Mains dans les poches, l’air décontracté, Matthew était pourtant loin d’être aussi statique qu’il en avait l’air. Il observait la scène d’un règlement de compte entre petits bandits qui avait vite tourné au drame lorsque l’un d’eux avait reçu un violent coup de poing à la gorge. La pomme d’Adam n’avait pas encaissé le choc… et le type non plus, même s’il était bâti comme un buffle. Cette histoire, bien que sordide à son humble avis, aurait pu s’arrêter là. Le souci, c’est que le type qui avait rendu l’âme n’était pas le premier voyou venu et dès que les premiers intervenants étaient arrivés sur scène, ils l’avaient compris. C’était la principale raison pour laquelle il était ici. Matthew n’intervenait pas souvent sur ce genre de cas. Ce n’était absolument pas son boulot. D’ailleurs, s’il avait été en plein sur une affaire importante, nul doute qu’on ne l’aurait pas demandé de cette façon. Mais, ces derniers jours étaient relativement tranquilles et ils avaient eu besoin de lui, alors… Eh bien, il avait dût venir sur la scène de crime, près de l’Université Yonsei.

Jopok. Les experts avaient trouvé sur un des pectoraux du jeune homme décédé un tatouage plutôt clair à ce sujet : sept étoiles. La Chil Sung Pa, bien sûr. Ça l’avait fait soupirer lorsqu’il l’avait su. Depuis un moment, on voulait le faire entrer la tête la première dans les histoires mafieuses et Matthew était tout sauf d’accord avec cette soudaine « promotion » ! Malgré tout, il en connaissait un rayon sur le sujet à cause des endroits dans lesquels il traînait pour ses affaires… Et le voilà, à observer la scène de crime. Au moins avait-il besoin à la considération de celui qui connaissait. Ça lui donnait envie d’exceller, forcément… Sauf que tout ne pouvait évidemment pas être si facile. Lorsque ça l’était trop, ça devenait ennuyant. Ou du moins, c’est sûrement ce que Cassidy lui aurait dit. C’était bien son genre… Et encore une fois, sa petite sœur avait vraisemblablement décidé de ne pas rester sagement dans son coin, histoire de bien compliquer les événements !

Parce que oui, alors que Matt relève le regard, il la voit là, à une vingtaine de mètres, en train de faire son scénario à un homme qui refuse de la faire entrer. Le jeune homme pousse un looong soupir avant de s’approcher. Il se pose derrière Cassy juste à temps pour l’entendre prononcer son nom. Ça fait arquer un sourcil à Matt, qui croise résolument les bras sur son torse. Ben voyons… Sauf que pas le temps de dire quoi que ce soit que ce débile à l’entrée la laisse passer ! C’est une blague, c’est ça ?! Il attrape rapidement sa cadette par le bras, tout en lançant un regard noir au gardien de sécurité.

« Quoi ? Tu as quelque chose à me dire, Cassy ? », demande l’homme, bien décidé à ne pas la laisser n’en faire qu’à sa tête, cette fois ! Ah… il perdait très (trop !) souvent à ce petit jeu avec Cassidy, comme le reste des gens qui la connaissaient sûrement, mais jamais il n’avait cédé pour quoi que ce soit concernant son boulot, par contre ! « Eh bien vas-y, je t’écoute. »

L’homme lance un petit regard sévère à sa sœur. Ah… il l’adorait ! Il se plaisait souvent à parler des femmes de sa vie et Cassy en faisait clairement partie ! Mais bon sang… Ce qu’elle pouvait être casse-pieds parfois ! Et le pire, c’est qu’elle le savait parfaitement, la sale petite chipie ! Matthew fait ensuite un signe clair au gardien : ils allaient avoir une petite conversation très, très vite… Puis, il entraîne à sa petite sœur loin de la scène de crime, dans le parking presque vide de l’Université. Il la relâche, croisant à nouveau ses bras sur son torse. Ah… Il allait devoir lui passer un savon et il n’était pas DU TOUT doué à ce petit jeu ! Il avait moins de caractère que la demoiselle…

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est pas le moment de venir fouiner. Tu vas trouver des ennuis plus gros que toi à force de traîner où il ne faut pas. », gronde doucement Matt, son ton ne se faisant malheureusement pas aussi froid qu’il ne l’aurait souhaité ! Il était vraiment une quiche à ce jeu et Cassy le savait très bien. Matt était plutôt sur le modèle du gentil garçon qui ne sait pas exploser. Mais lorsque ça arrivait, c’était peut-être rare… mais c’était intense, en règle générale. Juste… pas là, quoi. « Et tu vas m’attirer des ennuis à citer mon nom comme ça. Qu’est-ce qui t’a pris ? Pitié, dis-moi que c’est la première fois que tu le fais ! »

