Les beaux jours commencent à arriver. Je soupire doucement avant de m’éloigner doucement de la fenêtre. J’ai toujours l’impression d’être une lionne en cage. Sans cesse entourée d’hommes. Je connais parfaitement ma situation. Je n’ai pas le droit de m’aventurer dans ce pays « inconnu » seule au risque d’être piégée dans un guet-apens. Je ne suis pas idiote, je sens quand ça sent le roussi pour moi et surtout… Quand je sais que je suis suivie. Je vais à l’agence où se trouve Ryu et mon ex et parfois, j’ai du mal à m’y faire. Se comporter comme une femme est déjà bien assez difficile comme ça alors, agir comme « madame tout le monde », c’est un véritable supplice. Je vous jure, je ne montre rien mais, je n’en pense pas moins. Ce monde est compliqué pour moi. J’ai toujours agis froidement. Il n’y a que lorsque je joue d’un instrument que je laisse mes sentiments ressortir. Après, tel le syndrome du homard je me renferme derrière une carapace. Je ne suis pas une fille gentille. Quand je me regarde dans le miroir je ne vois en rien la beauté féminine dont beaucoup compliment. Je ne vois qu’un monstre difforme. Cela aurait facilité la vie de pleins de gens si j’avais été un homme ! Sérieusement, j’aurais aimé être un homme. Un vrai de vrai et non pas une demi femme et un demi homme. Mon cœur et mon corps ne se suivent pas. Je suis peut-être amoureuse de Ryu mais, cela ne change pas le fait que des hommes peuvent aimer un autre homme comme des femmes peuvent porter des sentiments aussi forts envers d’autres. J’ai l’impression de n’être qu’un pantin articulé de mon père et je dois avouer que c’est lourd. Je suis désormais seule. Je n’ai plus mon grand frère… Celui que je devais protéger. Je regrette de ne pas avoir été là ces trois dernières années. Il a du être effrayé. J’aurais aimé profiter plus de lui. Lui montrer que je tenais réellement à lui malgré son handicap. Je regrette amèrement de l’avoir ignoré pendant toutes ces années. Si Ryu, ne m’avait pas ouvert les yeux j’aurais pu faire pire. Je n’avais pas à avoir honte de lui. Le même sang que le mien coulait dans ses veines. Toujours exclu… Il a du se sentir tellement seul… Plus seul que moi-même. Pourtant, quand il me voyait il avait toujours le sourire. Un sourire qui faisait fondre un peu ce cœur de pierre.

Je ne dois pas ressasser le passé pourtant… Quand je regarde ce ruban qui me sert de bracelet, je ne peux m’empêcher de penser à lui. Je ferme les yeux un moment il faut que je reste calme. Après tout, ce soir je ne reçois pas n’importe qui dans mes appartements. Je reçois un homme que je respecte énormément même si, parfois j’ose lui répondre quand je trouve qu’il va trop loin. J’ai l’impression que cet homme me manipule mais, qui ne manipule t’il pas hein ? Cet homme… Tetsuya Kise est réellement dangereux. Je suis peut-être plus grande que lui par la taille mais, il n’en reste pas moins un homme qui peut me mettre à terre par la seule force de ses bras ou de son regard. Psychologiquement ce type est un réel démon. Cependant, je dois admettre que je suis heureuse de l’avoir rencontré. Il est le seul vers qui je me tourne quand ça va plus ou moins mal pour moi. En même temps, il a plus d’expériences que moi dans ce milieu mais, il possède une écoute très appréciée. Il est un homme fidèle à ses principes. J’envie parfois mon futur beau frère… Souchirou Asami. Un autre homme que je respecte et qui me « terrifie ». Quand ils sont ensemble on a l’impression qu’ils sont invincibles même si, ce n’est qu’une illusion. Ils sont humains comme tout le monde et pas si différents de moi quoi que si… Quand je les vois ensemble, cela me donne encore plus envie d’être un homme, un vrai, un pur et dur !

