Are you kidding me ?

feat. Choi Min Sun

Pour la première fois depuis longtemps, Dong Wook avait un peu de temps libre. Des derniers temps, son emploi du temps était étonnement plus chargé ; entre son travail officiel, son job officieux, et les battles de danse qui se multipliaient, le jeune homme n'avait guère plus de temps devant lui pour aller faire un tour du côté des terrains de basket. Ou alors, dès qu'il avait une ou deux heures, il préférait rester chez lui pour se reposer un peu, avant de recourir à ses occupations. Ce rythme de vie effréné qui était le sien n'était pas si mal finalement. Au moins, il n'avait pas le temps de réfléchir à la proposition que Su Ran lui avait fait, et qui le travaillait plus qu'il ne voulait l'admettre. Rejoindre une agence de starlettes, lui ? Hah, la blague. Et pourtant, même si Dong Wook avait beau dire qu'il se complaisait dans le milieu de la rue, qui était désormais sien, il e pouvait s'empêcher d'avoir quelques projets un peu plus élevés, pour une fois. Mais bon... Il savait que sortir de cette vie ne serait pas aisé.

Bref, vêtu de vêtements de sport, il se mit en marche pour les berges de Mangwon, où il avait l'habitude de traîner avec des connaissances pour faire quelques paniers. Il était toujours aussi arrogant, et manquait clairement de compassion, comme d'habitude... Mais étrangement, ces gars là toléraient assez bien sa personne, ne le voyant que sur le terrain. Tant mieux pour eux, dans un sens. Insultant, pestant contre ses coéquipiers et adversaires, l'adolescent était néanmoins satisfait de se couper un peu du monde, et de pouvoir se défouler.

Faisant un double pas, le jeune homme saute et marque un panier. Un de ses coéquipier le félicite, venant frapper sa main. Essoufflé, Dong Wook se courbe en avant, posant les paumes de ses mains sur ses genoux courbés, le temps de reprendre un peu son souffle. Il laisse un autre joueur faire l'entre-deux, et les autres courir après la balle. Il observe le jeu, avant que son regard ne soit attiré vers les grilles. Une jeune femme regardait attentivement le jeu. Il cesse de la regarder pour foncer dans le tas, retournant au jeu. De temps à autres, son regard revient à l'inconnue, restée collée à la grille, toujours aussi absorbée.

Dix minutes plus tard, le sifflet sonne la fin du jeux. 22 à 10, son équipe avait gagné. Frappes dans les mains, provocations envers les perdants, séparations sont faîtes. Dong Wook saisit une bouteille d'eau qui est tendue, en boit quelques gorgées et... Remarque que la spectatrice est toujours là. Et parce qu'il était intrigué, et sûrement d'humeur à tacler une inconnue sans raison valable, il récupère le ballon et se dirige vers elle en dribblant, calmement. Il l'observe, longuement et remarque un détail ;  des béquilles. C'était une blague ? Se postant devant elle, il demande, hautain ; « Ben alors l'éclopée ? On a des rêves de grandeur ? » Un sourire méprisant étend ses lèvres. « Allez, barres-toi. Vas jouer au croquet, t'auras plus de chance avec tes béquilles. C'est pas les jeux paralympiques ici. » Il continue à dribbler, fixant la jeune femme.

La jeune femme n'avait rien demandé. Mais Dong Wook n'était pas connu pour être conciliant ou agréable. Au contraire, il était plutôt réputé pour sa méchanceté gratuite, envers n'importe qui. Homme, femme, enfant, vieillard, Coréen, Français, handicapé, ou que sais-je encore... Pas de jaloux, tout le monde en prenait plein la poire. L'inconnue n'avait donc pas été une exception à la règle. La seule différence, c'est qu'elle ne semble pas se démonter, à la différence des autres. Elle s'avance vers lui, béquilles au sol, saisit le ballon, dribble. Étonné, certes, mais pas moins méprisant, l'adolescent la regarde. Elle boite un peu, mais semble tenir mordicus à lui prouver que toute indisposée soit-elle, elle était capable de jouer au basket. Bras croisés, Dong Wook l'observe, un sourire moqueur aux lèvres. La jeune femme s'essaye à avancer vers le panier, mais tombe à plusieurs reprises, ce qui extirpe au garçon un rire moqueur. Les autres joueurs, encore présents, la laissent faire, mais rient eux aussi. Néanmoins, tous la laissent faire. Dong Wook lui même ne s'interpose pas, se contentant de la regarder.