Et le plus bête, c’est sûrement qu’il était prêt à la croire sur parole, même s’il n’était généralement pas trop con avec Cassy. Il avait d’autres ennuis ces temps-ci et préférait encore laisser de côté ce qui était déjà fait, puisqu’on n’y pouvait absolument rien…

« Plutôt que de crapahuter partout, tu devrais aller voir Eve, tiens. Elle s’ennuie toute seule toute la journée. », ajoute Matt, sachant que c’était une belle utopie puisque leur cadette devait bien travailler elle aussi, mais bon… On pouvait toujours rêver ! Ah… et quand même, une dernière chose : « Tu as eu de la chance. Sûrement parce que ce type est plus doué pour regarder que pour écouter. Parce que je ne suis techniquement pas assez haut gradé pour être un chouette laissé-passé. »

Ou du moins, c’est ainsi qu’il se voyait, lui !

Matthew arque un sourcil devant les paroles insensées de sa petite sœur. Oh ça va, il avait l’habitude… Parfois, Cassy était un peu empotée devant lui pour se tirer d’un mauvais pas et celui-ci était très, très mauvais. Toutefois, l’homme croise ses bras sur son torse, gardant un air sévère qui lui était plutôt inhabituel et que sûrement seule Cassy (et peut-être Minah !) connaissait bien. Il se crispe toutefois un peu à ce qu’elle propose, parce que si elle, elle était capable d’en faire abstraction grâce à l’humour ou à un quelconque autre procédé à la Cassidy, il n’en restait pas moins que pour lui, le viol restait un sujet très sensible. Et ça l’était d’autant plus qu’il vivait avec les conséquences de ce dernier, en quelques sortes. Avec Eve chez lui, il avait beaucoup plus de mal à relativiser que lorsqu’elle était encore au Canada, dans un centre qui prenait soin d’elle pour lui.

De fait, Matthew fini par faire remarquer, un peu grinçant :

« Ne blague pas avec ces choses, Cassy. Ce n’est pas drôle. »

Il a ensuite un petit signe de la main pour l’autre policier, lui signifiant ainsi de laisser couler. Le type semble un peu hébété… Mais lui avait l’habitude ! Sauf que bon… même s’il ne lui répond pas, elle a raison sur un point. Elle avait faillit réussir à rentrer et ce n’était pas bon du tout pour ce type à l’entrée. Matt ne répond pas, mais il se doute bien que sa sœur est consciente d’avoir marqué un point, ce qui n’était jamais bon pendant une réprimande ! Ils finissent par s’éloigner et l’homme attend que la jeune femme lui fournisse réponses satisfaisantes à ses questions. Sauf que bien sûr, ça se retourne doucement contre lui et Matt a un loooong soupir découragé alors que sa petite sœur commence à babiller à propos de la mafia.

Il n’allait sûrement pas laisser ça faire, hein. Mentir, ça le connaissait. Déformation professionnelle, en fait. Cassy était un peu comme lui dans le fond, pas vrai ? En tout cas, si mentir était un peu fort comme terme, dissimuler était très bien, pour sa part.

« La mafia ? Cassy… Tu viens couvrir un événement dans une université et tu penses tout de suite à la mafia ? », demande Matthew tout en soupirant à nouveau. « Franchement, tu devrais peut-être te recycler dans l’écriture de romans. La nouvelle Mary Higgins Clark bridée, qu’est-ce que t’en dis ? »

Au moins, ce serait plus sûr ! Ou… pas, vu la bête ! Elle aurait bien été capable d’aller sur les scènes de crimes juste pour décrire de façon plus réaliste dans ses bouquins. Mieux valait oublier cette idée ! De toute façon, ça n’arrête pas sa petite sœur qui… lui fait du chantage ! Matthew a une exclamation choquée !

« Cassidy Kang ! Tu sais que je pourrais te coffrer pour entrave à la justice ?! Alors n’essaie pas de me la faire à l’envers ! », gronde le flic, pas du tout ravit de la façon dont la conversation tournait. « Et pourquoi est-ce que je perdrais mon travail ? Qu’est-ce que tu as fait, encore ?! »

Oh c’était vraiment une plaie quand elle s’y mettait ! Matthew adorait sa petite sœur, mais bon sang ! Il glisse une main dans son visage, puis dans ses cheveux tout en prenant une longue inspiration pour se calmer. Bon… Si ça se trouvait, elle bluffait de toute façon, hein. Histoire de mieux faire pression ou il ne savait pas quoi.

« Tu peux toujours rêver. Tant que je serai ici, tu ne passeras pas. », assure Matt avant d’ajouter, parce qu’il savait que ça n’allait pas convaincre sa petite sœur de rester tranquille très longtemps et qu’il ne pouvait lui-même pas camper sur les lieux : « Et j’aviserai mes collègues. Nous allons faire une déclaration officielle sous peu. C’est ça que tu devrais attendre : comme tous les autres journalistes. »

Et puis bon… Forcément, Cassy le caresse dans le sens du poil, hein. Il lève les yeux au ciel même si ça lui fait grandement plaisir qu’on le reconnaisse pour autre chose qu’un bleu étranger qui a été muté, ou quelque chose d’approximatif. Il avait vraiment de la chance à ce sujet. Ou bien peut-être que ses talents étaient vraiment appréciés… Mais Matt étant le genre d’homme à sans cesse se rabaisser, il avait un peu de mal à le voir ! Quoi qu’il en soit, malgré des compliments qui lui vont droit au cœur, Cassy se met les pieds dans les plats. Parce que quelque chose ne lui avait pas échappé. En fait, à peu près rien ne lui échappait. Déformation professionnelle, encore…

« Je suis un bon laisser-passé ? Comment est-ce que tu sais ça, hein ? », demande Matt, arquant un sourcil. « Tu utilises souvent mon nom ? Tu ne m’as pas répondu… Ah ! Ce serait tellement plus simple si tu avais encore huit ans. Au moins tes bêtises étaient moins graves et je pouvais aller en parler à papa et maman... »

C’était un peu l’option facilité, mais bon ! Cassy était une vraie tête de mule quand elle s’y mettait !!

Matthew n’en rajoute pas à cette blague qui n’avait décidément pas été de son goût. Pas le moins du monde, en fait… Mais, il laisse en effet couler le sujet parce qu’il est évident à la tête que fait soudainement sa sœur qu’elle avait compris avoir franchit ses limites et ce, au plus mauvais moment. Il savait fort bien que c’était irréfléchi et ne lui en voulait pas, mais il n’avait tout simplement pas pu laisser passer. Pour l’heure, le sujet était néanmoins clos et de fait, Matt a un léger sourire pour sa petite Cassy, histoire de lui montrer qu’il n’y avait pas là matière à avoir une tête d’enterrement. Toutefois, il en avait un peu marre de ses sottises et surtout, qu’elle interfère dans son boulot. Bon… Ce n’est pas comme si c’était arrivé souvent, mais à de nombreuses reprises, elle l’avait limite harcelé pour avoir des informations croustillantes ! Elle faisait sûrement très bien son boulot et avait un bel avenir devant elle… Mais ils étaient dans des domaines diamétralement opposés et elle devait le comprendre. Qu’elle se fasse vraiment un « indic ». Mais pas lui. Il ne voulait pas perdre son emploi.

Et elle était rusée et fine, la guêpe ! En effet, sa présence signifiait qu’il y avait forcément quelque chose de plus gros sous tout ça puisque ça n’entrait techniquement pas dans le cadre de ses fonctions. Matthew retient juste à temps un soupir qui, pour sa petite sœur, aurait pu être une indication. Et il y a un léger moment de flottement, mais rapidement, il en revient à lui-même. De toute façon, dissimuler faisait malheureusement parti de sa vie de tous les jours. Il fallait parfois ruser pour en arriver à ses fins et Cassidy le savait mieux que quiconque !

