Enroulé dans des draps, j'ouvre soudainement les yeux. Je me redresse vivement et regarde autour de moi. Je ne connais pas cet endroit. Un réveil m'indique qu'il est sept heures moins dix. Bon sang, qu'est ce que je fous là ? Je me frotte les tempes et essaye de me souvenir la veille au soir. Mon esprit est encore un peu embrumé par un sommeil profond. Le lit est étrangement confortable, la pièce petite et chaleureuse, décorée avec goût. Pour sûr, je ne suis pas chez moi. Je me faufile en dehors du lit, enfile mes vêtements négligemment posé au pied du lit. Habillé, j'enfile mes chaussures et vais jeter un coup d’œil à mon reflet dans le miroir mural. A voir une bonne blessure au niveau de mon arcade sourcilière, je me souviens. J'avais eut des emmerdes avec un client, hier soir. Je savais que j'avais pas la moindre chance de m'en sortir, donc j'ai essayé de me barrer en courant, mais l'autre m'en a collé une mauvaise. Je découvre quelques petits hématomes à l'épaule. Je me rappelle ; cet abruti m'avait plaqué au sol avant de me cogner à ce niveau-là. Par chance, je m'en suis sorti sans rien d'autre, mais mon sourcil avait bien morflé.

J'avais croisé cette gonzesse qui venait parfois au magasin. A voir ma tronche, elle m'a emmenée chez elle, ici, pour désinfecter ma plaie. Vu l'heure tardive, elle m'a ordonné de rester dormir ici. Fatigué, j'ai accepté sans trop râler. J'arrange rapidement mes cheveux d'un coup de main et sort de la chambre. L'appartement est plongé dans la lueur bleutée du matin. J'avance un peu à tâtons, et trouve une porte au bout d'un couloir. Certainement la porte d'entrée. Je m'y faufile sans faire de bruit, sans prendre la peine de remercier mon hôte. Je me sens légèrement froissé. Énervé qu'on ait du me prêter main forte... Pourtant, je ne peux nier que je me sens étrangement reposé, bien plus que d'habitude. Je jette un coup d’œil à mon portable. On est samedi. En d'autres termes, pas de boulot pour aujourd'hui. En fouillant dans mes porches, je trouve quelques petits sachets qui me restent de la veille. Je décide donc de faire un tour à la planque pour rendre tout ça, histoire de pas me faire pincer avec ça sur moi.

Je passe une bonne partie de ma matinée à flâner. Je reste un petit moment avec mes collègues de l'ombre avant de m'éclipser. Aux alentours de midi, je me trouve à errer à Insa-dong. Je regarde vaguement les vitrines, pas vraiment intéressé. Je pense toujours la veille, la vague à l'âme, et pensif. Je suis bientôt ramené à la réalité quand je suis bousculé. Je me retourne vivement, mon épaule me fait mal, exactement à l'endroit où j'ai été cogné la veille. Je vois un petit gars, qui continue son chemin comme si de rien n'était. Je foudroie du regard cette silhouette maigrichonne, et la suis sans chercher à comprendre pourquoi je suis aussi énervé. Je lui tapote l'épaule, il se retourne. C'est un petit bout d'homme, le visage rond, les traits assez androgynes et juvéniles. En d'autres termes, la physionomie type du gars qui reste dans les jupes de sa mère. Le genre de gars que je voyais au lycée et à qui je cherchais des ennuis sans d'autres raisons que celle de vouloir intimider. Autant dire qu'il ne sera pas une exception.

Je me pare d'un sourire mielleux et enfantin. « Il n'y a pas de mal. » dis-je d'une voix douce. Il me demande alors si j'ai une autre raison pour l'avoir suivi. Je garde cette expression au visage et reprends ; « Si c'est bien pour ça, c'est juste que tu as oublié quelque chose. » Plantant mon regard sombre dans le sien, je poursuis rapidement dans un doux sermon ; « Fais plus attention à l'avenir. » Je lève la main et attrape l’encolure de son t-shirt, que je tire brusquement en avant. « Compris ? » dis-je sur un ton qui n'a plus rien de semblable.

