Je ne sais pas ce qui m'a pris de participer à cette émission. J'aurais pu tout à fait m'engager sur autre chose, du genre, m'avancer sur mon boulot de manager, trier les demandes d'interviews, ou encore veiller à ce que Wei et Jae' ne sèchent pas les entraînements... Non, il a fallut que j'ai une pensée minime de pouvoir espérer me faire de nouvelles.. connaissances ? Sérieusement, je devais avoir bu, comment j'ai pu en arriver là ? Enfin, bref, toujours était-il que me voilà donc embarquer dans cette émission, se nommant The Romantic Survivor . Je ne sais toujours pas avec qui je suis casé en fait. Ma tête se pose doucement contre la vitre du bus loué par l'agence, qui m'emmenait à présent aux chambres d'étudiants. Franchement, je me considérai totalement chanceux, je n'aurais vraiment pas eu envie de me retrouver dehors, parmi les insectes et tout ce qui grouille, hors de question. Moi, Heo Yong Sun, le manager des UBKI ? Vous vous êtes foutus le doigt dans l'oeil. Je me traîne pas dans la boue. Quand même, le fait d'être dans une chambre, un lit et une douche et des toilettes, ça me rassure. Les écouteurs dans les oreilles, mon regard se baladait sur le paysage à la fenêtre, qui défilaient assez rapidement. Tout de même, il y a une chose que je ne regrette pas, c'est bien le paysage. L'île de Jeju est magnifique, plusieurs fois on me l'avait répété, mais c'est la toute première fois que je viens ici. En plus, il fait un temps splendide, c'est le cas de le dire. Peut-être que ça rendra la journée un peu plus meilleure qu'elle ne s'annonçait ? Déjà que je ne connais même pas l'identité de mon/ma colocataire.. Quand l'image de Dean traversa mon esprit, je fis tomber mon portable au pied de mon siège.

Tout mais pas ça. Si lui aussi a participé à cette émission, je ne veux pas que la production et le hasard surtout, m'ai mis en coloc' avec celui que je connais depuis l'enfance. Je ramasse mon portable que je serre fort dans la paume de ma main. S'il est avec moi, je sens qu'il va y avoir des lampes qui vont voler par la fenêtre. Bon, et si je ne tombais pas sur lui... Je ne pense pas que je suis tombé avec Wei ou bien Jae. Et si je le suis vraiment, ils ont changé, par toute logique. Ensuite, si l'on fait le tour de mes connaissances... Tomber avec Hope, quelle bonne blague. Je crois que de nous deux, la plus embêtée serait elle. J'aime bien la faire chier, entre elle et moi, c'est souvent parti en vrille j'ai envie de dire. Ma réflexion sur le fait qu'elle devrait plutôt s'occuper des cheveux des gens au lieu d'apprendre à danser avec l'imbécile de service, n'a pas dû trop lui plaire. Depuis, à chaque fois que l'on se voit, on se crie dessus. Enfin, plus souvent elle quand même, puisque j'ai cru comprendre qu'elle adorait le nabot. Rien que de penser à lui m'énerve. Un des types qui me frustre le plus dans cette agence. Tout le monde le trouve gentil, tout le monde le protège, suis-je le seul à ne pas pouvoir voir sa tronche ? Le simple fait de le voir aux côtés de Dean me donne envie de l'étrangler, qu'importe qu'il soit le petit ange de l'agence. Si c'est mon coloc', c'est simple, j'arrête l'émission, je me casse. Je n'ai pas fais le tour de tout ceux que je connaissais, mais je n'en ai absolument aucune envie. Pour ma part, je préfère tomber sur quelqu'un que je ne connais pas, étant donné que presque tout ceux que je connais ne me supporte pas. Ce serait limite plus facile. A part si c'est une tête de con et que là aussi, j'ai envie de l'exploser contre le mur.

