Just shut up and look pretty ;

▬ feat. Park RinRin ; un restaurant japonais de luxe

Il y a une semaine, ma tante m'a appelé. Je n'avais plus de ses nouvelles depuis plusieurs semaines. Pourtant, entendre sa voix ne m'a particulièrement réjoui. Très certainement parce que son ton habituellement lancinant était plus vif que d'habitude. Après une courte conversation de politesse, elle est entrée dans le vif du sujet, et m'a demandé où en était ma vie sentimentale. Sa question n'a eut que pour écho un silence stupéfait. J'ai grimacé, et lâché un soupir discret, avant de répondre. Je suis toujours célibataire, me suis-je contenté de répondre, sans lui faire part de mes doutes et de mes penchants inavoués. A son tour, elle a soupiré, me demandant quand est ce que je compterais présenter une  fiancée à mes parents. D'un ton froid, j'ai rétorqué que c'était loin d'être ma première préoccupation pour l'instant. J'ai rapidement abrégé l'appel pour retourner à mes occupations, agacé par tant d’insistance de sa part.

Le lendemain, son numéro s'est à nouveau affiché sur le cadrant de mon téléphone. J'ai hésité à répondre. Finalement, j'ai laissé le répondeur faire son travail. Ayant reçu un message vocal, je suis allé l'écouter par curiosité, soucieux que quelque chose ait put lui arriver. Sa voix était encore plus fébrile et impatiente que la veille. Un peu déformée par une sorte d'euphorie. Du coup, je l'ai rappelé quelques heures plus tard pour lui demander ce qu'elle avait à me dire. De but en blanc, elle m'a annoncé avoir trouvé la solution idéale à mon problème. Une amie de longue date, madame Park, dont les exigences sont grandes, cherchait un prétendant pour sa fille, RinRin. Ma tante n'a pas eut à expliquer la suite des événements ; je devais correspondre aux exigences de l'amie en question, et elle a proposé un rendez-vous arrangé entre nous. J'ai longuement soupiré et râlé, mais ai fini par capituler. Peut-être que si je me rends à cette rencontre, ma famille acceptera t-elle enfin de nous laisser en paix, moi et mon célibat.

Le grand soir est arrivé. Je finis d’arranger ma mise, face au miroir, malgré tout soucieux de mon apparence. J'ai revêtu un costume noir sobre et élégant, arrangé mes cheveux, passé un parfum discret. Tout me semble parfait, aussi je ne perds pas davantage de temps. Malgré les apparences, cette rencontre ne m'enchante pas. Je n'ai pas l'intention de faire le moindre effort envers la jeune femme, sauf si elle semble digne d'intérêt. Mais pour rien au monde, je ne veux satisfaire les exigences de ma tante quant à ce blind-date. Descendu dans la rue, je hue un taxi. Installé à l'arrière, je lui communique l'adresse d'un restaurant japonais de luxe dans le centre-ville. Quitte à faire un rendez-vous, autant que la nourriture soit à mes préférences, aussi ai-je réservé dans cet établissement que je fréquente pour sa discrétion, sa qualité et son décor traditionnel et élégant.

Après une course d'une vingtaine de minutes, je paye le chauffeur et sors. Je jette un coup d’œil à ma Rolex ; j'ai quelques minutes d'avance. Je m'avance vers l'entrée. Le portier ouvre la porte en ma saluant poliment. Je lui jette un coup d’œil sans lui répondre, me dirigeant vers la réception. J'indique ma réservation, et demande si l'autre personne est arrivée. On me répond par la négative avant de m'emmener à la table réservée. L'endroit est silencieux, on sentend tout juste quelques notes de musique traditionnelle en fond. Le sol est recouvert de tatami, les tables séparées par des shoji, la lumière tamisée et agréable. Je m'installe et patiente, un peu agacé de devoir attendre.

Bientôt, un employé revient pourtant avec une jeune femme. Elle doit avoir la vingtaine, a un visage fin et plutôt enfantin, une silhouette frêle et féminine. Je reste de marbre et la regarde arriver, avant de me lever et prendre la parole ; « Vous êtes Park RinRin, je suppose ? » Je tends une main pour serrer la sienne, pas désireux d'être vraiment chaleureux. « Seo Dong Hyun, enchanté. » dis-je sans grande conviction. Une fois ces présentations faîtes, je m’assoies à nouveau. Je détaille un peu plus mon interlocutrice, avant de jeter un coup d’œil au décor. « J'espère que ce cadre vous convient. » dis-je plus par rhétorique qu'autre chose. Si ce n'est pas le cas, tant pis pour elle.

