Tu penses que cette personne n'aura jamais rien à faire avec toi, alors tu ne t'inquiètes pas. Reste sur tes gardes car Seung Hee est vicieux, il pourrait te pourrir la vie avant même que son regard ne croise le tien. Ce rictus amusé en dit long sur sa personnalité. Plus son entourage est malheureux, le mieux il se porte. Tu restes bouche bée face à tant d'insensibilité. L'amour ça n'existe pas pour Seung Hee, ou plutôt ça n'existe plus. Tu te dis qu'il est bizarre, mystérieux. Tu trouves ça attirant et irritant en même temps. Pourquoi est-il si distant ? Pourquoi y a-t-il autant de tristesse à l'intérieur de ses deux orbes foncées ? Cela justifierait-il sa cruauté ? Tu te décides à enquêter un peu sur lui mais tu ne connais rien de son passé. Si tu oses lui demander des informations, il ne prend pas la peine de te répondre. Tu te dis qu'il n'a pas l'air d'être de ces personnes qui aiment parler d'elles. Cependant, tu aimerais vraiment qu'il se confie à toi. Avec un peu d'efforts, tu verras un sourire sincère se dessiner sur son visage. Il n'a pas l'air si terrible que ça, au fond. Tu le sais passionné. Il a tellement travaillé pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Il possède un courage et un esprit combattif hors du commun. Même si tu es loin de savoir tout ce qu'il a traversé, tu es conscient de cela. Si tu l'espionnes, tu le trouveras stressé, inconfortable. Des fois, il a même l'air fou, instable. Quelque chose semble lui faire peur, le fait trembler. Il ne parle jamais à personne, alors comment savoir ? Tu aimerais tellement être la personne à qui il se confie. Il a l'air si seul, si vide. Seung Hee a l'air d'aimer la compagnie, même s'il ne le montre pas. Il ne peut tout simplement pas rester seul sans se torturer l'esprit. Tu le vois souvent avec des femmes, des personnes avec qui il ne passera qu'une seule nuit. Il est dépravé, il est souillé jusqu'à l'os. Cependant, tu ne l'as jamais vu violent, agressif. Il est juste volatile et spécial. Quelque chose semble l'effrayer...peut-être la vue du sang ? Ce ne sont que de simples suppositions. Par contre, tu es presque sûr et certain que le jeune homme souffre de claustrophobie. Tu le vois même parfois prendre des médicaments en cachette. Au final, tu penses que ce jeune homme n'est pas horrible. Il est torturé et perdu. Il se croit seul. Il a subi un traumatisme qui le rend très émotionnel, sauf que pour question de fierté, il ne veut le montrer à personne. Tu veux briser cette coquille si fragile qui l'entoure, car tu crois vraiment que ça pourrait l'aider à s'ouvrir aux autres.

Je ne suis pas un enfant voulu. La vie m'a été donnée par erreur, ce qui veut dire en d'autres termes que je n'aurais pas du vivre. Je me demande si les personnes comme moi se sentent tous aussi misérables d'avoir à vivre en sachant ça. Je n'ai jamais connu mon père mais ma mère me racontait beaucoup de choses sur lui. Elle me disait que je lui ressemblais comme deux gouttes d'eau, ce dont quoi je n'étais pas vraiment fier. Mon père avait abandonné ma mère, la laissant seule avec un enfant dans les bras. Elle aurait pu avorter, ce n'est pas comme si elle était dans le besoin, mais par question de morale et par peur qu'on ne la juge, elle préféra m'éduquer d'elle même. Mon enfance fut paisible bien que l'absence paternel faisait de moi un enfant assez perturbant et agressif. Je n'avais pas beaucoup d'amis et préférait rester dehors plutôt que d'étudier mes leçons. Ma mère ne me surveillait pas de près et j'aimais ça à vrai dire...Je n'étais pas jaloux des autres enfants de mon âge qui avaient leurs deux parents sur le dos, à les surveiller comme s'ils étaient la chose la plus importante de leur vie....bon d'accord. J'étais horriblement jaloux.

C'était en Avril, je devais avoir une quinzaine d'année seulement. Ma mère et moi nous nous rendions au Japon . C'était un petit voyage et pourtant, l'avion s'écrasa violemment sur la terre du pays du soleil levant. Entre les cris, la vision de ma mère inerte et couverte de sang à côté de moi, mon propre corps blessé et douloureux, et l'impression d'être coincé là et de ne plus avoir qu'à attendre ma propre mort...c'est ce qui me changea, c'est ce qui me rendit comme je suis aujourd'hui.