Je sors de mes pensées quand mon regard attrape une silhouette où le visage est masqué mais, je me doute qu’il ne peut s’agir que de « lui ». Cela fait tellement longtemps que nous nous sommes pas rencontrés. Je ne bouge pas de ma fenêtre jusqu’à ce que des coups sur ma porte d’entrée résonnent. Je me déplace rapidement jusqu’à la porte pour l’ouvrir afin de l’apercevoir. D’un regard je fis signe à mes hommes de s’éloignaient. J’incline juste la tête avant de me déporter sur le côté pour le laisser entrer après sa salutation. La porte à peine refermée, qu’il prend la parole. J’ai l’impression qu’il se moque un peu de moi et je lui réponds calmement :

« - Je vais prendre ça pour un compliment. Je t’invite à me suivre dans le salon car, nous n’allons pas rester debout pour nos retrouvailles n’est-ce pas ? »

Non pas que je n’aimais pas être debout mais, il y avait bien mieux. J’étais heureuse de le voir même si, mon ton ne le laisse pas présager mais, mon rang m’empêcher des effusions de démonstrations plus sentimentales les unes que les autres. Je l’invite à me suivre et prendre place sur un de mes fauteuils.

« - Un verre de vin je suppose ? »

 

Parfois cet homme pouvait être catalogué comme le pire des serpents ou démons. Non pas qu’il n’avait pas de cœur… Mais, il a tellement de personnalité qu’il affiche, comme un acteur, comme si il était atteint de schizophrénie alors que c’était loin d’être le cas. Il était impossible qu’une personne reste calme à ses côtés, il en agaçait plus d’un sur son passage. Que cela soit quand on tombe sur son côté White ou sur son côté Dark pour tout vous dire ! Personnellement, il faut le connaitre en partie comme moi mais, qui le connait véritablement ? Je doute que Soushiro san lui-même connaisse son homme de main aussi bien qu’il le prétend. Tellement de jeux, de masques et je me demande toujours comment il fait en réalité pour tenir depuis toutes ses années. Même un agent en couverture au bout de trois ans craque mais lui… Il nage comme un poisson dans l’eau. Je lui propose un verre de vin après tout, c’est mon invité ! Il est de mon devoir de le servir comme il se doit. Je m’absente pendant un moment pour aller sortir un bordeaux de 15 degré qui date de 2005. Une bouteille que je saisis avec précaution et prend le tire-bouchon pour l’ouvrir. Il ne m’en faut pas plus pour tirer le bouchon hors du goulot et remplir les deux verres à pieds. De là, je me dirige de nouveau vers le salon où se trouve mon invité du soir. Nous ne nous sommes pas vu depuis des années et, je ne pense pas que nous aurons beaucoup l’occasion de nous voir de sitôt. Nous protégeons tous deux nos couvertures respectives. Surtout lui. Même mes connaissances, ne doivent pas savoir qu’il travaille pour la police de cette ville mais, qu’il a été un agent du FBI et possède des contacts de par le monde. Je tends le bras pour lui mettre sous le nez afin qu’il le prenne. Jose la bouteille sur la table avant de m’installer en face et de croiser mes jambes. Je porte mon verre devant mes lèvres tout en le scrutant pour essayer de lire en lui mais… Rien… Qu’est-ce qu’il pense ? Comme on peut s’y attendre d’un tel homme. Je le considère comme un grand frère. Je sais que si j’ai un problème je peux compter sur lui mais… Dans ce milieu.. On ne peut finalement faire confiance qu’à sois même. Nos deux clans ont signé un pacte, ont formé une alliance mais, ça ne change en rien le fait qu’ils étaient de redoutables adversaires il n’y a pas si longtemps et ce, depuis des siècles.