Un silence un peu pesant s'en suit. Je pense à ma tante, qui doit être ravie de cette rencontre arrangée. Je bous intérieurement, et ai hâte que cette mascarade soit terminée. Néanmoins, je réfléchis à une chose ; je n'ai aucun intérêt à faire trop mauvaise impression. Les échos en seraient négatifs, et ma tante serait capable de m'arranger un autre rendez-vous du genre. De fait, je feins une pointe d'intérêt au sujet de RinRin, tandis qu'on nous apporte les cartes. « Qu'est ce que vous faîtes dans la vie ? »

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Vivre sa vie comme bon nous semble et en faire ce qu'on veut, c'est un peu ce que j'ai toujours espéré pouvoir réussir à faire un jour. Oui un jour, quand je suis partie de cette famille insupportable et m'éloigner surtout de cette femme que j'ai détesté toute ma vie. Mais au final j'avais beau avoir un boulot de rêve, une vie tranquille -par moment-, une soit disant relation amoureuse plus ou moins compliquée. Je n'ai jamais réussi à les éloigner de moi. Je vis dans un appartement de luxe bien au-dessus de mes moyens offert, ou plutôt que j'étais dans l'obligation d'accepter, par mon cher et tendre beau-père. Je pensais qu'en m'éloignant de ma mère et de ma soeur je réussirais à faire une croix sur elles et qu'elles ne feraient plus parties de ma vie ... Enfin. Mais j'avais du crier victoire trop tôt puisque jamais elles ne m'ont laissé tranquille enfin surtout ma mère. Elle avait décidé que vu que j'avais voulu en faire qu'à ma tête elle n'a pas trouvé meilleur moyen que de me forcer à aller à des rendez-vous arrangés qu'elle se faisait une joie de programmer presque tout le temps. Maintenant à mon tour de me faire un malin plaisir à lui ruiner ses rendez-vous en faisant tout pour déplaire au jeune homme assis en face de moi à chaque rendez-vous. C'est devenu une habitude, et par moment j'attend ces blind date avec "impatience" pour pouvoir me détendre un peu d'une journée qui s'est mal passée.

Sauf qu'aujourd'hui, ce n'était pas le bon jour .. voir pas du tout. J'étais de mauvaise humeur, j'avais mal dormi et j'avais eu affaire à des têtes à claques à la NG. Voilà comment résumer cette merveilleuse journée. Je ne pensais qu'à une chose, rentrer et m'affaler sur mon lit... ça aurait été une belle reprise en main de ma journée merdique, oui ... mais c'était bien trop beau n'est-ce pas parce que c'est toujours dans ces moments là que les pires nouvelles arrivent à vous. A peine je venais de sortir de ma voiture que la sonnerie de mon blackberry s'est mise à sonner. Il a suffit que je vois le surnom que j'avais donné à ma mère dans mon répertoire qui s'affichait sur mon écran pour me laisser pousser un gros soupir et un doux « Fais chier » de ma bouche. Elle ne me lâchera donc jamais cette vipère ?! J'ai laissé la sonnerie se terminer avant de le sentir à nouveau vibrer dans ma main «Vous avez un nouveau message vocal». Je n'y ai pas prêté attention, le rangeant à nouveau dans mon sac avant de rentrer dans le hall de l'immeuble et de me dépêcher pour ne pas voir les portes de l’ascenseur se refermer sous mon nez. Ne plus y penser, c'était facile à dire, moins à faire. Parce que je savais pertinemment que ma mère ne m'appelait jamais pour ne rien dire, il y avait toujours quelque chose qui se tramait quand je recevais un de ses coups de fils... « Vous êtes au 45eme étage, bonne soirée»

Je suis sortie de mes pensées, réalisant que les portes de l'ascenseur n'attendaient plus que je sorte pour repartir. Et cette voix, jamais je ne m'y ferais... Quelle est l'utilité de mettre une voix dans un ascenseur ... ça me dépasse ce genre de chose. J'allais enfin pouvoir respirer et être tranquille sans que quelqu'un ne puisse m'emmerder. Enfin, je pensais mais j'avais tort. La sonnerie s'est remise à sonner, encore une fois le même surnom qui s'affiche sur mon portable. J'ai hésité, laissant trois fois la sonnerie retentir dans l'appartement avant d'attraper mon portable pour décrocher. Je n'ai même pas prononcé un seul mot, ni un seul " Bonjour, comment ça va ? " . Je suis restée muette attendant qu'elle finisse par cracher ce qu'elle avait de si important à me dire pour m'appeler une deuxième fois. Juste sa voix suffisait à m'énerver, à m'exaspérer. Et encore plus ce qu'elle avait à me dire. Pas besoin de s'étendre sur ce sujet, il n'y a rien à dire... Enfin si, après tout je venais tout juste de raccrocher au nez de cette femme et de jeter le tas de papiers posés à côté de moi.  
Je ne serais donc jamais tranquille n'est-ce pas ? Je ne pourrais jamais vivre tranquillement jusqu'à ce que je finisse par me plier à ses désirs ... J'ai jeté un coup d'oeil à l'horloge. Et dire que je me devais d'être à un blind date dans 20 min à l'autre bout de chez moi... Et elle me prévenait juste maintenant.

J'avais beau détester ce genre de rendez-vous, j'avais beau y assister par pur obligation, et j'avais beau aimer briser et détruire ces rendez-vous qu'elle prenait tant de mal à organiser ... Je faisais attention à chaque détail et je m'habillais au plus haut de l'élégance. Je faisais attention à m'habiller sur mon trente et un et être un minimum sexy ... Ce que je ne suis pas vraiment d'ordinaire. Oui quand on a été élevé par une femme pareille ... Vous avez beau avoir réussi à chasser toute l'éducation et votre passé dans cette famille, il y a souvent des séquelles qui restent, des habitudes qui ne partent pas...  Et prendre soin de son apparence en fait partie.  Et c'est comme ça que le bruit de mes talons ont résonné dans le hall et le garage sous-terrain, encore une fois .. Encore pour un rendez-vous. Sur le trajet je ne me préoccupe que très peu de savoir qui sera le malchanceux jeune homme, prit dans les filets de ma mère, qui sera assis en face de moi ce soir ... Je m'en fous un peu à vrai dire, voir beaucoup. Les hommes ne m'intéressent pas , détrompez-vous je n'aime pas les femmes non plus. La vitesse et le vent qui emmêle mes cheveux m’enivrent un peu le temps d'arriver enfin à destination et de devoir redescendre sur terre pour un éternel dîner ennuyeux. Comment je le sais ? Parce que je le sais c'est tout. Mes yeux se lèvent sur le restaurant qui me fait face avant de me diriger vers l'entré d'un pas décidé. On m'ouvre la porte à mon arrivé, un sourire et un  bonsoir formel, je n'y prête même pas attention. Oui je suis comme ça et alors ? Je me vois suivre un employé qui m'emmène vers une table en fond. Ce restaurant est tellement silencieux que si jamais je cassais une bouteille cela pourrait être un scandale ... La lumière est feutrée, calme, silencieux .. Surtout silencieux. Je devine à la décoration et au nom du restaurant que j'ai été entraîné dans un restaurant japonais ... Soit.

Sans avoir fais vraiment attention je me rends compte au dernier moment et au son de sa voix qu'un jeune homme me fait face, m'attendant debout prêt à me saluer. Sa main se lève pour rencontrer la mienne et la serrer brièvement en se présentant. Je n'ai simplement fais qu'acquiescer, après tout de savoir son nom et son âge ... ça m'importe peu. Mais je reste le strict minimum polie moi aussi. Je suis en retard, je le sais, mais je n'ai pas envie de m'excuser de mon retard ni même de commencer à raconter le pourquoi du comment ce n'est pas mon genre et pourquoi je devrais m'excuser d'être en retard à un rendez-vous auquel je n'avais pas envie d'être présente ...
Inutile.

Tout en s'asseyant l'un en face de l'autre comme si c'était plus une affirmation auquel il n'y avait aucune réponse possible et d'une façon toujours aussi formelle il continua avec un « J'espère que ce cadre vous convient. » . J'ai longuement hésité laissant un silence régner autour de la table, le regardant plutôt pour mieux l'observer. Et puis qu'est-ce qu'il en avait à faire de mon opinion.
« Je n'aime pas le Japonais . »
J'avais encore pensé tout haut, une sale habitude qui se faisait de plus en plus présente ces derniers jours. Tant pis .  Je n'étais pas d'humeur aujourd'hui et ça se sentait.  
Et puis sans vraiment laisser peser ce silence, déjà présent dans tout le restaurant, encore plus longtemps il a repris la parole, désespérant ? Je ne sais pas ce que je dirais, mais c'était le genre de phrase toute faite, apprioré pour des blind date et que les gens ne cessent de demander sans arrêt pour essayer de vous caser dans une case de la société. Et au lieu de répondre à sa demande en premier j'ai enchainé sur autre chose. « Je comprend pourquoi ma mère m'a obligé de venir ce soir et t'as pris dans ses filets. Tu es parfaitement le genre de gendre idéal dont elle rêve ... » Je me suis arrêtée le regardant et lui faisant comprendre que mes intentions n'étaient pas du tout les mêmes que cette femme qui n'est autre que ma mère, loin de la même .. Et avant de lâcher un soupir j'ai repris d'un ton blasée « Mais si tu tiens à avoir une réponse à ta question, je suis chorégraphe et danseuse à la NG. Entertainment.. Silence. Et toi qu'est-ce que tu fais de ta vie ? Surement un bon métier pour que ma mère t'apprécie autant ? »

Je n'ai pas laissé longtemps mon regard posé sur le jeune homme assis en face de moi avant de lever les yeux vers le serveur qui s'avançait lui aussi silencieusement vers nous. J'avais surtout besoin de vin et non pas de manger pour le moment. Histoire de tenir le coup toute la soirée ..  Jetant un coup d'oeil furtif dans sa direction je me demandais surtout si il buvait du vin et si il était du genre à mal voir les femmes qui boivent..

Sa réponse me glace, et a le mérite de me hérisser le poil. RinRin n'aime pas la cuisine japonaise. Je reste de marbre, sans trop savoir que dire. Je me contente de la regarder, le regard passablement inexpressif. Mais de l'intérieur, je bouillonne. J'observe la jeune femme. Elle est belle et élégante, et a un indéniable charme. Seulement, ses manières laissent à désirer. Tout du moins, c'est un aspect qu'elle laisse entrevoir. Point qui m'agace au plus haut point et me laisse imaginer que la soirée va être longue et pénible. Comment puis-je réagir face à tel cruel manque de savoir vivre ? Qu'elle soit belle et qu'elle se taise, ça ne me conviendra que davantage. En tout cas, je décèle dans son timbre son cruel manque d'envie d'être ici. Je n'en pense pas moins. Mais comment ma tante a t-elle pu penser qu'une telle personne serait susceptible de me plaire ? Je ne suis pas venu ici de bon cœur, mais m'accrochais néanmoins à l'espoir de pouvoir rencontrer une belle figure. Autant dire que ces maigres espérances sont immédiatement réduites au néant.

« C'est fort dommage. » finis-je par répondre, le regard baissé sur la carte, et le ton neutre. Je ne peux retenir un discret haussement de sourcil méprisant. Je n'ose pas la regarder, n'en ayant pas l'aplomb. Je préfère feindre la lecture de la carte. Mon regard parcourt la liste des plats et autres entremets. Les prix en sont exorbitants, mais je n'y porte guère attention. Tandis que je suis plongé dans ma lecture, elle semble ignorer ma question. Elle fait une remarque quant à ses impressions à mon égard. Je garde le regard posé sur les pages blanches où sont alignés d'élégants caractères, mais je ne lis plus. Elle ne me fait que plus comprendre son désagrément. Elle appuie sur le fait que je correspond aux critères de sa mère, mais ne parle pas des siens. Je suppose que cela signifie que je ne suis pas formel à ses exigences. Je ne m'en formalise pas, et finis par relever le regard au dessus du menu. Le fait qu'elle me tutoie m'agace quelques peu. « C'est amusant. » dis-je simplement, toujours sur un ton plat. J'ajoute bientôt, malgré tout ; « Je pourrais en dire tout autant au sujet de ma tante, vous êtes certainement le genre de femme correspondant à ses exigences. C'est fou que l'on ne tienne pas nos critères en compte, vous ne trouvez pas ? » J'appuie largement sur le vouvoiement, dans l'espoir que ça la fasse redescendre sur Terre. J'use de sarcasme, conformément aux règles instaurées d'elles mêmes. Si la soirée ne s'annonce pas particulièrement agréable, je me doute qu'elle ne sera sûrement pas des plus ennuyantes.

RinRin daigne finalement répondre à ma question. J'apprends qu'elle travaille elle aussi à la New Generation. J'arque un sourcil. Elle précise travailler dans le milieu de la danse. J'acquiesce, faussement intéressé, cette question n'étant que formalité. A son tour, elle me pose la question. Je la dévisage et baisse un peu ma carte. « Je travaille également à l'agence New Generation. » dis-je en abaissant à nouveau les yeux vers la liste des plats, tout en tournant une page. Je parcours rapidement les deux nouvelles pages du regard. Je reste silencieux quelques secondes, le temps de lire les textes en colonne. Je suis vexé, de cette question. Je relève finalement les yeux vers elle en abaissant à nouveau ma carte. Je me racle un peu la gorge, et me redresse un peu. « Je suis chanteur solo à succès produit par cette agence. Mon nom de scène est Prodigy. » dis-je, non sans une once de fierté.

Quoi qu'il en soit, tous dans les paroles de cette jeune femme me semble être une attaque. Elle n'aime pas ma cuisine favorite. Je ne correspond pas à ses critères. Elle ignore ma carrière pourtant reconnue. Rien ne peut me la rendre plus déplaisante. Après avoir épluché le menu du début à la fin, je finis par demander ; « Que souhaitez vous commander ? », non sans m'amuser de son manque de goût pour cette cuisine étrangère.

Ce dîner commençait à ressembler à un repas de politesse et d'hypocrisie entre personnes de haut rang. J'avais beau lui lancer des piques et loin d'être agréable il restait là sans broncher à répondre sur un ton neutre mais rempli d'hypocrisie. D'un certain point de vue ça pouvait être marrant, enfin je m'entends parler... Ce jeune homme avait l'air tellement ennuyeux, rien que sa manière de répondre, de son ton neutre, sa voix limite monotone et ses pseudos manières de petit fils à papa riche ... Quelle plaie. « C'est amusant. » Je sentais une petite once d'agacement dans sa voix, il devait certainement commencer à me détester et se demander d'où je sortais. Ce qui est sur c'est que ma mère allait l'avoir une nouvelle fois mauvaise. Mais je n'ai pas eu le temps de me perdre plus longtemps dans mes pensées avant de ré-entendre sa voix pleine d'ennui .. Et aussi pleine de sarcasme aussi tiens .. Est-ce qu'il aurait enfin compris mon intention d'être aussi sympathique que je ne le suis ce soir.
« Je pourrais en dire tout autant au sujet de ma tante, vous êtes certainement le genre de femme correspondant à ses exigences. C'est fou que l'on ne tienne pas nos critères en compte, vous ne trouvez pas ? » Mais diable pourquoi me vouvoie-t-il donc celui-là ? Est-ce que j'ai l'air d'être une vieille peau toute ridée de 80 ans ?! Je ne suis pas du genre à respecter les règles, et du genre à me plier à certaines obligations de respect et compagnie. Non je suis plutôt du genre à faire les choses comme il me plait. Qu'est-ce que ça peut faire vieux jeu et tellement ... mondain d'avoir vingt ans passé et de se vouvoyer ... Mais ça ne m'as pas empêché d'esquisser un large sourire amusé suite à sa réponse qui ne manquait pas de sarcasme et de répondant à la mienne. Peut-être que je m'étais trompée sur son compte il pouvait peut-être rendre la soirée amusante .