C'est risible. J'en fais peut-être effectivement trop, pour pas grand chose. Mais bordel, j'ai mal à l'épaule, moi ! Mais bien plus que l'envie de lui passer un savon et avoir de plates excuses, c'est l'envie de lui chercher des noises qui guide me pas. Une pulsion irréversible, irrésistible même. Comme à chaque fois que je vois quelque chose de trop mignon, trop discret, trop inaperçu, qui prétend à l'affection de tous. Un concentré de tout ce qui m'énerve, de tout ce qui est à mon parfait opposé. Tant de niaiserie, de douceur que je meurs d'envie d'écraser de mes propres mains. Ce gars là me semble être un bon exemple. Non. Il en est un, j'en suis sûr et certain. Ce teint pâle, cette peau sûrement douce, ces cheveux parfaitement coupés, qui encadrent ce visage délicatement dessiné. Tant et si bien que c'en est écœurant. L'ironie du sort a voulu que j'ai un visage quasiment similaire. Si l'on me regardait de prêt, et que je faisais l'effort d'esquisser de un de ces sourires affables, je donnerais sûrement une impression semblable. Si avoir cette bouille de gosse me fait perdre de la crédibilité, elle a néanmoins de bons côtés. Elle peut-être un alibi à elle seule, quelque part.

Je suis pourtant étonné. Je ne m'attendais pas vraiment à ça de la part de ce gars. Qui aurait pu croire que ce type allait me répondre de la façon la plus blasée qui soit, pas effrayé ou énervé le moins du monde ? Ma main se ressert sur son col. Il croit me faire lâcher prise comme ça ? J'ai une patience incroyable quand je m'amuse, et je ne partirai pas tant que ce crétin ne se sera pas terré six pieds sous terre. « Oh, mais je fais ça par égard pour toi. Ça sera dommage que ta tronche soit abîmée par quelqu'un d'autre, tu penses pas ? » dis-je par prétexte. Tu parles ! Comme si j'en avais quelque chose à faire. Et d'ailleurs, le jeune semble commencer à se rebiffer en me demandant le lâcher. Je ressers encore un peu le poing et lui offre un nouveau sourire, tout en le foudroyant du regard ; « Tu préfères peut-être qu'elle finisse dans ta gueule peut-être, ma salle patte ? » Bon sang. Son calme m'énerve.

Il saisit mon poignet, fermement, et le rabaisse. Ce geste a de quoi m'étonner, surtout. « Hey, mais c'est que t'arriverais presque à rattraper tes airs de chiffe-mole. Presque. » dis-je un sourire en coin. Je relève ma main, et viens frotter mon sourcil blessé, qui me démange un peu. L'autre reprend la parole et... Il fait quoi là ? Il essaye de caresser dans le sens du poil, c'est ça ? Je fronce un sourcil et tente le coup ; « Le jeu ? Quel jeu ? » dis-je sur le ton de l'interrogation. « Ben vas-y, dis que j'suis un connard fini ! » Je m'illusionne pas trop à ce sujet, hein... Mais il a l'air particulier ce petit gars, j'ai bien envie de voir s'il a des nerfs aussi costaud qu'il sembler vouloir le faire croire.

« Mais c'est qu'il se fait menaçant le petit. » dis-je avec un sourire narquois. Je pose une main au creux de son épaule et le pousse en arrière. Il pense vraiment qu'il va me faire peur, du haut de sa petite taille, et se sa carrure maigrichonne ? Je ne cherche pas vraiment les coups. Mais provoquer un gugusse comme lui qui se croit sûrement plus fort qu'il ne l'est... C'est tellement tentant. Et mine de rien, je serai curieux de le voir essayer de m'en décocher une. Même si à priori, cette idée me fait plus rire qu'autre chose. Je laisse d'ailleurs un petit rire méprisant s'élever, tandis que mon regard sombre reste posé sur lui. « J'pourrais presque finir par prendre peur. » finis-je par ajouter dans un murmure en insistant sur le « presque ».

Il continue avec ses menaces. Du flan, j'en suis sûr. Je garde ce sourire méprisant en coin. Une joute verbale bête et méchante, ça me change quelque part. Mais il n'empêche que ses airs de Reine de Glaces, avec son calme glacial, ça m'énerve. Vraiment. Je me contente de le regarder en silence, cette expression suffisante au visage. C'est certainement le mieux à faire pour l'instant ; ne pas prendre ses paroles au sérieux. Qui sait, peut-être qu'avec ça il sortira de ses gonds, et qu'il réalisera au final que ce sont souvent les plus petits qui aboient le plus fort ? Je lui montrerai cette vérité avec joie, en tout cas.

Le petit gars s'en attaque à mon amour propre. Que dis-je ? A ma virilité, carrément. Un nouveau rire s'élève. Je le toise du regard, de haut en bas. Il a une vraie carrure de gonzesse, ce type. « Tu veux qu'on compare, peut-être ? » dis-je sur le ton de la plaisanterie cynique. En tout cas, à sa façon de dire que tout ceci est risible, ce gars ne peut-être qu'un intello qui ne sait que se défendre avec de piètres paroles. Raison de plus de trouver que c'est une chiffe-molle, malgré ses menaces de m'en coller une. « De nous deux, j'me demande sérieusement qui est le plus risible. J'pencherais plus pour l'intello qui menace de cogner, du haut se sa carrure de gonzesse. Étonnant, tu trouves pas ? »

J'arque un sourcil. Me traiter de connard tout seul ? Heu, non. Mais c'est trop tard pour me rattraper, de toutes façons.De toutes façons, je n'ai pas de temps à perdre à ma justifier, surtout face à un gars qui me tape sur les nerfs. « Tu me cherches? » suis-je tout juste bon à dire. De toutes façons, je n'ai pas le temps d'ajouter grand chose, que le gars vient à nouveau me tacler, ayant vraisemblablement vu ma blessure à l'arcade sourcilière. Je me crispe encore un peu. J'ai pris une sacrée raclé, c'est claire. « Dans le genre, t'es pas prétentieux toi. » finis-je par marmonner. Il se prend pour qui ce gars, sérieusement ? J'ai hâte de le voir perdre toute sa crédibilité en tout cas. « Tu penses pouvoir en faire de même ? » dis-je dans un sifflement, le foudroyant du regard. « Allez, casses-toi. Chiffe-molle. » j'ajoute, en articulant soigneusement sur les deux derniers mots.

Et ça jacasse, ça jacasse... Pire qu'une gonzesse, je vous dis. Vraiment. Ça essaye de se défendre, de se convaincre qu'il va m'en coller une, de se dire que c'est pas un intello qui essaye de se la péter... En somme, tout ce qui me fait rire et m'exaspère. En même temps, un gars qui n'est pas un premier de la classe m'en aurait déjà foutu une. Je me borne à ma vision des choses ; ce gars essaye de m'en mettre plein la vue avec sa rhétorique et ses paroles pour me dissuader d'arrêter de lui chercher des broutilles. Chose que je pourrais faire. Mais que je n'ai pas envie de faire. Plus notre joute avance, et plus je me dis que ce qu'il me raconte, ben... C'est du flan, ni plus, ni moins. S'il était vraiment ce qu'il prétend être derrière ses allures de nana, il m'aurait déjà frappé, non ? Donc par un raisonnement clair et simple, on en arrive à cette conclusion. Ce gars est bel et bien une chiffe-molle.

Cette conversation vient de moi, je l'admets. Mais c'est lui qui l'a envenimé. Et un peu moi aussi, d'accord. Mais elle m'agace. Plus que ma colère n'est véritablement piquée – même si elle l'est, fierté blessée oblige – mes poings commenceraient presque à me démanger. Rien que pour le plaisir de cogner, je le reconnais. Mais aussi pour l'envie de lui fermer son clapet. Au final, je n'ai que du temps à perde. L'aubaine de ne plus être dans le circuit traditionnel des lycéens comme lui. Personne ne m'attend, et j'ai vraiment tout mon temps. Mais peut-être pas pour des tergiversations qui ne prendront jamais fin. Parce que répondre, ça serait à nouveau me prendre des attaques verbales, qui ne feraient que m'énerver davantage. Or, je pense l'être déjà assez pour être prêt à frapper.

Je le laisse donc poursuivre, de marbre. J'écoute une à une ses critiques, ses piques. Mais je ne prends pas sur moi. Ô grand jamais, je n'endurerai les attaques et critiques d'un petit gars comme lui. A ses dires, j'aurais aussi une carrure de gonzesse. Je serais aussi prétentieux. Ce qui est vrai, je l'admets. Il continue à pinailler, à me convaincre de choses auxquelles je ne croirai sûrement jamais. J'avais eut un espoir quand je l'ai entendu me répondre pour la première fois. Mais au final, à l'entendre jacasser et me tacler encore et encore, je commence à perdre ces maigres espoirs de faire face à quelqu'un de potentiellement intéressant. Pour l'être, il aurait fallu qu'il frappe dès notre petite dispute entamée.

Il ne prend pas même en compte le congés que je lui donne. Une opportunité pour que je le laisse tranquille, définitivement. Pour qu'il reste un beau parleur dans mes souvenirs, que je n'aurai pas encore amoché. Je m'apprête à répliquer et à frapper, lassé de toutes ces promesses... Qui ne sont pas si vaines. Il commence à me pousser, doucement. Je fronce les sourcils. Encore une drôle d'impression. Étonné qu'il s'en prenne physiquement à moi, enfin. Mais énervé, aussi. Agacé de voir que je me suis fourvoyé à son sujet ; ce gars sait effectivement frapper. Sans la moindre once de pitié. Il m'assène un violent coup de genou en pleine zone sensible. Je me plie de douleur, mes mains s'appuyant sur mon bas-ventre pour essayer de calmer la couleur. Je suis poussé en arrière, mes jambes menacent de rompre d'un moment à l'autre. Je sens des larmes de douleur poindre aux coins de mes yeux. Mais de colère aussi. Pourtant, si je suis terriblement en colère contre ce gars, je ne peux m'empêcher de reconnaître que ce côté bagarreur bien caché derrière des aspects de gars bien propre sur lui me plaît. Il n'a aucune pitié.

Les gens nous regardent, effrayés mais curieux. Je les fusille du regard, signalant de circuler. Il n'y a rien à voir. L'autre me toise du regard, visiblement fier de son coup. Tant bien que mal, je me redresse doucement, les jambes tremblantes, les dents serrées, le souffle court. Je fulmine. Sans attendre davantage, je me jette sur lui, le plaquant au sol sans le moindre scrupule. « J'vais t'faire bouffer tes dents ! » dis- je dans un hurlement furieux. Et sans attendre davantage, je lui colle une droite sur la pommette, juste en dessous de l'oeil.

HJ:

S’il y avait un truc que je détestais vraiment, c’était qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas. Ah et qu’on me cherche des noises. Ce mec avait tout accumulé. En plus d’être sérieusement atteint du cerveau, il semblait ne pas capter qu’il ferait vraiment mieux de me laisser tranquille plutôt que d’essayer de me pousser à bout. Et si je le gavais à ne pas encore sortir mes poings, c’était juste parce que j’en avais marre de voir la tête de mon frangin les sourcils froncés dès que je rentrais avec des marques de coups sur la face. En plus aujourd’hui je m’étais promis de ne pas user de mes mains. Mais ce type m’a fait tout simplement perdre patience. En plus de ne pas du tout remarquer que je suis une fille et que son principe de chiffe-molle ne pouvait pas m’être attribué, il cherchait la baston à fond. Je le gavais peut-être, mais là, c’est lui qui me tapait sur les nerfs. Sans doute que ni lui ni moi ne voulions lâcher le morceau, mais si monsieur était déjà pas du tout content, il pouvait se trouver un autre puching ball.  

Ce looser n’en démordait pas, balançant ses piques en retour des miennes. Je le taclais constamment pensant qu’au bout d’un moment il finirait par me laisser tranquille. Mais le simple fait qu’il continue à l’ouvrir me fit perdre mes moyens. Je n’avais pas cours, mon frère juste m’attendait surement. Mais qu’importe. J’avais un cas. J’avais un mec à démonter et à descendre en pleine rue. Les passants passaient en nous regardant ahuris. D’autres s’arrêtaient pour regarder la scène. Je n’en avais rien à foutre. Tout ce que je voulais faire c’était le briser. Le démonter. Lui fermer sa petite gueule de mec qui croit que tout lui tombera dans la bouche comme ça et qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut juste parce qu’il se croit plus fort et meilleur que les autres.
Il voulait des coups ? il allait en avoir. Et pas des tendres.

Je l’avais poussé, commençant déjà à user du contact physique. Il semblait surpris que je commence enfin à me montrer... Agressif... Il me prenait pour un mec sans force ? Il allait voir si je n’avais pas de muscles. Ce n’est pas parce qu’il a des bras plus charnus que moi, que j’ai moins de puissance de coup que lui. Et il allait le sentir très fort. Je lui avais donné un coup de genoux en plein dans ses parties. Suffisamment fort pour le voir se tenir le bas ventre et se tordre sous la douleur. Mais le regard qu’il me lança me fit hausser un sourcil. Quoi ? Il en voulait encore ? Ce n’était pas suffisant ? Je sentais déjà l’excitation qui me prend à chaque fois que je me retrouve dans une bagarre, monter en moi. Un sourire narquois se dessina sur mon visage. Allez, vas-y, viens que je t’en foute encore sur la tronche.

