Au fil des lignes qui vont suivre je vais conter mon histoire. Une fois, mon histoire racontée, je brûlerai ses pages comme pour dire au revoir à mon "ancienne" vie. Oui, aujourd'hui, je commence une "nouvelle" vie. Ne jugez pas, n'aillez pas pitié non plus, contentez vous seulement de lire ce qui va suivre.

Je me prénomme Han Liang. Je suis né un certain 19 août 1985, enfin ça c’est ce qu’il y a écrit sur mon acte officiel de naissance, la réalité est toute autre. Je suis originaire de Corée du Nord, difficile à croire, hein ? J’étais encore un gamin quand cela s’est passé. Il faisait nuit, je devais avoir cinq ou six ans maximum. Ma famille, qui se composait alors de ma mère, mon père ainsi que mes deux autres frères et sœurs, avait décidé de quitter l’horreur de la dictature, le travail forcé, le manque de liberté, les conditions de vie abominable, toute cette misère. Rien que d’y repenser cela me donne des frissons, je ne me souviens pas très bien du peu de temps que j’ai passé là-bas, mais c’est bien assez pour vous dire que même contre tout l’or du monde je n’y retournerais jamais. Tout comme je ne pourrais jamais oublier cette nuit où on a fuit. Je suis libre aujourd’hui, mais au prix du sang de ma famille. Passer la frontière est une chose, mais y parvenir vivant en est une autre. Les mines, les barbelés électrifiés, les soldats, c’est littéralement du suicide, mais il vaut mieux mourir debout que de vivre à genou. Mon père était un soldat, il connaissait la zone, il savait quelques filons pour passer plus aisément. J’étais petit et très maigre à cause de la malnutrition, nous étions assez faible physiquement, nous n’étions pas très endurants. Nous devions cependant être vifs et silencieux. La zone électrifiée passée semblait un jeu d’enfant à côté de ce qui nous attendait, la zone minée. A ce moment, soit tu as de la chance soit tu n’en as pas, et tu compte plus que tout sur ton ange gardien. J’ai marché droit devant sans m’arrêter comme me l’avait ordonné mon père, et puis une explosion suivi d’un cri atroce … Je me suis retourné et je les ai vu … Ma mère et mes deux frères, la chair à vif, il n’y a pas de mots pour décrire pareil atrocités. Je voulais les aider mais mon père m’en a empêché et ma mère me regardais d’un air résigné, ces deux enfants en train de mourir dans ces bras … On ne pouvait plus rien pour eux, ma mère était agonisante, elle ne pouvait plus marcher, elle est restée avec eux. Mon père nous tirait derrière lui, ma sœur et moi. Nous le suivions trop choqués, apeurés pour opposer le moindre signe de résistance ou bien pour pleurer. Nous marchions alors en direction de la Chine.


Une fois, dans ce pays, nous n’allions pas y rester bien longtemps, juste le temps de retrouver notre contact pour les papiers et puis en route pour la Corée du Sud. En Chine, l’administration même si elle est contrôlée par l’Etat, elle est bien facile à berner. C’est ainsi que je suis devenu Han Liang, né à Hong Kong, le 19 août 1985. Je ne me souviens plus de ma véritable date de naissance, mais je me souviens encore de mon véritable prénom Il Yang, Lim Il Yang. Ma sœur est devenue ma cousine recueillie par mon père. Nous avons ensuite passé la frontière Sino-coréenne, mais la « bonne Corée ».


Nous sommes partis de presque rien, mon père n’avait pas grand-chose si ce n’est de faux diplômes et quelques babioles. Les premières années on été dur, mais nous étions très heureux, notre niveau de vie s’est nettement amélioré, en sachant que nous mangions enfin correctement et que nous avions accès à une éducation correcte. Notre père nous a élevé de sorte à faire de moi et ma sœur des personnes libres et indépendantes. Il ne voulait plus que notre bonheur et un sourire barré notre visage à jamais. Il a toujours tout fait, mais la perte de sa femme et de ses enfants l’ont beaucoup affecté, il reportait ce manque sur nous en nous protégeant, en nous offrant le meilleur. Nous nous sommes installés dans la banlieue de Séoul. Peut importe ce que nous faisions il était toujours fier de nous. Il était cependant très pointilleux sur l’école et nos fréquentations. Nous avions des horaires stricts, je ne lui ai jamais désobéi. Contre toute attente, lorsque je lui avouai ma passion pour la musique, il ne me dit rien. Il m’a dit que « la vie était trop courte pour être gâché à faire des choses qui ne nous plaisent pas, il faut vivre sa vie et faire ce qu’on aime, tant que l’on se respecte et que l’on respecte les autres ». Mon père était une personne sensée. Je l’ai pris au mot, je me suis inscrit dans une école après les cours « normaux », je devais avoir douze ou treize ans. Ma sœur avait beaucoup plus la tête sur les épaules que moi, même si elle était beaucoup plus jeune.


Au bout de quelques années, je me suis fait repérer par un producteur d’une agence. C’est ainsi que je suis entré dans le monde magique de la musique. Je suis entré comme trainee dans cette agence, je n’ai pas mit très longtemps pour rejoindre un groupe, T.F.O.A (The Front of Armement). C’était l’un des tous premiers groupes de K-pop, nous étions promis à une belle carrière, seulement juste avant nos débuts, une catastrophe eu lieu… La mort de notre leader. Le groupe a du se dissoudre, chose tragique pour moi autant que pour les autres membres. J’ai pu faire mon deuil pour continuer à avancer, même si je dois reconnaitre qu’au début c’était difficile, je n’ai ensuite plus fait une seule audition, j’ai continué mes études, dans la musique bien sûr puisque c’est elle qui m’a sauvé de la dépression. Après l’obtention de mes diplômes, je suis entré à la New Generation, mais je ne me suis toujours pas résigner à reformer un groupe. J’ai retrouvé la trace de mes collègues et je suis toujours derrière celui qui a le plus mal vécu notre séparation et la mort de notre leader, Taï.