J'ai l'impression, en y repensant, que ma vie a toujours été que solitude, surtout lorsque mon enfance me revient à l'esprit. J'ai toujours été fils unique et à l'heure qu'il est, je ne pense que ça ait une infime chance de changer. Fils d'une famille de bourge, j'ai connu une éducation très stricte et, j'en souffrais. Mes parents voulaient que je reprenne les affaires de la famille, autant la politique où mon père excellait, que dans la riche et grande entreprise de chaînes d'hôtels aux Etats-Unis, où ma fameuse mère siège. Moi, ce n'était pas vraiment ce qui me bottait. D'autant plus que j'en ai passé des week-ends à la maison, des week-ends où je m'ennuyais et me demandais à longueur de temps ce que faisaient les autres enfants de mon âge en ce moment-même. Tout seul, dans mon énorme chambre, avec mes jouets, je ne savais pas quoi faire. Je pouvais avoir ce que je voulais grâce à la fortune de mes parents, mais une autre présence enfantine me manquait horriblement dans ma vie. Mais ça, croyez-le bien que je ne vous le dirais jamais. J'ai ma fierté.

En grandissant, j'ai découvert que j'avais des bonnes notes partout, dans toutes les matières, sans aucunes exceptions. Peut-être était-ce à cause des soirées passées à réviser les leçons avec mon professeur attitré ? Oui, j'en avais un, en plus des cours à l'école. Alors je pense que finalement, j'avais une longueur d'avance sur les autres élèves de la classe. Mes parents étaient heureux, surtout lorsqu'on leur disait que leur cher fils était un génie. Moi aussi, j'en étais fier, mais après ? Ça m'apportait quoi à moi ? Ça faisait le bonheur de mes parents, mais pas le mien. Je ne m'étais jamais vraiment interrogé là-dessus; de quoi avais-je besoin pour vivre ma vie le mieux possible ?

L'informatique et la musique. Au fur et à mesure de mes années scolaires, j'ai compris que je m'en sortais comme un dieu en technologie tandis que la musique n'avait plus de secret pour moi. A mes quatorze ans, j'ai commencé à jouer du violon et de la guitare électrique, deux instruments de musique qui me tenaient à coeur. Depuis je m'y suis énormément amélioré et tous les jours j'en joue des deux, pour mon propre plaisir. C'est aussi à cet âge-là que mes talents en informatique m'ont fait gagné de fortes sommes d'argent. Dans les grandes entreprises, plus précisément dans le domaine de la bourse, on m'a connu pendant trois ans sous le pseudonyme de Falcon, hackeur professionnel pour leurs comptes. Je gagnais beaucoup grâce à ça, je n'en étais pas peu fier.

Alors que je pensais vivre de ça pendant un bon bout de temps encore, une rencontre a changé ma vie. Enfin, non. Cette première rencontre n'a pas été celle qui a changé totalement ma vie, même si elle m'a fait comprendre énormément de choses. Un jour, vers mes dix-sept ans, tandis que je me baladais tranquillement en ville, écouteurs dans les oreilles, une femme m'a abordé, sans trop de timidité. Elle m'a avoué m'avoir observé pendant un bon moment avant de se décider à venir me voir. Elle m'a demandé comment je m'appelais, l'âge que j'avais et tout ça. Elle m'a ensuite dit qu'elle était un agent de l'agence qui venait d'ouvrir, la New Generation. Elle me proposait là, sous mes yeux, un contrat de mannequin. Elle disait que j'avais tout à fait le physique pour. J'ai accepté son offre, même si mes parents n'étaient pas trop pour au tout début. Je dois vous dire qu'au commencement de tout ça, j'étais confiant. Je me disais que j'allais enfin pouvoir gagner ma vie, même si hackeur ne me déplaisait pas, loin de là. Peu après, on m'a intégré dans un boysband nommé Strawberry Fields avec trois autres garçons du même âge que moi environ quoique deux des trois gars étaient un peu plus âgés. Autant vous le dire tout de suite, je ne garde pas de très bons souvenirs de cette période. J'ai d'ailleurs dû mal à en parler.


L'ambiance dans le groupe, c'était la merde. Il faut le dire, c'était pas vraiment une ambiance cool comme les groupes d'aujourd'hui qui, pour ma part et pour le peu que j'en ai vu, s'entendent super bien. Là, sur quatre gars, il n'y en avait que deux qui bossait. Moi, et le Leader, Yang Dean. Au début, je me disais que les deux incapables allaient bien finir par bouger leurs fesses mais finalement, j'avais beau me rendre malade tous les soirs dans la salle d'entraînement, rien ne changeait. Je tenais tellement à ce que le groupe réussisse, je voulais tellement que l'on soit connu et qu'on ait des fans, nous aussi. Mais voilà, comme si cela ne suffisait pas d'avoir deux larbins dans notre groupe, il a fallu qu'en plus Dean se mette à créer un scandale juste avant qu'on débute. Oui, on devait débuter en même temps que le célèbre groupe que je gère actuellement, UBKI, et donc avant, ils étaient mes rivaux. Bref, cet imbécile a crée un scandale et est parti à l'armée, m'abandonnant complètement avec ces deux gignoles qui foutaient archi-rien. Oui, je lui en veux. Oui, ça m'énerve. Tellement de choses m'énerve à son propos. Il ne sait pas et il n'a jamais su à quel point je l'admirais, à quel point je me donnais à fond pour le groupe et que c'était aussi, une certaine façon pour arriver à son niveau, pour qu'il me remarque. Alors après cet évènement, le groupe a continué à trois. Enfin, on pouvait vraiment dire que j'étais tout seul à bosser, les deux autres foutaient toujours rien. J'en avais marre, je ne savais même pas comment j'avais pu en arriver là. Résultat, le groupe a coulé aussi vite qu'il a débuté. En même temps, comment vouliez-vous que cela marche ?

L'ambiance était toujours aussi mauvaise, mais je crois qu'au départ de Dean, elle s'est aggravée, parce que je commençais à en avoir sérieusement ras le cul qu'ils ne bougent pas le leurs. Alors sur les plateaux, on se disputait pas, on faisait semblant de former une bande d'amis hyper soudés mais au final, dans les coulisses, c'était à peine si l'on pouvait s'adresser la parole sans se gueuler dessus. J'ai même finis un jour par me battre physiquement avec eux, j'avais complètement atteins mes limites. Il a fallu que l'on nous sépare, j'ai donc moi-même faillis créer un scandale, comme notre ancien Leader, un peu plus tôt et je crois que si l'on ne m'avait pas arrêté à temps, je les aurais littéralement tués sur place. D'ailleurs en parlant de lui, je ne comprends pas comment il a pu partir de cette manière. Lui que j'admirais tellement, je crois qu'il est la personne que je hais le plus à présent. Comment a-t-il pu partir sans me donner à moi des quelconques explications ? S'il savait comme je lui en veux. Mais non, il n'en a rien à faire.

Le groupe s'est finalement dissout et j'avais pris la décision de quitter officiellement le monde de la musique, même si c'était une de mes plus grandes passions. C'est une période que je déteste encore aujourd'hui. Pourtant, on m'a suggéré de devenir manager. J'ai donc fais ensuite les études nécessaires afin de le devenir. Aujourd'hui, je gère le duo UBKI. Oui, mes rivaux d'avant, lorsque j'étais membre de Strawberry Fields. J'aime mon métier et je n'échangerai ma place pour rien au monde. Je veux qu'ils se donnent à fond, parce que même si je les envie d'avoir réussis, je ne veux pas qu'ils coulent d'un seul coup. J'y tiens, et je sais que parfois, je suis dur avec eux, mais c'est totalement pour leur bien. Je les aime bien et ils savent que je ferais tout pour qu'ils réussissent. Je n'aime pas l'idée d'avoir perdu, et encore moins l'idée possible de perdre une deuxième fois.

Récemment, je me suis rendu compte que si je voulais que Dean me remarque, c'était parce que je ressentais des sentiments très forts pour lui. Mais ça n'a fait que de me faire souffrir encore plus. Je ne veux plus entendre parler de cet idiot de Leader qui est parti sans me donner d'explications. Je pensais que ces sentiments avaient disparus aussi vite qu'ils étaient arrivés mais apparemment, je m'étais complètement trompé. Et autant vous dire que la rumeur qui disait qu'il avait soi-disant un enfant, ça ne m'a pas rendu encore plus heureux. Je fais mon travail comme je peux, en essayant de ne pas trop y penser et de chasser ces foutus sentiments qui m'énervent à un point inimaginable. Je me prends la tête pour un rien, mais ça me saoule. Je l'aime autant que je le déteste.. J'ai juste envie qu'il disparaisse de ma vie.