Un panier marqué, elle revient vers lui, fière. Dong Wook hausse les sourcils quand il entend ce qu'elle lui dit. « C'est bien. Tu veux que j'm'incline, p'tét ? » répond-il avec arrogance. Pourtant, il reconnaissait que la jeune femme en voulait ; quelles que soient les attaques qui puissent lui être adressées, elle ne se laissait pas démonter, et semblait prête à montrer ses capacités. Néanmoins, ça ne suffisait pas à Dong Wook. Si elle voulait se montrer vraiment digne d'intérêt, il allait en falloir plus que ça. Mais au moins, elle avait attisée sa curiosité. Ou tout du moins, elle lui donnait envie au jeune homme de lui prouver qu'elle avait moins de capacités. Tout d'un coup, c'est sûr que c'est moins glorieux et moins emprunt de gentillesse ou de respect... L'adolescent s'avance et récupère la balle. « L'en faudra plus pour m'en mettre plein la vue. » Il tourne les talons, dribble et fait tourner le ballon entre ses mains avant de se mettre au milieu du terrain. A nouveau, il regarde la jeune femme, et lui fait un signe de tête pour lui faire signe de la rejoindre. « Ramènes toi. »

En attendant qu'elle ne s'approche, l'adolescent fait signe à un des autres joueurs de s'approcher pour faire lancer la balle de début de jeu. Ce dernier adresse d'ailleurs un regard à Dong Wook qui signifie clairement ; est ce que t'es sérieux ? Néanmoins, l'adolescent se contente d'un regard froid en guise de réponse. La jeune femme finalement en fasse de lui, ce match improvisé allait pouvoir commencé. L'autre joueur lance le ballon en l'air. Habitué, Dong Wook bondit et frappe la balle pour l'envoyer d'un côté d'un terrain. Non sans bousculer la joueuse, il se rue sur le ballon pour l'attraper. Immobile, mais dribblant avec habilité, il adresse un regard de défi à l'inconnue. Lui laissant l'espoir de pouvoir attraper la balle, il reste immobile, avant de se décaler agilement vers la gauche, pour dribbler jusqu'au panier, où il marque. Un petit claquement de langue méprisant, un regard odieux, il jette la balle à la joueuse pour qu'elle engage, non sans oublier de dire ; « T'es sûre que tu veux t'entêter ? J'veux pas te décourager, mais t'as pas grande chance avec ta jambe. » La décourager ? Oh. Si, peut-être un peu, tout de même.

Le sourire narquois de Dong Wook s'étire... Non, il ne s'inclinerait pas. La jeune femme ne répond pas à sa provocation. Sûrement pensait-elle que ça n'en valait pas la peine. Et pour tout dire, si elle s'était donné la peine d'ouvrir la bouche pour se défendre, l'adolescent se serait sûrement régalé à continuer à l'enfoncer plus bas que terre. Il ne la connaissait pas, il ne savait pas ce qu'elle avait fait de sa vie, ni même dans quelles circonstances elle avait pu recevoir ce handicap. Mais il n'y accordait pas la moindre importance. Une fois encore, pas de discrimination. Si elle voulait qu'il cesse de la traiter avec tant de mépris, elle allait devoir faire des preuves. Et excusez-le, mais en l'état, à la voir boiter et peiner à dribbler, il avait un peu de mal à croire qu'elle puisse les faire, ses preuves.

Pourtant, elle semblait y tenir mordicus. La preuve en est qu'elle ne rechigne pas quand Dong Wook se met à sa place pour un entre-deux. Il ne savait pas trop ce qu'il avait à se prouver, à jouer contre une fille qui n'était pas au mieux de sa forme. Son égo ne serait pas particulièrement rassuré, il ne serait pas plus fier, ni même envahi d'une incommensurable sensation d'autosatisfaction. Non... Mais il aurait au moins l'impression d'avoir remis quelqu'un à sa place. Ce qui est parfaitement ironique, quand on sait que Dong Wook lui même détestait qu'on le suppose moins fort ou doué qu'il ne puisse l'être. Mais dans le domaine où il était... Est ce que ça avait une réelle importance ? Tout du moins, est ce qu'il serait reconnu à sa juste valeur par des gens lambdas ? Rien n'est moins sûr... Il resterait sûrement une crapule des bas quartiers.

