clic. Le petit bruit, à peine audible pour les oreilles humaines, fit quand même s'envoler l'oiseau perché sur son arbre, décevant l'enfant qui le regardait d'en bas de l'arbre, ses deux pieds bien trop enfoncés dans la terre mouillée. Elle s'était encore enfui, à peine vêtue cette fois-ci, n'ayant pas regardé le temps qu'il faisait dehors, trop pressée car elle savait que ses parents reviendraient d'un instant à l'autre.
zoom. Un nouveau petit bruit qui, cette fois-ci, raisonna dans le silence de la forêt. La photo était sortie de son appareil photo. Elle l'a pris en main, la secoua un peu, puis regarda le résultat, les yeux pétillants. Sur la photo, on voyait l'oiseau trônant l'air fier sur sa branche, intouchable et libre, indomptable et majestueux. Elle eut un sourire heureux, sortit ses pieds de la terre avec difficulté, et reprit sa marche, poussant les différentes branches qui ralentissaient son avancé.
Elle n'avait pas le droit d'être là, et cela, elle le savait. Sa mère, son père, même sa sœur ne cessaient jamais de le lui répéter. Elle pouvait se blesser, se perdre, ou même encore pire selon eux : se faire enlever. Mais pour elle, cette interdiction n'était qu'une tentation supplémentaire. Elle voulait savoir pourquoi cela lui était si interdit, et finissait par braver tout les dangers pour rendre sa vie plus excitante, rajoutant à son argumentation qu'être enlevé serait une nouvelle expérience, une nouvelle aventure. Avec tout les films d'action qu'elle avait vu, un kidnappage avait l'air d'une attraction plutôt qu'un danger, et puis, même si elle aimait sa vie, elle avait tout de même bien envie de voir ce qu'était celle des autres.
On n'entendait rien d'autre que les bruits de ses pas dans la terre mouillée, et les petits grésillement des insectes de part et d'autre du chemin qu'elle se traçait. La forêt était de plus en plus dense, la lumière passait de moins en moins bien à travers les feuillages, et bientôt, elle eut l'impression d'être une aventurière en pleine exploration de la forêt amazonienne, et continua alors son chemin avec encore plus de vigueur. Elle savait que d'ici peu, sa famille remarquerait son absence, mais elle n'en avait que faire. Ils mettront une éternité à la retrouver, et cette éternité lui laissait largement le temps de tout visiter.
Elle avait beaucoup envié les oiseaux, elle avait beaucoup envié les autres animaux. Ils avaient l'air si libre, si heureux. Ils n'avaient pas de contrainte, pas de règles à respecter et pas d'ordres à recevoir. Elle aurait aimé être un simple animal... Mignon de préférence, un petit oiseau, ou un lapin. Ce qu'elle aurait vraiment aimé être un écureuil, ou un hérisson (c'était siiiii mignooon, comment y résister ?) Elle n'aurait alors pas eu besoin ni d'être intelligente, ni d'être polie, ni bien coiffée, ni bien habillée. Soudainement, son pied se coinça sous une racine, et elle s'étala de tout son long sur le sol. Elle n'aurait pas non plus eu besoin d'être propre.
Bientôt, elle entendit la voix de sa sœur hurlant son nom à l'entrée de la forêt, et elle sut qu'il était temps de faire demi-tour. Elle observa un instant les arbres tout autour d'elle, et partit, laissant la nature reprendre son cours sans elle.
***
« Hana ? » La nommée releva rapidement la tête, surprise d'entendre son prénom. Elle se leva de son lit, alors qu'elle était tranquillement en train de lire un magasine, et ouvrit la porte pour répondre à sa mère.
« Tu viens ? On va faire les magasins ! » Sa mère était sûrement la personne la plus agréable qu'elle ait connu. Toujours souriante, elle aimait s'occuper et prendre soin de ses deux filles depuis toujours. Elle avait une présence apaisante, et quelque soit la situation, elle n'arrivait pas à être dure envers elles. Elle a toujours été son modèle, la personne qu'elle voudrait être plus tard, et comptait bien sur le fait que cela se réalise.
Sa garde robe avait presque entièrement été refaite durant cette séance de shopping... Comme d'habitude avait-elle envie de dire. Sa mère ne savait pas dire non, et ne souhaitait qu'une seule chose : lui faire plaisir. Elle avait vécu dans une famille qui ne lui avait pas permis d'avoir ce qu'elle voulait, et elle en avait beaucoup souffert, alors ne souhaitait pas que ses enfants subissent la même chose. Du coup, Hana était beaucoup trop choyée. Sa chambre ressemblait à celle d'une princesse, et sa vie était comme un conte de fée. Mais heureusement pour elle, elle n'était pas des princesses arrogantes, mais plutôt de celles qui voulaient vivre la vie normalement.
***
C'était au mariage de sa soeur que sa vie prit un tout autre tournant. Elle avait rencontré l'homme de sa vie sans même s'en rendre compte. Ils avaient d'abord été amis, les meilleurs d'ailleurs, toujours fourré ensemble, collé l'un à l'autre sans jamais se lasser. Elle n'aurait jamais cru que leur relation pouvait évoluer à ce point, elle n'y aurait d'ailleurs même pas pensé. Lorsqu'ils s'étaient rencontré, comment aurait-elle pu imaginer que le gamin aurait été, bien des années plus tard, son fiancé ? Celui avec qui elle voulait vivre sa vie jusqu'à la fin, la personne qui comptait le plus à ses yeux ?
Malheureusement, son père n'était pas de l'avis de la laisser vivre de la façon qu'elle souhaitait.