Tu as 8 ans. En jouant avec ton petit ballon, tu le lance sur un vase qui tombe et se brise par-terre. Le vase préféré de ta mère. Tu restes planté là, du haut de ton petit mètre et des poussières et tu regardes les bris de porcelaine éparpillé au sol. Ton père n’est pas encore rentré. Ta mère ayant entendu le bruit sourd que le vase a provoqué, abandonne ce qu’elle fait et accoure jusqu’à toi alors que tu es en train de te baisser pour ramasser un éclat de porcelaine qui te fascinais par sa brillance.
« Non Hyun Shik ! »
En bonne mère qu’elle est quand ton père n’est pas présent, elle s’accroupit à ta hauteur et balaie le vilain éclat hors de tes doigts.
« Tu vas te couper ! laisse-moi faire. »
Effectivement, tu n’avais pas fait attention et tu t’es coupé. Ta mère s’en aperçoit rapidement.
« Tu vois mon cœur ! ça fait bobo hein ? »
Oui, ça te faisais mal mais tu ne le ressentais pas. Tu ne sentais même pas les larmes couler sur tes petites joues. A 8 ans déjà tu avais tellement l’habitude d’avoir mal. A cause de ce grand bonhomme qui était ton père, la douleur était devenu un quotidien pour toi. Pour ta mère aussi. Tout les deux vous vous voiliez pourtant la face. Parfois tu disais à ta mère que tu voulais partir. Oui déjà à 8 ans tu comprenais la situation. Mais quand tu lui disais ça, tu voyais des larmes dans ses yeux. Alors tu ne disais plus rien. Tu te taisais et tu regardais ta génitrice souffrir en silence… A 8 ans tu ne pouvais pas faire grand-chose.
« Voilà mon cœur, un joli pansement avec des éléphants sur ton bobo ! »
Elle t’avait assis sur le rebord de la table. Elle sait que ton père n’aimait pas quand elle te traitait comme un petit roi alors quand lui n’était pas là, elle en profitait. Elle sait que ton géniteur n’aimait pas quand elle te donnais de la tendresse alors quand il était absent, elle en abusait. Car des câlins et des papouilles tu n’en avais pas à foison.
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Tu as dix ans. Il est 20h00 et il fait nuit. Tu es dans ton lit mais tu n’arrives pas à dormir. Ta mère est en bas avec ton père mais tu n’entends aucun bruit. Tu as peur. Et puis soudain des cris retentissent. Des bruits comme des éclats de verre parviennent à tes oreilles. Tu as l’habitude et pourtant… Tu sors de ton lit et descends sans faire de bruit jusqu’à pouvoir voir la scène. Et là le choc : Ton bourreau de père frappe ta douce mère avec une ceinture. Tu vois les larmes dans ses yeux, chose que tu n’aimes pas.
Sans réfléchir, tu descends les escaliers et te jettes sur ton père. Tu l’avais surpris et il perdit l’équilibre mais reprit très vite l’avantage. Il t’attrapa par le col et tu sentis son haleine empestant l’alcool.
- TU DEVRAIS PAS ETRE DANS TON LIT TOI ?!
- Tape pas maman elle n’a rien fait !
- Ce sont des affaires d’adultes. RETOURNE TE COUCHER ! »
Il te lâchait et te laissait tomber au sol avec violence et , par peur, tu grimpais les escaliers en courant et t’enfermais dans ta chambre puis te glissais dans ton lit. Tu ne trouvais pourtant pas le sommeil et tu écoutais, le cœur serré, les cris et les bruits du salon. Tu priais mentalement pour que ta mère ne succombe pas à ses blessures.
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Maintenant tu as quinze ans. C’était le week-end. Certains adolescents de ton âge seraient en train de vadrouiller dans les rues avec une bande d’amis. Mais toi, tu n’es pas un adolescent comme les autres. Là, tu regardes ton corps nu, dans le miroir. Tu comptes les bleus, les hématomes et les blessures qui t’ont été infligé. Tu fixes avec dégoût ce corps d’androgyne tout abîmé.
« onze, douze , treize…quatorze…
- Hyun Shik ! Tu es réveillé ?
- Ah oui oui maman !
- Je t’ai préparé ton petit-déjeuner !
- J’ai pas vraiment faim… »
Après cette parole, elle était montée dans ta chambre et te voyais te fixer dans le miroir, en caleçon. Elle s’approchait alors doucement de toi et se plaçait derrière toi mais sans te toucher.
« Il faut pourtant que tu manges mon cœur…
- N’insiste pas…
- Hyun Shik… Tu ne peux pas te laisser mourir de faim… !
- Omma…
- Hyun Shik… mange un peu au moins pour moi…S’il te plait..
-… »
Tu n’avais rien répondu. Elle savait que tu souffrais. Elle souffrait autant que toi. Tu lui avais proposé de partir mais elle avait trop peur des représailles de son bourreau.Pour elle tu acceptais finalement de te nourrir un peu cette fois. Après t’être habillé évidemment.