Dans mon sac à bandoulière se trouvaient cinq livres que j'avais précautionneusement emmené au cas où l'ennui me prendrait soudainement. Et vu que je ne me sépare jamais de ma guitare, je l'ai aussi prise avec moi, laissant mon violon dans mon appartement à Jung-gu. Tant pis si cela ne plaît pas à mon/ma colocataire, ce sera comme ça, et c'est tout. Le bus s'arrête devant les bâtiments que l'on m'avait signalé. Tout le monde descend, dehors beaucoup de personnes venant de la New Generation discutent et papotent entre eux. J'avais déjà enlevé mes écouteurs, et en traînant ma valise, je me suis avancé vers l'entrée. Le soleil brillait toujours ce qui était vraiment agréable. Je portais des lunettes de soleil que j'avais prévu à l'avance le matin même. Un gars du staff qui avait l'habitude de me voir faire les cent pas devant la loge des UBKI quand ils ne se pressaient pas pour se préparer me reconnut même avec les lunettes. Il me salua avec un grand sourire style Ah, Yong Sun ! T'es là toi aussi finalement ? J'crois que t'as été assigner aux chambre d'étudiants, montes au deuxième étage, ta chambre doit se trouver dans l'coin. Je crois que c'est la numéro sept. Je l'ai remercié d'un signe de tête avant de rentrer définitivement dans le bâtiment. Après avoir prit l'ascenseur, je continuais de tirer ma valise derrière moi en m'avançant vers une porte, totalement au hasard. Sans frapper (mais en ayant vu 'numéro sept' sur la porte), j'ai ouvert la porte de la chambre, comme si c'était chez moi. J'ai fixé Madison qui se trouvait à la fenêtre, regardant avec curiosité qui venait d'entrer. Attendez.. Madison ? Santana Madison ? Oh. De toutes les personnes que je connais, elle est la seule qui réussit toujours à me canaliser, quand je vais trop loin. J'ai rangé ma valise dans un coin de la chambre, j'ai enlevé ma sacoche de guitare et l'ai posé juste à côté. J'ai ensuite relevé la tête vers elle, enlevant mes lunettes de soleil. Je lui fis un signe de la main en souriant légèrement.

« Yo. »

J'enlevais ensuite mon sac à bandoulière et le posais sur le lit. Ah, il n'y en a qu'un, de lit. Je reste fixer le lit quelques secondes puis je relève le regard vers ma colocataire. Okay, j'ai compris. Pour ne pas recevoir un énième sceau d'eau sur la tête qu'elle va sortir de nulle part sans aucuns doutes, je préfère enlever mon sac du lit et le poser par terre. Je m'agenouille ensuite juste devant ma sacoche et l'ouvre un peu pour observer l'intérieur. Je suis tellement soucieux de savoir si ma guitare n'a rien. Je suis maniaque avec ça, je l'avoue. Elle n'aurait été ne serait-ce que légèrement rayé, je me serais plains au mec du bus. Je peux devenir très chiant, Madison peut vous le confirmer. Dans un sens, je suis rassuré d'être tombé avec elle pour cette émission. Elle est une des seules, pour ne pas dire la seule avec qui je m'entends vraiment bien à l'agence. D'ailleurs, c'est elle qui m'a aidé pour la danse à l'époque de Strawberry Fields. Disons qu'elle me connaît par coeur, elle sait comment je peux réagir et elle est toujours là pour m'empêcher de frapper quelqu'un quand je suis furax. De la même façon, c'est elle qui m'a mit sur le fait que j'étais bien amoureux de Dean, cet idiot égoïste. Par contre pour le lit, je sens que je vais devoir adopter le sol. Pas que ça me rend heureux, mais en face y a Madi, ne l'oublions pas. Je n'ai pas peur d'elle, mais je vous dis, elle peut être très dangereuse parfois. Tout en observant ma guitare d'un oeil soucieux, je lui dis:

« Bon, eh bien je crois que l'on va devoir faire équipe ensemble. Malgré le fait que j'aurais aimé être avec quelqu'un d'autre. »

Bien sûr que je la taquine. Mais je ne peux pas m'en empêcher, elle a dû voir mon petit sourire narquois lorsque je lui ai adressé ces paroles. Elle sait très bien que je ne dis pas ça pour de vrai. Je dis ça, juste pour l'astiquer un peu.

Vous savez, c'est limite de l'amour vache en fait. Si Madison et moi, on s'envoie des piques assez souvent, ce n'est pas bien méchant. Au fond, ça fait tellement longtemps qu'on se connait, puis je ne peux pas la détester. Je n'ai aucunes raisons de lui vouloir du mal. Après avoir donc commencé à la taquiner, je continuais d'examiner mon instrument de musique du mieux possible. Si cette saloperie de chauffeur de bus me l'a abîmé, je jure sur la tête de ce manager à la con qu'il ne rentrera pas en bonne santé chez lui. Je sais bien que je ne devrais pas agir directement avec violence, mais je n'y peux rien, et même si je suis passif la plupart du temps, ça ne veut pas dire que je ne suis pas en colère intérieurement. Le plus souvent, c'est même le contraire. Ensuite, une fois que je m'étais assuré que ma guitare électrique n'avait rien d'anormal, j'ai relevé les yeux vers ma colocataire qui s'était approchée de moi, un sourire pareil au mien collé sur ses lèvres. A ses mots, je ne pu m'empêcher de laisser échapper un léger rire. Oh, tu joues aussi à ce jeu-là. Elle feint de ne pas me reconnaître, mais je vois bien dans ses yeux qu'elle blague. J'avais envie de lui lancer un J'ai tant changé que ça en deux semaines de temps que l'on ne s'est pas croisés à l'agence ?, rien que pour la taquiner plus mais elle fut plus rapide que moi. Je l'observais avec un petit sourire sur mes lèvres. Elle posait maintenant ses mains sur sa taille et affichait un air sérieux. Qui, en passant, ne lui va pas du tout. Santana Madison ? Sérieuse ? Foutez-vous de moi. A part quand elle me fait la morale, et encore. D'ailleurs en y repensant, c'est ma cadette et elle a autant d'impact sur moi ? C'est dingue. Elle m’annonça alors qu'elle aussi, aurait préféré quelqu'un d'autre que moi. Trop de beaux garçons talentueux et beaux !!, avait-elle dit. A nouveau, je sentis un rire s'échapper de ma bouche. Une nouvelle pique que voilà. Je me relevais pour enfin me mettre à sa hauteur, enfin, elle a beau être assez grande pour une fille, je suis toujours plus grand qu'elle. A la New Generation, c'est vrai qu'on croise pas mal de perles rares niveau talents, autant physiquement qu'artistiquement. Alors même si elle a dit ça pour rire, j'aurais pu tout à fait la croire. Mais là encore, je la connais trop. Elle réagit au quart de tour à mes taquineries, moi de même. Mais vraiment, je suis heureux qu'elle soit ma partenaire pour cette émission. Je me serais mordu les doigts si cela aurait été l'autre chinois là ou bien encore le nabot qui colle aux basques de Dean.

Je continuais de l'écouter en silence. Bien sûr que je m'en doutais que tu blaguais. De toute façon, tu ne peux pas me faire ça, parce que je le dis et je le redis, je te connais trop. Je sais quand tu dis la vérité et quand tu mens. Même si c'est rare de te voir mentir je dois dire, tu as le don de dire tout en face à la personne, et c'est ça que j'aime beaucoup aussi chez toi. Je viens de la surprendre ? Vraiment ? Ah, apparemment elle ne s'attendait pas du tout à ce que je ramène mes fesses ici. C'est vrai que cette émission, ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout mon genre. Je me demande limite ce que je fais ici depuis que je suis arrivé. Mais enfin, le sourire de Madison, c'est tout ce qu'il me faut pour arrêter de me poser des questions. C'est vrai, même si je ne suis pas très sociable, son sourire est toujours quelque chose d'agréable. Maintenant, je me demande comment est-ce qu'on va sortir pour essayer d'améliorer notre condition de vie dans cette émission. Ce qu'il faudrait que j'arrête, c'est de me torturer l'esprit avec celui que j'aime, que je haïs aussi par la même occasion. Parce que, s'il ne fait que de me trotter dans la tête, je suis mal. Je vais encore avoir des maux de têtes et je n'ai pas envie que Madison s'en fasse pour moi. D'ailleurs, elle est au courant pour mes sentiments envers cet imbécile, alors au bout d'un moment, j'ai la nette impression que notre conversation va s'axer sur ce sujet. Malheureusement, moi qui veux l'oublier, ça ne va pas m'aider. Depuis que je l'ai revu, je me sens mal. Je sais encore moins où j'en suis, ce que je dois faire, et même penser. Je n'arrêtais pas de le traiter de menteur, mais au final, je sais très bien que c'est un des garçons les plus francs que je connaisse. Je n'ai dis ça, que parce qu'il fallait dire quelque chose. Mais au fond, je lui en veux tellement que même mentir me passe par la tête à présent quand je suis face à lui. Mentir, chose que je ne fais jamais d'habitude. Si j'aime pas la personne, je le dis clair et net. Là.. Stop. J'arrête de m'embrouiller comme ça, c'est pas bon. En plus, ce n'est pas comme s'il était là, présent dans la pièce. Heureusement pour moi, ce n'est que Madison qui se tient devant moi. Je chassais donc ces sales pensées de ma tête pour me re-concentrer sur le plus important actuellement; ce qu'elle venait de me dire quelques secondes plus tôt. Voyons... Jamais, je n’aurais crus que tu participerais à ce genre d’émission !!! Ah oui, c'est vrai. J'affichais de nouveau un léger sourire en sa direction. Puis je posais mon doigt sur son front, poussant légèrement sa tête en arrière en lui répondant:

« Je sais, j'te connais, depuis le temps. Tu sais, moi non plus, je me reconnais pas. Pour tout te dire, je ne sais pas ce que je fais ici. Mais maintenant que je me suis embarqué là-dedans, plus la peine de reculer. »

C'est vrai, ce serait idiot de ma part de m'enfuir en courant. Je ne suis pas lâche, moi. Je lui adressais alors un nouveau sourire (très rare sur mon visage, il faut en profiter je vous assure) avant de me diriger vers la fenêtre ouverte, où se trouvait ma cadette, quelques minutes auparavant. J'ai jeté un oeil à l'extérieur, comme si j'avais peur que l'on me voit, avant de me retourner face à Madison, et de m'adosser contre le rebord de la fenêtre. J'observe le lit au milieu de la pièce puis ma colocataire, puis encore le lit, puis de nouveau ma colocataire. Les lunettes de soleil toujours dans la main, je désignais le lit en face de moi.

« Je suppose que.. Les filles en priorité. »

Pas vraiment une phrase, mais je crois bien qu'elle m'a comprit.

« Pas qu'ça m'enchante de squatter le sol m'enfin. »

Pour sûr. Le seau d'eau derrière me tente moins encore. Je trouverais bien quelque chose pour éviter que ça me casse le dos, après tout. The Romantic Survivor, hein ? Bon, eh bien je crois qu'on a pas le choix, il va falloir se donner à fond. Je n'aime pas perdre, même pour une sorte d'émission ou de jeu, on peut dire que Madison est bien tombée. Je ne suis pas du genre mauviette à abandonner au premier obstacle. Elle le sait sûrement quand même. Je m'avance alors vers elle à nouveau et lui ébouriffe les cheveux en tirant la langue.

« Je blaguais moi aussi. Ça m'fait plaisir que tu sois ma colocataire Madi'. Tant que tu me fais pas souffrir et que tu ne sors pas de trucs dangereux, ça m'va. »

J'ai encore ris légèrement avant d'ajouter:

« On va devoir gagner la Miss. Je tiens pas à perdre, je te préviens. »

La perspective de perdre me fait peur depuis la période Strawberry Fields. Ça aussi, elle le sait sans doute. Mais elle-même à un caractère fort, donc je ne m'inquiète pas. Sur ce point-là, on a la même façon de voir les choses.

Spoiler: