« Pourquoi je devrai raconter ma vie ? Ca ne regarde que moi. De toute manière, les gens ne sont pas intéressées par le passé, ils se font leur propre opinion dès la première rencontre ou en écoutant les rumeurs. Ça ne servira donc à rien, la seule personne qui doit me connaitre c’est moi-même ! Et personne d’autre, c’est mon jardin secret, si vous préférez. »

« J’aimerai juste mieux vous comprendre mademoiselle Kim. Nous savons très bien que vous n’êtes pas bien dans votre peau et pour comprendre ce qu’il vous empêche d’être heureuse, je dois connaitre toute votre histoire… »

“Mademoiselle So Yeon est une jeune femme qui semble tout à fait forte et fière mais qui est réalité ne l’est pas tellement. A chaque séance, j’ai pu en apprendre plus sur elle et maintenant je pense la comprendre… même si elle n’accepte toujours pas de m’écouter. En tant que psy, ce n’est pas la première fois que je suis confrontée à ça alors je vais parvenir à la changer, même un peu… Voici le bilan de nos séances précédentes…’’

« Bon d’accord. Mais je ne sais pas par quoi commencer. … Mon enfance ? Bien… »

J’ai grandis dans un cadre familial assez aisé, je ne vous le cache pas puis vous êtes consciente de ça dès le premier jour. Mon père est un grand avocat et ma mère est la fille d’un homme d’affaire influent. J’ai toujours baigné dans le confort, c’est le cas de le dire. Mais en contrepartie, mes parents n’étaient pas toujours présents ; à cause de leur travail en autre. Je ne leur en veux aucunement, après tout j’ai grandi ainsi et ça me paraissait normal. Sauf qu’au bout d’un moment, le fait de voir mes camarades aussi proches de leurs parents… ça m’a fait un peu mal et je me suis sentie quelque peu délaissée. Mais au final, je n’étais jamais seule pour autant. J’avais mes nourrices et mon frère aussi. Je m’amusais souvent avec d’ailleurs, on était assez proche à l’époque… Depuis petite j’ai toujours eu tout ce que je voulais alors vous savez, c’était normal pour moi de faire des caprices. Puis je pense que c’était une manière de ne pas me sentir seule, parce qu’au moins je voyais que je comptais pour eux malgré leur absence. Ils m’offraient toujours des cadeaux, c’était une habitude. Du coup… je suis assez difficile.

Je pense que ce qui m’a le plus marqué dans mon enfance, c’est surtout le fait d’être sans cesse surveillée par tout le monde. J’avais une santé fragile et je chopais toutes les maladies qui traînaient et c’était encore pire pour moi… Du coup mes parents s’inquiétaient tout le temps pour un rien. A peine je toussais, que je me retrouvais chez les médecins pour plein de test inutiles. Une fois j’ai eu une allergie, et on aurait presque dit que j’étais en train de mourir… ma mère exagère toujours tout. Elle aime se faire remarquer je pense… c’est de famille apparemment. A part ça, le fait d’être aussi surprotégée avait un désavantage, et pas des moindres. Il y avait beaucoup de choses que je voulais faire mais que mes parents ne me laissaient pas essayer. Le cheval par exemple. Ils voyaient le mal partout. Avec le temps ils ont arrêté d’être aussi excessifs et donc j’ai pu vivre plus librement mais tout de même, ce n’était pas facile à cette époque. Mais bon encore une fois, malade j’avais beaucoup de cadeaux pour me faire passer le temps.

« L’adolescence… c’est autre chose … »

Auparavant à cause des inquiétudes de mes parents, je prenais des cours à la maison et j’ai donc commencé ma scolarité au collège et au début j’étais un peu perdue. Me retrouvais tout à coup seule à suivre un rythme que je ne connaissais pas, ce n’était pas évident. Mais finalement ça me plaisais et puis j’étais entourée de personnes de mon âge avec qui je passais de bon moment. En somme le collège était assez agréable. Mais je n’étais pas vraiment bavarde et tout ça, j’étais très calme et très sérieuse. Je l’ai toujours été. Les professeurs m’appréciaient et faisaient toujours des éloges quand mes parents venaient les rencontrer. Et moi j’adorai ça, qu’on dise du bien sur moi, ça me rendait dès plus fière. De plus j’ai toujours voulu que mon père soit fier de moi. Parce que j’ai énormément d’admiration pour lui, pour ce qu’il a accomplie dans sa vie sentimentale mais surtout professionnel. Mon grand-père maternel n’était pas pour le mariage de mes parents au début mais mon père s’est battu pour le faire changer d’avis et lui montrer qu’il n’était pas un homme ordinaire. Et pour ça, sa carrière le prouve. Il a commencé en bas de l’échelle mais s’est battu pour réussir. Et malgré les procès difficiles ou les scandales ; il a toujours su rebondir et ne pas se laisser abattre. C’est un vrai modèle pour moi et j’ai toujours fais en sorte de lui montrer que moi aussi, j’étais aussi forte et motivée que lui. En fait je crois que mon rêve c’est d’être au même niveau que lui….