Pendant que monsieur était imprégné et concentré sur le menu de la carte, de mon côté je n'avais même pas ouverte ma carte du menu, préférant jouer avec mon verre de vin totalement vide. Il a quand même daigné relever ses yeux vers moi et me donner un semblant de réponse restant le plus vague possible. Alors lui aussi il travaille à la NG ... Comme le monde est petit, mais cela ne m'étonne pas, la NG est le lieu favori pour ma mère pour me trouver de nouveaux prétendants. Lui n'échappait pas à la règle. Et il repart de plus belle se plonger dans le menu à croire qu'il avait un rendez-vous avec et pas avec moi. En même temps je n'allais pas m'en plaindre et être triste pour ça loin de là, moi-même si je le pouvais je ne serais pas ici en ce moment-même à perdre mon temps... Pourtant rien ne m'empêchait réellement de partir .. Son raclement de gorge m'a sorti de mes rêveries, j'avais juste pu entendre quelques bribes de sa phrase .. Prodigy .. Chanteur à succès ..
J'ai arqué un sourcil et laissé échapper un simple « Umm .. » avec une petite moue désintéressée de ce qu'il venait de m'annoncer. En même temps ce n'est pas comme si j'étais une addict de Kpop comme certaines personnes du staff à l'agence.

« Prodigy ... Ummm, désolée je ne suis pas du genre à m'intéresser à la Kpop ou aux artistes de la NG. Je me concentre sur mon travail il me prend tout mon temps, enfin tu dois savoir ce que sait si tu es dans ce milieu, n'est-ce pas ? »
J'avoue je n'avais pas été très sympa, enfin comme d'habitude pour ne pas changer et ma question n'en était pas vraiment une, plutôt une affirmation subtile .. Vous voyez ce que je veux dire. Après tout c'est vrai .. Enfin pas totalement mais il n'était pas censé savoir que j'avais un petit ami qui lui aussi est un chanteur solo ... Personne ne doit être courant alors je ne mens pas vraiment après tout. Le silence n'a pas eu le temps de s'installer qu'il repris la parole en continuant à me vouvoyer et d'insister dessus ... Diable ! Je déteste ça ! « Que souhaitez vous commander ? » Ce que je souhaite commander ... C'est simple j'ai besoin d'un seule chose pour le moment et il venait de me tendre une perche sans le savoir. Le regard sur mon verre, je fais tourner celui-ci sur lui-même avant de relever mes yeux un court instant vers lui avant de m'adresser au serveur. « Vous auriez du vin s'il vous plait ? Mettez-nous une bonne bouteille de rouge. » Un grand sourire statisfait sur mon visage je me retourne vers ce cher DongHyun en lui demandant d'un ton faussement aimable mais sans pour autant avoir un sourire sarcastique ou autre, non un vrai et naturel sourire.
« J'espère que tu bois du vin je n'ai pas envie de paraître alcoolique à boire une bouteille à moi toute seule . »
Un simple petit clin d'oeil pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas me prendre vraiment au premier degré ... Enfin quoique ... Avec lui je ne savais pas à quoi m'attendre il pourrait être capable de croire que je suis qu'une alcoolique. Attendant que le vin arrive sur la table je me suis mise à taper nerveusement mes doigts sur la table. Je déteste les moments de silence mais je déteste encore plus cette manie qu'il a de me vouvoyer.. C'est désagréable pire que mon comportement même !
Espérons qu'il se débloque un peu plus avec ce vin, il ne manquerait plus qu'il ne boive pas ... Je suis pas sortie de l'auberge.

RinRin ignore ma supposition, mais y sourit. Elle doit trouver cet état des faits amusant. Moi, je ne trouve pas ça drôle. En quoi est ce cocasse d'avoir un rendez-vous arrangé avec une personne avec qui on ne semble avoir aucune affinité ? Il est sûrement un peu tôt pour dire que nous n'avons aucun point commun, me direz-vous. Néanmoins, elle m'a affirmé ne pas aimer la cuisine japonaise. En soit, ce n'est pas rédhibitoire, même si ça aurait été un atome crochu. Mais le fait qu'elle annonce ceci sur un ton froid et plat, alors que je lui ai demandé si ce choix lui convenait m'agace. Libre à elle d'avoir les goûts qu'elle veut. Mais en l’occurrence, n'aurait-elle pas pu mentir ? J'ai le tact de lui demander poliment, elle pourrait répondre en en faisant de même. Je suis déjà suffisamment agacé à l'idée de ce rendez-vous pour ne pas devoir subir ses sarcasmes. Alors oui, dans mon sarcasme, j'expose clairement le fait que ce rendez-vous malgré nos différences m'agace. D'autant plus que c'est nos proches qui nous l'ont imposé.

Je m'isole en lisant la carte, ne lui accordant pas plus d'intérêt que nécessaire. Hésitant, je fais en silence la liste des mets susceptibles de m'intéresser. J'hésite, je tourne les pages, me désintéressant de RinRin pendant quelques instants. Néanmoins, elle attire bientôt à nouveau mon attention quand je viens à lui parler de ma carrière, un peu froissé par le fait qu'elle ne me reconnaisse même pas. C'est d'autant plus étonnant, si elle travaille bel et bien à la New Generation. Je crois comprendre que ce « détail » de ma vie ne l'intéresse pas vraiment, à entendre la petite onomatopée qu'elle fait. Elle prend pourtant bientôt la parole. Elle dit ne pas d'intéresser aux artistes de K-Pop, ni même à ceux de l'agence, étant trop prise par son travail. Je suppose que sa demande d'approbation est plus présente par rhétorique qu'autre chose, mais je répond néanmoins. « Je comprends que vous soyez très prise par votre travail. » dis-je d'abord en opinant. J'ajoute bientôt sur un ton un peu plus froid ; « Néanmoins, je trouve étonnant que vous ne vous intéressiez par à ce domaine alors que vous êtes baignées en plein dedans, étant que chorégraphe à l'agence. C'est un peu contradictoire, non ? » Elle apprécie le sarcasme ? Elle va être servie. Et honnêtement, c'est vrai que j'ai du mal à comprendre. Moi même je suis absorbé par ma carrière, mais je me tiens un minimum informé des nouveautés dans le secteur. En attendant, je suis mal parti pour être agréable.