Il bouscule, et ne ménage pas. La jeune femme chute à deux occasions, mais ne semble toujours pas se résigner. Elle se relève, sûrement un peu essoufflée. Elle finit par récupérer le ballon qui avait roulé jusqu'à elle, se redresse, et lance la balle à l'adolescent, à quelques mètres de là. La fixant avec un sourire toujours aussi peu amène, il attrape habilement le ballon, et dribble. Il pouvait bien lui accorder quelques secondes de répit. D'ailleurs, l'inconnue ne tarde pas à le complimenter, avouant qu'il était doué. « Bah, en même temps, face à une fille... » commence t-il avec un sourire, avant de reprendre rapidement ; « … qui a plus un boulet qu'une jambe, c'est pas bien compliqué. » Silencieusement, il continue à dribbler, non sans continuer de la regarder.

Elle lui demande alors comment il s'appelle. Un petit rire franchit les lèvres du garçon, qui ne répond pas de suite. Il s'approche de ses amis, posés sur un banc. Il y abandonne la balle, réclame une cigarette et un briquer. Il vient déposer le bâtonnet de nicotine entre ses lèvres, l'allume d'un craquement de briquet, et revient vers l'inconnue. «  Dong Wook. Et toi ? » Bien que cette expression narquoise ne quitte pas son visage, il semblait pourtant plus prompt à la conversation, étonnement. Son regard vient se poser sur la jambe de la jeune femme. Après un mouvement de tête en cette direction, il demande ; « Tu t'es fait ça comment ? »

Hors Jeu:

Elle s'appelait Min Sun. N'ayant aucun mot, le dealer se contente d'acquiescer. A peine apprend-il ceci, Dong Wook s'empresse de désigner sa jambe, curieux. Il voulait savoir comment elle s'était fait ça. Elle semble se braquer un petit peu. C'était un sujet sensible ? Tant pis. L'adolescent n'allait pas soudainement prendre des gants et se montrer plus délicat avec elle, quand même. La jeune femme explique qu'elle avait été victime d'un accident lors de ses dix-huit ans. Elle revenait d'une fête, et s'était faîte renversée par un conducteur en état d'ivresse. Dong Wook écoute, mais ne s'émeut pas. Il continue à dribbler. « Hah. C'est con. » dit-il simplement. Tout de même, il n'allait pas dire que c'était bien fait pour sa pomme. Mais il n'allait pas s’apitoyer sur son sort pour autant.

Et maintenant ? Dong Wook n'avait pas particulièrement l'intention de poursuivre cette conversation. Tacler cette fille avait quelque chose de tentant... Mais pour la plupart du temps, elle semblait éviter chacune de ses provocations. C'était peut-être le plus intelligent. S'écraser et ne rien dire. Mais en attendant, ça n'intéressait pas l'adolescent. Lui, ce qu'il voulait, c'était de la joute. Oui, son intérêt tout particulier pour les engueulades et autres prises de bec avait quelque chose d'étrange quelque part... Mais au moins, ça avait le mérite de mettre un peu de piment dans ses journées.

Pourtant, Min Sun prend bientôt les devants pour discuter. Elle lui demande s'il faisait du basket depuis longtemps. Attrapant le ballon en mains, un peu distrait, Dong Wook s'entraîne à faire tourner le ballon sur la balle sur son index tendu vers le ciel. Bougeant pour garder l'équilibre, il n'adresse pas le moindre regard à Sun Min, concentré sur la rotation du ballon. « On peut dire ça comme ça. J'en fait de temps en temps depuis un moment, ouais, quand j'ai le temps entre les dance battles et mon boulot. » Impossible de dire depuis quand, exactement. Il ne s'en souvenait pas vraiment... Mais ça faisait déjà plusieurs années.

Il finit par laisser tomber le ballon au sol à nouveau, pour continuer à dribbler. Son regard revient à la jeune femme, son sourire s'étire à nouveau. « Et toi ? Ça fait longtemps que tu fais encore genre de pouvoir faire ce que les valides peuvent faire ? » demande t-il d'une voix mielleuse.