La vie n'a pas été douce avec moi. Je n'avais déjà pas de père, maintenant que ma mère était morte, j'étais devenu horriblement seul. L'accident me changea radicalement. Du garçon téméraire et agressif j'étais devenu apathique, muet. Je me souviens avoir tellement pleuré que même les larmes finissaient par ne plus couler. Et puis...c'est à partir de cette époque que j'ai commencé à avoir ces phobies. A la simple vue du sang, je me souvenais du corps sans vie de ma mère et de l'accident d'avion. L'angoisse était telle que je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je ne faisais plus rien. Ma tante qui m'avait accueillie chez elle m'aida du mieux qu'elle put pour que je me sente mieux, mais m'emmener chez un psy ne faisait qu'empirer les choses en réalité...
A cause du manque de sommeil, je commençais à avoir des hallucinations, ce qui ne m'aidait pas vraiment à me sentir mieux. J'étais devenu un vrai zombie...je me souviens ne même plus vouloir sortir de ma chambre.
C'est à partir de ce moment là que cette passion pour la danse et la musique me sauva de mon état de légume. J'étais parvenu à trouver quelque chose qui me détendait et que j'aimais. C'est réellement ce qui me permit de surmonter mon passé. Bien évidemment, j 'avais encore quelques problèmes. Je n'aimais pas vivre ici, je me sentais en trop. Après tout, j'avais forcé ma présence ici et même si ma tante me répétait tout le temps que ça ne la dérangeait pas, je ne pouvais pas continuer de vivre ici plus longtemps.
C'est seulement à l'âge de 16 ans que je pris mon envol, fuguant en n'ayant rien d'autre sur moi que mon lecteur de musique, mes écouteurs et un sac avec diverses affaires. Combien de temps allais-je pouvoir tenir à vivre sans endroits où aller ?
En a peine une semaine j'avais déjà dépensé le peu d'argent que j'avais sur moi, dormant parfois dehors, parfois dans des hôtels sales et malodorants. Ce n'était vraiment pas une partie de plaisir mais je me souviens m'être senti mieux à vivre «  de mes propres ailes » , même si j'étais seul, horriblement seul. Pour gagner de l'argent j'avais commencé à danser dans les rues mais ce n'est pas comme si je pouvais gagner assez pour vivre de cette manière...alors je décidais de vendre mon corps à cause de certaines mauvaises connaissances qui m'emmenèrent avec eux. Dans un sens, je les comprends : j'étais beau, jeune, et ils pouvaient garder 50 % de la somme que je pouvais gagner. Un gosse comme moi, qui n'a jamais connu l'amour, quoi de mieux que de se servir de lui ? Je me souviens avoir été dégoûté à vie d'être si pitoyable, et encore pire puisque j'ai continué un long moment comme ça. C'est que ça payait plutôt bien et puis, ça me faisait me sentir moins seul, un peu.
Mais plus les jours passaient, plus je voyais ça comme une sorte de poison, une drogue à laquelle je m'étais trop attachée et qui pourrissait en moi petit à petit...j'étais vraiment dans un sale état. Un jour, un homme est venu vers moi pour me proposer de rentrer dans une compagnie pour devenir une idole, après m'avoir vu danser. Je me souviens avoir accepté sans même réfléchir avant. Au fond, j'aurais tout fait pour quitter la vie que je menais.
C'est ainsi que je recommençais à vivre plus ou moins normalement, même si je suppose qu'on me considérait tout de même comme quelqu'un de bizarre. Je fis un trait sur mon passé qui n'était pas vraiment glorieux pour une idole, et c'est après plusieurs années d’entraînements que je devenais un rookie, ayant ainsi ma nouvelle famille. Je suis devenu un vrai ange devant les caméras, mais une personne aussi déchue que moi ne pourra jamais changer. Je serais toujours un ange déchu, une personne qu'on ne préfère pas fréquenter. Changer ? La bonne blague. J'aime ma vie comme elle est, j'aime faire ce qui me plaît. Je n'ai pas envie de devenir sage, car je ne peux tout simplement pas me débarrasser de ces mauvaises habitudes. Lamentable, n'est-ce pas ?