Un serveur s'approche de nous, prêt à prendre notre commande. Amusé, mais neutre, je demande à mon interlocutrice ce qu'elle souhaite commander. Elle n'a pas même fait l'effort de jeter un coup d’œil à la carte, se contentant de jouer avec son verre à pied. Elle lève le regard vers l'employé et demande... Une bouteille de vin. Le serveur m'adresse un regard étonné. J'opine, résigné. Qu'ils nous apporte donc une bouteille de grand cru. Avec un peu de chance, nous enivrer nous fera paraître la soirée moins longue. Je passe commande à mon tour, commandant un repas léger. Je rends les cartes à l'employé, qui prend congés. Je lève un regard noir vers RinRin. Une nouvelle crainte germe dans mon esprit ; serais-je tombé sur une soûlarde, en plus d'une mal élevée ? Finalement, elle semble enfin se préoccuper de mes goûts. « Je préfère le saké ou le soju. » dis-je avec un sourire faussement navré et un tantinet mielleux. Sans rancune, hein. A chacun son tour. « Mais je m'en accommoderai. » finis-je par ajouter ; après tout, je ne suis pas non plus contre un bon vin, même si le cadre actuel ne s'y porte pas trop.

Le même serveur que précédemment revient et me montre l'étiquette de la bouteille. N'étant pas un fin connaisseur, j'opine simplement, le laissant nous servir avant qu'il nous laisse la bouteille sur la table. A mon tour, je saisis mon verre à pied. Je fais doucement danser le liquide pourpre en le remuant doucement, observant sa robe avant d'en boire une gorgée. Pensif, j'inspire longuement en profitant du goût très légèrement âpre de l'alcool. Mon regard revient vers RinRin, légèrement blasé. Je l'observe quelques instants. Tout ceci est ridicule. Je me racle doucement la gorge ; « Bon. Et si nous faisions au moins semblant de vouloir passer une bonne soirée ? » finis-je par proposer. Pas que je sois passé maître dans l'art de l'hypocrisie, mais bon...

« Néanmoins, je trouve étonnant que vous ne vous intéressiez par à ce domaine alors que vous êtes baignées en plein dedans, étant que chorégraphe à l'agence. C'est un peu contradictoire, non ? »

Étonnant n'est-ce pas ? Oui c'était certainement le mot juste concernant le minimum d'intérêt que je donnais aux idols et leurs nouveautés de l'agence dans le monde de la musique. C'est vrai, il n'était pas le seul sur ce point à me le faire remarquer et pas non plus le seul à être aussi étonné que je ne sois si peu intéressé par tout ça. Contradictoire ? Oui c'était certainement juste aussi, mais après tout ... Je suis contradictoire à moi toute seule dans tout ce que je peux faire. J'ai cru voir à sa mine qu'il avait l'air déçu que je ne le connaisse ou que je ne le reconnaisse pas, ça avait du blesser son ego, après tout c'est une idol et en plus un homme. Mais c'est surtout sa petite marque de sarcasme que j'ai remarqué et qui m'a fait gentiment sourire du coin des lèvres. Je me suis redressée, le dos droit contre le dossier de ma chaise, passant ma main dans les cheveux j'ai opiné d'un petit coup de tête pour lui faire comprendre qu'il ne fallait pas chercher à comprendre, je suis contradictoire sur toute ma vie. Mais ça c'est une toute autre histoire et je doute qu'il était quelqu'un à écouter la vie des autres et je n'étais déjà tout simplement pas du genre à raconter ma vie en long et en large à qui veut l'entendre. Une bouteille de vin me suffirait.

D'ailleurs en parlant d'alcool je sens de la part de DongHyun un léger regard accusateur et noir. Il ne pense jamais qu'on puisse avoir une envie de boire un bon vin soudainement au restaurant ? Ou alors pense-t-il vraiment que je suis une alcoolique finie ... J'hésite, peut-être les deux ... Mais ça fait tellement vieux, je l'ai déjà dis? Tant pis je me répète. Il me dit préférer le saké ou le soju tout en rentrant dans mon jeu de qui sera le plus faussement mielleux. Il commence donc à comprendre mais il en garde toujours ses si bonnes manières de jeune homme riche et bien élevé au plus ennuyeux ... Désespérant. Faisant tourner de plus belle mon verre à pied, le regard plongé dessus je préfère donner une explication quoique pas sûr qu'il me prenne moins pour une alcoolique ...
« Déguster du bon vin le soir de temps en temps fait partie de mon petit plaisir quand je suis tranquille. Il faut bien savoir profiter des bonnes choses parfois, non ? »

Il ne se passe que quelques instants avant que le serveur revienne avec entre ses mains mon sauveur. Une bonne bouteille de vin rouge. Je n'aime jamais cette foutu étique dans les restaurants où on l'on fait goûter le vin à l'homme et non à la femme, même si parfois la femme serait meilleure connaisseuse que l'homme. Comme si nous étions pas capable de reconnaître et de savoir si ce vin est bon ou non. Tsss, soit j'attend patiemment que mon rendez-vous le goûte, étais-ce une simple impression où j'avais l'impression qu'il prenait tout son temps et qu'il ne fallait surtout pas déranger ce moment avant de refixer son regard sur moi comme si il se souvenait que j'étais là. Hé oui, tu n'es pas le seul à ne pas être content d'être ici, moi aussi j'aimerais pouvoir partir et retourner à mes occupations. « Bon. Et si nous faisions au moins semblant de vouloir passer une bonne soirée ? »

Le menton accoudé sur la paume de ma main, je n'étais pas le modèle de la perfection et des bonnes manières, enfin, dès qu'il s'agissait d'un blind date je me lâchais en quelque sorte, tout le contraire de la fille parfaite qu'on présenterait à son fils lors d'un rendez-vous arrangé. Mais je m'y plaisais, c'était un amusement pour moi même si ça ne l'était pas forcément pour les hommes assis en face de moi. Alors quand ce cher DongHyun me fit part de sa proposition je ne pu m'empêcher de me redresser une nouvelle fois et d'afficher une mine satisfaite. Peut-être que la soirée ne faisait que commencer et pouvait peut-être prétendre à une soirée potable et non catastrophique ... Enfin sauf si il continuait à persister à me vouvoyer. J'ai pris mon verre que j'ai levé en face de moi et en regardant le jeune homme assis en face de moi avant de dire « On a qu'à commencer par trinquer ... à notre rendez-vous où ni l'un ni l'autre n'a envie d'être là ! » J'ai laissé échapper un rire amusé, oui parce que parfaitement je m'amusais de cette situation plutôt insolite. J'allais approcher mon verre de mes lèvres avant de l'éloigner à nouveau me rappelant d'une chose importante. « Mais s'il te plait pourrais-tu arrêter de me vouvoyer ça à le don de me donner la chair de poule et d'avoir une soixantaine d'années !! » Et j'ai porté le verre à mes lèvres avant d'enfin pouvoir goûter ce fameux vin et d'en boire même une longue gorgé. Qu'est-ce que ça pouvait me requinquer et me redonner de l'énergie pour un peu de temps encore.
Il m'en faudrait plus d'une bouteille pour supporter et venir à bout de ce rendez-vous... Mais pour le moment ça suffirait.

Je prends son sourire et son petit hochement de tête pour acquis. Oui, cette fille doit effectivement être contradictoire... Donc, je ne cherche pas à comprendre, à poser davantage de questions, ou même la titiller davantage à ce propos. Je me contente d'oppiner silencieusement, malgré tout surpris qu'elle ne cherche pas à s'en défendre. Elle m'avait semblé relativement grande-gueule, au peu de mots qu'elle m'a adressé jusqu'à là. Il faut croire que je me suis fourvoyé à ce sujet. Ou alors, elle n'a pas la force d'entamer un débat là-dessus, tant la question a du souvent lui être posée. En attendant, je ne suis pas moins vexé qu'elle ignore mon nom de scène, et de fait, mes performances musicales.

La conversation en vient aux alcools. Je concéde préfèrer les alcools à base de riz, au vin. Et si Rin Rin eut put passé pour une pochtronne il y a quelques instants de cela, à commander une bouteille de vin à la place d'un repas, je ne peux qu'être d'accord à ce qu'elle ajoute ensuite. Déguster un bon vin de temps à autres n'a jamais fait de mal à personne. J'opine, d'accord avec elle sur ce point. « Non, vous avez raison. » dis-je pour seule réponse, avant que le serveur ne vienne nous servir. Je savoure l'amertume de l'alcool, sans m'y connaître vraiment. Mais vu le prix de la bouteille, je suppose qu'il doit être classé dans les bons vins.

Après quelques instants de réflexion sur la perspective de cette soirée, qui décidemment, risque d'être longue, je lui propose un compromis. Faire semblant. Jouer un jeu, comme des enfants qui font semblant d'avoir un rendez-vous. Pas que cette idée me plaise des masses, mais au moins pourra t-elle nous aider à rendre la soirée moins déplaisante qu'elle ne l'est déjà. Rin Rin se redresse un peu de sa position disgracieuse, affichant une mine plus aimable. Elle lève son verre, me proposant de trinquer à notre soirée râtée d'avance. Je souris à ce sarcasme bien trouvé, mais ne fait pas preuve de mauvaise volonté. C'est bien moi qui ai proposé cette idée, n'est ce pas ? Je lève donc mon verre, que je viens faire tinter contre le sien. « A notre rendez-vous désastreux, alors. » dis-je en la fixant, avec un maigre sourire amusé. Le contact des verres produit un son fin et cristallin. J'avale une petite gorgée de vin avant de reposer le verre à pied sur le table.

Elle me demande alors d'arrêter de la vouvoyer. Je l'écoute, surpris, avant de répondre ; « Je vais essayer. L'intention n'était pas vraiment là, mais c'est une habitude que j'ai prise quand je m'adresse à des personnes que je ne connais pas. Mais je ne garantie rien. » Nouvelle gorgée de vin, plus longue, suivie d'un long silence. Faire semblant de bien s'entendre, hein... Quelle idée ! Je n'ai pas la moindre idée de ce que je peux lui raconter, ou lui demander. « Que faîte... Que fais tu d'ordinaire pour occuper tes soirées, quand ta famille n'essaye pas de t'arranger un rendez-vous bancal ? » finis-je par demander pour combler le vide.

Hors Jeu:

Le doux bruit du cristal de nos deux verres qui s'entrechoquent pour trinquer à notre merveilleuse soirée. J'adore ce bruit, délicat et mélodieux à mes oreilles, qui brise un peu ce silence autour de notre table et l'espace qui nous sépare entre nos deux chaises. Je n'aime pas la cuisine japonaise mais ce restaurant a le mérite d'avoir un délicieux vin. Je passe ma langue discrètement sur mes lèvres pour sentir le goût du vin qui reste sur mes lèvres, tout en occultant une nouvelle fois sa réponse en me vouvoyant. Mais il ne manqua pas lui non plus de porter un toast en réponse au mien en confirmant sur le ton sarcastique de cette soirée désastreusement ennuyante et horrible pour l'un comme l'autre.

C'est avec un air désespéré que je lui ai presque ordonné d'arrêter de me vouvoyer ou j'allais mourir sur place à l'instant si il n'arrêtait pas. Et c'est qu'il avait l'air surpris par ma demande ce jeune homme aux bonnes manières. « Je vais essayer. L'intention n'était pas vraiment là, mais c'est une habitude que j'ai prise quand je m'adresse à des personnes que je ne connais pas. Mais je ne garantie rien. » C'est une habitude qu'il a lorsqu'il s'adresse à des personnes qu'il ne connaît pas ... ? Une image me traverse à l'esprit et me fait rire d'horreur, il ne manquerait plus qu'il vouvoie aussi des gamines de onze ans juste parce qu'il ne les connaît pas. Je commençais vraiment à penser qu'il était une personne affreusement coincé et pas amusante du tout. Une aubaine donc pour moi de me retrouver avec quelqu'un comme ça, ironie. Mais je ne désespérais pas sur mon espoir qu'un peu d'alcool arrangerait un peu tous ces petits points négatifs.

Un long silence s'installa entre nous, pendant que nous buvions une grande gorgée de vin tous les deux, et peut-être même partageant la même pensée ... J'ai failli m'étouffer et recracher mon vin quand il était sur le point de continuer à me vouvoyer. Je lui ai lancé un regard plein de sous entendu par-dessus mon verre jusqu'à ce qu'il termine sa phrase. « Que faîte... Que fais tu d'ordinaire pour occuper tes soirées, quand ta famille n'essaye pas de t'arranger un rendez-vous bancal ? » En voilà une question intéressante, à croire qu'effectivement pendant que ce silence s'installait entre nous et que nous buvions en parfaite synchronisation notre vin nous partagions effectivement la même pensée. J'ai laissé tourner mon verre qui était déjà presque vide, pendant que je marquais une petite pause avant de répondre à sa question, comme si je me laissais le temps de réfléchir à ce que je pourrais lui répondre. « A vrai dire, je n'ai pas le temps de faire quoique se soit ces derniers temps, puisqu'elle se fait un malin plaisir à me gâcher toutes mes soirées depuis quelques semaines, je crois qu'elle doit être enrager et s'ennuyer pour pénétrer dans ma vie tranquille. » Sans vraiment m'en rendre compte et le faire exprès j'avais parlé d'une grande vitesse comme si j'allais tuer quelqu'un, parler de ce genre de chose m'énerve au plus haut point et je ne m'en rends même plus compte que ça s'entend dans ma voix. Tout comme le fait qu'il est rare que je dise "maman" ou "ma mère" quand je parle d'elle. Soit je détends mes épaules avant de reprendre avec mon sourire amusé et plus tranquillement « Du coup je me fais une joie de lui rendre la pareille et de prendre mon pied à être aussi délicate, charmante et gentille pendant ces rendez-vous. » Je marque une nouvelle pause avant de reprendre toujours aussi amusé « Maintenant tu connais mon petit secret je te signale ... Mais ... Je m'interromps distraite par mes yeux qui s'attarde sur la bouteille de vin et sur mon verre vide, sans me préoccuper et continuer sur la même lancée qu'au début du repas je prends la bouteille avant de me servir et d'apprécier le vin qui me réchauffe. Donc, et toi qu'est-ce qui rends ta famille si désespéré au point de t'arranger des rendez-vous ? J'ai du mal à comprendre, parce que ... Bon excuse moi mais même si tu ne m'intéresse pas du tout la plupart des filles maintenant rêveraient de pouvoir se dégoter quelqu'un comme toi . »

Essayer de passer une bonne soirée, n'est-ce pas ? Je n'avais peut-être pas été très délicate dans le choix de mes mots mais j'avais essayé tout de même de me rattraper, on a bien trinqué en hommage à notre merveilleuse soirée et décidé d'un commun accord pourquoi ne pas essayer de faire semblant de passer un semblant de bonne soirée. Après lui avoir expliqué le pourquoi de mon comportement, continuer à exagérer sur mes gestes et piques agréable ne servaient plus à grand chose puisqu'il était dans la confidence.