Quelques jours auparavant, mon manager m’avait annoncé que j’allais faire parti d’un projet qui allait être profitable à ma carrière et à celle d’une autre personne. Ce projet allait me propulser très loin et que c’était bête si je venais à refuser une telle offre. J’ai entendu dire que j’allais être impliquée avec un idole. Mais ce n’était que des rumeurs qui courraient entre staff. Aujourd’hui a lieu le premier rendez-vous avec les supérieurs, les managers et les artistes: une réunion importe donc… Je n’avais pas le droit au retard.

Comme d’habitude, j’ai eu la joie de me réveiller à 4h du matin… Si il y a bien une chose que j’ai du mal à adapter dans ma nouvelle vie est le réveil matin ! Adieu les grasses matinées, et bonjour « je suis devenue une vampire ou zombie ». J’aimerai tant redevenir une enfant, les enfants acteurs commençaient bien plus tard leur journée… Quelle idée de faire une réunion à 5h et demi ! Ce n’est même pas un tournage… Apparemment, les grands chefs n’ont pas réussi à trouver un autre horaire.

A moitié endormie, j’entends mon manager me gronder. « Tu n’es pas encore réveillée ?! Allez debout ! Faut qu’on aille chez le maquilleur, tout de suite ! » … Si seulement, j’avais appris à me maquiller pendant mes 10 ans d’exclusion… j’aurai pu dormir 20 minutes de plus… Debout dans mon studio, je vois que mon manager avait déjà préparé mes habits. Je vais dans la salle de bain et je fais ma petite routine « skin care ». Ensuite j’enfile mes habits et je me fais une petite coiffure. Au moins, pendant 10 ans, j’ai réussi à devenir une excellente coiffeuse. Dieu merci… En 20 minutes, nous voilà parti sur les routes pour voir le maquilleur. Et à 5h je me retrouve assise seule dans une salle de réunion.

Cette salle en question n’était pas si grande… Moi qui m’attendait à me retrouver avec plus de 10 personnes, je peux observer qu’il n’y a que 5 fauteuils et une table basse qui séparent les fauteuils en 2 et 3, faisant face l’un aux autres. Mon manager me dit qu’il viendra me chercher une fois la réunion finit, mais avant ça, je devais bien me tenir et faire bonne impression. Je commence à stresser, et m’imagine les pires scénarios… Mon manager a tellement mis les points sur le i, de  « important pour ta carrière » que j’ai fini par me dire « c’est la vie ou la mort »…

Je regarde l’heure… il est 5h10… Toujours personne… C’est étrange mais j’ai l’impression que le temps s’est vraiment figé. Je devrais avoir l’habitude de ça… mais je sens l’angoisse monter… J’ai le cœur qui bat les 100 coups… Mon dieu je vais avoir une crise cardiaque. C’est alors qu’un jeune homme ouvre la porte et entre dans la salle. C’était tellement soudain que je me suis levée de mon siège, à la fois surprise mais je ne prends pas le temps de le regarder et je commence les formalités, je m’incline comme signe de respect.

« Bonjour, je m’appelle Baek Jieon, enchanté » Dis-je en utilisant le langage soutenu et formel normalement utilisé pour les supérieurs.

Je relève la tête, c’est alors que je vois un jeune homme, ou plutôt un ado ? Oups… faut vraiment que je me détende…

Bak Yul… voilà donc comment se prénomme le garçon qui se trouve à présent à côté de moi. A première vue, j’ai cru me retrouver en face d’une jeune fille tellement que son visage est beau et doux. En général, je n’ai jamais aimé les personnes qui ont des cheveux teintées mais étrangement cette couleur se marie parfaitement avec sa peau si claire et lisse. C’est dur à admettre et j’en déprime : il est bien plus mignon et joli que moi. Il a l’air d’être un petit ange ou encore le petit prince.

Le garçon s’assied sur le dernier fauteuil vacant se trouvant à côté du mien. J’en déduis qu’il est le fameux artiste avec qui je devais travailler. Je me demande ce qu’il fait dans l’agence… Est-ce un acteur comme moi ? Un chanteur ? En tout cas, je ne l’ai jamais vu auparavant… Bon faut dire que je suis mal placée pour dire ça. Je suis tellement à la masse niveau actualité que c’est possible qu’il soit un idole très connu. Et si c’est le cas, je vais devoir lui demander pardon pour mon ignorance.

Après s’être présentés à tour de rôle, un silence s’est installé dans la salle. Je n’ai jamais eu peur du silence, j’en ai l’habitude avec mes années d’expérience. Mais toute personne normale aurait déjà essayé de masquer ce silence en posant des questions peu pertinentes pour rendre l’atmosphère moins lourde et froide. Pendant les 3 minutes qui peuvent paraître longue pour certains, j’observe la vue incroyable que nous offre la salle sur la ville. Je ne pense à rien et je me perds. C’est alors que les supérieurs qui nous ont convoqués entrent dans la salle. Je me lève et par signe de respect, je m’incline et les salue. Comme le nombre de siège libres, ils étaient trois : deux hommes et une femme. Un homme, se trouvant à ma droite, pris la parole.

« Vous avez été sélectionné pour jouer dans un clip. Vous n’allez pas apparaître tout le temps mais vous avez un passage bien à vous : le baiser. Si vous refusez vous ratez tout de même un rôle dans un clip, ce serait dommage pour des talents prometteurs. »

Je ferme les yeux une fraction de seconde avant de les rouvrir. Un baiser… encore une fois… Depuis que j’ai repris du service, j’ai l’impression qu’on me demande que ça. Sérieusement, ils ne se sont jamais dit que je n’ai jamais été en couple auparavant et jouer ce genre de scène m’est extrêmement difficile. Je suis sûr que mon manager était au courant, c’est un démon, il a fait exprès de dire que c’était une question de vie ou de mort…

Baiser à part… attentive comme je le suis, j’ai pu souligner le singulier de « un passage bien à vous » et la négation sur « vous n’allez pas apparaitre tout le temps ». Qu’est-ce que ça voulait dire ? Je n’allais jouer que ça ? Une seule scène ? Et on me dit que je vais rater quelque chose de ma vie ? C’est bien étrange, je me permets alors de demander plus détails. Alors que je suis en train de douter sur ce rôle, le garçon qui se trouve à côté de moins semble bien plus optimiste et accepte quasi spontanément : « Moi ça me va ». Je le regarde à moitié surprise. Est-ce qu’il a réfléchi ? ou bien c’est moi qui ne voit pas l’importance de l’offre ?

L’homme finit alors par se retourner vers moi et me demande. « Et votre réponse ? Vous m’aviez l’air d’hésiter. »

Avant de lui répondre, je jette un coup d’œil à Bak Yul qui semble être très intéressé par ma réponse puis mon regard se retourne sur mon interlocuteur.

« Et bien, pour tout vous dire, vous nous avez dit un peu plus tôt que nous n’allions pas apparaître souvent dans le clip et vous avez clairement souligné qu’une seule scène est vraiment importante : celle du baiser … Êtes-vous en train de dire que nous allions vous servir de doublure ? Doubler une seule scène non désirable pour les acteurs principaux ? Si c’est bien cela, je refuse. »

Un silence s’installe dans la salle. Je vois que Bak Yul me fixe du regard. Était-il choqué ? Peut m’importe, je veux une réponse et c’est celui de cet homme assis en face de nous. L’homme me fixe du regard, et je le maintiens, et il finit par rigoler, brisant ainsi le silence.

« Hey bien Mademoiselle Baek Jieon, je vois que vous êtes très à l’écoute, vous savez ce que vous voulez et vous ne prenez pas les premières offres sans connaître toutes les détails. Vous me plaisez ! Bien, parlons de ce projet, je vous laisse la parole Madame Kim. »

Je rêve ? Où il a évité ma question ? Qu’est-ce que cela signifie ? Je me sens perdue et je regarde Bak Yul, apparemment lui aussi... La femme qui se trouve sur la gauche de Bak Yul, finit par prendre la parole. Elle nous distribue à nous deux une feuille.

« Voici, les paroles d’une chanson qui a été écrite par un chanteur, dont on ne vous dévoilera pas le nom tout de suite. Cette chanson parle d’un amour interdit. Et cet artiste en question, nous a demandé de trouver des acteurs pour représenter ces paroles. Pour répondre à votre question, vous n’apparaissez pas sur toute la vidéo car le clip met en scène la vie de plusieurs couples. »

L’homme reprit la parole.

« Alors, voulez-vous faire parti du projet ? Je dois avouer que l’histoire de vos deux personnages n’est pas encore définie, nous aurons besoin de votre aide. Toute proposition d'idée est à prononcer »

Je fixe ma feuille et je regarde Bak Yul. Les paroles de la chanson me touchent énormément et l’idée de jouer avec Bak Yul me motive. Ce garçon m’intrigue… Il a un look bien à lui et j’ai l’impression que nos deux images ne vont pas bien ensemble. Mais pourtant… ils nous en choisient. J’ai envie de savoir pourquoi…

« Très bien, j’accepte. Je veux faire partie de cet aventure. Par contre je n'ai pas d'idée...»

Après avoir annoncée ma décision, j’ai pu observer que les personnes présentes dans la salle étaient toutes ravies. Par contre, je me demandais bien de l’opinion de Bak Yul. Que pouvait-il bien penser de moi dans ce rôle ? Je lui jette un regard, mais je ne pouvais lire aucune réaction sur son visage mis-à-part son inquiétude… Était-il inquiet à cause de moi ? Ou à cause de ce qui lui réserve ? Bref je ne m’attarde pas plus et il finit par accepter le rôle à son tour. Apparemment, il a fini par réfléchir à deux fois et à accepter. J’étais contente, c’était un bon signe. En effet, beaucoup d’acteurs disent dans les interviews qu’ils choisissent leur rôle par rapport à l’histoire et le personnage à jouer mais en réalité, tout acteur accepte un rôle en prenant compte de l’alchimie. C’est un facteur très important car si l’acteur n’est pas assez compétent, ses émotions négatives peuvent se faire sentir dans les caméras.

Maintenant c’est fait, mon destin est scellé. Décision faite, je ne peux plus reculer. A partir d’aujourd’hui, je dois me faire à l’idée que Bak Yul va être mon partenaire et qu’il jouera mon petit ami, fiancé, mari,…, peu importe : on allait former plus que un. Il est donc nécessaire qu’on se rapproche. Expérience vécue, il n’y a rien de plus pire que de se retrouver avec quelqu’un avec qui il n’y a pas de courant qui passe. Vous savez… la situation typique  « awkward ». Sérieusement, je préfère l’éviter. Quand Bak Yul s’est rapproché de moi, je me suis tout de suite sentie plus à l’aise. Bon pas tptalement je l’avoue, mais c’est un peu mieux. Il va falloir d’un peu plus pour briser la glace… Ah je suis trop coincée… faut vraiment que je sois plus ouverte… Un jour j’y arriverai !

« Alors... Je pense qu'on devrait réfléchir à deux et se mettre d'accord sur une histoire non ? »

Après son murmure, je le regarde et hausse mes épaules pour lui dire que j’étais quand même pas mal perdue malgré tout. Personnellement, je n’avais pas forcément compris à ce qu’on devait faire… Devait-on vraiment tout inventer de A à Z ? Jusqu’à maintenant j’ai toujours reçu un script… mais là, me demander de créer toute une histoire et inventer mon personnage… Euh je dois dire que cette idée me rend plus que nerveuse. Je ne suis pas créative du tout. Je suis actrice c’est tout. Je me retourne alors vers la femme et lui demande.

« Excusez-moi, on doit tout inventer ? tout sur tout ? Personnage et l’histoire ? »

La jeune femme sourit. Quel sourire… J’en frissonne. Ce sourire était à la fois doux et sadique. C’est comme si elle disait « Si vous ne faîtes pas un bon boulot vous allez en souffrir ». J’ai un mauvais pressentiment…

« Oui, vous avez tout à fait compris. Nous allons vous laisser discuter et nous reviendrons dans 20 minutes. D’ici là, j’espère que vous aurez trouvé quelque chose d’intéressant à nous raconter. »

Sur ces mots, les trois supérieurs se lèvent et sortent de la salle sans dire un mot de plus. Même pas un « bonne chance » ou « à toute à l’heure ». J’en reviens pas. Juste comme ça et ils partent ? C’est quoi ça ? Je me retourne vers Bak Yul. J’étais sans voix et j’espérais que lui serait plus serein et confiant que je le suis. Mais apparemment, il était également sans voix. Décidément, il n'y a pas un pour rattraper l'autre... Je finis par avoir un rire nerveux et lui dit.

« Je suis désolé de dire ça mais… ça sent le roussi... »

Je ferme les yeux pendant quelques secondes, je prends un bon coup d'oxygène et je finis par me raisonner.

« non non, ca va aller on va réussir ! Mais je suis actrice pas écrivaine ! D’ailleurs toi aussi non ? Comment on va faire ? »

Je m'enfonce dans mon fauteuil et je pose ma tête contre ma main. J'essaie de trouver une solution au problème. Mais il n'y a pas de solution! Enfin oui. La solution était simple: fais ton boulot et tais toi! Je me relève et je me remet droite. Je prends la feuille dans mes mains et j'analyse une deuxième fois les paroles.

« bon… allons droit au but… as-tu une idée de départ ? Il nous faudrait quelque chose qui colle à notre image ? Quel genre de couple pouvons-nous représenter sachant qu’on doit faire un amour impossible? »

Je le regarde tout en recherchant une toute petite lueur d’espoir. Pour la seconde fois de ma vie, je ne me montre pas très professionnelle. Je déteste perdre mes moyens… Décidément, la NG ne finira jamais de me tester jusqu’au bout.

Je m’enfonce dans le fauteuil, et je me mets à réfléchir aux nombreux dramas et films que j’ai dû regarder pour me mettre, comme le dirait si bien mon manager, à jour. Il existe des tonnes d’histoires d’amours, le problème se trouve dans l’originalité. Il faut trouver quelque chose qui sort de l’ordinaire et surtout qui colle à notre apparence. Bak Yul me dit. « Hum... On pourrait faire un truc simple mais touchant je pense... Deux amis qui s'aiment en fait, ils se l'avouent puis ce serait la scène du baiser... Et ensuite pour l'amour impossible je ne sais pas trop ». Mon partenaire me propose une simple histoire d’amour entre deux amis. L’histoire est banale mais il est clair qu’on peut jouer sur les émotions. Mais pour cela, il va falloir se montrer bon acteur et très convaincant. Sommes-nous capables ? Ensuite, il y a une chose qui me dérange. J’observe mon partenaire Bak Yul. Je peux conclure que je fais bien plus âgée que lui. La différence d’âge est frappante. Je me demande s’il est possible de donner l’impression d’être plus âgé ou jeune avec le maquillage, la coiffure et les habits. J’en doute fort car Bak Yul me parait trop mignon pour être un homme affirmé et masculin. Et me faire passer pour une lycéenne est presque impossible vu mes dernières rôles… Personnellement, je pense qu’une relation amicale entre deux personnes de même âge est à éviter. « Ne le prends pas mal mais je pense qu’il faut jouer sur notre différence d’âge… Je me vois mal jouer une fille de 18 ans… j’ai perdu toute ma jeunesse… » Dis-je en prenant un air désespérée.

Perdue dans mes pensées, le garçon sort plusieurs sucettes de sa poche avant d’agiter une sous mon nez en me proposant gentiment si je la voulais. Il se mit à rire et le déguste aussitôt après me l’avoir remise dans la main. Je le regarde savourer son bonbon avec un petit air enjoué. Non, je confirme, je n’arrive pas à le voir jouer un homme virile de mon âge. Il est trop mignon, ce n’est pas humain. J’enlève le plastique recouvrant la friandise et je la déguste également. Mon dieu, ce que j’adore les friandises. C’est sûr, au fond de moi, je n’ai vraiment pas grandi. Si Bak Yul avait sorti un paquet, j’aurai pu le finir à moi toute seule en quelques instants. « Merci, c’est gentil pour la sucette» lui dis-je en souriant. Ce petit geste de rien du tout avait réussi à me détendre complètement. Je me sens dorénavant plus confortable que jamais.

Pendant que je déballais le bonbon, Bak Yul me demanda « A ton avis, pourquoi ils nous ont choisi ? ». La sucette dans la bouche, je hausse les épaules pour lui faire comprendre que je n’avais aucune idée. Mais je crois avoir compris pourquoi. Ils ont surement vu qu’on allait très bien s’entendre. Je reprends la feuille de chanson que j’avais momentanément déposée et je sors un stylo de mon sac à main. Je souligne les mots clés des paroles. Tout en réfléchissant, je fais des petits dessins abstraits sur la marge, c’est une petite habitude que j’ai pris m’aidant à me concentrer. Sachant que c’est pour un MV, il n’y aura pas forcément beaucoup de dialogues à mettre en place. Il faut donc une histoire simple et compréhensible au muet. Seulement, en observant les paroles, l’histoire d’amour parait bien compliquée à illustrer. Un amour partagé mais impossible. De mon point de vue l’amour impossible peut être un amour à sens unique ou un amour qui n’est pas bien vue par la société. Le choix est vite fait, il ne nous reste plus qu’à se focaliser sur un amour entre deux personnes qui ne peuvent pas s’aimer car c’est contre la volonté des autres, la tradition ou la culture. Une idée me vient : « Et si on jouait sur une relation : lycéen et une enseignante stagiaire ? A mon avis, ils nous auraient peut être choisi pour illustrer ce genre de relation ? Une relation avec une différence d’âge ?» Cette idée me plait bien mais quand est-il de mon partenaire ?

J’observais mon partenaire, recherchant la moindre réaction à ma proposition sur nos rôles respectifs, c’est-à-dire une relation enseignante et élève. J’avais peur de le blesser en soulignant qu’il était bien plus jeune que moi ou du moins qu’il en avait l’air. Pour un instant, je vis Bak Yul se mettre dans un état de gêne, baissant légèrement les yeux n’osant pas croiser mon regard. Puis, j’ai cru voir ses joues rougir quelques fractions de secondes avant de dérougir. Me faisais-je des idées ? Possible, le garçon avait vite repris son air normal et enfantin avant de répondre à ma question. Quoiqu’il en soit, j’ai la grosse impression que je venais de toucher à un sujet sensible avec mes remarques et propositions. C’est pourquoi, je ne préfère pas trop m’y attarder. Ce n’était pas mes affaires.

« C'est une bonne idée. Tu as raison. Après, on n'a plus qu'à trouver comment on peut illustrer toute cette histoire, depuis une rencontre, en muet. » A l’écoute de sa réponse, j’étais ravie. Je lui souris tout en essayant de contenir mon excitation, ma joie explosive. Au fond, j’étais une enfant qui avait envie de crier Y-E-S tout en sautillant à droite et à gauche. Je suis sûr qu’il a pu remarquer le changement de l’expression de mon visage : le grand sourire aux lèvres et les yeux brillant. J’étais décidément facile à comprendre malgré tous mes efforts pour cacher.

Comme Bak Yul avait dit, il nous fallait trouver un moyen de mettre en scène toute notre histoire sachant qu’il n’y aurait surement pas de dialogue ou très peu. Comme j’avais pu le remarquer il avait aussi compris que c’était un vidéo clip qu’on tournait et non un film. Et dans un vidéo clip, on entend principalement la musique, c’est-à-dire les paroles du chanteur. Et forcément, il fallait un décor qui pourrait expliquer nos rôles respectifs ainsi que des comportements adéquats et évidents pour que les téléspectateurs puissent suivre l’histoire de nos personnages sans se perdre. Je finis par murmurer des paroles qui allaient surprendre plus d’un… « Il faudrait qu’on le fasse dans une salle de classe… »

À la même minute et seconde, mon partenaire avait prononcé à voix haute ce que je n’avais osé. « Il faudrait que l’on fasse ça dans une salle de classe ». Surprise, je m’étais immédiatement retournée vers lui sans en dire un mot. Par contre, je ne pouvais cacher mon rire. Pour une synchronisation, elle était parfaite. Finalement, on n’était pas si différent de l’un et l’autre. « Hey bien, je pense qu’on est sur la même longueur d’onde, ça fait plaisir à savoir » lui dis-je avec un sourire.

Je me lève et je me mets à faire les 100 pas allant de mon siège aux fenêtres, faisant des aller-retours. Qui sait, peut-être ça allait m’aider à avoir des idées et en plus de cela, ça me permettait de me dégourdir les jambes. De temps à autres je jetais mon regard sur Bak Yul ou encore sur les divers tableaux accrochés aux murs. Après avoir fait un énième aller-retour, je finis par m’assoir en face de mon partenaire sur l’une des sièges de nos supérieurs. Oui, je préfère les conversations face à face. « Bon, j’avoue que je n’ai aucune idée comment mettre en scène, mais je suis sûr que la dernière scène doit être la scène du baiser. Comme un baiser d’adieu… Qu’est-ce que tu en penses ? »

A peine mon partenaire m’avait-il répondu que les trois personnes qui nous avaient précédemment convoqué dans cette salle entrèrent dans la salle sans même avoir pris la peine de frapper. On peut dire que ça m’avait bien surpris. Pour preuve, j’avais sursautée laissant échapper un petit cri que j’ai essayé de masquer en me mordillant les lèvres. Afin de céder ma place à nos employeurs, je me lève et de suite je me repositionne aux côtés de Bak Yul.

Je me retourne vers mon partenaire et je murmure à voix basse. « Quoi ? il est déjà l’heure ?! Qu’est-ce qu’on fait, on a à peine discuté?» Me redressant, le dos droit, je souris à nos recruteurs. Puis, je regarde la femme qui venait de prendre la parole. « Très bien, on vous écoute. ». Je ne sais pas pourquoi, mais cette femme me donnait vraiment la chair de poule. J’en avais les mains qui tremblaient et pour tout vous dire c’est bien la première fois que cela m’arrive. J’expire et je la fixe avec un regard serein. « Nous avions pensé jouer une relation enseignante et élève. » Le femme me regarde et me fait signe de poursuivre. Mais pour tout vous dire, je ne sais pas quoi dire plus. On n’avait juste pas eu le temps de développer quoique ce soit. Je jette un coup d’œil à Bak Yul tout en espérant qu’il avait une idée quelconque derrière la tête qui pourrait nous faire sortir de là…