« Alors, que t’a-t-il dit ? - Qu’il n’avait rien ! Notre fils est en parfaite santé. Il est juste déterminé à communiquer avec des pleures, des rires et avec les mains.. » déclara la jeune maman, en imitant grossièrement son fils dans son habituel mode de communication. D’un autre coté, telle une plante verte, le bambin se posait bien là. Il ne parlait pas. De temps en temps, quand il en avait marre d’une situation, il pleurait. Quand il appréciait, il souriait et riait tous simplement. Pour avoir quelque chose, ses petits bras se tendaient pour désigner un objet et il obtenait. Sa mère avait même tenté de résister en espérant entendre un mot de sa part. Mais rien, aucun mot ne sortit de sa bouche. Ses parents qui espéraient tellement entendre un papa ou une maman de la part de leur fils -ayant même lancé les paris pour cet événement. Mais le principal concerné n’était vraiment pas décidé à leur faire cette faveur. Pour un enfant de cinq ans, il ne souhaitait pas encore discuter. Un ‘handicap’, qui inquiétait les parents. Les docteurs y passèrent, les psychologues aussi et ce ne fut qu’un orthophoniste, qui trouva la solution en vainquant le mal par la musique. La patience étant mère de toutes les vertus, le jeune garçon commença alors à prononcer les syllabes entendues et puis, les phrases prirent un sens. Au fil de l’année, il parlait autant que les autres, voir un peu trop.

Son père était un charmant chef cuisinier au sein d’un restaurant coréen dans la capitale française. Quant à sa mère, elle était une pianiste de renom. Elle s’était installée en France par amour pour ce pays. Grâce à ses études en musique, elle enseigna son art à bons nombres d’étudiants. Régulièrement, elle jouait même avec son groupe et tenait des représentations au conservatoire. Des événements où Raphaël ne ratait aucune miette. Dans les coulisses, sur des chaises empilées les unes avec les autre pour mieux apercevoir par-dessus les adultes, il observait sa mère et ses doigts s’actionnaient en faisant le même mouvement. Les frissons le parcoururent aux premières notes émises. Puis, la chanteuse entrait en scène. Grâce et élégante avec cette voix suave. Il connaissait toutes leurs chansons et les fredonnait au même rythme. Ce fut ainsi qu’il ne perdit pas sa langue natale, sa mère faisait au mieux pour perdurer cet héritage à l’écoute de ces musiques traditionnelles. Il aimait croire aussi que la musique était dans son sang comme il avait pu l’être pour sa mère, lui-aussi sera connu et reconnu par les plus grands. Alors qu’il devait réviser ses cours pour le lendemain, nos jeune préadolescent préférait rester à regarder sa mère et ses amis jouer de la musique. Les cours et lui faisaient véritablement deux, avec une bonne marge les séparant l’un de l’autre. En clair, il s’y ennuyait. Il en agaçait même ses profs à jouer le rythme d’une musique avec son style-à-billes ou alors, à parler d’un rien avec son voisin. Être assis à écouter les enseignants, il apprit précocement que ce n’était pas son environnement. Et ça, sa mère s’en rendit rapidement compte. De ce fait, elle l’inscrivit à une école de chant réputée à Paris. Ainsi, elle espérait le voir s’épanouir au mieux et reprendre goût aux études. Même si le paternel n’était pas tellement de cet avis..

« Raf’ ! Regarde, regarde… mais regarde ! » hurla presque sa cousine pour l’interpeler, lui arrachant son casque audio par la même occasion. C’était une annonce pour une émission de télévision anglaise, X-factor. Lui expliquant qu’il pourrait se faire connaître en allant aux sélections, sa cousine se montra bien plus excitée face à cette nouvelle. De son coté, l’adolescent y réfléchit un court instant avant de faire finalement ses valises pour Londres. Il mit ses parents sur le fait accompli et plia bagage vers cette opportunité. Il s’aida des économies faites lors de ses heures au restaurant et de son argent de poche. Sa guitare et lui dans les couloirs de la production anglaise, il attendait son tour. Un bouquin d’anglais pour les nuls dans la main, il se dépatouilla parmi ses voisins d’outre-manche. Puis, face aux jurés, il leur chanta Hey Jude des Beatles. Ce fut une première victoire puis, elles s’enchainèrent jusqu’à la demi-finale. Cependant, à cette avant-dernière marche, il fut éliminé. Avec le soutien d’amis et famille, notre jeune chanteur releva rapidement la tête et remonta assez vite en selle en tentant un nouveau X-factor, mais en France. Et, contrairement à chez les britanniques, Raphaël dût s’arrêter aux quarts de final de la compétition. Une deuxième défaite qui ne passa pas aussi bien que la première. En effet, il en sortit désillusionner. Quelques jours à broyer du noir, notre jeune homme se renferma et en vint à ne plus chanter. Son front soutenu au dessus des touches du piano, il les regardait sans vraiment les apercevoir. Ses doigts composaient des mélodies simples. Puis, une faute note survint et dans un excès de colère, il vint à refermer le piano violemment et se réfugia dans sa chambre loin des yeux de sa mère inquiète. Sa guitare partit au placard avec tous ses partitions.

A croire qu’il retournait en enfance, il s’enferma de plus en plus dans une sorte de mutisme et s’isola du monde, n’écoutant même plus les encouragements des personnes l’ayant suivi lors des émissions. Comme son père l’aurait souhaité, le jeune homme reprit des études, en choisissant la filière commerces par défaut. Sans y trouver aucune joie, il emmagasinait les informations sans s’y intéresser. Cela relevait plus de la corvée qu’autre chose. Puis, un de ses amis décida de se charger de son cas et ainsi, ne pas enterrer tout ce talent aux oubliettes. Beaucoup avaient appréciaient ses performances et il en vint à être un harceleur ; il était toujours derrière lui, pour qu’il chante à nouveau. Le pourchassant dans les couloirs ou même dans la rue en lisant les commentaires à la suite de ses anciennes performances, passant ses reprises sur son portable, le citant lors de ses interview où il exprimait sa nécessité de chanter et son intérêt à la musique, il était lourd et pourtant, c’était ce qu’il fallut à notre jeune étudiant pour se réconcilier avec son art de prédilection. Cet ami ressortit la fameuse guitare et lui tendit. Un instant de doute puis, Raphaël la reprit finalement. Comme l’apprentissage du vélo, en presque un an d’absence et d’abstention, il semblait n’avoir rien perdu. Les mêmes manies à frapper le bois de cette guitare sèche avec ses doigts, son fameux plectre se réconciliant avec les cordes de l'instrument, sa voix inchangée se fit de nouveau entendre et cette réconciliation fit vite retranscrite sur la toile. Il conclut alors avec un ton léger ; « I am back. », souligné d’un sourire amusé et la vidéo cessa ainsi.

Avec son fanfaron qui jouait la navette entre Raphaël et internet, le chanteur reprit un bon nombre de musiques françaises, anglaises et même, coréennes. Les remaniant à sa sauce ou les gardant inchangées, il s’en amusait sans véritablement chercher par tout les moyens à briller. Comme si il avait la crainte d’un troisième échec, il y allait avec des pincettes. Il prenait son temps entre chaque, écoutant davantage ses fans. Parallèlement, il avait obtenu son BAC pro en commerce. Puis, un jour alors qu’il rentrait chez lui, sa mère était attablée avec un inconnu. Ce dernier était un agent d’une grande maison de disque, qu’il l’avait remarqué grâce à ses covers postés. Le choc étant d’avoir été remarqué par une maison de disque et qu’il en vienne à se déplacer en personne chez lui. Et, un détail et pas des moindres, il venait de Corée du Sud. Il lui proposa d’intégrer leur agence appelée, New Generation. Au départ, il pensa à une blague. Il en appela même son ami à sortir de sa cachette, mais il se ridiculisa plus qu’autre chose face au coréen pur souche. Ce dernier lui laissa alors un délai pour lui répondre. Raphaël en profita grandement. Un temps pour réfléchir dans quoi il allait se lancer, il y rencontra le soutien de sa mère et même son père vint à lui manifester son approbation. Sans parler de ses amis, qui lui hurlaient déjà de plier bagages vers le pays du matin calme. Alors face à ce soutien, il accepta la proposition de l’agent et mit le cap sur Séoul.

Une vie dont il ne s’accommoda pas si facilement. Néanmoins, à l’heure d’aujourd’hui, il a trouvé sa place au sein du groupe Mirage of Blaze, après six mois de vie commune. Sa famille et ses amis lui manquent encore, la distance étant dure à vivre. Raphaël a fini par combler ce vide avec les membres du groupe. Du travail à la colocation, cela a permis de tisser des liens forts dans une bonne ambiance. Maintenant, il espère que le temps passera aussi vite pour débuter et enfin voir la concrétisation de son rêve, en espérant que la troisième soit la bonne.