalouses et heureuses à la fois de ta petite mine pâlotte... Mais comme je t'ai dit, je connais ce stade et tu es loin de mon état du nouvel an ! Et ça la bonne nouvelle... et je ne te rassure absolument pas, n'est-ce pas ? » je déglutis, laissant tomber ma poker face pour faire apparaitre un air dépité et embarrassé. «Ca ira ! Tu n'es pas seul et très vite, tu te réconcilieras avec ton estomac... » Je passai sous trappe volontiers l'épisode "cuvette des toilettes" volontiers, histoire de ne pas ruiner le bel effort que je venais de réaliser.

... Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Et moi aussi, d'un coup, j'avais la nausée. Le wagon des montagnes russes s'était arrêté. Eh bien il venait de reprendre son terrible cours...
Quand je disais que le chemin n'était pas fini. En plus d'être pavé d'absurdités, d'anecdotes débiles, de maux d'estomacs et bien maintenant il était sombre. J'avais fuit, Dong Soo sous le bras et ne l'écoutant même pas, l'ascenseur plein de viles créatures féminines. Tout ça pour finir dans un escalier sans lumière. Et pour continuer dans le domaine de l'absurdité, je prétendais n'avoir rien remarqué. Mais c'était ça ou nous arrivions jamais à soigner mon cadet.
« J'ai de sérieux doutes, mais on est plus à ça prêt hein ? x__x et puis sinon... c'est peut-être moi hein... Mais ne serait-ce pas moins risqué de descendre avec de la lumière? » Je m'étonnais presque qu'il le remarque avant de me mettre une baffe mentale : une taupe sans lunettes l'aurait vu ! Mais sans rien dire d'autres, j'entamais la descente des marches. « Avec la lumière ? La lumière est allumée... Haaa... Je crains que ce soit une migraine ophtalmique ! Ne panique pas Dong Soo-ah, c'est normal et rien de grave. Le temps d'arriver au bon étage et tu verras clairement à nouveau ! » je me pinçais les lèvres, réprimant un petit rire. C'était affreux, mais je ne pensais pas qu'il me croirait. J'attendais venir le regard blasé "Hyung, tu te moques de moi cette fois hein ?" mais le temps d'en discuter qu'on serait loin de l'interrupteur.

La descente se passa calmement en-dehors de ça même si en fait... je m'étais pris le front contre une sorte d'applique sur le mur... Je ne vous dis pas le mal de crâne... Ni tout le self-control que j'ai dû rassembler pour ne pas hurler ou valser de droite à gauche. « Ce bruit, c'est encore l'ascenseur qui a coincé ? On a bien fait de ne pas le prendre au final ! » lançai-je pour ne pas que le fracas de la boîte-applique attire trop d'attention... Et pour donner du crédit à mon choix.
Je souris en ouvrant la porte de l'étage clé. Nous y étions. « On y est ! » rugis ma voix, triomphante. Le travail avait été long et éprouvant, j'essuyai d'ailleurs une larme de sueur à ma tempe avec mon poignet... et le vis ensuite bien rouge................. Fichus escaliers de pintade pas fraîche !
Encore une fois, je faisais comme si de rien était et avançai avec mon dongsaeng. « Reste plus qu'à atteindre l'infirmerie. Tiens bon ! »

« Gomawo Hyung ! » Il remerciait encore une fois ? D'un coup, je me disais que l'innocence, c'était réellement quelque-chose de beau. Ha Dong Soo ne semblait pas encore réaliser dans quelle galère je pouvais potentiellement le mettre. Il semblait me faire confiance malgré le début des plans zéro, pire, il m'en remerciait en abondance. Pour ma décharge, on ne pouvait pas dire que je ne me donnais pas du mal. J'avais vraiment l'intention de l'aider et de faire en sorte qu'il aille mieux. Je me serais même transformé en distributeur de Smecta s'il l'avait fallu pour le soigner. Cela nous aurait évité bien des ennuis inutiles... Ceci dit, vu dans quel délire on partait, personne nous aurait seulement pris assez au sérieux pour se moquer de nous. N'importe qui ce serait dit qu'on le faisais exprès et qu'on en faisait des caisses... Encore une fois, une pointe de culpabilité me troua l'âme et l'esprit, ma conscience tenant cette arme comme une escrimeuse de grand niveau...

« Pas vraiment pour tout te dire... Si je me fais gronder, parce que je suis malade, ça ne va pas faire avancer le schmilblick.. » Sur ce point, je le comprenais plutôt encore bien. Voire un peu trop bien. Dans le sermons de managers, j'étais passé cobaye de premier choix ! Et même quand je ne faisais absolument rien pour attiser les foudres des autorités supérieures, et surtout de répréhensions, et bien le destin s'en chargeait aisément pour moi en me refilant une des sept plaies d’Égypte.
Mais pour le coup, mon manager n'aurait même pas pris la peine de me gronder. Lui non plus n'aurait pas vraiment pris ça au sérieux... En fait, à part l'état de dongsaeng, il n'y avait rien de bien sérieux dans cette situation. Ah, si ! Il y avait aussi nos deux personnes, ce qui rendait les choses encore moins réalistes. On aurait voulu faire un gag qu'on n'aurait pas fait mieux que ça. Tout d'un coup, je pensais à me tourner vers les comédies niveau drama, j'avais visiblement du potentiel...

En voyant l'ascenseur... les deux créatures de cauchemars (oui, de cauchemars) à l'intérieur, j'avais vraiment pensé que les escaliers seraient une excellente idée. Une bien meilleure idée que de devoir passer le chemin à travers les tentacules de ces monstres déguisés sous un nom commun qui est "femmes". J'y avais cru, me disant qu'un étage, ce serait rapide. J'inventai même un tas d'excuses aussi bidons que conteneur à essence qui pourrissait près d'une station dans le désert en Australie. Plus trouée que celle-ci et ce n'était même plus visible, même plus matière...
Donc oui, cela devait être une idée brillante, pour remettre le contexte en place. J'y crus un petit moins en remarquant que la lumière ne s'allumait pas : un bâtiment comme celui-ci, c'était une honte d'ailleurs ! Du jamais vu. Mais je n'abandonnais pas cette idée, y tenant comme à la rambarde pour ne pas rater de marches ou foncer dans un mur.

Eh bien vous savez quoi ? Dong Soo-ah s'est chargé de rater une marche pour moi et m'emporta généreusement avec lui. « Je ne t'ai pas fait mal ? Excuse moi, je n'ai pas fait exprès ! Une migraine ophtalmique tu dis ? Je ne connaissais pas... Je ne savais même pas que ça existait... ça rends aveugle ? C'est effrayant °°..... » Je commençai à avoir moi-même mal au cœur avec cette chute. Mais tout devait bien aller... non ? Non.
Donc j'avais dit « ne pas rater de marches » : fait. Ou « foncer dans un mur », eh bien Jackpot ! Deux échecs pour le prix d'un. Ce n'était peut-être pas un mur, ça faisait presque plus mal : un mur, ça a l'avantage d'être plat, sans recoins, sans texture particulière... Je secouai la tête quelque fois, soutenant toujours Dong Soo... Il... m'avait dit quoi déjà ? Je balançai une énième excuse pour camoufler non seulement le bruit mais aussi ma perte de sens momentanée.

« Euh... donc tu disais ... Ah oui ! Les migraines ophtalmiques. C'est juste une baisse de vitamines je crois qui rend la lumière difficile à supporter... Ton mal d'estomac doit trop travailler... » En fait, je n'en savais pas grand-chose. Aaron m'avait bien expliqué mais... vous savez quand il parle médecine, il essaye d'en parler de façon pédagogique qu'une fois que j'ai lâché totalement prise.

L'étage de destination enfin. Je me dis : c'est fini, Dong Soo-ah ira bien et j'aurais enfin le sentiment d'être un bon Hyung et Sunbae. Mais évidemment, dans nos vies à tous deux, rien est aussi simple. Si mon cadet voyait certainement enfin (d'ailleurs j'avais précipitamment fermé la porte des escaliers pour ne pas qu'il voit), son ventre récupéra son plein potentiel de troll et bientôt, il précipita les pas du coréen vers des toilettes. Ils étaient où d'ailleurs ici ?
Dong Soo allait dans tous les sens et je me disais, en continuant ainsi, on irait pas bien loin. Ou en tout cas, sûrement pas aux lieux appropriés. Alors je m'arrêtai net et regardai autour de moi. C'est les gens que je cherchais des yeux : un homme de la trentaine au téléphone, une enfant avec sa grande-soeur, un monsieur avec un ventre défiant celui d'Obélix et... enfin ! Une meute de femmes qui cocotaient à 30 kilomètres à la ronde : fraîchement maquillées et pomponnées... Berk.

Sans ménagement, j'attrapai le grand malade et le kidnappai. Direction les toilettes en ignorant les bécasses qui nous observaient avec de grands yeux. « C'est par là, Dong Soo-ah, ça va aller camarade ! » A côté, sauver le soldat Ryan, ce n'était absolument rien ! De la pacotille ! De la gnognotte même... Et c'est avec ce même esprit que je le laissai entrer. « Non mais quelle idée de cacher les toilettes dans une contrée aussi lointaine aussi... » Je commençais à pester en me dirigeant vers les miroirs... observant une belle entaille sur ma tempe ... oh, c'était curieux ce liquide rouge qui y perlait................ Grandiose, on avait un blessé ! Un blessé inutile qui plus est... « Dong Soo-ah, je vais chercher quelqu'un à l'infirmerie pour t'aider ! Ne bouge pas et ne panique pas, d'accord ? Je reviens vite ! » Je passai quand même un coup d'eau sur ma tempe avant de filer hors de là.

Maintenant, il fallait trouver l'infirmerie. NG était généralement un endroit de paix où tout se passait plutôt bien. Seulement là et niveau organisation, même une Thalassocratie, et j'en rajoute même, une Thalassocratie sous l'eau, amphibienne, était bien plus envisageable et ordonnée que ce que l'on vivait là. Plus réaliste aussi (car soyons franc, je n'y croyais plus trop aux Thalassocraties). Mais qui sait ? Il n'y aurait peut-être pas de femmes dans une telle société, non ? Je me retins de pousser la réflexion plus loin, évitant des théories sur les sirènes...
Je bloquais enfin la cible, voyant une pancarte avec une croix rouge dessus. J'y fonçai, entrai sans ménagement et hurlai que quelqu'un avait besoin d'aide. La réponse ne se fit pas tarder... j'aurais préféré. « Du calme, jeune homme ! Que se passe-t-il ?! Oh mais c'est une belle blessure que vous avez l- HEY ! »
Il fallait que ce soit une FEMME ! Pourquoi il fallait toujours que ce soit des femmes ? Je n'avais pas attendu qu'elle finisse pour partir comme un gros malpoli et retourner dans les toilettes. Une starlette s'y trouvait et hurla à mon entrée. « GOUJAT ! » « C'est toi la goujate là ! Tu fais quoi chez les toilettes des hommes ? Pffu ! C'est qu'il y a des perverses en plus... » « Hein ? Ce sont les toilettes des femmes, abruti... »

Et là mon monde s'écroule. Le territoire si sécurisant des toilettes devint une zone de grand danger...

Chers amis, voici le sauvetage le plus foireux de l'histoire de la NG. Peut-être même qu'il était le plus foireux de la Corée du Sud ces dernières années !
Je n'avais jamais autant sortis de bêtises ou de petits mensonges et pourtant, il ne s'agissait même pas d'échapper à une bonne idée d'un de mes grands-frères. Car d'habitude, c'était bien le seul genre d'évènements qui me poussaient à faire des montagnes de mensonges.

Un simple aller à l'infirmerie se transformait en vrai guerre mondiale. Vous savez quoi ? Je pense même que certains cameramen de la NG auraient dû nous filmer ! Cela aurait fait un documentaire très intéressant sur le côté débile de vos stars favorites...
« Ooooooooooh.... Kurekunaaa. » Encore une fois, ma culpabilité trouva le moyen de doubler de taille et elle en arrivait à chatouiller ma conscience. Heureusement, il fuit jusqu'aux premières toilettes qu'il trouva et ce avant que ladite culpabilité ne me dépasse carrément. Je n'avais plus qu'à le soutenir et aller me rendre enfin réellement utile. En allant par exemple quelqu'un de plus doué que moi pour soigner un autre. Un personne qui n'inventerait pas des migraines ophtalmiques à tout va et des symptômes improbables juste pour faire oublier son propre problème. Je vous rassure, mes frères pensent réellement à me faire consulter quelqu'un comme ça, un médecin quoi.
J'étais sorti sans perdre trop de temps, après tout, ça faisait de nombreuses minutes que je faisais tourner en bourrique le pauvre et adorable Dong Soo et à ce rythme-là, on serait bien capable de faire le tour de la planète pour des raisons plus absurdes les unes que les autres. Et il n'irait pas mieux pour autant.

Ma question maintenant, c'est pourquoi ? Pourquoi à chaque fois que je veux bien faire les choses, que je commence enfin à revenir sur le chemin de la normalité et de la gentillesse, pourquoi lorsque je suis d'une bonne foi sans limites et sans fond, pourquoi fallait-il qu'à ces moments-là, une femme vienne tout ficher en l'air ? Non, je ne savais pas que l'infirmerie était tenue par une infirmière et non pas un médecin, un homme. Je l'ignorai et maintenant que j'en avais fait la découverte, croyez-moi que je ne risquais plus d'y mettre réellement les pieds.
Puis bon, comme si ça n'avait pas suffit, en revenant dans les toilettes - affolé comme pas deux vu que j'avais l'infirmière sur les talons, je me retrouve nez à nez avec une folle dingue perverse qui me traitait de goujat. Non mais c'était une caméra cachée, hein ? Dong Soo me faisait une énorme blague et bientôt, tout le monde allait sortir de sa cachette en riant et applaudissant, n'est-ce pas ? J'attendais en regardant la chose en train de vociférer devant moi. Les sourcils froncés pour montrer qu'elle m'agaçait en plus de me faire perdre mon temps, mon attention fut quand même capturée par la sortie de mon hoobae.
« C'est de ma faute... Je ne me sentais pas bien, alors on s'est un peu précipités... Hyung n'est pas un goujat ! » Quoi ? Maintenant il allait laisser dire que c'était de sa faute à lui ? J'ouvris la bouche, mécontent et n'y croyant pas. Pourquoi on donnait raison à ce dragon ambulant ? Puis peut-être bien que j'étais un goujat après tout.

« Ouais, ouais, c'est ça, je ne suis pas encore un goujat. Question de temps ! Non mais maintenant ça va être de ta faute, tu es malade ! Elle n'a pas à baver la limace... » j'avais marmonné ça en même temps qu'il finissait sa phrase et en commençait une autre. Mais quand il me pointa du doigt, je daignais doucement m'arrêter de déblatérer et élevai un sourcil. Quoi ? Qu'est-ce qui allait encore se passer ? « C'est du.. d-du... Hyung, tu saignes ! Tu saignes Hyung ! Du sang ! Du sang ! Ah tu es blessé ! Hyung ! Du s-... » Cette fois-ci je fronçai encore les sourcils et me passai la main sur ma tempe, y ramassant quelques jolies perles écarlates qui roulèrent doucement sur mes doigts. Ah oui... c'est vrai... j'avais oublié. « Que ? » me disais-je avant de reporter mon attention sur Dong Soo.

J'aurais prié tous les dieux, tous les saints, toute la planète pour ne pas que le bruit énorme de chute que je venais d'entendre soit mon jeune compagnon, mais aucune de ces entités n'étaient de mon côté en ce jour, il fallait bien l'avouer. Je regardai la femme de toute à l'heure en fronçant les sourcils : « Bah ne reste pas là ! Il a besoin d'air ! Il faut appeler le Samu ou les pompiers ! Ou part au moins ! Seigneur, touchez-la de votre grâce ! » je changeai d'interlocuteur sans arrêt avant de me précipiter aux côtés de mon cadet et vérifiant sa respiration. « Ne m'abandonne pas Dong Soo, pas avec la présence de sorcières autour de nous ! »
Et c'est là que, comme si elle m'avait entendu, l'infirmière entra dans les toilettes et resta givrée devant la scène pitoyable sous ses yeux. « On arrête les blagues maintenant. Tu m'aides à le porter à l'infirmerie et je m'occupe de tout ça... » Sa voix était si cynique et autoritaire que je m'en sentis coupable. Je venais de me faire réprimander alors que je m'étais levé d'un coup, le corps plaqué contre les cabines des toilettes (comme pour faire corps avec et passer donc inaperçu, des fois que). Mais j'obéis néanmoins, peu fier et peu content mais Dong Soo ne méritait pas que je l'entraîne plus dans ma folie.

Quelques minutes plus tard pourtant, je me disputais déjà avec la femme. Je refusais d'être enfermé avec cette pieuvre d'autant plus que j'étais persuadé qu'elle n'avait rien pour le soulager. Alors comme le borné que je suis, je lui ai écrasé le pied et ait emmené Dong Soo loin de ses tentacules... pour aller droit dehors. Je cherchai un instant une insigne verte qui clignotait sous les yeux ébahis des passants... Faut dire que la folle qui me suivait, une chaussure en moins, n'aidait pas à nous faire plus discret... et encore moins mon arrivée triomphante à la pharmacie.

« J'AI BESOIN DE QUELQU'UN ! NOUS SOMMES MENACÉS DE MORT ! Et une pieuvre nous poursuit aussi... »

Et voici comment Nate et Dong Soo se rendent à la pharmacie...
Ils n'avaient rien contre la pieuvre mais ils ont bien voulu faire un truc pour les deux cachalots qui venaient d'échouer sur leur plage...