« Chapitre 1 : Une italienne mais pas tout à fait ! »

Je suis née le 1er juin 1993 à Venise, ville idyllique italienne bien connue pour ses charmes. Autant dire que ma naissance était signe d'un bon présage. Du moins, c'était cela que mes parents s'étaient dit quand ils virent les jolis bébés arriver en ce jour radieux. Oui parce que nous fûmes deux à sortir du ventre de notre mère : moi et mon frère cadet de quelques minutes, Lorenzo, qu'on appelait plus fréquemment « Enzo » en fait. Nos deux prénoms signifiaient exactement la même chose : couronné(e) de lauriers. Que de bons présages en somme pour la petite famille que nous formions. De plus, l'histoire de nos parents ne laissait rien prévoir que les choses pourraient tourner mal un jour oh non. Mon père, médecin renommé, était arrivé en Italie depuis quelques années et avait trouvé ma mère en pleurs qui cherchait à sauver sa propre mère, très malade. Il s'en occupa et réussit à la soigner. Voilà comment leurs chemins s'étaient croisés et, malgré la situation modeste de Maman, ils se marièrent après avoir compris qu'ils s'aimaient. Malheureusement, Mamie était morte deux mois avant notre naissance, nous ne l'avons donc jamais connue et Maman n'avait jamais voulu nous en parler non plus. En fait, Lorenzo et moi avons grandi sans grand-parents – ceux de Papa étant décédés déjà avant son arrivé à Venise. Cela ne nous affecta pas cependant et nous eûmes une jolie enfance, pleine de bons moments et d'amour. Nous fûmes choyés et adorés plus que n'importe quel enfant au monde : nous étions leur rayon de soleil, mais nous ne l'avons compris que trop tard.

« Chapitre 2 : Laura, viens mettre ta robe ! »

Des robes ? Des poupées ? Hors de question ! Le rose, je détestais ça, je trouvais le bleu de la chambre de Lorenzo bien plus joli, aussi passais-je mon temps à dormir avec lui. Nous étions parfaitement sur la même longueur d'onde lui et moi, on ne se séparait jamais, c'était ma moitié. On faisait tout ensemble, jouer, se chamailler, aller à l'école, oui même à l'école on restait ensemble. On était soudés, comme de vrais jumeaux alors que biologiquement, on était aussi proches que des frère et sœur qui n'avaient pas le même âge. Mais la science ne détermine pas tout. La complicité que j'avais avec Lorenzo, elle était unique et même si j'étais petite, je sentais que jamais personne ne pourrait le remplacer, quoiqu'il arrive, qu'il resterait la personne la plus proche de moi, pour toujours. Je ne savais pas encore combien j'avais terriblement raison. Bref, le fait était qu'au lieu de mettre mes jolies robes et souliers de princesse, je piquais les salopettes et les baskets de Lorenzo. Cela rendait ma mère folle car après, elle devait toujours s'occuper de me rhabiller correctement. Sans compter les lessives quotidiennes à cause des taches que je faisais sur mes vêtements. Finalement, elle ne m'acheta plus que des pantalons, se résignant à mon côté un peu « garçon manqué ». Cela la surprit plus que ça ne la déçut je pense. D'ailleurs, elle avait trouvé un travail entre-temps comme caissière dans un supermarché. Ce n'était pas fameux mais c'était déjà ça : elle ne voulait pas que mon père soit le seul à travailler pour qu'on ait de l'argent. Une certaine fierté féminine propre aux italiennes je suppose. Certaine fierté dont j'ai hérité.

« Chapitre 3 : Laura, regarde comme elle est belle cette cathédrale ! »

Vivant à Venise, je ne pouvais pas passer à côté de la place Saint Marc, ni de sa cathédrale ou de son campanile. D'autant plus que la religion était quelque chose qui comptait beaucoup pour Maman, je me souviens, elle allait tous les dimanches à la messe pendant que Papa nous emmenait faire une promenade dans le parc. Je la voyais aussi prier de temps en temps à la maison, sans réellement comprendre ce qu'elle faisait. Elle me disait qu'elle parlait à Dieu, celui qui nous surveillait au-dessus des nuages et qui était l'origine de tout ce qui existait sur terre. Je l'écoutais fascinée par ses paroles mais surtout par la façon avec laquelle elle me les disait. Jamais je ne l'avais vue plus sûre de ce qu'elle avançait que lorsqu'elle me parlait de ce vieux bonhomme là-haut. Dès lors, comme elle voyait que cela m'intéressait, elle me raconta des épisodes de la Bible, chaque mercredi et Lorenzo vint se joindre à nous. Nous la regardions raconter ces histoires incroyables, fascinés, comme deux enfants qui auraient trouvé un joyau. Notre joyau c'était elle, c'était Maman, si gentille, si loyale, si confiante. Je la voyais même parfois le soir prier, un peu plus nerveuse, comme si elle redoutait quelque chose. Et je l'entendais implorer Dieu de nous protéger, de nous tenir à l'abri Papa, Lorenzo et moi. Lorsqu'elle avait fini, elle se retournait et me voyait, un sourire apparaissant instantanément sur son visage. Je ne fis pas plus attention que cela à ces prières inquiétantes du soir. J'aurais dû.

« Chapitre 4 : C'est quoi cette allure Laura ?! »

Ah l'adolescence, douce époque où on se révèle à soi-même et où on s'affirme enfin. Nous le fîmes en même temps moi et Lorenzo, comme toujours. Enfin, pour mon frère, c'était moins flagrant, cela ne se voyait, il faisait juste des choses que lui auraient sûrement interdites Papa et Maman, comme fumer puis boire. Moi, je l'extériorisais aussi. Premièrement, je m'étais coupée les cheveux courts sans demander l'avis de mes parents et je les avais fait teindre en blond aussi. Je m'habillais quasiment seulement de cuir et je mettais beaucoup de noir sur mes yeux aussi. On était loin de la petite fille sage – bien que je ne l'avais jamais vraiment été. Le premier jour où ils me virent comme cela, j'ai cru que mes parents ne me laisseraient pas passer la porte. Ils haussèrent tous les deux les sourcils comme si j'étais une extraterrestre. Finalement, ils n'ont pas fait de scandale : mon père a expliqué à Maman que je grandissais, qu'il fallait que je m'affirme, que tant que mes résultats scolaires restaient corrects, il n'y avait pas de raison de s'alarmer, que si je m'habillais comme cela, ça ne voulait pas forcément dire que je me droguais ou quoi que ce soit. Il mit ça sur un effet de mode et disait que ça me passerait. Maman était plus inquiète mais elle ne dit rien. Mais moi, je voyais son regard, je voyais bien qu'elle n'aimait pas mon nouveau style et cela m'affectait. Lorenzo me disait de ne pas m'inquiéter, que cela lui passerait, simplement le temps qu'elle s'habitue. Mais ça ne lui est jamais passé et voir ses yeux effrayés chaque jour était toujours plus difficile à supporter. J'avais honte de la mettre dans un tel état et je m'en voulais terriblement.

« Chapitre 5 : Laura, je suis amoureux ! »

Ce qui devait arriver, arriva. Lorenzo commença à regarder les autres filles et même à les trouver jolies, sympathiques... Bref, elles lui plaisaient. Et je ne supportais pas ça. Nous avions toujours été inséparables, on faisait les quatre-cent coups ensemble, c'était nous contre le monde entier. Sauf que désormais, il était tombé amoureux d'une fille de sa classe, Vanessa elle s'appelait. Elle avait tout du portrait typique de l'italienne par excellence : brune, peau mate, yeux noisette... rien à voir avec moi. En plus elle était assez grande pour faire mannequin. Ce fut comme un coup de poignard en plein cœur pour moi et quand j'appris qu'ils sortaient officiellement ensemble, je n'avais pu que m'effondrer en pleurs dans mon lit, sous les yeux incompréhensifs de Maman. Elle ne pouvait pas comprendre ma douleur, elle ne pouvait pas savoir combien voir Lorenzo avec une autre fille que moi était douloureux. Je ne pouvais pas penser qu'un jour cela arriverait. Cela me fit du bien quand Maman me prit dans ses bras, quand elle me berça doucement comme quand j'étais triste, plus petite. Au moins, elle m'aimait toujours elle, c'était déjà ça. Sentir sa main passer sur mes cheveux courts me fit le plus grand bien et m'apaisa. En fait, j'en étais même venue à me confier à elle : je fus étonnée de la voir rire doucement. Avec un air posé et rassurant, elle m'expliqua que la petite-amie de Lorenzo ne me remplacerait pas, que les rapports n'étaient pas les mêmes. Que j'étais liée à lui par le sang et que ce lien était indestructible, qu'il survivrait au temps quoiqu'il arrive. Cela me rassura dans un sens de savoir qu'il ne me remplacerait pas. Mais le voir être de moins en moins présent, sortir pour aller la rejoindre, cela me fit énormément de peine, mais je le cachais. S'il était heureux comme ça, que pouvais-je faire ? Je me retrouvai seule, comme si on m'avait arrachée une partie de moi-même. Et je compris avec une certaine peur qu'en fait, Lorenzo était plus qu'un simple frère pour moi.

« Chapitre 6 : Être amoureuse de son frère jumeau »

Eh oui, c'était un amour inconditionnel que je portais à Lorenzo. Je ne savais pas exactement ce que je devais penser. Était-ce mal ? Apparemment, oui, car c'était interdit par la loi ; ils appelaient ça « inceste ». Cela me rendit plus que malheureuse : en plus de voir Lorenzo s'éloigner de moi, j'étais confrontée à l'idée qu'il ne m'appartiendrait jamais entièrement et que c'était impossible de faire autrement. Je mangeais à peine, je ne trouvais plus le moyen de sourire et le peu d'amis que j'avais, je ne les vis plus. J'étais seule avec mon chagrin et je ne pouvais même pas en parler. Plus d'une fois Maman m'a vue pleurer, plus d'une fois Papa m'a vue marcher comme un zombie et pourtant, je ne pouvais pas leur dire ce qui m'arrivait. Ils s'inquiétaient bien sûr, mais que pouvaient-ils faire ? Ils essayèrent de m'emmener chez un psychologue mais je ne parlai pas. Je vivais avec mon fardeau seule, car je ne voulais pas couvrir mes parents de honte. Comment réagiraient-ils ? Je ne voulais pas le savoir et je ne le saurais jamais d'ailleurs. Par négligence, mes cheveux repoussèrent, ils devinrent châtains et j'abandonnai mon look de « punk ». Je me conformai aux codes de la mode à savoir slim ou short selon le temps et t-shirts moulants colorés. Un grand changement en somme et même si beaucoup de gens trouvèrent que j'étais plus jolie ainsi, ce n'était en fait que le reflet de ma douleur. Bien des garçons vinrent me demander de sortir avec eux : à chaque je fondais en larmes, parce que je regrettais que jamais ce ne pourrait être Lorenzo qui vienne me le demander. Je fis comme lui d'ailleurs : boire et fumer devinrent mes principales occupations, en plus des devoirs – j'étais encore capable de bien travailler – sauf que je buvais et fumais seule. J'en vins même à me scarifier. Je ne savais plus exactement comment cela m'est venu : je m'ennuyais sans doute et j'ai vu le compas sur la table. C'était aussi bête que cela et pourtant ce devint aussi quotidien que la bière ou la cigarette. J'avais l'impression de faire sortir un peu la peine qui m'habitait, alors qu'en vérité, c'était complètement idiot. Je ne savais juste pas quoi faire d'autre.

« Chapitre 7 : Ne me rejette pas »

Et puis il y eut cette soirée. Un ami à Lorenzo l'avait organisée pour lui remonter le moral : la Vanessa l'avait trompé, et avec une fille en plus, avant de le larguer. Autant dire que le coup était dur à encaisser et qu'il broyait du noir depuis plusieurs jours. Il ne remarqua même pas mon changement d'attitude, pour dire combien il était complètement mal. Au moins, nous étions deux à souffrir dans cette histoire. Une amie à moi y allait et en avait marre de me voir dans un état aussi apathique. Elle me traîna donc à la soirée. Je n'avais pas du tout envie d'y aller, si c'était pour voir mon frère complètement bourré se rabattre sur d'autres filles. Parce que j'étais sûre qu'il ferait ça, j'étais sa jumelle après tout. Et en effet, Lorenzo était déjà bourré quand je suis arrivée : je me suis tout de suite mise à l'éviter. Je ne voulais pas le voir s'approcher d'elles devant moi : le savoir c'était déjà dur mais le voir, c'était encore pire. Je suis donc restée avec mes amies, loin de lui. Même si je m'ennuyais, au moins je ne souffrirais pas plus. Malheureusement, quand j'étais allée fumer à l'extérieur, il eut la même idée et nous sommes retrouvés face à face avec nos cigarettes. Séquence inédite pour lui puisqu'il ne m'avait jamais vue fumer. Cela l'interpella et, à ma grande surprise, il semblait sobre. Il me demanda comment ça allait depuis le temps et je lui dis que tout allait bien. Sa réplique fut claire : « Menteuse ». Il me dit qu'il n'était pas dupe, qu'il voyait le compas toujours près de mon lit, des bouteilles et des paquets de cigarettes que je cachais à peine. Je fus surprise, je n'arrivais pas à croire qu'il était encore si bon observateur. Il m'apprit ensuite qu'il faisait semblant de paraître complètement alcoolisé pour duper ses amis, pour leur faire croire que c'était une façon d'aller mieux. Chose que je comprenais, je pense que j'aurais fait pareil. Il me dit aussi combien il avait été idiot de faire confiance à cette fille, que jamais on ne pouvait les croire totalement parce qu'elles abusaient de cette confiance après. Je me souviendrai toujours du regard qu'il prit ensuite et de la phrase qu'il murmura : « Mais toi, jamais tu ne trahiras ma confiance, quoiqu'il arrive. ». Il faisait allusion à une promesse qu'on s'était faite quelques années plus tôt et je hochai la tête, affirmative. Je ne me doutais pas du poids qu'avaient ces mots pour lui. C'était bien plus important que je ne le pensais. Tout s'était vite enchaîné. Il m'a embrassée, il m'a dit qu'il m'aimait comme aucune autre fille et nous avons fini dans le même lit, mais pas de la même façon que quand on était petits. On avait transgressé la loi mais on était heureux et on s'en moquait.

« Chapitre 8 : Il faut protéger le secret »

Dès lors, nous avons dû nous cacher pour que le monde entier ne nous juge pas. En effet, Lorenzo n'avait pas agi sur un coup de tête, et nous eûmes des moments intimes plus d'une fois. Dès qu'on le pouvait, dès qu'on était à l'abri des regards. C'était dur mais ça en valait la peine. Jamais je n'aurais abandonné, malgré tout ce qui tendait à se dresser entre nous. Nous étions à nouveau tous les deux heureux, pleins de vie et débordant de joie. Cela suffit à rassurer Papa et Maman, qui furent si heureux de nous retrouver tous les deux qu'ils multiplièrent les sorties et les occasions pour se voir en famille. Je fus heureuse de pouvoir retrouver tout ce que j'avais perdu et j'arrêtais ce que Lorenzo appelait « mes conneries ». Bon, je fumais et buvais en soirée mais c'était tout, plus de scarification ou de beuverie solitaire. J'avais l'impression de revivre alors que je vivais dans le mensonge et jouais la comédie à tout le monde, même à mes propres parents. On ne leur mentait pas exactement, on leur cachait quelque chose de très important voilà tout. Pour Lorenzo et moi, la chose était claire : on ne pouvait en parler à personne, pas question. Il avait abandonné les sorties avec ses amis en boîte sans leur dire pourquoi et il s'en fichait : j'étais la seule qui comptait à ses yeux désormais. On était prêts à lutter pour rester ensemble, même si on n'avait aucune idée où cela nous mènerait et comment on ferait une fois adulte. Peu nous importait. C'était lui et moi. C'était nous avant tout.

« Chapitre 9 : Quand le passé vous rattrape »

Jamais je n'oublierai ce jour terrible, jamais. Je rentrais du lycée comme d'habitude, c'était la veille de mes dix-sept ans. J'étais heureuse, on devait se rejoindre à la maison avec Lorenzo avant d'aller au cinéma. Quoi de plus charmant pour un programme d'après-midi ? J'avais fini plus tard que lui, c'était pour ça qu'il m'attendait. Maman devait être à la maison aussi, c'était son jour de congé. J'avais mes clefs, donc aucun problème si jamais ils étaient allés faire des courses. Quand j'ouvris la porte, je ne m'attendais pas à trouver ce qu'il y avait derrière. D'abord, personne pour m'accueillir, chose étrange mais qui ne m'inquiéta pas : on ne m'avait peut-être pas entendue. J'avançai appelant Lorenzo et Maman : aucune réponse. J'arrivai dans le salon et poussai un cri d'effroi. Maman était là, étendue sur le canapé, une grosse tâche de sang sur le pull que je lui avais acheté pour son anniversaire. On lui avait tiré une balle en plein cœur : elle était morte. Affolée, je montai à l'étage en appelant mon frère, en lui criant de venir, de se montrer. Hélas, il ne respirait déjà plus non plus. Je le trouvai dans ma chambre, étendu au sol sur le ventre, la main allongée comme si elle voulait attraper quelque chose. Lui aussi avait une trace rouge dans le sang. Je me suis précipitée sur lui, je l'ai secoué de toutes mes forces en le suppliant de se réveiller, de ne pas m'abandonner, de rester en vie. Mais il était trop tard. Je regardai un instant ce qu'il avait voulu attraper et je compris, le cœur brisé, que c'était une photo de moi. Je m'écroulai auprès de lui, anéantie, pensant sans doute que mon père était aussi mort dans une des pièces de la maison. Je voulais rester là, près de mon frère que j'aimais trop pour vivre sans lui et que je ne voulais pas laisser là, comme ça. Je ne réagis même pas quand j'entendis quelqu'un monter les marches avec un pas précipité : ce devait être les mêmes personnes qui revenaient pour me tuer moi aussi. Je criai d'effroi quand on me saisit pour m'arracher à Lorenzo : non je ne voulais pas le laisser comme ça, je ne voulais pas le quitter ! Mon visage fut pris entre des mains : je les reconnus et fis face au visage dévasté de Papa. Il était blessé à l'épaule mais il était là. Je me blottis dans ses bras et il me serra contre lui, très fort, comme si tout ce qu'il avait au monde, c'était moi. Et c'était vrai. Il chuchotait que c'était un miracle que je sois encore en vie. Puis il m'emmena de force, laissant Maman et Lorenzo comme ça. On quittait le pays.

« Chapitre 10 : Welcome to Korea ! »

Je sais pourquoi ma mère et mon frère sont morts : Maman était la sœur d'un des membres de la mafia italienne et ce dernier, comme sa mère voulait le dénoncer, l'avait empoisonnée. Maman l'avait sauvée grâce à Papa et dès lors, elle s'était condamnée. Papa n'avait reçu qu'une balle dans l'épaule à cause d'un mauvais tir et avait réussi à s'enfermer dans le grenier après avoir vu l'un après l'autre Maman et Lorenzo mourir sous ses yeux. Il avait passé son temps à prier pour qu'ils ne me trouvent pas et qu'ils ne me fassent pas de mal. Nous sommes retournés dans son pays natal, la Corée du Sud. Il m'a appris à me défendre, à me battre au cas où ils essaieraient de nous retrouver : ils devaient savoir que toute la famille n'était pas morte après tout. Grâce à ses relations et à son influence, il a pu me trouver un poste de vendeuse de vêtements après avoir obtenu de justesse mon diplôme de lycée. Il m'a aussi confiée une dague, que je dois toujours porter sur moi par précaution ; on ne sait jamais. Je me suis un peu habituée à la vie en Corée du Sud et je parlais déjà la langue avant d'arriver, grâce à mon père. Mais personne ici ne doit connaître mon secret, je pourrais être en danger. En revanche, les secrets des autres, ça m'intéresse : je passe mon temps, quand je ne bosse pas, à épier les stars de la New Generation et à les piéger pour vendre leurs petits secrets bien gardés au paparazzi le plus offrant. Je n'ai plus de scrupules moraux alors pourquoi se priver ?