« Hyunnie ! Hyu… nnie ! »

Je n’ai jamais aimé l’entendre pleurnicher pour que je reste auprès d’elle, mais il fallait que je m’en aille pour rejoindre ce nouveau dortoir. En quittant la maison familiale, j’empruntais une nouvelle route afin de commencer une nouvelle vie. À cet instant, je marchais sans me retourner. Je n’osais pas. Il ne le fallait pas. Ça me brisais le cœur de ne pas me retourner une dernière fois et de lui répéter pour la énième fois que je reviendrais sûrement dans un petit moment pour quelques jours, quelques heures. Peut-être. Qu’en savais-je ? Il fallait que je devienne un souvenir dans cette maison. Je sais que je n’ai jamais été le gamin modèle de la famille et que j’ai agis à plusieurs reprises avec immaturité, mais en y repensant, ce n’était pas la première fois que je partais de cette maison à l’improviste, mais cette fois, cette décision me guidait vers un nouvel avenir et il ne fallait pas que je perde cette occasion pour réussir ce que je désire à tout prix.

Je me souviens lorsque j’étais plus jeune que j’avais tendance à m’enfuir de la maison lorsque je me querellais assez violemment avec mes parents. Je ne savais jamais là où j’allais traîner des pieds pendant un long moment, histoire de me calmer. Je vivais un peu comme un sans abri avant de terminer la nuit chez un ami. Je vivais comme je le sentais et j’ai toujours agis de la sorte. Mes parents avaient eu beau tenter à de nombreuses reprises de me calmer en m’enfermant entre quatre murs dans un pensionnat, mais ça n’a jamais rien changé à mon comportement. En réalité, loin d’eux, je me tiens bien. Je suis une toute autre personne et je ne suis plus ce gamin infernal, pénible à vivre à qui on souhaite en mettre une en plein visage. Non, loin d’eux, loin de tout ça, je suis bien.

Je suis né dans une famille avec de grandes responsabilités, mais qu’importe, j’étais avant tout un enfant désiré. Beaucoup trop, peut-être que mes parents pensaient sûrement que je serais le parfait petit garçon à sa maman et son papa tout en étant impeccablement habillé, coiffé, poli, aimable et j’en passe. Mais ça n’a jamais été le cas. Je n’ai jamais aimé le fait que mes parents m’enferment constamment à la maison, soi-disant pour me protéger du monde extérieur, mais ce n’était qu’une connerie. Ce n’était que la folie d’une jeune mère qui s’abattait violemment sur mes épaules et ça me pesait énormément. Je n’avais jamais eu le droit d’en parler. Je ne voyais personne. Je n’avais même pas le droit de sortir pour voir des amis et c’était avec peine que je parvenais à mettre un pied à l’école. J’ai vécu comme ça jusqu’à ce que nous quittions la Corée du Sud pour aller vivre quelques années en Australie. Des obligations professionnelles à ce que j’avais compris. Là-bas, âgé de huit ans, je reprenais un peu plus confiance et j’excellais dans beaucoup de matières dont celle qui se s’avérait être artistique. En grandissant, je me suis intéressé de plus-en-plus à la musique et à la danse et c’est au collège que je pus rejoindre un club de danse. L’Autralie m’a offert une nouvelle vie et je ne voulais plus la quitter. Cependant, lorsque j’eus seize ans, se fut le temps pour nous de rentrer. De retourner à la case départ. Je me souviens d’avoir été angoissé de retrouver mes vieux démons, de revoir ma mère complètement paranoïaque, mais avec l’arrivée surprise de ma petite sœur, je me disais qu’avec le temps, elle avait bien du se calmer, mais j’étais constamment fatigué de la surprotection de mes parents et pour leur faire comprendre à quel point ça m’empêchais de vivre convenablement, je préférais m’enfuir de la maison et de vivre comme je l’ai toujours souhaité. Je me souviens aussi qu’en rentrant, j’avais le droit à chaque fois d’une bonne paire de claques, d’interdiction en tout genre, mais ça m’étais complètement égal. Dehors, je vivais et je voulais y rester.

Mon envie d’entrer dans l’agence fut très dure à se faire accepter de mes parents, mais c’est en leur promettant des tonnes de choses, mais surtout de ma réussite qu’ils cédèrent. De plus, de vivre dans un dortoir ne pouvait pas les inquiéter plus que cela puisque l’on pourrait me surveiller si jamais je faisais un geste de travers. Toujours cette protection maladive, mais au moins, je pouvais enfin vivre.