Le lycée…. Vous savez quand vous grandissez, vous apprenez doucement à mieux vous connaitre et vous avez parfois des complexes. J’en avais, comme beaucoup. Je faisais tout le temps attention à mon poids d’ailleurs mais en même temps je voulais qu’on me trouve jolie, je voulais recevoir les compliments, je le cache pas je suis comme ça. Jusque-là, rien ne semblait vraiment inquiétant pour autant mais vous savez il y a parfois des gens jaloux. Lorsque mes camarades de classes ont appris qui était mes parents, leur avis sur ma personne a changé. Je suis devenue le centre d’attention, pour mon plus grand plaisir. Mais en réalité je ne savais pas pourquoi ce soudain intérêt… On voulait toujours que j’accompagne tout le monde ou que je paye parfois. J’ai bien finit par comprendre qu’ils m’utilisaient pour le patrimoine de mes parents. Je n’étais pas bête, juste naïve. Ainsi j’ai mis trop de temps à m’en rendre compte, j’ai même honte de ça. J’étais vraiment une fille fragile. J’étais une pleurnicharde alors quand je me suis rendue compte que je n’avais pas vraiment d’amis, ce fut difficile et je ne savais même plus à qui faire confiance, je suis devenue un peu trop distante je pense, des personnes qui n’avaient pas de mauvaises attentions à mon égard. Mais… je ne voulais pas être prise pour une idiote. D’ailleurs j’ai affirmé mon caractère à ce moment et j’ai dit toute la vérité à ces pseudos amis, de manière un peu méchante peut-être. Certaines filles n’ont pas appréciées. C’est ainsi qu’on commençait les rumeurs à mon sujet. Pas bien méchantes mais pas faciles à supporter au départ mais… j’étais amoureuse alors j’oubliais peu à peu ce qui se disait à mon sujet… si j’avais su….

« Un premier amour… qui a dit que c’était magique ? »

Il était sportif, plutôt intelligent et populaire. Il était charmant aussi, en fait il semblait un peu trop parfait. Et c’était le cas, il était jeune je pense et ne voyait peut-être pas le mal… que dis-je c’était juste un idiot, comme tous les autres ! Sa sœur était dans ma classe, ma pire ennemie en fait mais ça je l’ignorais. Je ne sais pas comment elle a fait mais elle persuadé son frère de s’amuser avec moi. Une vengeance, je ne sais même pas pourquoi. J’aime me venger mais ne faut-il pas une raison pour ça ? J’étais pourtant adorable! Enfin, je suis sortie avec ce garçon pendant quelques mois, trois mois je crois. J’étais vraiment amoureuse et naïve. Et un jour il m’a largué. Le pire c’est qu’il a fait ça devant toute ma classe alors tout le monde en parlait. Moi, je lui avais tout donné, je lui avais confiance comme à personne mais j’en avais été idiote… j’en ai souffert alors que j’aurai du m’en rendre compte. Il y a des signes qui ne trompent pas. J’ai pleuré oui, pendant de longues heures avant de décider de me relever, comme mon père l’aurait fait parce qu’en fait, pleurer ça ne sert strictement à rien !

Je suis retournée en cours. Mais je n’étais plus la même, en fait tous les mauvais sentiments accumulés ont éclaté et je n’avais qu’une envie, me venger, leur montrer que je n’étais pas une fille fragile dont on pouvait se moquer. Non, loin de là. Fièrement et forte, comme si j’avais confiance en moi, j’ai marché le long des couloirs comme si c’était la première fois. Une nouvelle So Yeon en fait. J’étais un nouveau-né et tout était nouveau pour moi et tout à coup je voyais les choses différemment. Je n’allais plus me faire avoir. Dès le début j’ai entendu les gens marmonner dans mon dos mais étrangement, ça me faisait plaisir. J’étais au centre de l’attention, on parlait de moi, tout le temps. J’adorais. Et puis c’est ainsi que j’ai commencé à me comporter comme une peste et à donner raison à certaines rumeurs. Le lycée, c’était devenu mon air de jeu. En cours, j’étais cette élève sérieuse et assidue avec un bulletin exemplaire mais une fois terminé, j’étais la peste de service. Mais certains adoraient ma nouvelle notoriété et me collaient pour eux aussi entendre parler d’eux. Que des mensonges mais je m’en foutais en fait. Parce que ça, je le savais et je n’étais plus naïve. « Avez-vous été… persécutée ? » Je l’ai été, une fois. Je pense aussi que c’est pour ça que j’avais encore plus envie de me montrer forte. Ces personnes n’ont jamais tenté de m’intimider à nouveau après ça. Au contraire. « Et vos complexes ? » Aux oubliettes, du moins en apparence…

« L’université, le calme ou presque… »

En grandissant j’ai décidé de me lancer comme prévu dans la même voie que mon père, c’est-à-dire le droit afin de devenir avocate à mon tour. Il était vraiment heureux de mon choix pas comme mon frère qui est devenu idole, ça il n’aime pas. Je pense qu’il voulait qu’il travaille dans l’entreprise de mon grand-père, enfin au moins mon frère est heureux.. Je me suis donc lancée dans les examens d’entrée à l’université et j’ai réussis sans problèmes et sans surprise. J’ai donc pu commencer la première étape. Et ce fut un nouveau départ, à nouveau. Je me suis calmée je pense, je suis surement devenue plus mature. Je voulais qu’on parle de moi mais cette fois, je ne voulais pas entendre dire que j’étais une garce, volant le mec de tout le monde. Les gens connaissaient ma famille et mes notes alors j’étais respectée et à nouveau on venait vers moi pour la popularité. Peu importait. Moi je venais pour étudier et pour qu’on parle de moi. Pour résumer, à l’université je suis assez populaire mais en bien, la plupart du temps… En tout cas je me comporte sagement et je suis plus mure qu’à l’époque ; Mais à côté, je crois que mon gout pour la fête s’est un peu trop développé. Je sors énormément en club et je bois un peu –bon je deviens miss pleurnicharde et miss bisous mais ça vaut le coup- j’ai déjà essayer de mauvaises choses ... peut-être. En fait j’adore le gout du risque. Et puis j’ai toute ma place dans ces fêtes. Là-bas, je ne connais personne et je n’ai rien à craindre, on peut dire ce qu’on veut, c’est mon élément. Je danse, je drague… je m’amuse. La vie est courte après tout ! « Mais vous êtes fiancée mademoiselle ! » Et alors ? Oui je suis fiancée mais c’est le choix de mes parents il n’y a aucun amour dans notre relation… enfin je crois. Alors j’ai tout à fait le droit de profiter de ma jeunesse et d’être libre.

« Vous pouvez me parler de votre fiancé ? S’il vous plait. » Pourquoi vous insistez sur lui ? Enfin, si vous voulez… Il ne vivait pas loin de mon quartier et nos parents se connaissent depuis longtemps même si on ne s’est rencontré que lorsqu’on était au lycée. Je me souviens qu’il était un peu en froid avec son père, et qu’il se la jouait rebelle. Si vous aviez vu son style de l’époque, pitoyable. D’ailleurs il croyait me faire peur et avoir de quoi être fier mais je l’ai bien rembarré et je crois qu’il n’a pas aimé. Depuis, on est un peu comme chien et chat… Le problème c’est qu’il a accepté les fiançailles et que moi, je ne peux pas décevoir mon père alors je laisse faire. Mais je ne veux pas l’épouser. Alors je compte bien le faire annuler en lui rendant la vie infernale. « Vous ne l’aimez pas ? » Hein ? Ben je n’ai tout simplement pas envie de me marier avec une personne d’aussi proche de ma famille. Enfin le mariage, je m’en fous, de toute façon, je ne veux pas tomber amoureuse alors peu importe la personne… mais lui, je ne sais pas pourquoi pas mais ça ne me plait pas. Et puis, la seule raison pour lequel il veut me marier c’est pour regagner l’estime de son père… pas pour moi !

« J’ai une question. Est-ce que vous avez toujours voulu devenir avocate ? » Oh, drôle de question. Bien sûr que oui. Enfin, cela me semble naturel de le devenir. Je veux suivre les traces de mon père après tout et il adore ça alors oui, je pense avoir toujours voulu l’être. Quoique… depuis le lycée, il m’est déjà arrivé de critiquer, de donner des avis franc et pendant un temps je me suis demandée si être journaliste ou présentatrice était intéressant … mais c’était juste comme ça, je suis une future avocate !

Oh et puis ça m’énerve cet interrogatoire. Vous me faites dire des trucs que je n’ai jamais dits à personne, c’est déstabilisant. « C’est ça mon travail, apprendre à vous connaitre dans les moindre détails et vous faire vous accepter vous-même en prenant conscience de vos peur et… » Je vais très bien, je suis forte et je n’ai peur de rien !

‘’Bilan : Sa carapace semble bien profonde et lui faire avouer ses complexes risquent d’être difficiles !