Les passants fuyaient en le voyant, alors qu’il leur jetait un regard rageur, leur faisant clairement comprendre qu’il n’y avait rien à voir. Quoi ? Il ne voulait pas de spectateurs ? Peur de se faire ridiculiser par un gamin ? Il s’était jeté sur moi, me plaquant violemment au sol et me colla une belle droite sur la pommette. Je fis une grimace fermant mon œil sous la douleur. Il avait… osé… Toucher… Ma face… je tournais mes yeux vers les siens, un regard sombre les emplissant. Je fulminais de rage. Je serrais les dents. Il allait morfler…  « Toi… Tu commences vraiment  me les briser !» Hurlant de rage je le poussais violemment par terre et l’attrapant par le col, je lui collais une droite en plein dans ses dents. Lui faire cracher du sang ? Bah ! Si ça pouvait la lui fermer, c’était tant mieux. Je le relâchais violemment et me redressais, retirant la poussière de mes vêtements. « Bouffes les tiennes avant de les faire bouffer aux autres » lui balançais-je.

La bataille était-elle finie à présent ? J’avoue que le terminer me démangeait pas mal, mais je me disais que s’il se calmait dès à présent, je pouvais faire preuve de clémence. Je ne pouvais rien promettre de la suite s’il venait à me sauter de nouveau dessus pour me refrapper. Ma pommette me brûlait. Je passais mes doigts dessus mais rien que ça me fis mal. Purée… L’enfoiré…  Je poussais un soupir. S’il recommençait à me frapper, je jurais de ne vraiment pas me retenir au risque de finir, les fringues  sens dessus dessous, du sang dans la bouche. J’avais peut-être cette apparence frêle de jeune fille fragile, mais j’avais su bâtir un caractère, une force et une attitude des plus masculines. Et si l’envie de me faire pleurer le prenait il allait sérieusement avoir du mal à le faire.



HJ:

Sitôt lui ai-je tamponné la pommette, ce mec riposte en m'en collant une dans les dents à son tour. J'entends un petit craquement... Suivi d'une vive douleur au niveau de la mâchoire. Je sens un filet de liquide carmin et chaud couler le long de mes lèvres. Je grimace de douleur et de dégoût avant d'essuyer d'un revers de main cette trace peu engageante. Les gens continuent à nous regarder, mais je n'y porte plus attention. Toute mon attention est portée sur cet abruti de première. Le sang continue à couler et me rappelle que je me suis prit une sacrée rouste la veille... Je devrais être lassé, non ?

Il n'empêche que malgré ce mépris que j'ai pour ce gars... Je suis malgré tout surpris, à nouveau. Il a enfin osé me cogner. Comme quoi, ces belles menaces n'étaient pas sans fondement. De là à dire qu'il sait se battre, je sais pas. Mais au moins il sait répliquer avec ses poings quand le moment en est venu. La colère continue à me faire bouilloner, ma mâchoire me lance encore et toujours, et mon arcade sourcilière aussi. Je me relève, la main posée sur la mâchoire. Je continue à essuyer le sang qui perle au coin de ma bouche, que je frotte du bout des doigts, observant ce liquide poisseux, curieux et perplexe à la fois. Je finis néanmoins par m'en désintéresser, relevant un regard sombre vers l'autre gugusse. « T'as un nom, l'abruti ? Ou tu préfères que j'continue à t'appeler la chiffe-molle ? » Heh... J'allais pas commencer à me faire aimable, tout de même. Peut-être que cette dernière insulte n'est plus vraiment valable... Mais soit. Je tiens trop à la provocation pour y renoncer.

« Dong Wook. » dis-je simplement pour me présenter. C'est bizarre hein... Se cogner comme des malpropres en pleine rue pour ensuite faire connaissance. Mais il n'est jamais trop tard pour mettre un nom sur des têtes qui me marquent – dans le sens aussi propre que figuré, en l’occurrence. Le goût de fer du sang continue à m'envahir la bouche, infâme. Je sens un petit quelque chose qui me gêne. Je fais en sorte de saliver, avant de cracher un mélange de sang et de salive, agrémenté d'un petit bout de dent... Juste à côté de la chaussure du gars en face de moi. « Oups, excuses moi. J'ai pas fait gaffe. » dis-je à nouveau avec un sourire narquois. Non, je n'ai pas fait exprès, pensez-vous...

Je continue à me frotter la lèvre, dont la plaie cesse doucement de saigner. « Putain, tu m'as fait mal. » dis-je en grommelant, sans lui adresser un regard. Néanmoins, je relève bientôt les yeux vers lui pour l'observer. Il a un petit bleu au niveau de la pommette. Je souris, ravi de ce constat. « M'enfin, au moins je t'aurai aussi laissé un souvenir. » dis-je dans un soupir méprisant, en montrant du doigt sa joue un peu amochée. On est quittes ? Presque, me semble t-il.

Hors-Jeu: