Je referme la porte d'entrée derrière moi, frottant les pieds sur le tapis, et jette rapidement un coup d’œil sur mon portable. Il est quinze heures. Ça va encore, je ne suis pas rentrée trop tard. Enfin si, un peu quand même. Il faut dire que je me suis absentée toute la soirée, la nuit et la matinée, ça fait plus de vingt heures que je ne suis pas rentrée chez moi. Les yeux à peine ouverts, je laisse échapper un bâillement en mettant ma main devant ma bouche, et avance dans le couloir en traînant les pieds, peu discrète avec mes hauts talons. Je crois que je ferais mieux de dormir encore un peu, il faudrait que je ralentisse un peu les soirées ces derniers temps, ça ne me réussit pas vraiment. De plus que j'ai croisé un jeune homme plutôt pas mal alors... Vous l'avez compris, on a fini tous les deux dans le même lit. Alors déjà que la fête s'est finie très tard vers cinq heures du matin, le temps que j'héberge, me prépare à repartir et tout.. Bref, tout ça pour expliquer que je suis revenue à quinze heures ici. Je m'engage à retrouver ma chambre, sauf que je n'avais pas prévu de tomber sur Tae Kyung, assis sur le fauteuil du salon, semblant m'attendre depuis un moment. Mon dieu, je me demande ce que mon frère aîné a à m'annoncer. Rien de grave j'espère. Mais il ne m'apprend rien, au final il me demande où j'étais passée depuis hier soir, fronçant ses sourcils. Je pousse un soupir, et lui explique que j'étais à une soirée. Moyennement convaincu, il me demande pourquoi je suis rentrée aussi tard. Je réponds naturellement parce que je me suis réveillée tard, ce qui est vrai d'ailleurs. Mais Tae Kyung n'est pas stupide, et c'est un des rares moments que je voudrais qu'on lui enlève son intelligence juste pour avoir la paix. Il sait pertinemment que je ne suis pas une sainte, il se doute bien que ma virginité s'est envolée depuis un moment, et que je ne couche pas forcément par amour. On ne la fait pas à lui. Voilà qu'il se lève du fauteuil tout en me faisant la morale sur ce sujet, limite dégoûté par mon comportement, me criant déjà dessus comme un père à sa fille. Mais je ne me laisse pas faire. Je réplique par le fait qu'il n'a pas à se mêler de mes affaires, que je suis majeure après tout, que je peux faire tout ce que je veux comme bon me semble et qu'il aucun droit sur moi. Il me rappelle par la suite que je vis sous son toit, enfin il dit ça parce qu'il était là le premier mais honnêtement je participe également au paiement du loyer, et que sans lui je serais encore avec nos « parents » en train de pourrir ma vie avec un avare puant l'argent. Je réponds qu'il n'était pas obligé de m'héberger, que de toute façon j'aurais su à me débrouiller toute seule sans son aide. Le débat se poursuit, et se termine lorsque je m'enferme dans ma chambre. Il ne cherche même pas à me consoler, il est aussi têtu que moi.

Je reste dans la pièce au moins pendant quelques heures, le temps de retrouver mes esprits, et de faire une petite sieste au passage. Du repos ne fait jamais de mal à personne après tout. Après m'être réveillée, je m'avance à pas de loups vers ma porte, et l'ouvre discrètement un peu pour espionner mon frère. Mais je ne le vois. Il a dû aller dans sa chambre aussi. Je soupire. Ça fait à peine quatre heures que je suis rentrée, j'ai déjà envie d'aller prendre l'air. Hors de question de reconnaître que j'ai tort. Je me prépare alors pour sortir, afin de paraître présentable, prends mon sac à main, et pars de chez moi, en claquant bruyamment la porte.

Aujourd'hui je ne suis pas d'humeur à faire du shopping, ni d'aller au cinéma ou quoi que ce soit. Pourtant, il faut bien que je me remonte le moral, parce que c'est bien beau de faire le tour de la ville, je ne compte pas me contenter d'admirer Séoul pendant des heures. Je remarque un bar sur ma route, et hésite. Bon allez, je vais bien me changer les idées, ça ne me fera pas de mal. J'y entre, ne faisant même pas attention à mes chaussures qui claquent sur le parquet, et vais m'installer au comptoir.

-Bonsoir, je voudrais une bière s'il vous plaît.

On devient rarement soûl au bout d'un verre de bière, alors ça devrait aller. En attendant je retire mon manteau, le posant soigneusement sur le dossier de la chaise à grandes pattes, et m'accoude sur le bar, attendant impatiemment ma boisson en claquant mes longs ongles sur le comptoir. Quelle sale journée n'empêche. Il y a des jours où l'on ferait mieux de rester couché. Enfin, je serais rentrée vers vingt heures ça aurait été pire. Même si j'entends mon portable vibrer je ne prends même pas la peine de lire les messages. Quand je ne suis pas d'humeur, il ne vaut mieux pas que j'en envoie, à moins d'envoyer bouler les personnes qui ne m'ont rien fait de mal. Je guette le retour du barman, jusqu'à ce qu'il m'apporte enfin mon verre.

-Merci.

Je bois sitôt une gorgée, comme si je n'avais pas bu depuis trois jours. Je regarde autour de moi, constatant qu'il n'y a pas beaucoup de monde ce soir. En même temps, qui veut sortir le soir quand il fait froid, un temps moyen pour aller au bar ? Des cas désespérés comme moi. Je bois de nouvelles gorgées, ne trouvant rien d'autre à faire ici. Je fronce même les sourcils en voyant mon verre déjà vide. Bizarre. Si ça se trouve il était juste à moitié plein quand on me l'a donnée. Je soupire, et lève légèrement la main pour attirer l'attention du barman.

-Excusez-moi, vous pouvez m'en servir un deuxième ?

Naturellement il ne refuse pas, répondant à ma demande. Je pousse un soupir pour la énième fois depuis que je suis entrée dans ce bar, et entame déjà mon deuxième verre.

J’avais fini mon taff à une heure convenable de la journée. Et là j’étais dans ma chambre à rouler dans tous les sens sur mon lit, parce que Kei n’avait pas fini son travail, qu’il me manquait, que je le voulais, là, dans mes bras, à la place de mon oreiller, et que… Je m’ennuyais tout seul. Je repris ma position sur le ventre, gonflant les joues, regardant mon portable pour voir l’heure qu’il était. Seize heures. Je poussais un soupir, enfouissant ma tête dans l’oreiller. Mais. Pourquoi il travaillait encore ? Finalement, je me levais de mon lit, et alla me prendre de quoi me remplir le ventre, m’installant dans le canap’ pour zapper à la télé. Y’avait rien. Finalement je jetais la manette à l’autre bout du canapé, mordant rageusement dans un pauvre bout de brioche qui ne m’avait rien fait. J’avisais alors la fenêtre, et donc le temps qu’il faisait dehors. Il avait l’air de ne pas faire chaud, mais de ne pas pleuvoir non plus. Je venais de trouver ce que j’allais faire. Prendre l’air. Sans Kei. Tout seul. Ah, ça fait déprimant dit comme ça. Mais que voulez-vous ? Aujourd’hui on n’avait pas du tout le même emploi du temps ! Le monde était trop cruel avec nous. Ils n’auraient pas pu mettre sa scéance de shooting à un autre moment ? Non mais, c’est vrai ! Je me sentais seul sans lui. Et je passais mon temps à manger aussi.

Cependant, je n’allais pas sortir en jogging. Ça c’était hors de question. Donc je filais dans ma chambre, mon encas terminé pour mettre une tenue un peu plus convenable. Un dernier tour à la salle de bain, histoire d’arranger un peu mes cheveux, qui était parti en cacahuètes parce que j’avais passé mon temps sur mon lit, et me voilà maintenant, dans l’entrée, en train d’enfiler mes chaussures et ma veste. Je regardais mon portable, dans l’espoir de voir des news de Kei, mais rien. Tant pis ! Je quittais les lieux, prenant ma clé au passage et fermant la porte derrière moi. Je quittais le dorm et enfila très vite des lunettes de soleil. Mais j’allais aller où ? Je n’en avais aucune idée, et je préférais laisser mes pas me conduire là où ils voulaient. Et finalement, ils m’embarquèrent dans le quartier de Jun Gu. C’était un beau quartier, assez agréable. Je me dis qu’un tour au karaoké du coin pourrait me faire passer le temps surtout que ça faisait longtemps que je n’y étais pas retourné. Du coup, j’y allais. J’y rencontrais des fans, pris du plaisir à signer des autographes, et me rendit enfin dans cette salle juste pour moi. Et là, pendant une heure, je m’offris ce petit plaisir que je n’avais pas pu faire depuis un certain temps. Ça me rappelait des souvenirs. Mais je trouvais que si Kei était avec moi, ça aurait pu être encore mieux !

