Tentative d’écriture de vie n°31564654

Non, ce n’est pas la première fois que je tente de remplir ces maudites feuilles blanches de ce journal, mais cette fois c’est différent. J’ai vraiment besoin de me défouler, d’extérioriser mes sentiments, de me confier. Mais je ne peux évidemment le faire avec personne, je ne veux/peux pas me montrer comme ça. J’ai bien tenté de discuter avec des amis, mon grand frère ou de me défouler en faisant du sport. Rien n’y fait, c’est toujours là & ça risque bien de rester un bon moment. Je me retrouve là bien calé par mes oreillers, dans mon lit, en train de réfléchir par où je dois commencer. Je me trouve malin de penser « par le commencement ». Enfin, puisqu’il le faut je vais le faire dans les règles de l’art.

Je suis Summer Jun Hee. Je suis né le 07 avril 1990 ce qui me fait 22 ans aujourd’hui. Je vis à Séoul dans la maison de mon défunt père entouré de mes deux frères. Je suis désormais un peu comme un orphelin. Enfin, je suis dans une situation familiale légèrement délicate. Ma mère est décédée d’une overdose quand j’avais 12 ans. J’ai beaucoup de mal à parler de mon passé, quand j’étais avec elle. On ne peut pas dire qu’elle ait été la plus tendre des mères. Il faut dire que je suis un enfant un peu surprise dans le fond, je suis l’œuvre d’une liaison d’une nuit entre je ne sais qui et ma mère saoule, désespérée de se faire rejeter par mon père adoptif, qui était son compagnon de jeu dans LE film à cette époque. Enfin, elle est tombée dans le cercle vicieux de la dépression et la drogue juste après m’avoir mis au monde. Elle s’est évidemment retirée du monde du spectacle pour se consacrer à mon éducation, au début cela pouvait aller, du moins de ce que je me souviens. En fait, ce n’est pas vraiment elle qui m’a élevé, c’est surtout mes grands parents, ils n’aimaient pas vraiment la manière de se comporter de leur fille, mais comme ils disaient, « ce n’est pas parce qu’elle gâche sa vie, que je dois en subie les conséquences. » Puis, un jour elle a ramené un gars à la maison, il était plutôt sympa. Pis, la semaine d’après c’en était un autre et ainsi de suite, jusqu’à ce que ce soit de manière très récurrente (je vous épargne les détails, mais je suppose que vous êtes assez malin pour deviner.). Certains restaient plus longtemps que d’autres, mais y’en a surtout un que jamais je n’oublierais. Je devais avoir sept ou huit ans, il était là depuis pas mal de temps (un mois en fait), au début, il ne faisait pas attention à moi, j’étais le gamin silencieux, qui rentrait tous les soirs après être passé chez ses grands parents pour prendre le goûté et faire mes devoirs. Il m’apportait des bonbons de temps à autre, mais voilà & un soir, je ne sais pas ce que j’ai fait, il était saoul. Il a commencé par frapper ma mère en l’insultant de tous les noms et je me trouvais là tétanisé par la peur, mais c’était tout de même ma mère et j’ai essayé de m’interposer. Mais voyant qu’il n’arrêtait pas je lui ai lancé le premier truc que je trouvais, soit mon album de coloriage. Je sais, c’était débile de ma part, mais quand on est petit, on ne pense pas à mal en faisant ça. Je voulais seulement qu’il arrête de faire du mal à ma mère.

Visiblement, ça ne lui à pas plus et il n’a pas compris mon message, alors il m’a attrapé par le col de mon pyjama, et m’a envoyé de l’autre côté de la pièce. Bref, il me battait assez souvent, quand il était contrarié et que je me trouvais pas loin, je pouvais être sur d’être envoyé au tapis. Ma mère a fini par le quitter au bout de six mois. J’suis encore tout en chaviré quand j’y repense. Elle a eu d’autres aventures, et il n’a pas été le seul à me prendre comme souffre douleur, mais il a été le plus violent. Je porte encore des marques de ces passages à tabac, surtout au niveau de mon bras gauche. Je trouvais donc souvent refuge chez mes grands parents, jusqu’à ce qu’ils ne déménagent au Japon. Ma mère n’a pas voulu me laisser partir, je passais donc les vacances chez eux. J’ai appris le japonais grâce à eux. Ils m’emmenaient souvent en voyage avec eux, du moins dès qu’ils en avaient l’occasion. J’ai donc du aussi maitriser l’anglais parce que c’est plus facile pour communiquer avec les autres. Ils ne restaient pas en contact avec ma mère, seulement avec moi. Une dispute éclata entre eux, si mes souvenirs sont exacts, c’est parce que mes grands parents voulaient m’adopter, pour que j’ai une « vie correcte », mais ma mère a déchiré les papiers et puis voilà. Ils n’ont plus jamais donné de nouvelles ensuite. Dès ma première année de collège, elle m’expédia dans un pensionnat à l’autre bout du pays et je rentrais pendant les vacances seulement. A l’école, j’étais un élève assez discipliné, je n’étais pas du genre à me faire remarquer. Pas premier, pas dernier, juste un peu au dessus de la moyenne. Un après midi, alors que je trainais un peu dans les rues de Séoul, pour éviter de rentrer chez moi trop tôt, j’ai vu un groupe de street dancers. Je les voyais faire toutes ses figures, alors je me suis approché. Je me suis fais repéré par l’un d’eux et contrairement à ce que je pensais, il m’a invité à les rejoindre. Ils m’ont appris beaucoup de choses, ils m’ont surtout fait découvrir une passion. Depuis ce temps, je les rejoignais dès que je le pouvais et ils m’accueillaient toujours à bras ouverts. Je n’avais que 11 ans, mais ils me traitaient « comme un grand ». Au bout de quelques mois, je suis devenus un petit expert en danse, j’étais presque capable d’inventer des enchainements (bon, ok j’exagère, je recopiais seulement ce que je voyais). Mais, selon eux, j’vais beaucoup de potentiel et cela m’encourageait à m’améliorer et à m’entrainer encore plus.
Après on arrive à un moment un peu plus délicat, mais il fallait tout de même s’y attendre. Un matin, je me suis réveiller et j’ai découvert le corps gisant de ma mère au milieu du salon. C’était vraiment affreux, j’ai tenté de la réanimer, de la secouer pour la réveiller, mais rien, j’ai appelé les secours. Ils sont arrivés quelques minutes plus tard, mais il était déjà trop tard. Elle était morte d’une overdose, comme je n’avais plus de famille ici, j’avais été confié à la famille voisine. Je ne réalisais pas encore, qu’elle était décédée.

Une plaie s’était ouverte dans mon cœur, ma mère était ce qu’elle était mais elle restait ma mère. Je ne me souviens pas vraiment des jours précédents l’enterrement. J’avais rencontré plusieurs personnes, mais voilà. Le jour des obsèques, il devait y avoir une douzaine de personnes à tout casser. Il y avait cet homme, je ne l’ai reconnu tout de suite. C’est seulement quand il s’est approché pour me parler, que je l’ai identifié, Summer Lee Jin, l’une des plus grandes idoles. Je savais qu’il avait joué avec ma mère, mais je ne savais pas qu’il viendrait à ses funérailles. Il m’expliqua que ma mère était une femme bien avant qu’elle ne se retrouve au fond du trou. Il me parla longuement, il me posait beaucoup de questions. Il me demandait si j’avais de la famille ici à Séoul, je lui répondais par la négative et lui expliquait toute mon enfance du moins en partie, je passais sous silence les moments sombres et un peu lugubres. Je ne voulais pas passer pour le pauvre orphelin malheureux. Je retournais chez la voisine pendant qu’on essayait de découvrir un moyen de contacter ma famille au Japon, mais rien. Et puis comme par magie, un homme en costume est venu me chercher. Il m’a emmené dans un bureau d’avocat & je me retrouvais face à Summer Lee Jin, pour la seconde fois. Il me détailla les raisons de me venue. Il avait contacté ma famille et avait appris que mes grands parents étaient décédés de vieillesse. J’ai eu un choc à cette annonce, mais un peu moins que ma mère. Il me présenta sa « solution », mon adoption. Je pensais qu’il se moquait de moi, mais non, il était même très sérieux. Il voulait le faire « en souvenir de ma mère ». Il a donc réglé tous les petits détails pour que je devienne légalement et officiellement son fils. J’ai quitté mon école et mes amis. J’ai débarqué avec mes affaires, dans cette somptueuse maison. Tout était près pour m’accueillir. Je ne savais pas trop comment réagir. Il y avait aussi son autre fils, Yong Jae. Au départ, tout ce que je faisais était de rester enfermer dans ma chambre, évitant au maximum le contact. Je sortais toujours l’après midi pour rejoindre mes amis. Un soir, je suis rentré assez tard, comme j’en avais plus ou moins l’habitude chez ma mère. Manifestement, ça ne marchait pas comme ça chez Lee Jin. Il me disait qu’il s’était inquiété de ne pas me voir rentrer et des choses du genre. Je me suis confié à lui presque naturellement pour justifier mes actes, en insistant sur le fait que je n’avais vraiment pas l’habitude qu’on prenne autant soin de moi et qu’on s’inquiète que je ne rentre pas pour diner. Cela m’allait droit au cœur. Peu à peu je me laissais approcher par cet homme. J’avais un peu plus de mal au début avec Yong Jae, il semblait légèrement « menaçant ». Lee Jin m’a fait découvrir un univers enchanteur, celui de la musique. C’est aussi grâce à cela que je me suis rapproché de mon « grand frère ». Dans ma nouvelle école, on ne peut pas dire que j’étais vraiment aimé les premiers temps, je me suis d’ailleurs battu. J’ai fini au tapis, mais j’en avais un peu l’habitude. Je cachais par tous les moyens mes bleus, jusqu’au jour où je suis vraiment rentré bien amoché et là plus de prétexte pour fuir. Lee Jin m’a pris à part, et on a parlé longtemps. Je lui ai alors déballé toute ma vie, tout ce que j’avais vécu et enduré, c’était la première fois que je pleurais devant quelqu’un. Contre toute attente, il m’a pris dans ses bras, chose à laquelle je ne m’attendais vraiment pas. Je ne l’ai pas repoussé, au contraire. Cela faisait du bien d’avoir une personne sur laquelle on pouvait vraiment compter, qui s’occupe de vous et remarque lorsque vous êtes tourmenté. C’est la première fois que je le disais et depuis je ne l’appelais plus que comme ça, papa. Cela faisait déjà quelques mois que j’étais ici, mais je l’avais moi aussi enfin adopté. Il était mon père de cœur certes, mais rien ne pouvait briser ce lien qui nous uni. J’étais un ado assez révolté, alors pour canaliser mon énergie, il m’a inscrit à des cours de Taekwondo. Je voulais absolument apprendre à jouer d’un instrument, parce qu’il savait en jouer. Il a bien tenté de me faire apprendre le piano, mais rien je remuais tout le temps. On a alors trouvé une solution : la batterie. C’est fabuleux ! Un vrai défouloir cet instrument. Heureusement, Yong Jae était lui aussi, pour m’aider dans mes coups durs. C’est lui qui m’a aidé à remonter la pente pour l’école. Je l’ai jugé trop vite, les apparences sont parfois bien trompeuses. Tous les deux ont découvert mon talent pour la danse et m’ont poussé à m’inscrire dans une école. Je me suis finalement dirigé vers un lycée avec ce genre d’option. J’ai oublié de mentionné le chant, comme il était chanteur, il était bien normal qui me transmette sa passion non ? & Yong Jae m’a donné goût au rap. Grâce à eux, je me suis vraiment améliorer sur le plan artistique, jamais je n’aurais pensé être doué pour cela. Bien que je sois doué en chant&rap, ma spécialité reste tout de même la danse. Ils m’ont toujours soutenu dans tout ce que je faisais. J’admire énormément mon père, je voudrais vraiment devenir comme lui, et si je peux être meilleur. Je suivrais son chemin. C’est ce qu’on pourrait appeler un Grand Homme, de mon point de vue du moins. Il m’a poussé à réaliser mon rêve et grâce à lui, j’ai pu débuter tout comme mon frère avant moi, à la New Génération. Je poursuis mes études en danse et en musique à l’université. Tout allait bien, jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il était atteint d’une maladie. Je n’imaginais pas qu’il partirait aussi vite, j’avais tellement de chose à lui dire et à apprendre de lui. Il ne pouvait pas nous laisser livrer à nous même, bien que l’on soit majeur et vacciné. Il est parti trop vite, j’ai beaucoup de mal à digérer sa disparition. Je le regrette sincèrement. Mon cœur avait réussi à cicatriser, cette nouvelle famille avait comblé le manque qui avait élu résidence permanente chez moi. Et aujourd’hui, j’ai un trou béant dans la poitrine. Je ne laisse évidemment rien transparaitre, mais je pleure souvent la nuit. J’avance un peu chaque jour, je fais de mon mieux pour rester debout, surtout grâce au soutient de Young Jae. Mais comme le malheur ne vient jamais seul, dans son testament, il a fait apparaitre un autre enfant, son fils de sang, Gabriel. Je ne le connais pas suffisamment pour le juger. Tout ce que je vois pour le moment, c’est que ma famille est brisée. Et lui, il vient chambouler toute nos habitudes. Je vais mettre un certain temps avant de pouvoir m’accoutumer à tout cela. Pour le moment c’est supportable, mais je ne sais pas de quoi est fait demain, alors autant profiter. Je ne fais pas vraiment attention à lui pour le moment, nos rapports sont comme qui dirait compliqués.

Voilà pour le moment, c’est tout ce que j’ai à dire sur ma vie. Ca fait du bien de confier tout ça, comme si un poids partait. Je me sens un peu plus léger, et surtout apaiser. Bref, je laisse là ce chapitre. J’espère pouvoir écrire une histoire plus jolie dans un avenir proche.