!"On dit que les oiseaux sont libres dans le ciel, mais la vraie liberté n'est pas celle d'avoir un endroit où se poser ?"

Je regarde à travers la vitre de la berline qui est venue me chercher avec mes hommes dans laquelle je suis installée pour me rendre dans ma résidence. Je caresse Inuki et me replonge doucement dans mon passé. Les souvenirs sont ancrés au fond de nous et, nous pouvons les fuir. J’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs vies tellement j’ai vu de choses qu’une femme ne devrait jamais avoir vu. Un endroit où se poser hein ? C’est la question que je me pose… Je n’ai jamais eu d’endroits où me poser réellement encore moins de liberté..

Je suis née à l’aube du 10 mars en 1989. Tous attendaient un homme, j’avais un frère aîné Feilong mais, ce dernier est né avec un retard mental. Pour notre père, ce fut une honte. Pour reprendre le clan le plus puissant de chine actuellement, il lui fallait à tout prix un héritier fort. Il a toujours pensé que son deuxième enfant serait un garçon en bonne santé mais, quand une sage-femme est allée le prévenir que mère m’avait donné naissance en tant que fille, sa joie fut de courte durée. Au lieu de venir auprès de Mère… Il a préféré continuer jouer dans son casino avec d’autres membres de la famille et ses hommes les plus proches. Mère a vécu enfermée avec des femmes à son service dans un pavillon jusqu’à ce que la maladie l’emporte. Une petite maison secondaire. Je ne l’ai vu qu’en tant que professeur de musique et, je n’ai jamais su qu’elle était ma mère jusqu’à sa mort. Père n’a jamais apprécié le fait qu’elle lui donne deux enfants « immondes » comme il le disait souvent. Même mon grand frère vivait avec mère. Tous les deux ne pouvaient sortir où ils le voulaient. Il fallait une autorisation de mère. Des oiseaux en cage ils étaient. L’existence de mon frère, n’a jamais été dévoilée. En chine il y a une règle stricte sur les naissances. Des taxes sont ajoutées aux familles qui ont plus d’un enfant contrairement aux autres pays qui, reçoivent des aides selon le nombre d’enfants. Malgré tout, j’étais en bonne santé et, mon père qui a puni ma mère pour ne pas lui avoir offert un garçon digne de ce nom m’a élevé comme un garçon.

Vous connaissez l’histoire de Lady Oscar ? Ma vie ressemble beaucoup au personnage d’Oscar François de Jarjayes. A quelques différences près. Avant même que je ne sache marcher ou parler. Les triades chinoises qui descendent des shaolins, m’a plongé très tôt dans ce monde des arts martiaux et de musique. Père aime beaucoup la musique et, c’est la seule chose qu’il permit à mère de me déléguer en lui interdisant de dire que j’étais son « fils ». Il m’a toujours surnommé « fils », jamais fille. Je me rappelle que je n’ai jamais porté de robes ou autres. Des vêtements d’hommes, des cadeaux qu’on offrirait à un petit garçon et encore.. Mon éducation ? Elle fut ensanglantée ? Dans les triades nous avons des rituels comme tous clans mafieux de notre envergure. Très jeune, j’ai assisté à la pratique en silence et y ait participé moi-même. Le tatouage que je porte en bas du dos, je l’ai eu très jeune. Il m’a été fait avec une dent de requin. Si cela a été douloureux ? Oui. Réellement à l’ancienne que j’en ai pleuré mais, un garçon ne pleure pas. J’ai crus que j’allais mourir mais, les hommes de mon père m’ont maintenu de force pour que je ne pleure pas. Des gifles ? Je n’ai jamais connu ça.. J’ai connu pire. Les coups et pas seulement à mains nues non, cela aurait été trop simple. Des coups de bambous je m’en suis prise avec le fouet. Surtout quand, je commettais une fausse note dans mon jeu ou dans mon jeu de jambes ou bien encore le maniement du sabre.

Père a toujours exigé l’excellence. J’ai souvent été regardée de haut jusqu’à mes 12 ans. Avec dédains. J’ai même été chauve jusqu’à cet âge. Comme les garçons shaolin, qui sont chauves, puisque j’étais sensée être un garçon, je l’étais tout autant. Il me regardait toujours avec dédain. Me donner et m’avait donné des missions d’espionnage dans un premier temps avant de me mettre à l’assassinat. Rien de mieux qu’une couverture d’une musicienne pour gagner la confiance des adultes et, particulièrement d’un enfant. Mes journées ? Je les passais à l’entraînement contre mon maître et mon père qui se chargeaient particulièrement de mon entraînement. Puis, le reste du temps, c’était à mes cours et instruments avec mère jusqu’à son décès. Mes mains étaient souvent en sang. Mon corps était souvent parsemé d’hématomes et d’éraflures. Je ne compte plus les fois où le médecin de la famille est venu. En même temps j’appris que la douleur était dans la tête. Le taichi et le kung fu m’ont appris à oublier la douleur en même temps, vu les coups je commençais à en avoir l’habitude. Je me suis intéressée à l’acupuncture avant mon douzième anniversaire pour me soigner moi-même et, aussi les autres. Cependant, ma vie n’a été que solitude. Je ne parlais jamais. Ne laissez jamais un sourire transparaitre sur mon visage comme mes larmes. Si je le faisais, je me faisais frapper. Un homme ne pleure pas. Je n’ai vécus que dans un milieu d’homme, la seule touche féminine était la musique si on peut dire comme ça. La musique est le reflet de l’âme et, ce n’est qu’à travers-elle que je baissais ma carapace.

"On se demande parfois si la vie a un sens. Et puis, l'on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie."

Mon cœur était de pierre. Qu’importe ce qu’on me crachait à la figure, je faisais tout pour plaire à père et montrer aux autres que bien que je sois une femme, j’étais digne de reprendre le clan. Je ne retenais plus mes coups et, je devenais toujours plus forte. L’amour ? Les sentiments ? Pour être franche, j’ai été pendant longtemps qu’une marionnette dans les mains de mon père. Une sorte d’arme ultime. Il m’a envoyé au Japon chez le clan Asami pour mon douzième anniversaire. Je me rappelle des trois héritiers qui s’étaient moqués de moi avant que je rabatte le caquet au dernier de cette fratrie. J’étais un garçon pas une fille pour qui la vie n’avait aucun sens. Vivre dans ce clan de Yakuza fut difficile mais, on me respectait comme mon rang d’héritier me l’accordait. Bien entendu on a dit beaucoup de choses à mon sujet et dans mon dos… Mais, je le fis payer chère. Puis, je n’étais plus la bête de foire des trois héritiers Asami. La bête de foire fut ce petit garçon dont je me rappellerais encore son regard. Un fils illégitime. Je vais être honnête, je me fichais bien de lui comme de ses frères. Pourtant, j’avais l’impression de me revoir en lui, surtout quand son entraînement débuta.. Je ne me serais jamais intéressée à lui s’il n’était pas venu vers moi et avait fait preuve de douceur. Le premier homme a avoir fait preuve de douceur et d’attention envers-moi. Je revenais d’un entraînement où je fus mise mal en point. Il n’était pourtant pas dans le meilleur que moi mais, je me rappellerais toujours qu’il m’a bandé mon poignet cassé et qu’il m’a souri. Le premier qui m’a traité en tant qu’être humain. Son prénom… Asami Ryu ! Il fut aussi celui qui a risqué sa vie pour moi quand je fus prise en otage peur de temps après… Il était plus faible que moi et pourtant, je l’ai trouvé plus fort que moi. Il a supporté des coups pour moi. N’a pas pris la fuite pour me laisser à mon triste sort.. C’est à ce moment-là, que ma vie prit un sens. Je me suis jurée que je vivrais pour lui. Pour le protéger.

« J'ai trouvé une raison de vivre, je veux vivre pour elle »

Pour lui, je suis devenue plus forte. Je suis devenue aussi son mentor et son soutient comme il était devenu le mien. Je lui ai appris le piano et les langues. Il me souriait tout le temps et faisait tout pour que j’arrête d’agir comme un homme. Que malgré mon physique, j’étais belle intérieurement alors que moi, je me trouvais laide. Mes mains étaient pleines de sang comme les siennes avec le temps mais, il était toujours là pour les autres. J’ai eu des missions à ses côtés comme avec son frère Akira. Avec eux et au fils du temps je laissais pousser petit à petit mes cheveux. Ce fut même Ryu qui m’offrit en premier un ruban rose pour m’attacher les cheveux avec une montre à gousset musicale. Je suis partie à divers endroits pour faire certaines missions mais, je lui téléphonais toujours. Après tout, il m’a fait jurer de ne pas me faire tuer. Et, cette promesse j’ai bien eu du mal à la tenir mais, je me suis battue de nombreuses fois pour ma survie. Je crois que si ce n’était pas pour lui… Cela ferait longtemps que je ne serais plus de ce monde.

Mademoiselle nous sommes arrivés !

J’ouvre les yeux et, sourit doucement à mon homme de main avant de sortir de la voiture aidé. En effet, ces trois dernières années j’étais en mission en Corée du Nord où je suis allée quelques fois en Russie. Une mission de grande envergure pour le clan. Caprice de mon père. En me disant que je devais le prendre pour un honneur de servir mon clan et mon pays. C’est la musique encore une fois qui m’a servi de couverture et qui m’a sauvé la vie en quelque sorte. Je n’ai pas eu de contacts avec Ryu ou bien encore ses trois frères. Je suis revenue il y a peu de cette mission où je me suis prise deux balles qui m’a plongé dans un comas pendant un mois. A mon réveil il y avait mon père et les hauts placés. Je crois que c’est la première fois que mon père a fait preuve de son attachement envers-moi. Peut-être parce que mon frère nous a quitté pendant ma mission ? Où qu’il a vraiment cru me perdre ? Malgré tout, la mission d’infiltration qui m’a été confié fut une réussite mais, pour mon père.. Il m’a demandé de ne plus agir comme un garçon. Qu’il serait temps désormais que je pense un peu comme moi et, que j’agisse comme une femme. D’ailleurs, m’a avoué qu’il m’avait fiancé à l’une de mes connaissances pour officialiser pour de bon une alliance. J’appris aussi que Ryu était partit de son clan pour s’installer en Corée. Cette nouvelle ne m’a pas surprise. Ryu est trop gentil pour ce monde « obscure » même s’il est doué. Très doué. J’ai décidé de continuer ma convalescence en Corée pour le revoir. Voir qu’il va bien et, voir s’il a réussi à trouver son bonheur. C’est tout ce que je lui souhaite puisque..

«"Ton bonheur est le mien Ryu chan et nous allons bientôt nous retrouver".»

En effet, j'ai décidé de prendre comme couverture pendant ma convalescence, un poste au sein de la même agence que Kanzaki Ryu anciennement Asami Ryu. Je veux comprendre ce qui le pousse à vouloir prendre soin des autres et voir, si moi aussi je serais capable d'être autre chose que ce monstre. Je ne suis plus la même. Depuis que j'ai goûté à la mode et tout, je suis vraiment très féminine à ma façon. Je rattrape le temps perdu pour certains et goûte aux plaisirs d'être une femme et non un homme.