Au bout d’une heure, je quittais les lieux et assoiffé, je me rendis vers un bar le plus proche. Aller dans un bar. A cette heure, il n’y avait encore personne et en plus comme il faisait froid, il n’y en avait encore moins. Et puis le fait que j’aille dans un bar prouvait grandement que Kei me manquait. Depuis… trois heures de l’après-midi. Installé au comptoir, ma veste posée sur le tabouret à côté de moi, j’avais pris juste une boisson chaude. Pour commencer. Affalé sur le comptoir, je fixaix mon portable et son écran tout noir, les joues gonflées. Toujours pas de news. Et moi qui n’osais pas le déranger. J’allais aller loin comme ça !

« Barman ! Un verre de bière s’il vous plaît ! » Demandais-je, une fois ma boisson chaude terminée. Je rangeais mon portable quand il me l’amena. Je fixais le plafond et les étagères de verres, en sirotant mon verre quand je vis arriver une demoiselle, s’installer au bar et buvant une bière comme si elle n’avait pas bu depuis… Trois jours ? Intriguant. En plus sa tête me disait quelque chose. J’étais certain de l’avoir vue quelque part… où ? Allez savoir… J’haussais les épaules, buvant moi aussi une gorgée de mon verre. Et puis j’avais à peine fini le mien qu’elle en avait commandé un deuxième. Un tabouret nous séparait. J’hésitais à me rapprocher. Puis finalement, je pris la décision de le faire quand même. Elle m’intrigait. A boire comme ça. Depuis quand une femme comme elle, buvait de la sorte ? Non mais c’est vrai. J’avais jamais vu une telle descente. Et à y regarder de plus près… AH ! Mais ! Elle était de la NG aussi ! C’est pour ça qu’elle me disait quelque chose… Encore plus intrigant du coup.

« Un deuxième pour moi aussi » Dis-je au barman en lui donnant mon verre vide. Puis je me tournais vers ma voisine et lui dit :

« Eh ben... pour boire comme ça, il a du s'passer un truc mauvais...» Ouais tu. Parce que je ne suis pas le genre à vouvoyer les gens qui ont environ mon âge. Je lui souris. Elle avait du me reconnaître aussi. Peut être. Ou pas. Bah. Qu'importe. « Fais gaffe quand même. La bière ça monte vite à la tête.» Lui dis-je en guise de conseil.

Je soupire, et cède finalement à la tentation de jeter un coup d’œil sur mon téléphone. Il n'a même pas cherché à me joindre, aucun appel, aucun message. Ceci dit à sa place, je ne bougerais pas d'un pouce non plus. Quand je vous dis que le défaut de tête de mule peut devenir héréditaire des fois... Mais ça ne m'empêche d'être différente de lui. Il a tendance à me dire ce que je dois faire ou ne pas faire, et je déteste quand on veut avoir de l'autorité sur moi. Je ne comprends pas, est-ce que moi je lui donne des leçons quand il s'absente sans me prévenir ? Je ne crois pas. Et le fait d'être l'aîné ou un homme ne lui donne pas le droit de recevoir des comptes de ma part. Nan mais c'est vrai, j'ai encore le droit de faire ce que je veux quand même, non ? Je suis une grande fille, c'est pas comme si j'étais une petite adolescente en pleine crise. Un grand frère, ça a l'air génial à vue d’œil, mais je peux vous assurer que ça peut être très lourd parfois.