Qui me dit que petit à petit, le clan Asami ne va pas essayer d’avoir l’ascendant sur notre clan ? Quoi qu’il en soit l’enfant que je devrais porter aura une responsabilité importante sur les épaules. Coupée dans mes pensées, il prend la parole. Parfois, je me demande comment il fait pour tenir. Entre la clope et l’alcool. Le pire dans tout ça pour ses adversaires et qu’il ne perd en rien ses compétences. Il est un homme redoutable. Vraiment redoutable. Je ne dis pas que je le crains. Mais, je me fais pas d’illusions. Malgré que j’aie l’avantage sur la taille, je n’ai jamais pris le dessus sur lui. Je sors de mes pensées quand il prend la parole. Je lui souris doucement avant d’acquiescer à ses dires. Il a raison, la France est un beau pays qui possède des productions connues de par le monde.

« - Merci pour le compliment ! Je pense que ton appartement l’est tout autant voir plus. »

Après tout, s’il invite des personnes de son service, il vaut mieux que le design de son appartement soit dans les tons chauds et non froids. Je l’écoute continuer doucement. Cela ne m’étonne guère qu’il sache que je sois devenue un professeur de musique. Qu’il sache que je sois à la NG, ne serait pas étonnant non plus. Je ne réponds non pas, parce que je ne le désire pas mais, parce que je sais qu’il connait réponse depuis déjà un moment. Ce ne serait pas digne de lui de venir s’aventurer ici sans avoir connaissance de tout. Qui plus est, je me doute qu’il n’est pas venu ici par simple courtoisie. Je serais flattée qu’il ne soit venu que pour cette raison mais, le connaissant il doit y avoir plus.

« - Qui sait, à l’occasion viens nous voir je te jouerais un morceau ! »

Après tout, n’était-il pas le psychologue de celui qui m’a demandé des séances d’acupuncture ? Alors, il pourrait toujours venir passer le bonjour entre-nous bien que là n’est pas sa place. Sa place est d’être au courant de tout. Je déguste mon vin doucement puis le fait légèrement tournoyer entre mes doigts, un fin sourire sur les lèvres.

« - Pourquoi me poses-tu une question dont tu connais déjà la réponse ? Cela ne sert à rien de gaspiller notre salive plus longtemps ne penses-tu pas ? Tu n’es pas venu ici par simple courtoisie me tromperais-je ? Si je dois savoir quelque chose dis le moi ! »

Ce n’était pas une demande. C’était un ordre subtil comme nous le sommes tous les deux. Je n’ai pas levé la voix mais, j’ai plusieurs choses dont je dois m’occuper. Comme pour cette boite sous la responsabilité de ce dénommé Xia Min. Cette boite qui était sous sa responsabilité… S’il n’y avait que ça…. Le gamin semble cacher quelque chose. Finalement, l’homme de la situation est peut-être devant moi.

 

« - Dois-je répondre à cette question ? »

Une question bien futile en mon sens ! Surtout que le connaissant, il se peut qu’il aime me taquiner voir s’amuser avec moi. Je ne suis pas une pionne. Je suis loin de l’être même ! Je ne comprends toujours pas la raison qui le pousse à être aussi manipulateur bien que je sois probablement mal placée pour parler. Je me doute qu’il connaisse la réponse. Au fond, j’aimerais le connaitre mais, je suppose que c’est ce qui fait aussi son charme enfin… Ce n’est que suppositions. Je soupire doucement avant de regarder mon verre et d’y tremper mes fines lèvres. Cela sent l’arrivée imminente d’une tempête. Quelle information va sortir de ses lèvres ? Je vous le demande et je suis intérieurement tendue. Cependant, je suis loin d’être impressionnable. Si je perds mon sang froid à chaque fois qu’il y a une nouvelle qui me parvient, je ne serais pas digne de diriger mes hommes et de prendre la relève de mon père. Nous n’avons jamais été proches avec mon père mais, cela ne signifie pas que je ne le respecte pas comme je le crains. En même temps, il faut croire que l’âge ne lui enlève pas son charisme. Peut-être quelques rides en plus le feraient-ils ? Si je suis vivante encore pendant quelques années tout comme lui alors, je vous le dirais. J’arque un sourcil et délaisse le panorama que mon appartement me donne pour poser mon regard sur lui. Comment ça rencontrer Ryu par hasard hein ? Mon estomac se noue, se contracte. Je le sens mal. Quand ça vient de lui, j’ai l’impression que tout es calculé comme cette soirée prévue en toute anonymat. Il ne faut pas que ses collègues flics découvrent sa réelle identité et pire que tout, découvrent ma présence et mon véritable boulot et rang dans cette société bien pourrie. J’attends la suite de ce qu’il a à me dire avec impatience mais, aussi accompagnée d’hantise et d’appréhension. Le hasard n’existe pas dans le vocabulaire de cet homme. Il provoque les situations les plus improbables et s’en sort toujours à merveille. Parfois, je me demande s’il est vraiment humain. Je sais qu’il est une bibliothèque vivante. Il est capable de lire à une vitesse et d’emmagasiner des informations tout aussi rapidement aussi incroyable que cela puisse être mais… Cela n’a rien à voir avec Ryu ou peut-être si ! Ryu.. L’homme que j’aime tout simplement. Et c’est vraiment difficile. Très difficile. De le voir entouré de toutes ces personnes et en même temps… Je ne m’empêcher de l’observer de loin à l’agence comme à l’époque où nous étions encore des enfants. Déjà, à cette époque je l’aimais. J’ai très vite décelé que mes sentiments envers lui étaient plus que de l’amitié. Pourtant, ces sentiments qui m’habitent, il les ignore et, je préfère qu’il continue à les ignorer. Je ne veux pas qu’il se sente mal à l’aise ou bien qu’il s’éloigne de moi…

Je sors de mes pensées à la suite de sa réponse. Qu’est-ce que…. Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Mon regard devint froid et je pose mon verre sur la table avant que je ne le brise entre mes doigts.

« - Qu’est-ce que…. »

J’en perds mes mots tellement je suis abasourdie par la révélation qu’il vient de me faire ! Si je comprends bien Ryu est … Je me lève d’un bond pour me pencher vers mon aîné et le foudroyer du regard tant la colère et la peur sont en train de se répandre en moi.

« - C’est quoi cette histoire ? Ryu est en danger c’est ça ? Pourquoi l’as-tu envoyé hein ? Trop gentil ? Ne me dis pas que tu l’as manipulé pour cet ami ? Il faut qu’on y aille. Qu’on envoie une patrouille pour l’aider ! Seichirou sama est il au courant ? Comment as-tu pu ? »

J’étais réellement en colère contre lui. Comment pouvait-il être aussi calme et ce sourire.. J’aimerais lui faire avaler son sourire. Je ne comprends pas. On verra ça plus tard. Ce que je veux c’est où il a envoyé Ryu pour que je me déplace jusqu’à lui. Tant pis pour les risques. Je sais que ce n’est pas très professionnel mais… Je ne supporterais pas qu’il lui arrive malheur. Je ne supporterais pas de le voir blessé. Mon cadet est bien trop gentil. Je ne remet pas en cause ses compétences mais, cela fait un an qu’il a quitté le métier. Qu’il n’est plus de service. Ses acquis doivent être un peu rouillés avec le temps. Je serre les poings avant de lui demander à cet homme là.. En face de moi le sourire pendant à ses lèvres.

« - Dis moi où tu l’as envoyé ! Sinon, je suis désolée mais, il faudra en venir à la manière forte ! »

Mon visage était calme mais, mes iris parlaient pour moi. Je me mets dans une situation précaire. Menacer un homme de son rang d’un tel clan pourrait me conduire à être brûlée sur la place publique en supplément d’avoir mis fin à cette alliance entre nos deux clans. Cependant, pour Ryu, quand il s’agit de lui je perd réellement mon sang froid. Il doit le savoir d’où son sourire mais… Attendez… pourquoi est-ce que je l’entends rire ? Quelque chose me dit que je suis tombée dans le panneau à mon tour comme une bleue… Et, je ne supporte point cette situation..