« Je suis là parce que je connais bien la rue. C’est mon territoire. Et peu importe quel genre de petit gang est impliqué, c’est moi qui est à mieux de les reconnaître. », explique Matt, ce qui n’était pas faux sur papier, mais présentement, ils savaient tous qu’ils avaient affaire à la Chil Sung Pa. M’enfin… Ce que Cassy ne savait pas ne lui ferait pas de tort. « Tu vois des géants là où il n’y a que des moulins à vent, Cassy chérie. »

Sur cette dernière phrase, la voix de Matthew avait été plus douce. Peut-être à tort parce que ça créait une brèche dans son mur de brique, mais soit ! Quant à ne pas changer sa façon de faire… Eh bien, il lève les yeux au ciel mais n’argumente pas parce qu’il savait que Cassidy était on ne peut plus sérieuse ! Il la connaissait assez et depuis assez longtemps pour savoir où il valait mieux ne pas gaspiller son énergie, merci bien ! Il prend une petite inspiration pour sa calmer alors que la situation se retourne lentement contre lui. Oui, il était celui qui élevait le ton présentement, mais bon sang ! Rien ne rentrait dans cette tête dure comme la pierre !

« Je crie parce que tu ne m’entends pas quand je parle normalement. Sinon, nous n’en serions pas encore là et tu serais sagement repartie d’où tu viens, ou bien tu attendrais en rang avec les autres journalistes ! », s’exclame Matt, lançant un regard désapprobateur à sa sœur. « De plus, mon travail passe avant le tiens, je te signale. Je suis un agent de la paix et de fait, j’ai des responsabilités pour garder tout le monde bien en sécurité. Toi comprise, miss je-sais-tout. »

Et il savait qu’elle avait sûrement déjà fait des folies, pas la peine d’en reparler parce que ça le rendrait juste malade d’inquiétude ! Le jeune homme croise les bras sur son torse, fronçant les sourcils alors que Cassy trouve une solution terriblement « simple » à ses problèmes d’inquiétude. Et la conscience, alors ?!

« C’est ça oui. Et quand tu te feras kidnapper, je n’aurai plus que mes yeux pour pleurer. Grande idée, Cassidy ! », gronde Matthew, n’aimant pas du tout la façon dont cette conversation était menée. « Je pense que tu devrais vraiment aller voir Eve. Peut-être qu’elle réussirait à te remettre un peu de plomb dans la tête. Parce que tu as raison : je suis fatigué ! Tu n’as aucune idée de ce que cette vie représente ! »

Matt… avait eu cette dernière exclamation de façon complètement spontanée et, un peu honteux, il pose rapidement sa main contre sa bouche, comme s’il avait pu retenir les paroles pourtant déjà prononcées. Oui, il était fatigué. Veiller à ce que Minah ne se perdre pas elle-même dans ses projets de fou. Veiller sur Eve qui parfois pouvait passer douze heures assise dans le canapé à regardé le vide comme une effrayante poupée de porcelaine. Craindre qu’à son retour, il trouverait une lettre d’adieu. Mentir constamment pour protéger sa couverture. Le mal du pays qu’il n’arrivait pas à combattre… Dieu qu’il était fatigué ! Quand est-ce que tout cela allait s’arrêter ?! L’homme détourne brièvement le regard tout en rabaissant sa main. C’est plus calmement qu’il reprend la conversation, parce qu’il n’avait soudainement plus du tout envie de hurler sur Cassy ou sur qui que ce soit. Chez la plupart des hommes ça aurait peut-être été le contraire, mais Matthew n’avait pas cet instinct pour préserver à tout prix sa fierté. Il tend le bras toutefois, rattrapant celui de Cassy.

« Pars pas si vite. », ordonne-t-il sans violence, néanmoins. « Si tu essaie à nouveau de franchir le périmètre de sécurité, je t’amène vraiment au poste et pas pour une ballade santé, c’est clair ? Je n’ai absolument pas envie de faire ça, Cassidy, mais c’est pour ta sécurité et pour le bon déroulement de l’affaire. Si tu flingues en plus des preuves, tu seras inculpée de bien pire et je ne pourrai rien pour toi. »

Mais il était fatigué. Alors quelqu’un d’autre s’en occuperait… Il valait mieux.

Matthew arque un sourcil à la question probablement rhéthorique de sa petite sœur, bras toujours croisés sur son torse. Eh bien ce n’est pas qu’il la prenait pour une bille… mais en effet, il voulait qu’elle gobe ce qu’il lui avait dit, histoire de le laisser tranquille un peu et de repartir sagement d’où elle venait. C’était beau de la voir s’engager autant dans tout ce qu’elle entreprenait et il ne se forçait pas pour le penser, hein ! Mais l’inquiétude accompagnait souvent ses coups de tête et sa belle fougue car elle n’avait jamais su se contrôler, malheureusement. Et cette fois, elle interférait dans son travail. C’était… inadmissible. Elle pose ensuite une question qu’il trouve… absolument idiote, pour dire vrai ! Et lui non plus ne retient pas un petit claquement agacé de la langue contre son palais ! Parce que lui aussi en était capable…!

« Je t’en empêche parce que tu nuis au boulot des flics, Cassidy. Tout ce qui change parce que c’est toi, c’est que tu n’as pas encore les menottes aux poignets, alors respire deux secondes et réfléchis un peu à ce que tu es en train de faire ! », s’exclame Matthew, commençant sérieusement à perdre patience. « Aucun journaliste n’a le droit d’aller sur la scène du crime. Ça semble évident. Qu’est-ce que tu ne comprends pas là-dedans ?! »

Mais bien sûr… Cassy était butée. Et même plus que ça. Présentement, Matt était profondément convaincu que ça tenait maintenant de la stupidité et que demain, Cassy réaliserait ce qu’elle avait tenté de faire. Ou du moins, il l’espérait ! C’est beau, d’ailleurs, l’espoir. Un joli procédé très mignon qui lui permettait encore de se mentir assez pour limiter la casse psychologique. Sa petite sœur continue de s’insurger contre le mauvais traitement qu’il lui inflige. L’astrologie ? Pourquoi pas ?! Ça lui ferait des vacances, à lui ! Mais finalement, hautement frustrée, elle semble vouloir couper court à la discussion. Matthew glisse ses mains dans son visage, fatigué. Heureusement, le reste de la journée risquait d’être un peu plus simple. Il lui fait donc signe de filer, peut-être un peu stupidement, croyant vraiment que malgré sa colère allait avait recouvré un semblant de bon sens. C’était naïf… beaucoup trop et surtout vu la jeune femme en question. Pourtant, il connaissait sa sœur, hein. Mais il avait tellement envie qu’elle lâche le morceau qu’il n’avait pas vu plus loin… Grossière erreur.

Il lâche toutefois un regard noir à Cassidy alors qu’elle hurle et claque des pieds au sol comme une sale gosse mal élevée. D’ailleurs, très sèchement, sa voix claquant comme un fouet, il gronde assez fortement pour qu’elle l’entende :

« J’espère franchement que tu vas repenser à ce que tu es en train de faire, Cassidy, parce que c’est complètement ridicule. On dirait une gosse gâtée qui n’a pas été élevée décemment. Pourtant, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, car je sais que tes parents t’ont très bien élevée ! »

Il soupire, détourne le regard… et c’est le moment fatidique, sûrement. Lorsqu’il en revient à sa sœur, déjà beaucoup plus loin, c’est parce qu’il entend des hurlements. Il ne la voit déjà plus, mais l’entend bien assez pour la retrouver même s’il avait été aveugle comme une taupe. Matt s’arrête net devant la scène particulière qui se déroulait non loin de la scène de crime. Son regard est… infiniment déçu alors que son regard se pose sur Cassidy, maintenue par un gardien de sécurité. Il ferme les yeux quelques secondes, épuisé d’avance… Mais finalement, parce que visiblement, Cassy avait pris un mauvais chemin et avait besoin de réapprendre la vie à la manière dure, il n’hésite plus. De toute façon, si ça n’avait pas été elle, ça aurait fait longtemps qu’il aurait agit… Matthew fait signe à l’homme de relâcher sa sœur, ce qu’il fait sans attendre. Toutefois, il attrape sa douceur son bras, puis les menottes qui pendaient à la ceinture de l’autre homme.

Tout en forçant sa petite sœur à passer les mains dans son dos, il vient les menotter, le cœur lourd de chagrin, mais faisant uniquement… son devoir, oui.

« Cassidy Kang, vous êtes en état d’arrestation pour entrave à la justice. », annonce le policier, la voix dure. L'homme à côté de lui semble tout à sa surprise d'entendre un prénom anglophone couplé au même nom de famille que le siens. Eh oui... malheureusement. Et bon sang que Matt avait honte ! « Avez-vous besoin qu’on vous lise vos droits ? »

Il la force à se retourner vers lui sans la lâcher et n’a plus qu’une seule chose à dire :

« Je n’ai jamais été aussi déçu de toute ma vie. »

Ça résumait très bien ce qui était en train de se produire…. Plus qu’il ne l’aurait réellement souhaité, à dire vrai. Cassidy avait perdu la tête à se plonger tête la première dans son boulot. Et cette fois, la voix de Matthew s’était faite légèrement tremblante…