Je tourne curieusement les yeux en entendant quelqu'un se mettre à la place juste à côté de la mienne. Je ne fais pas attention à ce jeune homme, bien que je sente son regard peser sur moi. C'est assez perturbant, d'accord ce n'est sûrement pas le premier ni le dernier à me regarder de cette façon, mais quand je sors discrètement en voulant éviter tous les médias et les fans pour avoir un moment de tranquillité, tout ce que je peux espérer, c'est de ne pas tomber sur l'un d'entre eux. Tant qu'on ne vient pas m'attirer des problèmes, tout va bien. Je bois de nouveau une gorgée pour me changer les idées, tandis qu'il demande un deuxième verre également. Lorsqu'il se tourne vers moi et constate mon attitude, je tourne la tête vers lui, et repose doucement mon verre sur le comptoir. Bon, ça y'est, je dois passer pour une alcoolique là. Si jamais il m'a reconnue, je suis grillée. Je reste un peu méfiante au début, écoutant néanmoins son conseil. Je pouffe de rire, et finis par lui répondre.

-Je n'ai rien à craindre, je tiens très bien l'alcool.

Menteuse. Je sais pertinemment qu'au bout de deux coupes de champagne je finis par terre. Mais il ne faut jamais révéler ses points faibles, sinon on peut nous atteindre facilement. Je bloque un instant sur le visage du jeune inconnu. Lui, je l'ai déjà vu quelque part. Je fouille dans ma mémoire, fronçant les sourcils. Où est-ce que je l'ai vu déjà ? Bonne question. Mais ça va me revenir, juste le temps de quelques secondes. Ou peut-être des minutes. Bon ça ne fait rien, ça va me revenir un moment donné. Je bois une gorgée de plus, et fais tourner mon verre autour de lui-même sur le bar.

-Tu dois vraiment te demander ce qu'une femme comme moi fait dans un bar à boire autant.

Enfin ça va encore, je n'en suis qu'à mon deuxième verre. Et puis il est au même stade que moi, donc je ne suis pas aussi désespérée que ça. D'ailleurs en y pensant, je finis ma boisson, le repose, et pousse un soupir. J'attends le retour du serveur, et dès que je l'aperçois, je lui tends mon verre déjà fini.

-Un autre s'il vous plaît.

Je ne fais même pas attention à la tête du barman, attendant déjà mon troisième verre. Je reporte mon attention sur mon voisin, dont j'ignore toujours le nom. Parfois c'est perturbant quand on ne sait pas comment l'appeler, mais si je le lui demande et qu'il me retourne la question, je serais bel et bien affichée. Mais ça ne m'empêche pas de poursuivre la discussion.

-On s'est pas déjà vus quelque part ?

Il m'est étrangement familier, pourtant je ne me souviens pas lui avoir déjà adressé la parole. Et reconnaître des personnes que je ne connais que de vue, c'est très rare. Si ça se trouve, il ne me connaît même pas. Bah c'est possible, tout le monde n'a pas forcément la télévision ou Internet chez soi, non ?

Je la regardais. Pas trop pour pas passer pour un mec louche, mais il va sans dire que cette star de la NG, buvant autant, m'intrigait plus qu'autre chose. De ce que je voyais, je percevais très vite que cette demoiselle n'était pas vraiment le genre à s'enfiler 3 bières sans raison. Une intuition. Je lui donnais alors un conseil. Un simple conseil. A elle d'en faire ce qu'elle veut. Je souris à sa réponse :

«Je n'ai rien à craindre, je tiens très bien l'alcool.»

Soyons honnête, je voyais très bien qu'elle ne disait pas vraiment la vérité. Mais je n'allais pas non plus la forcer à l'admettre et encore moins la pousser à me dire pourquoi elle boit autant. Même si pour moi, il y avait anguille sous roche. Et puis son visage ne m'était pas du tout inconnu. J'étais sûr d'une chose, je l'avais vue à l'agence. Elle était star tout comme moi. Et puis elle me semblait un peu plus jeune que moi aussi. « « Comme tu veux ! Mais faut tout de même se méfier de la bière ! C’est vicieux comme boisson ! Non je n’insistais pas du tout pour qu’elle arrête un peu de boire des verres d’alcool

«Tu dois vraiment te demander ce qu'une femme comme moi fait dans un bar à boire autant.» Avait elle finit par dire. J'eus un léger rire. Avait-elle réussi à lire dans mon cerveau ? Autant être honnête. « J'avoue que c'est rare de voir une star boire autant dans un bar à une heure aussi tardive... Pour moi il doit y avoir une raison. » Bah oui quoi. Si ça avait été une simple envie de se prendre une bière, elle la savourerait. Non ? En tout cas il me semblait logique qu'avaler d'une traite une bière signifiait qu'on avait besoin d'oublier quelque chose. . « Peut-être que tu souhaites en parler ? » Je lui souris. « Enfin là encore c’est comme tu veux. Je ne vais pas te forcer à me parler de choses qui ne me concernent pas. » J'étais comme ça. Elle était plus jeune que moi, je savais qu'elle était star à la NG, et du coup... très honnêtement en tant que collègue d'agence je n'avais pas envie qu'une sale histoire lui tombe dessus juste parce qu'elle aurait bu ce soir dans un bar. Je regardais un peu autour de nous. Il me paraissait qu’on avait beaucoup de chance : pas de fan ni de personne susceptible d’être paparazzi.

Elle commanda un autre verre. Moi, je n'avais toujours pas fini mon deuxième. Et la question fatidique tomba. « On s'est pas déjà vus quelque part ?» Je buvais une gorgée de ma boisson quand elle la posa. Je posais mon verre et en lui adressant un sourire amical : « A l'agence. La NG. Je suis Hwang Di Lan. Et toi ? Tu ne serais pas Lee Jan Di ? Il me semble t’avoir déjà croisée dans les couloirs » J'avais un doute. Je ne voulais pas me tromper de personne. Du coup je demandais pour être encore plus sûr : « C’est quoi ton métier à l’agence ? »Mais plus je la voyais boire, plus ça me donnait envie de l'arrêter. Cependant je ne voulais pas réitérer mon conseil. « Tu sors souvent le soir ? » Moi c’était souvent une habitude. Surtout si ça suivait une soirée karaoké. Et puis toujours amicalement : « Tu... T'es sûre que tu ne préfèrerais pas en parler ? » Ok on ne se connaissait pas plus que ça. Mais c'est pas moi qui irais divulguer ses histoires très honnêtement.

Je prends rarement en compte les conseils des autres. Pour être honnête, la personne que j'ai le plus écouté, c'est moi-même. Peut-être parce que je suis certaine de ne pas me trahir toute seule. Même mes proches je ne les écoute pas toujours. Jusqu'à présent je n'en ai fait qu'à ma tête, et ce n'est pas ce soir que ça va changer. J'assume certes le fait que je ne tiens pas facilement l'alcool, je suis la mieux placée pour le savoir à mon avis, mais cela ne m'oblige en rien de me tenir à distance de l'alcool. Même quand il n'y a rien à fêter. Et puis je ne pense pas que la bière soit dangereuse, bien sûr si on la compare au rhum, à la vodka ou encore au whisky. De toute façon je ne compte pas prendre la voiture, je suis venue à pied jusqu'ici donc je ne crois pas que je vais courir un grand danger. Et même bourrée, je ne pense pas que je sois pas folle au point de me mettre en plein milieu de la route en attendant qu'une voiture ne m'écrase. Enfin, c'est tout de même gentil de la part de ce jeune homme -dont je ne sais pas le nom- de s'inquiéter pour moi.

Il n'est pas stupide en plus, pour deviner que quelque chose dérange quand une star se met à boire un peu plus que dans la normale. Remarque, tout le monde aurait pu faire ce soupçon. Une minute. Il a bien dit « star », pas vrai ? J'ai pas rêvé ? J'ai bien entendu ? Oh mon dieu. Ça y'est, ma réputation, mon image et ma carrière sont foutues. Prise en flagrant délit dans un bar en train de boire son troisième verre de bière qui n'est sûrement pas le dernier. Je vois déjà ma photo sur toutes les couvertures de magasines avec un énorme scoop à révéler. Si ça se trouve, plus aucun cinéaste ne voudra de moi pour s'attirer le moins de problèmes possible. Je suis finie. Je n'ai même pas pris la peine de lui répondre lorsqu'il affirme ne pas vouloir me forcer à lui révéler mon problème. Encore heureux tiens, sinon en plus de ruiner ma réputation je ruine celle de mon frère. Je crois que j'aurais dû me contenter de rester enfermée dans ma chambre.

Il ne tarde pas à répondre à ma question. A l'agence ? Nan, sérieusement ? Ouf, sauvée ! Adieu les scoops et l'échec ! J'écoute attentivement son nom. Hwang Di Lan ? Ça me dit quelque chose... Mais oui ! Il est du groupe des Dazzlin' B, n'est-ce pas ? Comme quoi, je m'intéresse un minimum aux célébrités de mon agence, même des rookies ! Heureusement que je suis tombée sur une idole comme lui, sinon j'étais foutue. Et puis il ne va pas me balancer, pas vrai ? Il n'a pas intérêt en tout cas.

-Oui ! Je me disais aussi que ta tête me disait quelque chose. Oui oui je vois maintenant.

Apparemment, il m'a reconnue aussi. Il s'est même souvenu de mon nom ! Bon d'accord, ce n'est pas comme si j'étais inconnue. Je hoche discrètement la tête avec un petite sourire, au cas où on nous entendrait. Je bois une gorgée lorsqu'il me demande quel est mon métier à l'agence. Apparemment, il ne me connaît pas si bien que ça. Si ça se trouve, il pensait que j'étais une chanteuse ! Je tarde pas à lui répondre avant de boire à nouveau.

-Actrice. Je travaille depuis... Cinq ans ? Ouais, ça doit être ça.

J'avais quinze ans lorsque j'avais joué mon tout premier rôle, et le drama avait été un véritable succès, donc mathématiquement, vingt ans moins quinze faisaient cinq. Il me reste un minimum de souvenirs de mes cours de maths, même si je l'ai appris en primaire. Il me demande par la suite si je sors souvent le soir. Pourquoi cette question au fait ? A mon avis, il est très curieux. Je réponds naturellement.

-Souvent ? Je pense, oui. J'ai pas mal de relations qui organisent des soirées, que ce soit chez eux, en boîte, ou autre part... Il faut profiter de la vie ! On n'en a qu'une seule, autant se faire plaisir !

Je sors souvent cette réplique. A vrai dire, je me pose rarement de questions, je ne perds pas mon temps pour rien, car mon but c'est d'avoir la meilleure vie telle que je l'ai imaginée, d'où mon manque de sérieux. Je ne perds pas mon grand sourire lorsqu'il me propose de me confier à lui. Je pouffe de rire face à son sérieux.

-Qui, moi ? Mais non ! Je vais très bien là ! Je me sens parfaitement en pleine forme !

On peut facilement lire mon amusement. Cependant, mon visage devient brusquement neutre, prenant du recul. Est-ce que je vais bien ? Est-ce que je me sens en pleine forme ? J'ai moi-même du mal à le réaliser. Je ne comprends même pas pourquoi je raconte n'importe quoi avec un sourire de cruche. Le regard dans le vide, je perds toute joie présente il y a à peine une minute, et me contredis moi-même sur un ton plus sérieux.

-Si. En fait, j'ai besoin d'en parler.

Je finis mon verre, et à peine je cherche le regard du serveur qu'il accourt automatiquement pour me resservir. Magnifique, je n'ai même plus besoin de lui demander. Je regarde mon verre sous tous les angles, le visage appuyé sur mon poing, le coude sur le comptoir.

-J'suis partie de chez moi, parce que je me sentais pas bien et que j'avais besoin de prendre l'air, tu vois ?

Vu comment je tourne en rond, je devine qu'il a forcément envie d'en savoir plus. A mon avis, là je ne lui apprends rien du tout, il devait s'en douter. J'entame mon quatrième verre, puis poursuis dans mes confessions.

-Je me suis prise la tête avec mon frère. Enfin non, c'est lui qui m'a pris la tête. Bref. On s'est disputés comme je sais pas quoi, et puis il m'a tellement énervée que je me suis barrée de chez moi.

C'est aussi simple que ça. Mais j'avais oublié que parler de ses problèmes à quelqu'un provoque une libération en soi. Il faut dire que je parle rarement de ma vie privée aux gens. Beaucoup racontent leur enfance, moi jamais. Pour ma part, ma vie a commencé à mes quinze ans, lorsque j'ai emménagé chez Tae Kyung. Je me fiche pas mal de mes origines à vrai dire...