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Tu as 16 ans. Et ce jour-là, sera un jour que tu n’oublieras jamais. Un jour qui marquera ta vie et animera ta haine contre ton bourreau. Le jour où tout basculera pour toi. Les bleus, les blessures, tout surpassera ce qui va t’arriver. Tu en garderas une grande blessure au cœur…
Il est 22h. Tu es dans ta chambre en train de bouquiner. Tu ne trouves pas le sommeil. Ce silence t’inquiète beaucoup trop. Certes tu es soulagé de ne pas entendre de cris mais tu as peur que quelque chose de mauvais se trame… Tout ce silence est trop bizarre…
Une heure passe. Tu ne dors toujours pas. Ça fait 60 minutes que ce silence dure. Tu te ronges les ongles et tu commences à stresser. Tu voudrais aller voir mais tu as peur de ce que tu vas découvrir… Tu as bien raison. Car pendant que tu réfléchis le silence se brise. Un bruit comme un coup de feu retentit. Puis un cri. Tu n’en peux plus. Tu imagines le pire. Encore une fois tu as raison. Tu n’y tiens plus maintenant.
Tu te lèves de ton lit et tu descends les escaliers en prenant tes précautions… Et là tu vois le pire de ce qui aurait pu arriver. Ta douce mère, la seule qui croyait en toi, la seule qui arrivait encore à te protéger. Son corps est étendu au sol , inerte, nageant dans une flaque de sang. Une balle en plein dans la tête. Tu te diriges vers elle, d’un pas mécanique. Tu aurais du savoir que ça allait arriver un jour.
« - Tu vois ce qui arrives quand on me provoque. Maintenant va l’enterrer dans le jardin. »
Tu te retournes. Tu vois ton bourreau de père tenant un fusil de chasse et t’ayant dans le viseur. Tu as peur mais tu n’en montre aucun signe. Tu vas donc faire ce qu’il dit. Sauf que pendant que tu recouvres le cadavre de terre, tu n’as qu’une pensée en tête.
Fuir.
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Tu es un grand bonhomme de 18 ans maintenant. Ton plan pour fuir à bien marcher. Tu as abandonné toute trace de ton identité. Cela fait 2 ans que tu vis dans la rue. 2 ans que tu te débrouilles pour subvenir à tes besoins. De ta vie d’avant tu n’a emporté que deux choses. Le bracelet préféré de ta défunte mère et ta guitare sèche. Celle répondant au doux nom de Betty et qui t’aide à gagner un peu d’argent pour manger.
Ce jour-là, tu te produis comme d’habitude dans un des lieux les plus bondés de Séoul. Le métro. Ce que tu ne sais pas, c’est que quelqu’un va te donner la chance de ta vie. Cette chance qui va te permettre d’avoir une vie confortable et surtout…une famille.
Après ta prestation, tu passes à travers ton petit public pour récolter quelques pièces. Et puis cette fille t’aborde. Elle pose tout d’abord une pièce dans ton pot puis te tends un papier.
« Tu es doué. Ça fait plusieurs fois que je t’écoute avant de prendre le métro. J’ai hésité longuement à t’aborder. Rejoins-nous, ton talent est gâché ici. »
Puis elle part. Tu ne comprends pas au début. Alors tu lis le papier attentivement et tu découvres que c’est un papier d’audition. Une audition ? Tu ne sais pas quoi en penser. Tu te demandes si tu as vraiment beaucoup de talent.
Pendant deux jours tu réfléchis intensément à cette proposition. Et puis tu décides de saisir cette chance qu’on te donne et tu cours passer l’audition.
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« Salut Hyung ! Je ne te dérange pas j’espère ? »
Tu as 24 ans actuellement. Ton audition d’il y a 6 ans, tu l’as passé brillamment. Ça fait maintenant 6 ans que tu es dans le staff comme musicien et compositeur. Tout les gens qui t’entoure t’apprécient beaucoup et particulièrement les jeunes rookies. Tu adores discuter avec eux.
« Non pas du tout, je suis même ravi de te voir ! »
Tu te tournes vers le jeune garçon. Clope au bec, tu lui souris avec une certaine tendresse. Les gens savent que tu as des problèmes de drogues et même un peu de tabac mais ils ne relèvent pas car tu es quelqu’un de très sympa et de très doué.
« Franchement tu devrais arrêter de fumer, c’est pas bon pour les poumons…et pour tes problèmes de santé aussi !
- Mes poumons sont déjà morts depuis un moment. Et puis ma santé si tu savais comme je m’en foutais… Bon t’es pas venu juste pour ça je pense ?
- Non effectivement.. »
Tu te positionnais en mode écoute. Tu étais un peu l’oreille de certains rookies. Mais ça ne te dérangeais pas car tu aimais prodiguer des conseils aux autres. Tu aimais ton travail. Tu aimais composer et jouer. Tu aimais ta nouvelle vie.
Tu avais une nouvelle famille et tu n’étais pas prêt à quitter ça. Pour rien au monde.