Appuyé dans un cadre de porte, Jae Hyeok observait tranquillement la scène qui se déroulait devant ses yeux. Il n’était pas impressionné en soit parce que de base, il était difficile de l’émouvoir. De plus, il avait l’habitude de ce genre de spectacle vu l’endroit où il travaillait. Mais, ce n’était pas pour autant qu’il ne se plaisait pas à observer ce ballet particulier. Le fond blanc, le photographe pris d’une frénésie toute créatrice, les assistants courant dans tous les sens pour s’assurer que le travail était bien fait et que leurs erreurs ne leur retomberaient pas sur les doigts, l’éclairage toujours à revoir, les stylistes qui apportaient sans cesse des retouches… et bien sûr, le mannequin. Qu’il connaissait bien, pour la peine, puisque c’est un ami d’enfance qui bossait ici même, au même label que lui. Quoiqu’en terme d’ami, ça restait un peu spécial comme relation, mais rien qui ne déstabilisait Jae Hyeok puisque lui-même avait une idée bien personnelle de ce qu’était l’amitié. Bref, cet ami était donc là, en train de travailler et ça amenait un petit sourire légèrement méprisant et pourtant aussi assez doux sur les lèvres du pianiste.

Ses amis étaient rares et précieux. Il ne le montrait pas, mais Jae Hyeok était très fidèle en amitié, mine de rien. Pourtant, ça ne l’empêchait pas d’avoir ses prises de tête les plus vives avec cet homme-là. Enfin… C’était toujours Won Shik qui hurlait mais Dieu qu’il hurlait pour deux ! Jae Hyeok se contentait de le regarder s’énerver et dépenser toute cette belle énergie fougueuse, un sourire méprisant aux lèvres et un regard moqueur braqué sur le mannequin. C’était trop facile. Won Shik n’était même plus un défi tant il le connaissait bien… et sur cette pensée, comme s’il eu voulu s’en défendre, leurs regards se croisent. À nouveau, ce petit sourire narquois qu’il avait trop souvent pour son ami se peint sur les lèvres de L’Ange. Il l’observe quelques secondes pendant lesquelles ils ne se lâchent plus du regard. Et finalement, du bout des lèvres, il forme quelques mots sans son. « Quel joli petit chien. » Ah ! Won Shik allait sûrement comprendre simplement parce qu’il les lui avait souvent répété à propos du mannequinat ! Fais-ci. Fais ça. Pas comme ci, ni comme ça… C’était bien le seul endroit où son ami répondait présent aveuglément, suivant tous les ordres qui lui étaient donnés, pas vrai ?

Sur ces paroles, L’Ange tourne les talons, mains glissées dans les poches de son pantalon noir et petit air fort satisfait peint sur le visage. Il n’a pas fait trois pas qu’on s’approche pourtant de lui par derrière. Tellement… trop… prévisible. Son sourire prend de l’ampleur et il continue d’avancer jusqu’à ce qu’une main forte se pose sur son épaule. Il s’arrête d’un coup, se tournant vers son ami, lui lançant un petit regard de profonde satisfaction. C’était facile de faire sortir le lapin du terrier, malgré tout.

« Tu n’avais pas du boulot, petit chien savant ? », demande Jae Hyeok, moqueur. « C’est l’heure de la pause ? Tu veux que je te gratouille derrière les oreilles, peut-être ? S’il-te-plaît, ne te frotte pas contre ma jambe. Ce serait un peu sale. On est en public. »

Un jour, il allait probablement se refaire faire le portrait. Et nul doute que ces grandes mains savaient faire mal. Jusqu’où pousserait-il sa chance ? C’était une question à laquelle Jae Hyeok n’était pas capable de répondre. Il ne pouvait même pas dire jusqu’où allait leur amitié, en toute franchise. C’était peut-être le plus effrayant, tout compte fait. Leur relation semblait peut-être fragile d’un point de vue extérieur, mais qui sait… Jae Hyeok avait tendance à la surestimer, au contraire. Ils étaient un peu la définition de l’amour vache, pas vrai ? Au fil de ses pensées, L’Ange avait perdu son sourire méprisant. Ne laissait plus place qu’à sa neutralité habituelle alors qu’il transperçait Won Shik de son regard. Et ils étaient là, immobiles, deux glands plantés au milieu du couloir, un d’entre eux dans une tenue un peu surprenante à cause de son boulot et… c’était tout. Ils se résumaient à si peu.

« À chaque fois que je te vois, j’ai cette mélodie en tête… », murmure lentement Jae Hyeok, songeur. Dès qu’il croisait une personne nouvelle, celle-ci lui inspirait une composition. Pour Won Shik, ça n’avait pas été instantané. Ils étaient encore trop jeunes à l’époque. De fait, elle était probablement la composition personnelle la plus composée de tout son répertoire. « Elle est rapide. Angoissante. Puissante. »

Won Shik n’avait plus rien d’un chien à ses yeux. Mais le moment passe… Ou comme on pourrait le dire dans un mauvais jeu de mots, « un ange passe ». Et après ce silence légèrement désagréable suit à nouveau un petit sourire moqueur à peine déposé sur les lèvres de Jae Hyeok.

« Alors j’ai réussi à te faire sortir. Tu prends une pause ? », demande finalement le jeune homme, tout en faisant un pas vers Won Shik. « Le chien redevient loup. Je préfère largement la bestialité à la docilité, je crois. Du moins, chez toi. »

Et sur ce, L’Ange tourne à nouveau les talons, mains dans les poches.

Un rire amer franchit le seuil des lèvres du musicien, brièvement. C’est drôle… Même avec Won Shik il n’avait jamais parlé de sa sexualité. Pourtant, c’était son meilleur ami et pour peu qu’on s’intéresse un peu à leur relation, on finissait par le comprendre même s’il était souvent odieux avec lui. Et pourtant, il n’était pas non plus complexé par ses désirs. Mais ce n’était jamais venu sur le tapis. C’était si peu important, en vrai. Est-ce que Won Shik savait ou se doutait ? Probablement, oui. Mais il semblait lui aussi s’en ficher comme de l’an quarante. Quoiqu’il en soit, Jae Hyeok ne s’abstient pas de commenter, le faisant néanmoins très brièvement.

« Peut-être. »

Et toujours sur son ton détaché habituel, bien qu’un léger sourire étire ses lèvres. Il a un rire pour ce petit mouvement qui tenait presque plus du tic. Non, pas lorsque Won Shik se fait craquer la nuque, mais plutôt ce petit mouvement de langue.

« Arrête. », murmure Jae Hyeok, étrécissant légèrement les yeux comme pour mieux voir son ami, amusé. « On dirait que tu me fais des avances. Je pourrais me faire agresser par une de tes groupies si ça se voyait. »

Il le disait un peu comme si lui-même n’avait pas une solide fanbase. Mais il est vrai que les fans de mannequins et d’idoles n’étaient pas du tout les mêmes que celles d’un groupe rock ! Leurs fans étaient… beaucoup moins extrêmes, amen. De toute façon, il n’avait pas exactement le genre de physique sur lequel les fans aimaient baver, en règle générale, contrairement à Won Shik. Celui-là même qui commençait à supposer que parce qu’il était venu jusqu’ici, c’est forcément qu’il suivait son maître comme un brave petit toutou. Ridicule… Jae Hyeok a une petite moue dédaigneuse pour son meilleur ami à cette supposition, montrant bien ce qu’il en pensait. Soit, rien de bon ! Certes, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité vu la façon dont il avait traité le mannequin jusqu’ici, mais on ne se refaisait pas.

« Tu peux toujours rêver. Après tout, on dit que l’espoir fait vivre. », assure L’Ange sans se troubler davantage. « Mais je passais dans le coin et je me suis souvenu que tu venais faire le beau ici aujourd’hui alors je me suis dis que j’irais t’encourager. Je suis parfait dans le rôle de cheerleader : tu sais bien. »

Trop. Puis, un silence qui, pour lui, n’a rien de désagréable. Won Shik ne répondait pour ainsi dire jamais quand il parlait de sa musique. Peut-être par peur de dire quelque chose qui ne serait pas apprécié, qui sait ? Mais c’était quelque chose que Jae Hyeok appréciait de son ami, mine de rien. Après tout, mieux valait répondre à la musique par la musique. C’était plus juste… et Won Shik en était incapable alors mieux valait s’en abstenir. Ah… et le voilà, ce tic dont il parlait un peu plus tôt. Cette jolie nuque qui allait peut-être finir brisée sous ces craquements incessants. Levant une longue main blanche, le pianiste vient glisser ses doigts dans la dite nuque tout en faisant remarquer :

« Tu vas finir par te casser quelque chose. »

Il retire toutefois sa main, offrant à son ami un petit sourire dénudé de joie tout en le suivant à l’extérieur sans protester. Docile ? Non, mais il n’avait nulle part où aller précisément, là. Alors peu importait. Ils sortent dans l’air peut-être un peu frais. Jae Hyeok inspire un grand coup tout en glissant ses mains dans les poches de son pantalon, s’appuyant contre un mur près du cendrier accroché aux briques. Sa tête repose contre ces derniers et il inspire à nouveau, quoique cette fois, ce soit plutôt la fumée de cigarette qui lui entre dans les narines, gracieuseté de Won Shik.

« Tu es tellement suspicieux. Qu’est-ce que je peux bien vouloir de toi, dis-moi ? », demande L’Ange, un sourire amusé étirant ses lèvres. Il ouvre un œil, lui lançant un regard peut-être un peu moqueur par le fait même. Et glissant une main dans son sac à bandouillère, il en sort… un paquet de clopes. De celles que fume son ami. « Tu allais en manquer, non ? »

Il le connaissait par cœur. Ou plutôt, cette fois, il avait eu le regard aiguisé. Hier soir quand ils s’étaient vu, il lui en restait quelques unes seulement. Et Won Shik lui avait affirmé avoir une journée chargée. L’un dans l’autre…

« Mais tu as raison, je ne venais pas pour ça. », assure finalement Jae Hyeok, sachant que ça allait commencer à être vraiment trop louche pour que Won Shik croit qu’il était de bonne foi ! « J’ai les nerfs. »

Ouais. Ça ne paraissait pas vraiment et pourtant… C’était vrai. C’était extrêmement rare et pourtant, il s’était réellement mis en colère, aujourd’hui.

« Notre imbécile de manager a mis la main sur des chansons que j’ai composé pour Tae… Pour la voix de Tae Sun. Et il les a fait chanter par la crevette qui le remplace. », murmure lentement Jae Hyeok, songeur. « J’ai hurlé. »

Ça expliquait bien l’état dans lequel il s’était mis, pas vrai ? Le genre de truc qui arrivait moins souvent qu’une éclipse solaire complète, genre. Son regard remonte lentement à Won Shik. Il avait eu… besoin d’une bonne compagnie et il n’y avait que son meilleur ami qui la lui offrait. Voilà la vérité. Mais il n’était pas prêt à l’admettre. Par contre, il fini par assurer :

« C’est tellement simple avec toi. »

Et il respirait enfin pour la première fois de la journée.

Ah… la jalousie chez Jae Hyeok, c’était quand même tout un concept en soit. Ça lui arrivait, bien sûr. Mais pas très souvent, à dire vrai. Il était jaloux quand il voyait Tae Sun être réceptif à une belle femme. Jaloux quand on préférait le travail de composition d’un autre au siens. Mais jaloux de Won Shik et de ses fans complètement déjantées ? Cette possibilité le fait calmement ricaner.

« Terriblement. », assure Jae Hyeok. « En plus, c’est bien connu que les femmes, ça m’allume un truc de cinglé… J’en profiterais à mort. »

Ou pas, hein… Il ne faisait pas secret de son homosexualité, bien qu’il ne la hurlait pas non plus sous tous les toits. Il était discret, mais s’assumait pleinement aussi. L’Ange arque ensuite un sourcil amusé à propos de cette position humiliante dans laquelle il suivrait Won Shik comme son petit chien. Quoiqu’en terme de « petit », il faudrait redéfinir le truc, vu son mètre quatre-vingt-quatre bien affirmé. Sur un ton presque trop neutre, le compositeur fini par convenir :

« Je savais que ça t’allumerait. »

Et le sujet change comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. C’est ce qui était bien avec Won Shik : il n’avait pas besoin de se casser la tête. Tout coulait naturellement, comme l’eau d’une source ininterrompue. Il pouvait bien dire tout ce qui lui passait par la tête, son ami n’était pas du genre à tout prendre au pied de la lettre et à se brusquer. C’était un pur délice. D’ailleurs, celui-ci a soudainement une remarque qu’il aurait habituellement jugée de déplacée à propos de Tae Sun et des raisons qui le poussaient à composer pour lui, en gros. Pourtant, Jae Hyeok ne tique pas. Il se contente de fermer les yeux un moment, prenant appui sur le mur tout en renversant un peu la tête vers l’arrière, épuisé après le coup de colère d’un peu plus tôt. Ouais. Pas seulement pour sa voix, peut-être. Et toujours égal à lui-même, c’est très platement que Jae Hyeok aborde à nouveau le sujet, y apportant quelques précisions qui ne trahissaient malgré tout toujours pas la réalité.

« Ouais, juste pour sa voix. », convient-il, avant d’ajouter : « Et aussi pour ses fesses, peut-être. Vas savoir. Qu’est-ce que ça change ? »

Il rouvre les yeux, observant son ami avec une certaine lassitude alors que sa main traîne sur sa tête. Tsk, qu’est-ce qu’il foutait là… Mais il ne proteste pas, les refermant presque aussitôt. Il y a un moment de silence aux paroles de Won Shik… Et finalement, quand même :

« Je ne sais pas non plus. Et c’est ce que je suis en train de faire, parler, même si visiblement, tu y donnes un tout autre sens. Tocard. »

Un petit sourire étire lentement les lèvres du musicien. Il avait pleinement conscience de la présence de son meilleur ami près de lui et ça lui faisait un bien fou, mine de rien. C’était dans le fond tout ce dont il avait besoin, au-delà du besoin de parler qui, pour sa part, était déjà en train de disparaître. Jae Hyeok n’aimait guère se justifier et parler de ses émotions lui donnait toujours le cafard. C’était la raison pour laquelle il les transformait en musique. Plus simple, même si la majorité des gens étaient trop débiles pour comprendre… Finalement, sourire moqueur sur les lèvres, Jae Hyeok fait une constatation fort simple… et peut-être un peu surprenante, mais peu importe.

« C’est après tes fesses que j’aurais dût en avoir. », convient-t-il tout simplement, comme s’il annonçait que demain, il ferait soleil toute la journée. « Ça aurait été ô combien plus simple… »

Sans nécessairement dire que ça aurait abouti à quelque chose. Mais au moins, réponse positive ou négative à la clé, il aurait exactement sur quoi faire ! Tout le contraire de sa situation avec Tae Sun. Ce type était beaucoup trop bien pour lui… beaucoup plus faible qu’il ne voulait l’admettre sous sa carapace de mauvais garçon. Won Shik était sacrément fort, lui et il aurait su gérer la crise comme un pro. Amen pour Won Shik.

« T’as des déboires amoureux à me raconter pour que je me sente moins débile ? », demande finalement L’Ange. « Tant que ça sort pas tout droit d’une série débile pour ado, je prend toutes les anecdotes… »

Au bûcher Gossip Girl et ses dérivés. La vie serait plus simple si les gens arrêtaient de se référer à ces machins sans génie. Ah et...

« Je vais te harceler si je veux. Tu oublie que je suis ta plus grande fan. »

Jae Hyeok a un petit regard en biais pour son ami alors que celui-ci semble soudainement avoir le tempérament un peu échauffé. Le compositeur a un petit sourire en coin, amusé alors que d’autres auraient été soit inquiets, soit piqués. Mais il aimait bien lorsque Won Shik marmonnait ainsi sous cape. Ce qu’il pouvait être sexy dans ces moments. D’ailleurs, pour lui donner raison, un petit groupe d’employées passant par là rigole tout en observant le beau et grand mannequin. Lui, avec son teint cadavérique et sa maigreur certaine passait inhabituel à côté de l’éclat que dégageait son meilleur ami. Ça lui fait lever les yeux au ciel, peut-être un peu soupirer, mais il ne s’en plaint pas non plus. De toute façon, comme il l’avait mentionné un peu plus tôt, avoir l’attention de ces dames toutes aussi séduisantes soient-elles ne l’intéressait guère. Il était fait comme ça et ne l’avait pas demandé, voilà tout. Il n’en restait pas moins que la situation avait un certain potentiel amusant.

D’ailleurs, le jeune homme a un petit sourire en coin tout en venant donner un petit coup de l’épaule à son ami.

« Visiblement, tu es un bon parti même quand tu te vénère après moi. », déclare-t-il avec un brin de malice qui le sort de sa froideur habituelle.  « Et même quand tu le fais sans raison… tocard. »

Ça c’est dit. Le regard de Jae Hyeok tombe sur la nouvelle cigarette que glisse l’homme entre ses lèvres alors que la dernière n’était même pas encore froide. Non, il n’allait pas lui faire un sermon sur sa santé qu’il salopait tout seul. Il aurait été ironique que lui-même le fasse remarquer alors qu’il s’enfilait de plus en plus de cachets d’ecstasy lorsque tout le monde dormait, pendant qu’il composait ses chansons les plus tortueuses. Sauf que visiblement, la cigarette tordait encore plus le cerveau que la drogue, parce que voilà que soudainement, Won Shik assure être un véritable expert en amour. Ce qu’il ne fallait pas entendre ! Jae Hyeok se pose contre le mur, y reposant doucement sa tête, son regard se posant sur le ciel au-dessus d’eux. L’Ange se fait distant, toutefois, parce que le sujet était terriblement difficile. Il ne l’abordait jamais et ne savait de toute façon pas mettre des mots sur ce qui lui arrivait. Et Won Shik avait beau essayer de le lui rentrer dans le crâne, ça ne fonctionnait pas ainsi.

Il glisse lentement une main aux longs doigts fins contre son bras, lèvres pincées alors que cet idiot lui propose réellement de regarder des films de fille. Son regard se pose à nouveau sur son ami et il a une petite moue grimaçante pour lui qui ne reste que quelques brèves secondes sur son visage.

« J’ai ma dose de… substances déstressantes. », convient finalement Jae Hyeok tout en prenant une petite inspiration. « Oublier, hein…? »

Le jeune homme hésite, observant un moment son ami sans détourner le regard cette fois, comme s’il pourrait trouver la bonne marche à suivre dans son regard. Mais comme d’habitude, Won Shik était fidèle à sa parole et ne semblait pas vouloir concéder quoi que ce soit. Bêtement, qu’il ait raison ou tort n’inquiétait guère Jae Hyeok. Cette attitude sûre de lui le réconfortait et c’est tout ce dont il avait besoin présentement.

« Oui, peut-être qu’oublier est la meilleure des choses à faire. Alors, tu sors avec moi ce soir ? », demande soudainement L’Ange, comme s’il avait annoncé la météo de la journée, le ton plat. Il hausse doucement les épaules tout en ajoutant : « Mais interdiction de partir avec une prétendante avant une heure du matin. Deal ? »

Parce qu’il ne doutait même pas que son ami puisse trouver chaussure à son pied au moins pour une nuit. Lui, c’était quand même une autre histoire. Pas qu’il se déprécie à ce point non plus. Mais, il n’avait tout simplement pas envie de chercher et il n’était pas facile d’approche, il le savait. Son air ennuyé, son regard mi-clos, ses lèvres légèrement boudeuses… Il n’avait pas une attitude très ouverte ! Jae Hyeok s’approche, levant la main pour retirer la cigarette à son ami. Il pose une main contre son torse pour le retenir s’il veut venir la chercher, en prenant une longue bouffée qu’il souffle lentement vers le ciel avant de tendre à nouveau le petit bâton de nicotine à Won Shik.

« Tu ne m’as pas dit ce qu’il en était pour toi. », fait soudainement remarquer Jae Hyeok, arquant un sourcil légèrement amusé. « Tu as des secrets sentimentaux inavouables, beauté ? »

Quel drôle de conversation ils avaient présentement…! Il ne se souvenait pas que ça ait été aussi approfondit que ça un jour entre eux. Et pourtant, Dieu sait qu’il ne disait pour sa part absolument rien. D’ailleurs, à ce sujet…

« Si tu veux savoir, je suis entré une nuit dans la chambre de Tae Sun. J’avais pris de l’ecsta et j’avais envie d’une nouvelle sorte d’adrénaline en plus. Celle que seul Tae Sun semblait pouvoir me donner. Il l’a pas très bien pris. On s’est engueulé. Fin de l’histoire. Le reste… le reste, c’est de sa faute. C’est lui qui cherche à se faire détruire, pas moi. »

Voilà. Non seulement il avait des sentiments pour Tae Sun, mais ceux-ci amenaient aussi leur lot de culpabilité bien qu’il tentait de la cacher habilement. Mais malgré tout, sa dernière phrase le laissait peut-être bien deviner un peu.