Je suis née le 24 février 1993, à Londres, au Royaume-Uni. Mais il faut d'abord expliquer quelle est la situation familiale à ma naissance. Mon père est coréen, ma mère anglaise, je suis donc métisse. Mon père est le fils d'une Gisaeng, une courtisane coréenne qui avait eu un enfant avec un soldat japonais durant l'occupation. On peut donc aussi dire que j'ai des origines japonaises mais on préfère ne pas les mentionner dans la famille : l'occupation japonaise en Corée du Sud est encore une plaie qui n'est pas totalement refermée. Aussi mon géniteur a-t-il très longtemps souffert de l'identité de son père, qu'il n'a d'ailleurs jamais connu, puisque ce dernier est reparti au Japon sans donner plus de signe de vie. Qui sait, peut-être a-t-il fondé une nouvelle famille ? Bref, malgré cela mon père a travaillé dur pour se hisser plus haut dans la société : être le fils d'une Gisaeng et d'un soldat japonais n'était pas la meilleure situation qu'on puisse connaître à l'époque, sans compter que sa mère avait continué dans une voie plus « moderne » si je puis dire : la prostitution. Imaginez la honte qu'il devait avoir à devoir cacher la profession de sa mère ? Enfin bref, il est donc devenu très vite indépendant et autonome et il a décidé par lui-même de devenir professeur de littérature, mais dans la littérature anglaise car il aimait beaucoup William Shakespeare et Oscar Wilde. Je dois tenir mon amour des livres de lui je pense, il m'a appris à lire quand j'étais très jeune d'ailleurs. Bref, claquant la porte de sa main en criant qu'il ne reviendrait plus jamais, il a pris le premier avion pour Londres où il a décidé de s'installer, avec la ferme intention de tirer un trait sur le passé. Il avait beaucoup travaillé son anglais et n'eut donc aucun mal à s'intégrer, étant même un excellent professeur, très pédagogue et compréhensif. Il était beaucoup apprécié de ses élèves. Il a rencontré ma mère dans un métro, prenant sa défense alors qu'un homme saoul la harcelait. Ce fut littéralement le coup de foudre parait-il. Elle, c'est une riche héritière qui a pris la fuite car elle ne supportait plus les décisions que lui imposaient ses parents. Elle avait décidé de suivre sa passion en devenant styliste. Mes parents sont donc en quelque sorte des rebelles qui se sont révoltés contre le destin qui s'offrait à eux. Je suis d'ailleurs très fière d'eux, ils incarnent un modèle que je veux suivre.

Ma naissance marqua donc le début d'une vie en famille pour eux deux, qui n'avaient jamais connu que la solitude. Après leur mariage, je devins le deuxième plus bel événement de leur vie. Par contre, suite aux difficultés qu'a endurées ma mère pour me mettre au monde, le médecin leur a dit qu'elle ne pourrait plus avoir d'enfant, car ce serait trop dangereux. Cela ne les contraria pas trop, j'étais déjà un cadeau fabuleux pour eux qui n'auraient jamais espéré être aussi heureux. J'étais comme un cadeau tombé du ciel mais je n'étais pas l'enfant-roi pour autant, loin de là. Ils m'élevaient avec les mêmes contraintes imposées à chaque enfant : quand je faisais quelque chose de mal, j'étais punie également. Ils n'ont pas été plus indulgents mais ils m'ont chéri comme la huitième merveille du monde et m'ont toujours soutenue quand j'en avais besoin. C'étaient pour ainsi dire des parents formidables qui voulaient le bonheur de leur unique enfant plus que toute chose au monde. Je me suis révélée être très précoce : j'ai vite appris à marcher, à parler et à lire aussi. J'ai d'ailleurs développé un réel amour pour les livres, je voulais lire le soir pas que mes parents me racontent une histoire. Je m'épanouissais pleinement avec un air de petite princesse dans mes jolies robes et avec mes poupées. Ma présence permit également à mes géniteurs de se réconcilier avec leurs propres parents. En effet, je connus mes grand-parents, aussi bien maternels et que paternels. La première fois que j'ai vu la mère de mon père, j'avais cinq ans, elle m'a d'ailleurs offert un joli pendentif que je porte toujours à mon cou. C'était un an juste avant sa mort mais je me rappelle encore de son sourire et de la sympathie qu'elle dégageait. Au fond, ce ne devait pas être une mauvaise personne. Je connus plus longtemps mes aïeuls maternels, qui montraient un peu de dédain vis-à-vis de mon père au début. Mais mon sourire ne tarda pas à les conquérir et eux aussi commencèrent à me voir comme une enfant resplendissante pleine de bonheur et ils se montrèrent alors plus compréhensifs. J'apportais l'harmonie dans la famille.

A l'école, je me révélai être une élève brillante, passionnée et sérieuse. Le fait était que j'aimais apprendre, j'aimais savoir des choses c'est pourquoi j'aimais beaucoup l'histoire et la littérature bien entendu. J'étais systématiquement la meilleure dans ces deux matières, faisant la fierté de mon père. Il ne me poussait pourtant pas à avoir de brillants résultats mais c'était un domaine qui me passionnait et pour lequel j'aimais travailler autant que possible. Je me mis moi-même à écrire quand j'avais du temps libre de temps à autre, ayant une imagination débordante. Je devins aussi très vite autonome, mes parents n'étant pas d'avis pour me couver systématiquement dans mes devoirs et d'ailleurs, je n'aurais pas voulu qu'ils soient toujours derrière moi pour me surveiller, pour voir si je travaillais bien. J'avais besoin de travailler seule, que le résultat que j'allais obtenir à l'école soit uniquement le fruit de mon propre travail. Aussi dès mon entrée au collège, ils arrêtèrent de m'aide, sauf quand je le leur demandais pour me faire réciter une leçon. Les professeurs me trouvèrent d'ailleurs très mature pour mon âge, je réfléchissais beaucoup pour une enfant de mon âge. Cela ne m'empêcha pas de rester une gamine, de jouer à la poupée et d'avoir de bons amis. Au contraire, je m'amusais énormément et je jouais volontiers avec qui voulait. Pour moi, il n'y avait pas d'âge pour jouer alors même si j'étais au collège, je jouais encore au loup dans la cour de récréation. Il fallait profiter de sa jeunesse après tout parce qu'après il était trop tard.

Je me suis affirmée à quatorze ans, disant davantage aux autres ce que je pensais et faisant savoir à ce qui me cherchaient ma façon de voir les choses. En effet, s'il y en avait qui m'embêtaient, ils faisaient immédiatement face à la jeune fille qui n'avait plus peur de s'exprimer et qui les remballait volontiers. Je me d'ailleurs battue plusieurs fois mais toujours pour des motifs valables du style on avait insulté mes parents ou on m'avait volé quelque chose. Je n'avais donc pas subi de réprimande sévère de mes parents, qui se reconnaissaient à travers moi et qui comprenaient ma démarche. Néanmoins, je fus invitée à garder mon sang-froid et je ne me battis plus dans l'enceinte de l'établissement. En plus, une jupe d'uniforme pour se battre, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus pratique. Les différents que j'avais avec plusieurs personnes se réglaient donc à l'extérieur, mais ça n'arrivait pas souvent : on avait compris qu'il ne valait mieux pas me chercher d'ennuis, même si j'avais une tête d'asiatique qui suscitait facilement les moqueries. Je calmais ceux-là rapidement avec des mots qui les figeaient sur place. La répartie ça me connaissait. Par contre, sans doute qu'il ne devait pas y en avoir qui m'intéressait, je ne sortis avec aucun garçon en Angleterre. J'étais sans doute trop jeune pour m'occuper de ça et je préférais lire que perdre mon temps avec ceux qui me trouvaient bizarre en agissant de la sorte. Mais j'eus d'excellents amis avec lesquels je m'amusais volontiers et je sortais souvent dans la capitale anglaise pour faire les magasins ou tout simplement se promener.

Je n'ai pas vu venir le jour où ma mère m'annonça fièrement qu'elle était mutée en Corée du Sud. Papa s'était arrangé pour obtenir un poste de professeur d'anglais également là-bas et je n'avais plus qu'à faire mes bagages. Comme tout bonne adolescente qui se respecte, j'ai évidemment protesté et j'ai même affirmé qu'ils ne se préoccupaient pas de ce que je ressentais, que je n'avais pas envie de partir, que je voulais rester ici avec mes amis. Je ne comprenais pas à quel point c'était important mais le lendemain matin, j'ai réalisé à quel point je m'étais montrée immature et je me suis excusée, en disant que je n'avais pas le droit de m'interposer entre eux et leur rêve par égoïsme. Je crois que je ne les ai jamais vus si étonnés et émerveillés. Je faisais une nouvelle fois preuve de grande maturité disaient-ils et quelques mois plus tard, nous arrivâmes à Séoul, capitale de la Corée du Sud. J'eus du mal à m'adapter je dois le dire, le coréen n'est pas une langue facile et même si Papa m'avait appris les bases avant de partir, je peinais à m'exprimer clairement. L'arrivée au lycée fut extrêmement difficile vu que je parlais difficilement cette nouvelle langue et j'eus du mal à m'intégrer parmi mes camarades. Il y en eut tout de même assez sympathiques pour m'accueillir à bras ouverts et m'aider à progresser, ce que j'appréciai tout particulièrement. Au bout d'un an, j'étais devenue parfaitement bilingue et je faisais également partie des meilleurs élèves de la classe, même si je n'avais pas beaucoup de connaissances en histoire coréenne. Je vis ce changement de civilisation comme un enrichissement personnel car je connaissais désormais deux civilisations qui ne se ressemblaient pas du tout et cela me plut. Par contre, les mentalités étaient complètement opposés et alors que je m'affirmais pleinement, je remarquai avec stupéfaction combien mes réactions étaient facilement qualifiées de « vulgaires » et que moi-même j'étais vue comme une fille « dévergondée ». Qu'y avait-il de mal à dire à un garçon qu'il me plaisait ou à faire un câlin à un ami ? Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient si coincés mais bon, j'ai appris à faire avec. C'est là que je devins la Hayley que je suis aujourd'hui.

Puis je commençai à avoir mon propre rêve : celui de monter sur scène et de chanter. En effet, en Corée du Sud, j'ai connu la fameuse K-Pop dont j'avais déjà entendue parler. Je m'y suis intéressée et j'ai rapidement aimé ce genre de musique, enchaînant les girls band et les boys band dans mon lecteur mp3. Je me dis alors que moi aussi j'aimerais chanter et danser, tourner des clips comme ils le faisaient et je me suis donc durement entraînée pendant un an pour tenter l'audition de la New Generation, que j'ai passée à dix-sept ans. Mes parents m'ont d'ailleurs soutenue, encouragée et ils m'ont même donné leur avis sur la chorégraphie et la chanson que j'allais interpréter. Ils sont devenus mes coachs durant ce temps et quand j'ai été prise, ce fut l'extase de joie totale. Ils étaient si fiers de moi que j'avais l'impression d'avoir accompli les douze travaux d'Hercule. J'ai fini ma dernière année de lycée avant de me consacrer pleinement à ma passion et à mon rêve. Je m'entraîne dur tous les jours et je donne le meilleur de moi-même pour atteindre mon but et avoir l'opportunité de participer aux nombreux M!Countdown, Music Bank, Music Core et Inkigayo qui rythment la vie des idoles coréennes. J'ai hâte !