Là, elle marquait un point. Finalement, ils avaient au moins ce point en commun ; de vrais têtes de mule. Sauf que... Dans le cas de Dong Wook, personne n'avait cherché à l'encourager ou le décourager dans ses ambitions. Pas que ses parents s'en fichaient... Mais il avait toujours été seul. Sa mère tentait de s'intéresser à lui depuis leur arrivée en Corée du Sud, mais le jeune homme lui rendait bien mal cet intérêt soudain. Que voulez vous, ce n'était pas en recevant quelques instants d'intentions et des sourires qu'il alliait pardonner et oublier des années de désintérêt total. La seule qui, à l'heure actuelle, lui accordait un soutient qu'il était éventuellement prêt à reconnaître, c'était Su Ran. Une quasi-inconnue. Et si malgré tout, il était peut-être un peu chamboulé par tant de gentillesse, tout au fond de lui, il était trop fier pour le reconnaître. « Non. » convient-il. « Mais toi, tu ferais bien de t'y résoudre. » Il n'allait quand même pas lui donner raison, alors qu'il s'évertuait à lui causer du tord depuis le début de leur conversation.

Elle lui explique alors qu'elle aurait put avoir une bonne vie. Danser et chanter sur scène. Ça semblait être une vocation, pour elle. Mais elle n'avait pas pu le faire à cause d'une personne. « Dommage. » commente t-il, sans la moindre once de pitié ou d'empathie. Et dire que lui, il avait une occasion. Plusieurs personnes l'avaient complimenté sur sa façon de danser lors des battle de danse auxquelles il avait habitude de participer. Dont Su Ran. Elle lui avait dit de le contacter, si intégrer la New Generation pouvait l'intéresser. Il n'y avait pas vraiment re-pensé depuis, mais... Cette idée restait dans un coin de sa tête. Il n'avait pas envie de quitter son milieu. Mais prouver qu'un moins que rien peut arriver à quelque chose, pourquoi pas ? « D'ailleurs, t'sais que j'aurais justement l'occasion d'en devenir une ? On m'a même proposé de devenir trainee. » dit-il en guise de provocation. Ca aussi c'était tentant. Intégrer l'agence rien que pour provoquer quelqu'un et se donner raison. Dire qu'on lui avait proposé de devenir trainee était exagéré... Mais il avait une opportunité.

Elle lui dit que c'était justement à cause de gens comme lui qu'elle ne pouvait se résoudre à abandonner. « Tant mieux pour toi. Au moins, j'ai mon utilité. » raille-t-il. Quoi d'autre ? Il n'avait pas grand chose d'autre à lui dire. Sa cigarette terminée, il jette le mégot au sol, l'écrase, avant de relever les yeux vers Min Sun. « J'peux y aller ? Ou tu veux encore continuer à faire ta naïve ? »

Min Sun ne réagit pas à la provocation que l'adolescent lui avait adressé... Mais semblerait presque être heureuse pour lui. C'était à n'y rien comprendre, pour Dong Wook, mais c'était certainement la manière la plus intelligente de répliquer. Quand elle lui demande s'il avait accepté, l'adolescent reprend, faisant tourner le ballon de basket sur le bout de son index ; « Nan pas encore. J'dois passer une audition. » dit-il simlement. Le pire, c'était que ça le tentait pas vraiment. Sa vie était pas mal comme ça. Mais tous les autres s'entêtaient à lui dire qu'ils devaient en sortir, tâchant de le ramener dans la lumière, avec plus ou moins de douceur... De quoi l'agacer. Mais il verrait bien. Intégrer cette agence pouvait avoir quelque chose de marrant, qui sait. Provoquer cette maquilleuse en était un bon exemple. Il n'ajoute rien au sujet de la profession de la demoiselle, l'ignorant avec suffisance.

En tout cas, elle était sacrément têtu. Un truc de fou, vraiment. Ça énervait l'adolescent, tout autant que ça l'amusait. Mais attiser l'amusement de Dong Wook n'était pas nécessairement quelque chose de réjouissant... Et ce cas-là en était l'exemple même. Il n'avait que faire des rêves de grandeur de cette fille. Mais il prendrait un malin plaisir à prouver que lui, une petite raclure, il pouvait lui piquer ses rêves sous le nez. Ça aussi, ça pouvait être amusant.

Demandant si elle avait enfin terminé son beau discours plein d'espoir, Dong Wook voit sa requête de départ acceptée. La jeune femme part sans mot dire, clopinant. L'adolescent la regarde partir, un sourire arrogant au lèvres. Elle n'était pas totalement déplaisante... Juste assez naïve pour qu'elle le fasse rire – une fois encore, en sens bien péjoratif et mesquin. Mais cette fille lui aurait attribué une certaine distraction, au moins...

Hors Jeu: